[4,1295a] CHAPITRE VIII.
(1295a) § 1. Περὶ δὲ τυραννίδος ἦν ἡμῖν λοιπὸν εἰπεῖν, οὐχ ὡς ἐνούσης
πολυλογίας περὶ αὐτήν, ἀλλ' ὅπως λάβῃ τῆς μεθόδου τὸ μέρος, ἐπειδὴ
καὶ ταύτην τίθεμεν τῶν πολιτειῶν τι μέρος. Περὶ μὲν οὖν βασιλείας
διωρίσαμεν ἐν τοῖς πρώτοις λόγοις, ἐν οἷς περὶ τῆς μάλιστα λεγομένης
βασιλείας ἐποιούμεθα τὴν σκέψιν, πότερον ἀσύμφορος ἢ συμφέρει ταῖς
πόλεσιν, καὶ τίνα καὶ πόθεν δεῖ καθιστάναι, καὶ πῶς·
§ 2. τυραννίδος δ' εἴδη δύο μὲν διείλομεν ἐν οἷς περὶ βασιλείας
ἐπεσκοποῦμεν, διὰ τὸ τὴν δύναμιν ἐπαλλάττειν πως αὐτῶν καὶ πρὸς
τὴν βασιλείαν, διὰ τὸ κατὰ νόμον εἶναι ἀμφοτέρας ταύτας τὰς ἀρχάς (ἔν
τε γὰρ τῶν βαρβάρων τισὶν αἱροῦνται αὐτοκράτορας μονάρχους, καὶ τὸ
παλαιὸν ἐν τοῖς ἀρχαίοις Ἕλλησιν ἐγίγνοντό τινες μόναρχοι τὸν τρόπον
τοῦτον, οὓς ἐκάλουν αἰσυμνήτας), ἔχουσι δέ τινας πρὸς ἀλλήλας αὗται
διαφοράς, ἦσαν δὲ διὰ μὲν τὸ κατὰ νόμον βασιλικαὶ καὶ διὰ τὸ μοναρχεῖν
ἑκόντων, τυραννικαὶ δὲ διὰ τὸ δεσποτικῶς ἄρχειν καὶ κατὰ τὴν αὑτῶν γνώμην·
§ 3. τρίτον δὲ εἶδος τυραννίδος, ἥπερ μάλιστ' εἶναι δοκεῖ τυραννίς,
ἀντίστροφος οὖσα τῇ παμβασιλείᾳ. Τοιαύτην δ' ἀναγκαῖον εἶναι
τυραννίδα τὴν μοναρχίαν ἥτις ἀνυπεύθυνος ἄρχει τῶν ὁμοίων καὶ
βελτιόνων πάντων πρὸς τὸ σφέτερον αὐτῆς συμφέρον, ἀλλὰ μὴ πρὸς
τὸ τῶν ἀρχομένων. Διόπερ ἀκούσιος· οὐθεὶς γὰρ ἑκὼν ὑπομένει τῶν
ἐλευθέρων τὴν τοιαύτην ἀρχήν.
§ 4. Τυραννίδος μὲν οὖν εἴδη ταῦτα καὶ τοσαῦτα διὰ τὰς εἰρημένας αἰτίας.
CHAPITRE IX.
§ 1. Τίς δ' ἀρίστη πολιτεία καὶ τίς ἄριστος βίος ταῖς πλείσταις πόλεσι καὶ
τοῖς πλείστοις τῶν ἀνθρώπων, μήτε πρὸς ἀρετὴν συγκρίνουσι τὴν ὑπὲρ
τοὺς ἰδιώτας, μήτε πρὸς παιδείαν ἣ φύσεως δεῖται καὶ χορηγίας
τυχηρᾶς, μήτε πρὸς πολιτείαν τὴν κατ' εὐχὴν γινομένην, ἀλλὰ βίον τε
τὸν τοῖς πλείστοις κοινωνῆσαι δυνατὸν καὶ πολιτείαν ἧς τὰς πλείστας
πόλεις ἐνδέχεται μετασχεῖν;
§ 2. Καὶ γὰρ ἃς καλοῦσιν ἀριστοκρατίας, περὶ ὧν νῦν εἴπομεν, τὰ μὲν
ἐξωτέρω πίπτουσι ταῖς πλείσταις τῶν πόλεων, τὰ δὲ γειτνιῶσι τῇ
καλουμένῃ πολιτείᾳ (διὸ περὶ ἀμφοῖν ὡς μιᾶς λεκτέον). Ἡ δὲ δὴ κρίσις
περὶ ἁπάντων τούτων ἐκ τῶν αὐτῶν στοιχείων ἐστίν. Εἰ γὰρ καλῶς ἐν
τοῖς Ἠθικοῖς εἴρηται τὸ τὸν εὐδαίμονα βίον εἶναι τὸν κατ' ἀρετὴν
ἀνεμπόδιστον, μεσότητα δὲ τὴν ἀρετήν, τὸν μέσον ἀναγκαῖον εἶναι βίον
βέλτιστον, τὸ τῆς ἑκάστοις ἐνδεχομένης τυχεῖν μεσότητος·
§ 3. τοὺς δὲ αὐτοὺς τούτους ὅρους ἀναγκαῖον εἶναι καὶ πόλεως ἀρετῆς
καὶ κακίας καὶ πολιτείας· ἡ γὰρ πολιτεία βίος τίς ἐστι πόλεως.
| [4,1295a] CHAPITRE VIII.
S 1. Il nous resterait à parler de la tyrannie, non qu'elle doive par elle-même nous
arrêter longtemps; mais seulement pour compléter nos recherches en l'y
comprenant, puisque nous l'avons admise parmi les formes possibles de
gouvernement. Nous avons traité précédemment de la royauté, en nous attachant
surtout à la royauté proprement dite, c'est-à-dire à la royauté absolue ; et nous en
avons montré les avantages et les dangers, la nature, l'origine et les applications
diverses.
§ 2. Dans le cours de ces considérations sur la royauté, nous avons indiqué deux
formes de tyrannie, parce que ces deux formes se rapprochent assez de la royauté,
et que, comme elle, c'est la loi qui les a fondées. Nous avons dit que quelques
nations barbares se choisissent des chefs absolus, et que dans les temps les plus
reculés, les Grecs se donnèrent des monarques de ce genre, nommés æsymnètes.
Ces pouvoirs avaient d'ailleurs entre eux quelques différences : ils étaient royaux,
en ce que la loi et la volonté des sujets leur donnaient naissance, mais tyranniques,
en ce que l'exercice en était despotique et tout à fait arbitraire.
§ 3. Reste une troisième espèce de tyrannie qui semble mériter plus
particulièrement ce nom, et qui correspond à la royauté absolue. Cette tyrannie
n'est pas autre que la monarchie absolue qui, loin de toute responsabilité et dans
l'intérêt seul du maître, gouverne des sujets qui valent autant et mieux que lui,
sans consulter en rien leurs intérêts spéciaux. Aussi est-ce un gouvernement de
violence; car il n'est pas un coeur libre qui supporte patiemment une semblable
domination.
§ 4. Nous croyons en avoir assez dit sur la tyrannie, sur le nombre de ses formes,
et les causes qui l'amènent.
CHAPITRE IX.
§ 1. Quelle est la meilleure constitution ? Quelle est la meilleure organisation de la
vie pour les États en général, et pour la majorité des hommes, sans parler ni de
cette vertu qui dépasse les forces ordinaires de l'humanité, ni d'une instruction qui
exige les dispositions naturelles et les circonstances les plus heureuses ; sans parler
non plus d'une constitution idéale, mais en se bornant, pour les individus, à cette
vie que la plupart peuvent mener, et pour les États, à ce genre de constitution
qu'ils peuvent presque tous recevoir?
§ 2. Les aristocraties vulgaires dont nous voulons parler ici, ou sont en dehors des
conditions de la plupart des États existants, ou se rapprochent de ce qu'on nomme
la république. Nous examinerons donc ces aristocraties après la république,
comme si elles ne formaient qu'un seul et même genre ; les éléments de notre
jugement sur toutes deux sont parfaitement identiques.
Si nous avons eu raison de dire, dans la Morale, que le bonheur consiste dans
l'exercice facile et permanent de la vertu, et que la vertu n'est qu'un milieu entre
deux extrêmes, il s'ensuit nécessairement que la vie la plus sage sera celle qui se
maintient dans ce milieu, en se contentant toujours de cette position moyenne que
chacun est capable d'atteindre.
§ 3. C'est évidemment d'après les mêmes principes qu'on pourra juger de
l'excellence ou des vices de l'État ou de la constitution; car la constitution est la vie
même de l'État.
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