[29] Ἀλλὰ μεταβάντες ἀπὸ τούτου δι´ ἑτέρων πάλιν
κακίζειν ἐπιχειροῦσι τὸν λόγον καί φασιν, εἰ καλὸν καὶ
πρέπον τῷ θεῷ τὸ γενόμενον, τί ἀνεβάλετο τὴν εὐεργεσίαν; τί δὲ οὐκ ἐν ἀρχαῖς οὔσης τῆς κακίας τὴν ἐπὶ
τὸ πλέον αὐτῆς πρόοδον ὑπετέμετο; πρὸς δὲ τοῦτο
σύντομος ὁ παρ´ ἡμῶν ἐστὶ λόγος, ὅτι σοφίᾳ γέγονε καὶ
τοῦ λυσιτελοῦντος τῇ φύσει προμηθείᾳ ἡ πρὸς τὴν εὐεργεσίαν ἡμῶν ἀναβολή. καὶ γὰρ ἐπὶ τῶν σωματικῶν
νοσημάτων, ὅταν τις διεφθορὼς χυμὸς ὑφέρπῃ τοὺς
πόρους, πρὶν ἅπαν ἐπὶ τὴν ἐπιφάνειαν ἐκκαλυφθῆναι
τὸ παρὰ φύσιν ἐγκείμενον, οὐ καταφαρμακεύεται τοῖς
πυκνοῦσι τὸ σῶμα παρὰ τῶν τεχνικῶς μεθοδευόντων
τὰ πάθη, ἀλλ´ ἀναμένουσι τὸ ἐνδομυχοῦν ἅπαν ἔξω
γενέσθαι, καὶ οὕτω γυμνῷ τῷ πάθει τὴν ἰατρείαν προσάγουσιν. ἐπειδὴ τοίνυν ἅπαξ ἐνέσκηψε τῇ φύσει τῆς
ἀνθρωπότητος ἡ τῆς κακίας νόσος, ἀνέμεινεν ὁ τοῦ παντὸς θεραπευτὴς μηδὲν ὑπολειφθῆναι τῆς πονηρίας εἶδος
ἐγκεκρυμμένον τῇ φύσει. διὰ τοῦτο οὐκ εὐθὺς μετὰ
τὸν φθόνον καὶ τὴν ἀδελφοκτονίαν τοῦ Κάιν προσάγει
τῷ ἀνθρώπῳ τὴν θεραπείαν· οὔπω γὰρ τῶν ἐπὶ Νῶε
καταφθαρέντων ἡ κακία ἐξέλαμψεν, οὐδὲ τῆς Σοδομιτικῆς παρανομίας ἡ χαλεπὴ νόσος ἀνεκαλύφθη, οὐδὲ ἡ
τῶν Αἰγυπτίων θεομαχία, οὐδὲ ἡ τῶν Ἀσσυρίων ὑπερηφανία,
οὐδὲ ἡ τῶν Ἰουδαίων κατὰ τῶν ἁγίων τοῦ θεοῦ
μιαιφονία, οὐδὲ ἡ τοῦ Ἡρῴδου παράνομος παιδοφονία,
οὐδὲ τὰ ἄλλα πάντα ὅσα τε μνημονεύεται καὶ ὅσα
ἔξω τῆς ἱστορίας ἐν ταῖς καθεξῆς γενεαῖς κατεπράχθη,
πολυτρόπως τῆς τοῦ κακοῦ ῥίζης ἐν ταῖς τῶν ἀνθρώπων
προαιρέσεσι βλαστανούσης. ἐπεὶ οὖν πρὸς τὸ ἀκρότατον
ἔφθασε μέτρον ἡ κακία, καὶ οὐδὲν ἔτι πονηρίας
εἶδος ἐν τοῖς ἀνθρώποις ἀτόλμητον ἦν, ὡς ἂν διὰ
πάσης τῆς ἀρρωστίας προχωρήσειεν ἡ θεραπεία, τούτου
χάριν οὐκ ἀρχομένην, ἀλλὰ τελειωθεῖσαν θεραπεύει τὴν
νόσον.
| [29] Passant de cette question à une autre, les adversaires essaient encore
d'injurier notre doctrine. Si la méthode employée était bonne et digne de Dieu,
disent-ils, pourquoi a-t-il différé son bienfait? Pourquoi, lorsque le vice
était encore à ses débuts, n'a-t-il pas coupé court à ses progrès ultérieurs ?
(2) A cette objection nous répondrons simplement que c'est la sagesse et la
prévoyance de l'être bienfaisant par nature qui ont différé le bienfait. En
effet, dans le cas des maladies physiques, quand une humeur corrompue envahit
les conduits du corps, jusqu'au moment où l'élément contraire à la nature s'est
manifesté à la surface, ceux qui appliquent aux maladies une méthode savante ne
traitent pas le corps à l'aide d'astringents ; ils attendent que le mal caché
dans les profondeurs se montre au dehors, et alors, quand il est à découvert ils
lui appliquent le traitement. Ainsi donc, une fois que la maladie du vice se fut
abattue sur la nature humaine, le médecin de l'univers attendit qu'il ne restât
caché dans notre nature aucune forme de perversité.
(3) Voila pourquoi ce n'est pas aussitôt après la jalousie et le fratricide de
Caïn qu'il applique à l'homme le traitement. En effet, ceux qui furent détruits
du temps de Noé n'avaient pas encore fait éclater leur vice, la funeste maladie
des crimes de Sodome ne s'était pas manifestée, ni la lutte des égyptiens contre
Dieu, ni l'arrogance des Assyriens, ni le crime commis par les Juifs contre les
saints de Dieu, ni le massacre criminel des enfants ordonné par Hérode, non plus
que tous les autres méfaits dont on garde la mémoire, et tous ceux qui furent
commis à l'insu de l'histoire dans la suite des générations, quand la racine du
mal poussait différentes sortes de rejetons suivant les diverses inclinations de
la volonté humaine.
(4) Lorsque le vice fut arrivé à son comble, et qu'il n'y eut plus aucune sorte
de perversité qui n'eût été osée par les hommes, alors Dieu se mit à soigner la
maladie, non pas à son début, mais dans son entier épanouissement, pour que le
traitement pût s'étendre à toute l'infirmité humaine.
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