[12,46] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΜϚʹ.
ΕΤΙ ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΑΥΤΟΥ
Τοῦ προφήτου Ἰεζεκιὴλ φήσαντος·
« Καὶ ἐγένετο ἐπ´ ἐμὲ χεὶρ κυρίου, καὶ εἶδον, καὶ ἰδοὺ πνεῦμα ἐξαῖρον
ἤρχετο ἀπὸ βορρᾶ »
καὶ ἑξῆς εἰπόντος·
« Καὶ ἐν τῷ μέσῳ ὡς ὁμοίωμα τεσσάρων ζῴων. Καὶ ἡ ὅρασις αὐτῶν ὁμοίωμα
ἀνθρώπου ἐπ´ αὐτοῖς καὶ τέσσαρα πρόσωπα τῷ ἑνί. Καὶ ὁμοίωσις τῶν προσώπων
αὐτῶν πρόσωπον ἀνθρώπου καὶ πρόσωπον λέοντος ἐκ δεξιῶν τοῖς τέσσαρσι καὶ
πρόσωπον μόσχου ἐξ ἀριστερῶν τοῖς τέσσαρσι καὶ πρόσωπον ἀετοῦ τοῖς
τέσσαρσι, »
καὶ ὁ Πλάτων ὁμοίως ἄκουσον ἅ φησι·
« Νῦν δή, ἔφην, αὐτῷ διαλεγώμεθα, ἐπειδὴ διωμολογησάμεθα τό τε ἀδικεῖν καὶ
τὸ δίκαια πράττειν ἣν ἑκάτερον ἔχει δύναμιν. Πῶς; ἔφη. Εἰκόνα πλάσαντες
τῆς ψυχῆς λόγῳ, ἵνα εἰδῇ ὁ ἐκεῖνα λέγων οἵαν ἔλεγε. Ποίαν τινά; ἦ δ´ ὅς.
Τῶν τοιούτων τινά, ἦν δ´ ἐγώ, οἷαι μυθολογοῦνται παλαιαὶ γενέσθαι φύσεις,
ἥ τε Χιμαίρας καὶ ἡ Σκύλλης καὶ Κερβέρου καὶ ἄλλαι τινὲς συχναί. Λέγονται
γάρ, ἔφη. Πλάττε τοίνυν μίαν μὲν ἰδέαν θηρίου ποικίλου καὶ πολυκεφάλου,
ἡμέρων δὲ θηρίων ἔχοντος κεφαλὰς κύκλῳ καὶ ἀγρίων καὶ δυνατοῦ μεταβάλλειν
καὶ φύειν ἐξ αὑτοῦ ταῦτα πάντα. Δεινοῦ πλάστου, ἔφη, τὸ ἔργον· ὅμως δ´,
ἐπειδὴ εὐπλαστότερον κηροῦ καὶ τῶν τοιούτων ὁ λόγος, πεπλάσθω. Μίαν δὲ
τοίνυν ἄλλην ἰδέαν λέοντος, μίαν δὲ ἀνθρώπου· πολὺ δὲ μέγιστον ἔστω τὸ
πρῶτον καὶ δεύτερον τὸ δεύτερον. Ταῦτ´, ἔφη, ῥᾴω· καὶ πέπλασται. Ξύναπτε
τοίνυν αὐτὰ εἰς ἓν τρία ἔχοντα, ὥστε πη ξυμπεφυκέναι ἀλλήλοις. Ξυνῆπται,
ἔφη. Περίπλασον δὴ αὐτοῖς ἔξωθεν ἑνὸς εἰκόνα, τὴν τοῦ ἀνθρώπου, ὥστε τῷ μὴ
δυναμένῳ τὰ ἐντὸς ὁρᾶν, ἀλλὰ τὸ ἔξω μόνον ἔλυτρον ὁρῶντι ἓν ζῷον
φαίνεσθαι, ἄνθρωπον. Περιπέπλασται, ἔφη. Λέγωμεν δὴ τῷ λέγοντι ὡς
λυσιτελεῖ τούτῳ ἀδικεῖν τῷ ἀνθρώπῳ, δίκαια δὲ πράττειν οὐ ξυμφέρει, διότι
οὐδὲν ἄλλο φήσει ἢ λυσιτελεῖν αὐτῷ τὸ παντοδαπὸν θηρίον εὐωχοῦντι ποιεῖν
ἰσχυρὸν καὶ τὸν λέοντα καὶ τὰ περὶ τὸν λέοντα, τὸν δὲ ἄνθρωπον λιμοκτονεῖν
παὶ ποιεῖν ἀσθενῆ, ὥστε ἕλκεσθαι ὅπη ἂν ἐκείνων ὁπότερον ἄγῃ, καὶ μηδὲν
ἕτερον ἑτέρῳ ξυνεθίζειν μηδὲ φίλον ποιεῖν, ἀλλ´ ἐᾶν αὐτὰ ἐν αὑτοῖς
δάκνεσθαί τε καὶ μαχόμενα ἐσθίειν ἄλληλα. Παντάπασι γάρ, ἔφη, ταῦτ´ ἂν
λέγοι ὁ τὸ ἀδικεῖν ἐπαινῶν. Οὐκοῦν αὖ ὁ τὰ δίκαια λέγων λυσιτελεῖν φαίη ἂν
δεῖν ταῦτα πράττειν καὶ ταῦτα λέγειν, ὅθεν τοῦ ἀνθρώπου ὁ ἐντὸς ἄνθρωπος
ἔσται ἐγκρατέστατος καὶ τοῦ πολυκεφάλου θρέμματος ἐπιμελήσεται ὥσπερ
γεωργός, τὰ μὲν ἥμερα τρέφων καὶ τιθασσεύων, τὰ δὲ ἄργια ἀποκωλύων
φύεσθαι, ξύμμαχον ποιησάμενος τὴν τοῦ λέοντος φύσιν καὶ κοινῇ πάντων
κηδόμενος ἀλλήλοις τε καὶ αὑτῷ οὕτω θρέψει; Κομιδῇ γὰρ αὖ λέγει ταῦτα ὁ τὸ
δίκαιον ἐπαινῶν. »
| [12,46] CHAPITRE XLVI.
TOUJOURS SUR LE MÊME SUJET.
Le prophète Ezéchiel ayant dit:
« La main du Seigneur s'est étendue sur moi; j’ai vu, et voici l'esprit de
destruction qui a commencé de s'agiter. »
Puis ensuite il ajoute :
« Dans le milieu était comme la ressemblance de quatre animaux, et leur
aspect était tel. C'était comme la ressemblance d'un homme avec quatre
visages sur un même corps, et la ressemblance de ces visages était telle ;
un visage d'homme, un visage de lion à droite des quatre, un visage de
veau à gauche des quatre, et un visage d'aigle complétait les quatre. »
Entendons maintenant Platon:
« Maintenant, lui dis-je, entrons dans la question, puisque nous sommes
tombés d'accord sur la signification précise de chacun des termes,
commettre des injustices et pratiquer la justice.
« Mais comment nous y prendre? dit-il.
« Ce sera en nous formant une image de l'âme par le discours, de manière à
ce que l'orateur voie ce qu'il a avancé.
« Mais quelle espèce de figure, dit-il?
« Une de ces figures telles que les mythologies nous représentent les
anciennes natures de la Chimère, de Scylla, de Cerbère, et de tant
d'autres, en grand nombre, dont nous accolerons, comme sur un même
support, les nombreuses monstruosités.
« On dit, en effet, que ces natures ont existé.
« Figurez-vous donc une image formée de cet animal si divers et avec de
nombreuses têtes, réunissant à la fois les têtes d'animaux apprivoisés et
celles des bêtes féroces, doué de la faculté de se transformer en toutes
ces espèces et de les produire de lui-même, en grand nombre.
« Ce sera, dit-il, une œuvre plastique de création bien étrange.
Néanmoins, puisque la parole a encore plus de facilité à se mouler que la
cire, ou toute autre substance analogue; soit : composons ce fantôme.
« Faites donc l'une de ces images avec la figure d'un lion, et l'autre
avec celle d'un homme. Que la première soit beaucoup plus grande ; que la
seconde conserve son rang d'infériorité.
« Toutes ces choses, dit-il, sont des plus faciles, et les voilà faites.
« Enchaînez ces trois apparences en un même sujet, de manière à ce
qu'elles semblent avoir pris naissance en même temps.
« Cet enchaînement est fait.
« Ajoutez-y extérieurement l'apparence d'une seule et même créature, soit
celle d'un homme, en sorte que pour celui à qui la vue intérieure de cet
objet est refusé, ne voyant que la gaine qui le recouvre, il se persuade
que l'animal soumis à ses regards soit unique, et que ce soit un homme.
« Cet entourage est terminé.
« Disons maintenant à celui qui prétend qu'il peut être utile à l'homme de
commettre des injustices, et qu'il est contraire à ses intérêts de
pratiquer la justice, qu'en cela il ne dit pas autre chose, sinon qu'on
doit persuader à l'homme, obligé de nourrir somptueusement cet animal
aussi bizarre, que ce qu’il peut faire de mieux c'est de fortifier le lion
et tout ce qui est dans sa dépendance, d'épuiser par l'inanition et
d'affaiblir l'homme à ce point qu'il se laisse traîner par les autres ou
il leur plaît de le conduire, et cela plutôt que de les accoutumer à vivre
entre eux; et plutôt que de chercher à les unir par l'amitié, permettre
qu'ils se mordent et se déchirent jusqu'à se dévorer.....
« Voilà mot pour mot, en effet, dit-il, ce que soutiendrait celui qui
donnerait des louanges à l'injustice.
« En conséquence, et au contraire, celui qui soutiendrait que les actions
justes sont utiles, prétendrait que l’on doit dire et faire de telles
choses en vertu desquelles l'homme intérieur prendra l'ascendant sur
l'homme extérieur : il prendra soin de cette créature à tant de têtes,
comme le fait le cultivateur qui nourrit et dresse les animaux dociles et
qui s'oppose à la reproduction des animaux féroces. En se donnant le lion
pour auxiliaire, en prenant un soin commun de tous, il tâchera de les unir
et de se les attacher par les liens d'une amitié réciproque. Voici de
quelle manière il pourvoira à leur entretien, car celui qui fait l'éloge
de la justice dit à la fois toutes ces choses. »
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