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[7,120] Δοκεῖ δ' αὐτοῖς καὶ γονέας σεβήσεσθαι καὶ ἀδελφοὺς ἐν δευτέρᾳ μοίρᾳ μετὰ τοὺς
θεούς. Φασὶ δὲ καὶ τὴν πρὸς τὰ τέκνα φιλοστοργίαν φυσικὴν εἶναι αὐτοῖς καὶ ἐν φαύλοις μὴ
εἶναι. Ἀρέσκει τ' αὐτοῖς ἴσα ἡγεῖσθαι τὰ ἁμαρτήματα, καθά φησι Χρύσιππος ἐν τῷ τετάρτῳ
τῶν Ἠθικῶν ζητημάτων καὶ Περσαῖος καὶ Ζήνων. Εἰ γὰρ ἀληθὲς ἀληθοῦς μᾶλλον οὐκ ἔστιν,
οὐδὲ ψεῦδος ψεύδους· οὕτως οὐδ' ἀπάτη ἀπάτης, οὐδ' ἁμάρτημα ἁμαρτήματος. Καὶ γὰρ ὁ
ἑκατὸν σταδίους ἀπέχων Κανώβου καὶ ὁ ἕνα ἐπίσης οὐκ εἰσὶν ἐν Κανώβῳ· οὕτω καὶ ὁ
πλέον καὶ ὁ ἔλαττον ἁμαρτάνων ἐπίσης οὐκ εἰσὶν ἐν τῷ κατορθοῦν.
| [7,120] Les stoïciens établissent comme un devoir, dont ils font gloire aux sages,
d'honorer, immédiatement après les dieux, père et mère, frères et sœurs, auxquels
l'amitié pour leurs enfants est naturelle, au lieu qu'elle ne l'est pas dans les méchants.
Selon Chrysippe, dans le quatrième livre de ses Questions morales, Persée et Zénon, ils
mettent les péchés au même degré, fondés sur ce qu'une vérité n'étant pas plus grande
qu'une autre vérité, un mensonge plus grand qu'on autre mensonge, une tromperie par
conséquent n'est pas plus petite qu'une autre fourberie, ni un péché moindre qu'un autre :
et de même que celui qui n'est éloigné que d'un stade de Canope n'est pas plus dans
Canope que celui qui en est à cent stades de distance, tout de même aussi celui qui
pèche plus et celui qui pèche moins sont tout aussi peu l'un que l'autre dans le chemin du
devoir.
| [7,121] Ἡρακλείδης μέντοι ὁ Ταρσεύς, Ἀντιπάτρου τοῦ Ταρσέως γνώριμος, καὶ
Ἀθηνόδωρος ἄνισά φασι τὰ ἁμαρτήματα.
Πολιτεύσεσθαί φασι τὸν σοφὸν ἂν μή τι κωλύῃ, ὥς φησι Χρύσιππος ἐν πρώτῳ Περὶ
βίων· καὶ γὰρ κακίαν ἐφέξειν καὶ ἐπ' ἀρετὴν παρορμήσειν. Καὶ γαμήσειν, ὡς ὁ Ζήνων φησὶν
ἐν Πολιτείᾳ, καὶ παιδοποιήσεσθαι. Ἔτι τε μὴ δοξάσειν τὸν σοφόν, τουτέστι ψεύδει μὴ
συγκαταθήσεσθαι μηδενί. Κυνιεῖν τ' αὐτόν· εἶναι γὰρ τὸν κυνισμὸν σύντομον ἐπ' ἀρετὴν
ὁδόν, ὡς Ἀπολλόδωρος ἐν τῇ Ἠθικῇ. Γεύσεσθαί τε καὶ ἀνθρωπίνων σαρκῶν κατὰ
περίστασιν. Μόνον τ' ἐλεύθερον, τοὺς δὲ φαύλους δούλους· εἶναι γὰρ τὴν ἐλευθερίαν
ἐξουσίαν αὐτοπραγίας, τὴν δὲ δουλείαν στέρησιν αὐτοπραγίας.
| [7,121] Néanmoins Héraclide de Tarse, disciple à Antipater son compatriote, et
Athénodore, croient que les péchés ne sont point égaux.
Rien n'empêche que le sage ne se mêle du gouvernement, à moins que quelque
raison n'y mette obstacle, dit Chrysippe dans le premier livre de ses Vies, parce qu’il ne
peut que servir à bannir les vices et à avancer la vertu. Zénon, dans sa République,
permet au sage de se marier et d'avoir des enfants. Il ne juge pas par opinion, c'est-à-dire
qu'il ne donne son acquiescement à aucune fausseté; il suit la vie des philosophes
cyniques, parce qu'elle est un chemin abrégé pour parvenir à la vertu, remarque
Apollodore dans sa Morale. Il lui est permis de manger de la chair humaine, si les
circonstances l'y obligent. Il est le seul qui jouisse du privilège d'une parfaite liberté, au
lieu que les méchants croupissent dans l'esclavage, puisque l'une est d'agir par
soi-même, et que l'autre consiste dans la privation de ce pouvoir.
| [7,122] Εἶναι δὲ καὶ ἄλλην δουλείαν τὴν ἐν ὑποτάξει καὶ τρίτην τὴν ἐν κτήσει τε καὶ
ὑποτάξει, ᾗ ἀντιτίθεται ἡ δεσποτεία, φαύλη οὖσα καὶ αὕτη.
Οὐ μόνον δ' ἐλευθέρους εἶναι τοὺς σοφούς, ἀλλὰ καὶ βασιλέας, τῆς βασιλείας οὔσης
ἀρχῆς ἀνυπευθύνου, ἥτις περὶ μόνους ἂν τοὺς σοφοὺς συσταίη, καθά φησι Χρύσιππος ἐν
τῷ Περὶ τοῦ κυρίως κεχρῆσθαι Ζήνωνα τοῖς ὀνόμασιν· ἐγνωκέναι γάρ φησι δεῖν τὸν
ἄρχοντα περὶ ἀγαθῶν καὶ κακῶν, μηδένα δὲ τῶν φαύλων ἐπίστασθαι ταῦτα. Ὁμοίως δὲ καὶ
ἀρχικοὺς δικαστικούς τε καὶ ῥητορικοὺς μόνους εἶναι, τῶν δὲ φαύλων οὐδένα. Ἔτι καὶ
ἀναμαρτήτους, τῷ ἀπεριπτώτους εἶναι ἁμαρτήματι.
| [7,122] Il y a aussi tel esclavage qui gît dans la soumission, et tel autre qui est le fruit
de l'acquisition, et dont la sujétion est une suite. A cet esclavage est opposé le droit de
seigneur, qui est aussi mauvais.
Non seulement les sages sont libres, ils sont même rois, puisque la royauté est un
empire indépendant, et qu'on ne saurait contester aux sages, dit Chrysippe dans un
ouvrage où il entreprend de prouver que Zénon a pris dans un sens propre les termes
dont il s'est servi. En effet, ce philosophe avance que celui qui gouverne doit connaître le
bien et le mal; discernement qui n'est pas donné aux méchants. Les sages sont aussi les
seuls propres aux emplois de magistrature, de barreau et d'éloquence ; autant de postes
que les méchants ne sauraient dignement remplir. Ils sont irrépréhensibles, parce qu'ils
ne tombent point en faute ;
| [7,123] Ἀβλαβεῖς τ' εἶναι· οὐ γὰρ ἄλλους βλάπτειν οὔθ' αὑτούς. Ἐλεήμονάς τε μὴ εἶναι
συγγνώμην τ' ἔχειν μηδενί· μὴ γὰρ παριέναι τὰς ἐκ τοῦ νόμου ἐπιβαλλούσας κολάσεις, ἐπεὶ
τό γ' εἴκειν καὶ ὁ ἔλεος αὐτή θ' ἡ ἐπιείκεια οὐδένειά ἐστι ψυχῆς πρὸς κολάσεις
προσποιουμένης χρηστότητα· μηδ' οἴεσθαι σκληροτέρας αὐτὰς εἶναι. Ἔτι γε τὸν σοφὸν
οὐδὲν θαυμάζειν τῶν δοκούντων παραδόξων, οἷον Χαρώνεια καὶ ἀμπώτιδας καὶ πηγὰς
θερμῶν ὑδάτων καὶ πυρὸς ἀναφυσήματα. Ἀλλὰ μὴν οὐδ' ἐν ἐρημίᾳ φασι βιώσεται ὁ
σπουδαῖος· κοινωνικὸς γὰρ φύσει καὶ πρακτικός. Τὴν μέντοι ἄσκησιν ἀποδέξεται ὑπὲρ τῆς
τοῦ σώματος ὑπομονῆς.
| [7,123] ils sont innocents, puisqu'ils ne portent préjudice à personne ni à eux-mêmes ;
mais aussi ils ne se piquent point d'être pitoyables, ne pardonnent point à ceux qui font
mal, et ne se relâchent pas sur les punitions établies par les lois. Céder à la clémence, se
laisser émouvoir par la compassion, sont des sentiments dont ne peuvent être
susceptibles ceux qui ont à infliger des peines, et à qui l'équité ne permet pas de les
regarder comme trop rigoureuses. Le sage ne s'étonne pas non plus des phénomènes et
des prodiges de la nature qui se manifestent inopinément, des lieux d'où s'exhalent des
odeurs empestées, du flux et reflux de la mer, des sources d'eau minérale et des feux
souterrains. Né pour la société, fait pour agir, pour s'appliquer à l'exercice, pour endurcir
le corps à la fatigue, il ne lui convient pas de vivre solitairement, éloigné du commerce
des hommes.
| [7,124] Εὔξεταί τε, φασίν, ὁ σοφός, αἰτούμενος τὰ ἀγαθὰ παρὰ τῶν θεῶν, καθά φησι
Ποσειδώνιος ἐν τῷ πρώτῳ Περὶ καθηκόντων καὶ Ἑκάτων ἐν τρίτῳ Περὶ παραδόξων.
Λέγουσι δὲ καὶ τὴν φιλίαν ἐν μόνοις τοῖς σπουδαίοις εἶναι, διὰ τὴν ὁμοιότητα· φασὶ δ' αὐτὴν
κοινωνίαν τινὰ εἶναι τῶν κατὰ τὸν βίον, χρωμένων ἡμῶν τοῖς φίλοις ὡς ἑαυτοῖς. Δι' αὑτόν θ'
αἱρετὸν τὸν φίλον ἀποφαίνονται καὶ τὴν πολυφιλίαν ἀγαθόν. Ἔν τε τοῖς φαύλοις μὴ εἶναι
φιλίαν μηδενί τε τῶν φαύλων φίλον εἶναι. Πάντας τε τοὺς ἄφρονας μαίνεσθαι· οὐ γὰρ
φρονίμους εἶναι, ἀλλὰ κατὰ τὴν ἴσην τῇ ἀφροσύνῃ μανίαν πάντα πράττειν.
| [7,124] Un de ses vœux, dit Posidonius dans son premier livre des Devoirs, et Hécaton
dans son treizième livre de ses Paradoxes, est de demander aux dieux les biens qui lui
sont nécessaires. Les stoïciens estiment que la vraie amitié ne peut avoir lieu qu'entre
des sages, parce qu’ils s'aiment par conformité de sentiments. Ils veulent que l'amitié soit
une communauté des choses nécessaires à la vie, et que nous disposions de nos amis
comme nous disposerions de nous-mêmes : aussi comptent-ils la pluralité de ces sortes
de liaisons parmi les biens que l'on doit désirer, et que l'on chercherait en vain dans la
fréquentation des méchants. Ils conseillent de n'avoir aucune dispute avec des insensés,
toujours prêts à entrer en fureur, et si éloignés de la prudence, qu'ils ne font et
n'entreprennent rien que par des boutades qui tiennent de la folie.
| [7,125] Πάντα τ' εὖ ποιεῖν τὸν σοφόν, ὡς καὶ πάντα φαμὲν τὰ αὐλήματα εὖ αὐλεῖν τὸν
Ἰσμηνίαν. Καὶ τῶν σοφῶν δὲ πάντα εἶναι· δεδωκέναι γὰρ αὐτοῖς παντελῆ ἐξουσίαν τὸν
νόμον. Τῶν δὲ φαύλων εἶναί τινα λέγεται, ὃν τρόπον καὶ τῶν ἀδίκων, ἄλλως μὲν τῆς
πόλεως, ἄλλως δὲ τῶν χρωμένων φαμέν.
Τὰς δ' ἀρετὰς λέγουσιν ἀντακολουθεῖν ἀλλήλαις καὶ τὸν μίαν ἔχοντα πάσας ἔχειν· εἶναι
γὰρ αὐτῶν τὰ θεωρήματα κοινά, καθάπερ Χρύσιππος ἐν τῷ πρώτῳ Περὶ ἀρετῶν φησιν,
Ἀπολλόδωρος δὲ ἐν τῇ Φυσικῇ κατὰ τὴν ἀρχαίαν, Ἑκάτων δὲ ἐν τῷ τρίτῳ Περὶ ἀρετῶν.
| [7,125] Le sage, au contraire, fait toutes choses avec poids et mesure, semblable au
musicien Isménias, qui jouait parfaitement bien tous les airs de flûte. Tout est au sage en
vertu de la pleine puissance à lui accordée par la loi. Quant aux méchants et aux
insensés, ils ont bien droit sur certaines choses; mais on doit les comparer à ceux qui
possèdent des biens injustement. Au reste, nous distinguons le droit de possession qui
appartient au public, d'avec le pouvoir d'usage.
Les stoïciens pensent que les vertus sont tellement unies les unes avec les autres,
que celui qui en a une les a toutes, parce qu'elles naissent en général du même fond de
réflexions, comme le disent Chrysippe dans son livre des Vertus, Apollodore dans sa
Physique ancienne, et Hécaton dans son troisième livre des Vertus.
| [7,126] Τὸν γὰρ ἐνάρετον θεωρητικόν τ' εἶναι καὶ πρακτικὸν τῶν ποιητέων. Τὰ δὲ
ποιητέα καὶ αἱρετέα ἐστὶ καὶ ὑπομενητέα καὶ ἐμμενετέα καὶ ἀπονεμητέα, ὥστ' εἰ τὰ μὲν
αἱρετικῶς ποιεῖ, τὰ δ' ὑπομενητικῶς, τὰ δ' ἀπονεμητικῶς, τὰ δ' ἐμμενητικῶς, φρόνιμός τ'
ἐστὶ καὶ ἀνδρεῖος καὶ δίκαιος καὶ σώφρων. Κεφαλαιοῦσθαί θ' ἑκάστην τῶν ἀρετῶν περί τι
ἴδιον κεφάλαιον, οἷον τὴν ἀνδρείαν περὶ τὰ ὑπομενητέα, τὴν φρόνησιν περὶ τὰ ποιητέα καὶ
μὴ καὶ οὐδέτερα· ὁμοίως τε καὶ τὰς ἄλλας περὶ τὰ οἰκεῖα τρέπεσθαι. Ἕπονται δὲ τῇ μὲν
φρονήσει εὐβουλία καὶ σύνεσις, τῇ δὲ σωφροσύνῃ εὐταξία καὶ κοσμιότης, τῇ δὲ δικαιοσύνῃ
ἰσότης καὶ εὐγνωμοσύνη, τῇ δὲ ἀνδρείᾳ ἀπαραλλαξία καὶ εὐτονία.
| [7,126] Car un homme vertueux joint la spéculation à la pratique, et celle-ci renferme
les choses qui demandent un bon choix, de la patience, une sage distribution, et de la
persévérance. Or, comme le sage fait certaines choses par esprit de choix, d'autres avec
patience, celles-ci avec équité, celles-là avec persévérance, il est en même temps
prudent, courageux, juste et tempérant. Chaque vertu se rapporte à son chef particulier.
Par exemple, les choses qui exigent de la patience sont le sujet du courage ; le choix de
celles qui doivent être laissées et de celles qui sont neutres est le sujet de la prudence. Il
en est ainsi des autres, qui ont toutes un sujet d'exercice particulier. De la prudence
viennent la maturité et le bon sens; de la tempérance procèdent l'ordre et la décence ; de
la justice naissent l'équité et la candeur; du courage proviennent la constance, la
résolution.
| [7,127] Ἀρέσκει δ' αὐτοῖς μηδὲν μεταξὺ εἶναι ἀρετῆς καὶ κακίας, τῶν Περιπατητικῶν
μεταξὺ ἀρετῆς καὶ κακίας εἶναι λεγόντων τὴν προκοπήν· ὡς γὰρ δεῖν φασιν ἢ ὀρθὸν εἶναι
ξύλον ἢ στρεβλόν, οὕτως ἢ δίκαιον ἢ ἄδικον, οὔτε δὲ δικαιότερον οὔτ' ἀδικώτερον, καὶ ἐπὶ
τῶν ἄλλων ὁμοίως. Καὶ μὴν τὴν ἀρετὴν Χρύσιππος μὲν ἀποβλητήν, Κλεάνθης δὲ
ἀναπόβλητον· ὁ μὲν ἀποβλητὴν διὰ μέθην καὶ μελαγχολίαν, ὁ δὲ ἀναπόβλητον διὰ
βεβαίους καταλήψεις· καὶ αὐτὴν δι' <αὑτὴν> αἱρετὴν εἶναι. Αἰσχυνόμεθα γοῦν ἐφ' οἷς κακῶς
πράττομεν, ὡς ἂν μόνον τὸ καλὸν εἰδότες ἀγαθόν. Αὐτάρκη τ' εἶναι αὐτὴν πρὸς
εὐδαιμονίαν, καθά φησι Ζήνων καὶ Χρύσιππος ἐν τῷ πρώτῳ Περὶ ἀρετῶν καὶ Ἑκάτων ἐν
τῷ δευτέρῳ Περὶ ἀγαθῶν.
| [7,127] Les stoïciens ne croient pas qu'il y ait de milieu entre le vice et la vertu, en cela
contraires à l'opinion des péripatéticiens, qui établissent que les progrès sont un milieu de
cette nature. Ils se fondent sur ce que, comme il faut qu'un morceau de bois soit droit ou
courbé, il faut de même qu'on soit juste, et qu'il ne peut y avoir de superlatif à l'un ou à
l'autre égard. Ce raisonnement est le même qu'ils font sur les autres vertus. Chrysippe dit
que la vertu peut se perdre ; Cléanthe soutient le contraire. Le premier allègue, pour
causes qui peuvent faire perdre la vertu, l'ivrognerie et la mélancolie ; le second s'appuie
sur la solidité des idées qui forment la vertu. Ils disent qu'on doit l'embrasser, puisque
nous avons honte de ce que nous faisons de mauvais ; ce qui démontre que nous savons
que l'honnêteté seule est le vrai bien. La vertu suffit aussi pour rendre heureux, disent,
avec Zénon, Chrysippe dans son premier livre des Vertus, et Hécaton dans son deuxième
livre des Biens.
| [7,128] « Εἰ γάρ, » φησίν, « αὐτάρκης ἐστὶν ἡ μεγαλοψυχία πρὸς τὸ πάντων ὑπεράνω
ποιεῖν, ἔστι δὲ μέρος τῆς ἀρετῆς, αὐτάρκης ἐστὶ καὶ ἡ ἀρετὴ πρὸς εὐδαιμονίαν
καταφρονοῦσα καὶ τῶν δοκούντων ὀχληρῶν. » Ὁ μέντοι Παναίτιος καὶ Ποσειδώνιος οὐκ
αὐτάρκη λέγουσι τὴν ἀρετήν, ἀλλὰ χρείαν εἶναί φασι καὶ ὑγιείας καὶ χορηγίας καὶ ἰσχύος.
Ἀρέσκει δ' αὐτοῖς καὶ διὰ παντὸς χρῆσθαι τῇ ἀρετῇ, ὡς οἱ περὶ Κλεάνθην φασίν·
ἀναπόβλητος γάρ ἐστι καὶ πάντοτε τῇ ψυχῇ χρῆται οὔσῃ τελείᾳ ὁ σπουδαῖος. Φύσει τε τὸ
δίκαιον εἶναι καὶ μὴ θέσει, ὡς καὶ τὸν νόμον καὶ τὸν ὀρθὸν λόγον, καθά φησι Χρύσιππος ἐν
τῷ Περὶ τοῦ καλοῦ.
| [7,128] Car si la grandeur d'âme, qui est une partie de la vertu, suffit pour que nous
surpassions tous les autres, la vertu elle-même est aussi suffisante pour rendre heureux,
d'autant plus qu'elle nous porte à mépriser les choses que l'on répute pour maux.
Néanmoins Panétius et Posidonius prétendent que ce n'est point assez de la vertu, qu'il
faut encore de la santé, de la force de corps, et de l'abondance nécessaire.
Une autre opinion des stoïciens est que la vertu requiert qu'on en fasse toujours
usage, comme dit Cléanthe, parce qu'elle ne peut se perdre, et que lorsqu'il ne manque
rien à la perfection de l'âme, le sage en jouit à toutes sortes d'égards.
Ils croient que la justice est ce qu'elle est, et non telle par institution. Ils parlent sur le
même ton de la loi et de la droite raison, ainsi que le rapporte Chrysippe dans son livre de
l'Honnête.
| [7,129] Δοκεῖ δ' αὐτοῖς μηδὲ διὰ τὴν διαφωνίαν ἀφίστασθαι φιλοσοφίας, ἐπεὶ τῷ λόγῳ
τούτῳ προλείψειν ὅλον τὸν βίον, ὡς καὶ Ποσειδώνιός φησιν ἐν τοῖς Προτρεπτικοῖς.
Εὐχρηστεῖν δὲ καὶ τὰ ἐγκύκλια μαθήματά φησιν ὁ Χρύσιππος.
Ἔτι ἀρέσκει αὐτοῖς μηδὲν εἶναι ἡμῖν δίκαιον πρὸς τὰ ἄλλα ζῷα, διὰ τὴν ἀνομοιότητα,
καθά φησι Χρύσιππος ἐν τῷ πρώτῳ Περὶ δικαιοσύνης καὶ Ποσειδώνιος ἐν πρώτῳ Περὶ
καθήκοντος. Καὶ ἐρασθήσεσθαι δὲ τὸν σοφὸν τῶν νέων τῶν ἐμφαινόντων διὰ τοῦ εἴδους
τὴν πρὸς ἀρετὴν εὐφυΐαν, ὥς φησι Ζήνων ἐν τῇ Πολιτείᾳ καὶ Χρύσιππος ἐν τῷ πρώτῳ Περὶ
βίων καὶ Ἀπολλόδωρος ἐν τῇ Ἠθικῇ.
| [7,129] Ils pensent aussi que la diversité des opinions ne doit pas engager à renoncer
à la philosophie, puisque, par une pareille raison, il faudrait aussi quitter toute la vie, dit
Posidonius, dans ses Exhortations. Chrysippe trouve encore l'étude des humanités fort
utile.
Aucun droit, selon les stoïciens, ne lie les hommes envers les autres animaux, parce
qu’il n'y a entre eux aucune ressemblance, dit encore Chrysippe dans son premier livre
de la Justice, de même que Posidonius dans son premier livre du Devoir. Le sage peut
prendre de l'amitié pour des jeunes gens qui paraissent avoir de bonnes dispositions pour
là vertu ; c'est ce que rapportent Zénon dans sa République, Chrysippe dans son premier
livre des Vies, et Apollodore dans sa Morale.
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