HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De l'amour

Chapitre 2

  Chapitre 2

[2] γὰρ πατήρ, ἐπεὶ πάλαι, πρὶν ἡμᾶς γενέσθαι, τὴν μητέρα νεωστὶ κεκομισμένος ἐκ τῆς γενομένης τοῖς γονεῦσιν αὐτῶν διαφορᾶς καὶ στάσεως ἀφίκετο τῷ Ἔρωτι θύσων, ἐπὶ τὴν ἑορτὴν ἦγε τὴν μητέρα· καὶ γὰρ ἦν ἐκείνης εὐχὴ καὶ θυσία. τῶν δὲ φίλων οἴκοθεν μὲν αὐτῷ παρῆσαν οἱ συνήθεις, ἐν δὲ Θεσπιαῖς εὗρε Δαφναῖον τὸν Ἀρχιδάμου, Λυσάνδρας ἐρῶντα τῆς Σίμωνος καὶ μάλιστα τῶν μνωμένων αὐτὴν εὐημεροῦντα, καὶ Σώκλαρον ἐκ Τιθόρας ἥκοντα τὸν Ἀριστίωνος· ἦν δὲ καὶ Πρωτογένης Ταρσεύς, καὶ Ζεύξιππος Λακεδαιμόνιος, ξένοι· Βοιωτῶν δ´ πατὴρ ἔφη τῶν γνωρίμων τοὺς πλείστους παρεῖναι. δύο μὲν οὖν τρεῖς ἡμέρας κατὰ πόλιν, ὡς ἔοικεν, ἡσυχῆ πως φιλοσοφοῦντες ἐν ταῖς παλαίστραις καὶ διὰ τῶν θεάτρων ἀλλήλοις συνῆσαν· ἔπειτα φεύγοντες ἀργαλέον ἀγῶνα κιθαρῳδῶν, ἐντεύξεσι καὶ σπουδαῖς προειλημμένον, ἀνέζευξαν οἱ πλείους ὥσπερ ἐκ πολεμίας εἰς τὸν Ἑλικῶνα καὶ κατηυλίσαντο παρὰ ταῖς Μούσαις. ἕωθεν οὖν ἀφίκετο πρὸς αὐτοὺς Ἀνθεμίων, καὶ Πεισίας, ἄνδρες ἔνδοξοι, Βάκχωνι δὲ τῷ καλῷ λεγομένῳ προσήκοντες καὶ τρόπον τινὰ δι´ εὔνοιαν ἀμφότεροι τὴν ἐκείνου διαφερόμενοι πρὸς ἀλλήλους. ἦν γὰρ ἐν Θεσπιαῖς Ἰσμηνοδώρα γυνὴ πλούτῳ καὶ γένει λαμπρὰ καὶ νὴ Δία τὸν ἄλλον εὔτακτος βίον· ἐχήρευσε γὰρ οὐκ ὀλίγον χρόνον ἄνευ ψόγου, καίπερ οὖσα νέα καὶ ἱκανὴ τὸ εἶδος. τῷ δὲ Βάκχωνι φίλης ὄντι καὶ συνήθους γυναικὸς υἱῷ πράττουσα γάμον κόρης κατὰ γένος προσηκούσης ἐκ τοῦ συμπαρεῖναι καὶ διαλέγεσθαι πολλάκις ἔπαθε πρὸς τὸ μειράκιον αὐτή· καὶ λόγους φιλανθρώπους ἀκούουσα καὶ λέγουσα περὶ αὐτοῦ καὶ πλῆθος ὁρῶσα γενναίων ἐραστῶν εἰς τὸ ἐρᾶν προήχθη καὶ διενοεῖτο μηθὲν ποιεῖν ἀγεννές, ἀλλὰ γημαμένη φανερῶς συγκαταζῆν τῷ Βάκχωνι. παραδόξου δὲ τοῦ πράγματος αὐτοῦ φανέντος, τε μήτηρ ὑφεωρᾶτο τὸ βάρος τοῦ οἴκου καὶ τὸν ὄγκον ὡς οὐ κατὰ τὸν ἐραστήν, τινὲς δὲ καὶ συγκυνηγοὶ τῷ μὴ καθ´ ἡλικίαν τῆς Ἰσμηνοδώρας δεδιττόμενοι τὸν Βάκχωνα καὶ σκώπτοντες ἐργωδέστεροι τῶν ἀπὸ σπουδῆς ἐνισταμένων ἦσαν ἀνταγωνισταὶ πρὸς τὸν γάμον, ᾐδεῖτο γὰρ ἔφηβος ἔτι ὢν χήρᾳ συνοικεῖν. οὐ μὴν ἀλλὰ τοὺς ἄλλους ἐάσας παρεχώρησε τῷ Πεισίᾳ καὶ τῷ Ἀνθεμίωνι βουλεύσασθαι τὸ συμφέρον, ὧν μὲν ἀνεψιὸς ἦν αὐτοῦ πρεσβύτερος, δὲ Πεισίας αὐστηρότατος τῶν ἐραστῶν· διὸ καὶ πρὸς τὸν γάμον ἀντέπραττε καὶ καθήπτετο τοῦ Ἀνθεμίωνος ὡς προϊεμένου τῇ Ἰσμηνοδώρᾳ τὸ μειράκιον· δ´ ἐκεῖνον οὐκ ὀρθῶς ἔλεγε ποιεῖν, ἀλλὰ τὰ ἄλλα χρηστὸν ὄντα μιμεῖσθαι τοὺς φαύλους ἐραστὰς οἴκου καὶ γάμου καὶ πραγμάτων μεγάλων ἀποστεροῦντα τὸν φίλον, ὅπως ἄθικτος αὐτῷ καὶ νεαρὸς ἀποδύοιτο πλεῖστον χρόνον ἐν ταῖς παλαίστραις. [2] Mon père, il y a longtemps de cela et nous n'étions pas nés, venait d'épouser tout récemment ma mère. A la suite d'un différend et d'une querelle qu'il avait eue avec les parents de sa femme, il était allé pour offrir un sacrifice à l'Amour, et il avait amené notre mère à la fête : car c'était elle qui devait réciter les prières et accomplir le sacrifice. D'entre les amis qu'il avait dans sa ville, les plus intimes l'avaient accompagné ; et à Thespies il trouva le fils d'Archidamus, Daphnée. Ce Daphnée nourrissait un tendre sentiment pour Lysandra, fille de Simon, et il était le plus goûté d'entre ceux qui prétendaient à la main de cette jeune personne. Mon père y trouva encore le fils d'Aristion, Soclarus venu de Tithore. Il y avait aussi Protogène de Tarse et Zeuxippe le Lacedémonien, tous deux ses hôtes. Bref, la Béotie, à ce que m'a dit mon père, avait envoyé le plus grand nombre de ses personnages notables. Pendant deux ou trois jours ils parcoururent la ville, comme cela se conçoit; et pour philosopher tranquillement ensemble, ils se donnaient rendez-vous dans les palestres et aux théâtres. Ensuite, fuyant la concurrence fâcheuse des joueurs de cithare qui s'empressaient de prendre les devants sur eux et de s'y rencontrer, ils plièrent bagage pour la plupart, comme quand on abandonne un pays ennemi. Ils se réfugièrent sur l'Hélicon, et les voilà installés en plein air auprès des Muses. Dès le lendemain matin étaient venus les trouver Anthémion et Pisias, hommes de grand crédit, parents de Bacchon, surnommé le Beau, et entre lesquels régnait une sorte de rivalité parce qu'ils se disputaient la tendresse de Bacchon. Il faut vous dire qu'il y avait à Thespies une dame appelée Isménodora, illustre par sa richesse et par sa naissance, et non moins recommandable d'ailleurs, la chose était notoire, par la régularité de sa conduite. Elle était restée fort longtemps veuve, sans que, malgré sa jeunesse et sa remarquable beauté, la médisance pût avoir prise sur elle. Bacchon était fils d'une des amies intimes d'Isménodora, et celle-ci s'occupait de le marier à une jeune fille dont il était parent. A force de le voir et de lui parler à tout moment, Isménodora sentit son propre coeur s'émouvoir pour ce jeune homme. Elle entendait dire, elle disait elle-même tant de bien de lui, elle le voyait aimé par un si grand nombre de gens de mérite, qu'elle se laissa aller à l'aimer. Mais ses intentions étaient pures, et elle ne songeait à vivre avec lui qu'après l'avoir épousé publiquement. Or, la chose en soi paraissait impossible à réaliser. La mère de Bacchon s'inquiétait de la lourde charge et de l'importance d'une maison qui lui semblait trop considérable pour l'aimable jouvenceau. D'autre part quelques amis, des compagnons de chasse, voyant la disproportion de l'âge d'Isménodora, faisaient peur à Bacchon, et par leurs railleries ils se constituaient adversaires plus influents de son mariage que ceux qui l'en dissuadaient sérieusement. Il avait honte, n'étant encore qu'un adolescent, de s'unir à une veuve. Toutefois, sans se préoccuper de ce que diraient les autres, Bacchon autorisa Pisias et Anthémion à délibérer avec lui sur le meilleur parti à prendre. Anthémion était son cousin, et était plus âgé que lui. Pour Pisias, c'était le plus austère des amoureux de Bacchon. Aussi travaillait-il pareillement contre ce mariage, et il s'en prenait à Anthémion, qui, prétendait-il, voulait abandonner le jeune homme à Isménodora. Anthémion, de son côté, disait que Pisias avait tort, et que, galant homme d'ailleurs, il imitait ces amoureux coupables, qui privent celui qu'ils aiment d'une maison, d'un mariage et d'une position importante, afin de le voir plus longtemps, frais et entier, se dépouiller à nu dans les gymnases.


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Dernière mise à jour : 8/06/2005