| [15] Καὶ ὁ Δαφναῖος ‘τίς δ´ ἄλλως’ εἶπεν, ‘ὦ πρὸς τῶν θεῶν;’ 
 ‘οὗτοι νὴ Δί´’ ἔφη ‘πάντες’ ὁ πατήρ ‘οἱ νομίζοντες ἀρότου
 καὶ σπόρου καὶ φυτείας ἐπιμέλειαν θεοῖς προσήκειν (ἢ
 γὰρ οὐ νύμφαι τινὲς αὐτοῖς δρυάδες εἰσίν
  ’ἰσοδένδρου τέκμαρ αἰῶνος λαχοῦσαι·‘
 ’δενδρέων δὲ νομὸν Διόνυσος πολυγαθὴς αὐξάνει,
 φέγγος ἁγνὸν ὀπώρας‘ 
  κατὰ Πίνδαρον;), μειρακίων δ´ ἄρα καὶ παίδων ἐν
 ὥρᾳ καὶ ἄνθει πλαττομένων καὶ ῥυθμιζομένων τροφαὶ
 καὶ αὐξήσεις οὐδενὶ θεῶν ἢ δαιμόνων προσήκουσιν,
 οὐδ´ ἔστιν ᾧ μέλει φυόμενον ἄνθρωπον εἰς ἀρετὴν ὀρθὸν
 ἐλθεῖν  καὶ μὴ παρατραπῆναι μηδὲ κλασθῆναι τὸ γενναῖον
 ἐρημίᾳ κηδεμόνος ἢ κακίᾳ τῶν προστυγχανόντων.
 Ἢ καὶ τὸ λέγειν ταῦτα δεινόν ἐστι καὶ ἀχάριστον,
 ἀπολαύοντάς γε τοῦ θείου τοῦ φιλανθρώπου πανταχόσε
 νενεμημένου καὶ μηδαμοῦ προλείποντος ἐν χρείαις, ὧν
 ἀναγκαιότερον ἔνιαι τὸ τέλος ἢ κάλλιον ἔχουσιν; ὥσπερ
 εὐθὺς ἡ περὶ τὴν γένεσιν ἡμῶν, οὐκ εὐπρεπὴς οὖσα δι´
 αἵματος καὶ ὠδίνων, ὅμως ἔχει θεῖον ἐπίσκοπον Εἰλείθυιαν
 καὶ Λοχείαν· ἦν δέ που μὴ γίνεσθαι κρεῖττον
 ἢ γίνεσθαι κακόν, ἁμαρτάνοντα κηδεμόνος ἀγαθοῦ καὶ
 φύλακος. οὐ μὴν οὐδὲ νοσοῦντος ἀνθρώπου θεὸς ἀποστατεῖ
 τὴν περὶ τοῦτο χρείαν καὶ δύναμιν εἰληχώς, ἀλλ´ οὐδ´
 ἀποθανόντος· ἔστι δέ τις ἐκεῖ κομιστὴρ ἐνθένδε καὶ
 ἀρωγὸς ἐν τέλει γενομένων κατευναστὴς καὶ ψυχοπομπὸς
 ὥσπερ οὗτος·
  ’οὐ γάρ με Νὺξ ἔτικτε δεσπότην λύρας,
 οὐ μάντιν οὐδ´ ἰατρόν, ἀλλὰ  θνητὸν ἅμα ψυχαῖς‘.
  καὶ τὰ τοιαῦτα πολλὰς ἔχει δυσχερείας· ἐκείνου δ´
 οὐκ ἔστιν εἰπεῖν ἔργον ἱερώτερον οὐδ´ ἅμιλλαν ἑτέραν
 οὐδ´ ἀγῶνα θεῷ πρέπειν μᾶλλον ἐφορᾶν καὶ βραβεύειν
 ἢ τὴν περὶ τοὺς καλοὺς καὶ ὡραίους ἐπιμέλειαν τῶν
 ἐρώντων καὶ δίωξιν· οὐδὲν γάρ ἐστιν αἰσχρὸν οὐδ´
 ἀναγκαῖον, ἀλλὰ πειθὼ καὶ χάρις ἐνδιδοῦσα ’πόνον
 ἡδὺν‘ ὡς ἀληθῶς ’κάματόν τ´ εὐκάματον‘ 
 ὑφηγεῖται πρὸς ἀρετὴν καὶ φιλίαν, οὔτ´
 ’ἄνευ θεοῦ‘  τὸ προσῆκον τέλος
 λαμβάνουσαν, οὔτ´ ἄλλον ἔχουσαν ἡγεμόνα καὶ δεσπότην
 θεὸν ἀλλὰ τὸν Μουσῶν καὶ Χαρίτων καὶ Ἀφροδίτης
 ἑταῖρον Ἔρωτα.
  ’γλυκὺ γὰρ θέρος ἀνδρὸς ὑποσπείρων πραπίδων πόθῳ‘
  κατὰ τὸν Μελανιππίδην, τὰ ἥδιστα μίγνυσι
 τοῖς καλλίστοις· ἢ πῶς’ ἔφη ‘λέγομεν, ὦ Ζεύξιππε;
 | [15] Alors Daphnée : «Par les dieux, y a-t-il des gens 
qui pensent d'autre façon?» «Certes, il y en a, répondit 
mon père; à savoir, ceux qui attribuent à des dieux une 
inspection protectrice du labour, des semailles, de la plantation. 
N'admettent-ils pas certaines nymphes appelées 
Dryades? Et celles-ci,
"Des arbres ici-bas partagent la durée ;
Or, prêtant à l'automne une splendeur sacrée, 
Les arbres sont l'objet des faveurs de Bacchus,"
comme dit Pindare. Mais quand il s'agit d'adolescents ou 
d'enfants, jeunes et délicates fleurs qui demandent tant de 
façon et de régularité pour leur entretien et leur développement, 
on ne voudra reconnaître l'assistance d'aucune 
divinité, d'aucun Génie ! On n'admettra pas une seule puissance 
supérieure, qui s'inquiète si l'homme, cette sorte de 
plante, croît convenablement en vertu, si son généreux essor 
n'est ni faussé ni brisés soit faute d'appui, soit par le vice 
de ceux qui l'entourent! Une pareille dénégation est à la 
fois étrange et ingrate, quand on profite d'ailleurs de cette 
bienveillance universelle que Dieu, dans les choses qui nous 
sont nécessaires plutôt qu'agréables, répand autour de nous, 
sans qu'elle nous fasse jamais défaut.
«Pour citer sans retard un exemple, l'enfantement qui 
nous met au jour n'a rien d'attrayant, accompagné qu'il est 
de sang et de douleurs; il est pourtant placé sous la protection 
divine d'Ilithye et de Lochia. Autrement, mieux vaudrait 
n'être pas né du tout que d'être né, faute d'un bon 
guide et d'un gardien fidèle, dans de mauvaises conditions. 
Il n'est pas jusqu'à l'homme malade qui ne soit assisté 
d'une divinité spéciale et souveraine. Les morts eux-mêmes 
n'en sont pas privés. Un dieu se charge de nous transporter 
de ce monde-ci dans l'autre, nous assiste à nos derniers instants, 
nous endort de l'éternel sommeil, et fait la conduite 
à notre âme, comme le dit ce dieu lui-même:
"Je suis fils de la nuit : inhabile à la lyre, 
Des prophètes divins j'ignore le délire. 
J'accompagne aux Enfers les âmes des mortels."
Toutes ces diverses attributions présentent bien des difficultés. 
Il n'est pas, au contraire, d'emploi plus saint, de 
ministère et de sollicitude qui convienne plus à un dieu, que
d'avoir l'oeil à surveiller et à régler les tendres désirs des 
jeunes amants, lorsqu'ils sont dans la fleur de l'âge et de 
la beauté. Il n'y a dans ces attributions rien de honteux, 
rien de contraint. Tout y respire la persuasion et cette grâce 
qui fait de la besogne un plaisir, du travail un vrai bonheur, 
qui conduit à la vertu et aux sentiments affectueux. 
Non, ce ne saurait être qu'avec l'assistance d'un dieu que 
l'on atteint à un pareil résultat; et ce dieu, ce guide, qui 
pourrait-il être, sinon le compagnon des Muses et des 
Grâces? Je veux dire l'Amour, qui,
"Semant au coeur de l'homme 
Une douce moisson de désirs amoureux,"
comme dit Mélanippide, réunit ce qu'il y a de plus agréable 
à ce qu'il y a de plus beau? Ou bien, que devons-nous 
dire, Zeuxippe?»
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