HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Ps.-LONGIN, Le Traité du sublime

Chapitre 15

  Chapitre 15

[15] Αὐτόθι μέντοι καὶ περὶ σχημάτων ἐφεξῆς τέτακται τόπος· καὶ γὰρ ταῦτ´ ἂν ὃν δεῖ σκευάζηται τρόπον, ὡς ἔφην, οὐκ ἂν τυχοῦσα μεγέθους εἴη μερίς. οὐ μὴν ἀλλ´ ἐπεὶ τὸ πάντα διακριβοῦν πολὺ ἔργον ἐν τῷ παρόντι, μᾶλλον δ´ ἀπεριόριστον, ὀλίγα τῶν ὅσα μεγαληγορίας ἀποτελεστικὰ τοῦ πιστώσασθαι τὸ προκείμενον ἕνεκα καὶ δὴ διέξιμεν. ἀπόδειξιν Δημοσθένης ὑπὲρ τῶν πεπολιτευμένων εἰσφέρει· τίς δ´ ἦν κατὰ φύσιν χρῆσις αὐτῆς; "οὐχ ἡμάρτετε, τὸν ὑπὲρ τῆς τῶν Ἑλλήνων ἐλευθερίας ἀγῶνα ἀράμενοι· ἔχετε δὲ οἰκεῖα τούτου παραδείγματα· οὐδὲ γὰρ οἱ ἐν Μαραθῶνι ἥμαρτον οὐδ´ οἱ ἐν Σαλαμῖνι οὐδ´ οἱ ἐν Πλαταιαῖς." ἀλλ´ ἐπειδὴ καθάπερ ἐμπνευσθεὶς ἐξαίφνης ὑπὸ θεοῦ καὶ οἱονεὶ φοιβόληπτος γενόμενος τὸν κατὰ τῶν ἀριστέων τῆς Ἑλλάδος ὅρκον ἐξεφώνησεν "οὐκ ἔστιν ὅπως ἡμάρτετε, μὰ τοὺς ἐν Μαραθῶνι προκινδυνεύσαντας", φαίνεται δι´ ἑνὸς τοῦ ὀμοτικοῦ σχήματος, ὅπερ ἐνθάδε ἀποστροφὴν ἐγὼ καλῶ, τοὺς μὲν προγόνους ἀποθεώσας, ὅτι δεῖ τοὺς οὕτως ἀποθανόντας ὡς θεοὺς ὀμνύναι παριστάνων, τοῖς δὲ κρίνουσι τὸ τῶν ἐκεῖ προκινδυνευσάντων ἐντιθεὶς φρόνημα, τὴν δὲ τῆς ἀποδείξεως φύσιν μεθεστακὼς εἰς ὑπερβάλλον ὕψος καὶ πάθος καὶ ξένων καὶ ὑπερφυῶν ὅρκων ἀξιοπιστίαν, καὶ ἅμα παιώνειόν τινα καὶ ἀλεξιφάρμακον εἰς τὰς ψυχὰς τῶν ἀκουόντων καθιεὶς λόγον, ὡς κουφιζομένους ὑπὸ τῶν ἐγκωμίων μηδὲν ἔλαττον τῇ μάχῃ τῇ πρὸς Φίλιππον ἐπὶ τοῖς κατὰ Μαραθῶνα καὶ Σαλαμῖνα νικητηρίοις παρίστασθαι φρονεῖν· οἷς πᾶσι τοὺς ἀκροατὰς διὰ τοῦ σχηματισμοῦ συναρπάσας ᾤχετο. καίτοι παρὰ τῷ Εὐπόλιδι τοῦ ὅρκου τὸ σπέρμα φασὶν εὑρῆσθαι· "οὐ γὰρ μὰ τὴν Μαραθῶνι τὴν ἐμὴν μάχην χαίρων τις αὐτῶν τοὐμὸν ἀλγυνεῖ κέαρ". ἔστι δ´ οὐ τὸ ὁπωσοῦν τινα ὀμόσαι μέγα, τὸ δὲ ποῦ καὶ πῶς καὶ ἐφ´ ὧν καιρῶν καὶ τίνος ἕνεκα. ἀλλ´ ἐκεῖ μὲν οὐδέν ἐστ´ εἰ μὴ ὅρκος, καὶ πρὸς εὐτυχοῦντας ἔτι καὶ οὐ δεομένους παρηγορίας τοὺς Ἀθηναίους, ἔτι δ´ οὐχὶ τοὺς ἄνδρας ἀπαθανατίσας ποιητὴς ὤμοσεν, ἵνα τῆς ἐκείνων ἀρετῆς τοῖς ἀκούουσιν ἐντέκῃ λόγον ἄξιον, ἀλλ´ ἀπὸ τῶν προκινδυνευσάντων ἐπὶ τὸ ἄψυχον ἀπεπλανήθη, τὴν μάχην. παρὰ δὲ τῷ Δημοσθένει πεπραγμάτευται πρὸς ἡττημένους ὅρκος, ὡς μὴ Χαιρώνειαν ἔτ´ Ἀθηναίοις ἀτύχημα φαίνεσθαι, καὶ ταὐτόν, ὡς ἔφην, ἅμα ἀπόδειξίς ἐστι τοῦ μηδὲν ἡμαρτηκέναι, παράδειγμα, {ὅρκων} πίστις, ἐγκώμιον, προτροπή. κἀπειδήπερ ὑπήντα τῷ ῥήτορι, "λέγεις ἧτταν πολιτευσάμενος, εἶτα νίκας ὀμνύεις", διὰ ταῦθ´ ἑξῆς κανονίζει καὶ δι´ ἀσφαλείας ἄγει καὶ ὀνόματα, διδάσκων ὅτι κἀν βακχεύμασι νήφειν ἀναγκαῖον· "τοὺς προκινδυνεύσαντας" φησί "Μαραθῶνι καὶ τοὺς Σαλαμῖνι καὶ ἐπ´ Ἀρτεμισίῳ ναυμαχήσαντας καὶ τοὺς ἐν Πλαταιαῖς παραταξαμένους." οὐδαμοῦ "νικήσαντας" εἶπεν, ἀλλὰ πάντη τὸ τοῦ τέλους διακέκλοφεν ὄνομα, ἐπειδήπερ ἦν εὐτυχὲς καὶ τοῖς κατὰ Χαιρώνειαν ὑπεναντίον. διόπερ καὶ τὸν ἀκροατὴν φθάνων εὐθὺς ὑποφέρει· "οὓς ἅπαντας ἔθαψε δημοσίᾳ" φησίν " πόλις, Αἰσχίνη, οὐχὶ τοὺς κατορθώσαντας μόνους." [15] CHAPITRE XV. Des figures et premièrement de l’apostrophe. Il faut maintenant parler des figures, pour suivre l'ordre que nous nous sommes prescrit : car, comme j'ai dit, elles ne sont pas une des moindres parties du sublime, lorsqu'on leur donne le tour qu'elles doivent avoir. Mais ce serait un ouvrage de trop longue haleine, pour ne pas dire infini, si nous voulions faire ici une exacte recherche de toutes les figures qui peuvent avoir place dans le discours. C’est pourquoi nous nous contenterons d'en parcourir quelques-unes des principales, je veux dire, celles qui contribuent le plus au sublime : seulement afin de faire voir que nous n'avançons rien que de vrai, Démosthène veut justifier sa conduite, et prouver aux Athéniens, qu'ils n'ont point failli en livrant bataille à Philippe. Quel était l'air naturel d'énoncer la chose ? Vous n’avez point failli, pouvait-il dire, Messieurs, en combattant au péril de vos vies pour la liberté et le salut de toute la Grèce, et vous en avez, des exemples qu’on ne saurait démentir. Car on ne peut pas dire que ces grands hommes aient failli, qui ont combattu pour la même cause dans les plaines de Marathon, à Salamine et devant Platées. Mais il en use bien d'une autre forte, et tout d'un coup, comme s'il était inspiré d'un Dieu, et possédé de l'esprit d'Apollon même, il s'écrie en jurant par ces vaillants défenseurs de la Grèce. "Non, Messieurs, non, vous n’avez point failli. J'en jure par les mânes de ces grands hommes qui ont combattu pour la même cause dans les plaines de Marathon". Par cette seule forme de serment, que j'appellerai ici apostrophe, il déifie ces anciens citoyens dont il parle, et montre en effet, qu'il faut regarder tous ceux qui meurent de la sorte, comme autant de dieux par le nom desquels on doit jurer. Il inspire à ses juges l'esprit et les sentiments de ces illustres morts, et changeant l'air naturel de la preuve en cette grande et pathétique manière d'affirmer par des serments si extraordinaires, si nouveaux, si dignes de foi, il fait entrer dans l’âme de ses auditeurs comme une espèce de contrepoison et d'antidote qui en chasse toutes les mauvaises impressions. Il leur élève le courage par des louanges. En un mot il leur fait concevoir qu'ils ne doivent pas moins s'estimer de la bataille qu'ils ont perdue contre Philippe, que des victoires qu'ils ont remportées à Marathon et à Salamine et par tous ces différents moyens renfermés dans une seule figure, il les entraîne dans son parti. Il y en a pourtant qui prétendent que l'original de ce serment se trouve dans Eupolis, quand il dit: "On ne me verra plus affligé de leur joie. J’en jure mon combat aux champs de Marathon". Mais il n'y a pas grande finesse à jurer simplement. Il faut voir où, comment, en quelle occasion, et pourquoi on le fait. Or dans le passage de ce poète il n'y a rien autre chose qu’un simple serment. Car il parle là aux Athéniens heureux, et dans un temps où ils n'avaient pas besoin de consolation. Ajoutez que par ce serment il ne traite pas, comme Démosthène, ces grands hommes d'immortels, et ne songe point à faire naître dans l’âme des Athéniens, des sentiments dignes de la vertu de leurs ancêtres : vu qu'au lieu de jurer par le nom de ceux qui avaient combattu, il s'amuse à jurer par une chose inanimée, telle qu'est un combat. Au contraire dans Démosthène ce serment est fait directement pour rendre le courage aux Athéniens vaincus, et pour empêcher qu'ils ne regardassent dorénavant, comme un malheur, la bataille de Chéronée. De sorte que, comme j'ai déjà dit, dans cette seule figure, il leur prouve par raison qu'ils n'ont point failli, il leur en fournit un exemple, et il le leur confirme par des serments, il fait leur éloge et il les exhorte à la guerre contre Philippe. Mais comme on pouvait répondre à notre orateur, il s'agit de la bataille que nous avons perdue contre Philippe, durant que vous maniez les affaires de la République, et vous jurez par les victoires que nos ancêtres ont remportées. Afin donc de marcher sûrement, il a soin de régler ses paroles, et n'emploie que celles qui lui sont avantageuses : faisant voir, que même dans les plus grands emportements, il faut être sobre et retenu. En disant donc que leurs ancêtres avaient combattu par terre à Marathon et par mer à Salamine, avaient donné bataille près d'Artémise et de Platées : il se garde bien de dire qu’ils en fussent sortis victorieux. Il a soin de taire l'événement qui avait été aussi heureux en toutes ces batailles, que funeste à Chéronée ; et prévient même l'auditeur en poursuivant ainsi. Tous ceux, ô Eschine, qui sont péris en ces rencontres, ont été enterrés aux dépens de la République, et non pas seulement ceux dont la fortune a secondé la valeur.


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Dernière mise à jour : 14/06/2007