HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Ps.-LONGIN, Le Traité du sublime

Chapitre 16

  Chapitre 16

[16] Οὐκ ἄξιον ἐπὶ τούτου τοῦ τόπου παραλιπεῖν ἕν τι τῶν ἡμῖν τεθεωρημένων, φίλτατε, ἔσται δὲ πάνυ σύντομον, ὅτι φύσει πως συμμαχεῖ τε τῷ ὕψει τὰ σχήματα καὶ πάλιν ἀντισυμμαχεῖται θαυμαστῶς ὑπ´ αὐτοῦ. πῇ δὲ καὶ πῶς ἐγὼ φράσω. ὕποπτόν ἐστιν ἰδίως τὸ διὰ σχημάτων πανουργεῖν καὶ προσβάλλον ὑπόνοιαν ἐνέδρας ἐπιβουλῆς παραλογισμοῦ, καὶ ταῦθ´ ὅταν πρὸς κριτὴν κύριον λόγος, μάλιστα δὲ πρὸς τυράννους βασιλέας ἡγεμόνας πάντας τοὺς ἐν ὑπεροχαῖς· ἀγανακτεῖ γὰρ εὐθὺς εἰ ὡς παῖς ἄφρων ὑπὸ τεχνίτου ῥήτορος σχηματίοις κατασοφίζεται, καὶ εἰς καταφρόνησιν ἑαυτοῦ λαμβάνων τὸν παραλογισμὸν ἐνίοτε μὲν ἀποθηριοῦται τὸ σύνολον, κἂν ἐπικρατήσῃ δὲ τοῦ θυμοῦ, πρὸς τὴν πειθὼ τῶν λόγων πάντως ἀντιδιατίθεται. διόπερ καὶ τότε ἄριστον δοκεῖ τὸ σχῆμα, ὅταν αὐτὸ τοῦτο διαλανθάνῃ, ὅτι σχῆμά ἐστι. τὸ τοίνυν ὕψος καὶ πάθος τῆς ἐπὶ τῷ σχηματίζειν ὑπονοίας ἀλέξημα καὶ θαυμαστή τις ἐπικουρία καθίσταται, καί πως περιλαμφθεῖς´ τοῦ πανουργεῖν τέχνη τοῖς κάλλεσι καὶ μεγέθεσι τὸ λοιπὸν δέδυκε καὶ πᾶσαν ὑποψίαν ἐκπέφευγεν. ἱκανὸν δὲ τεκμήριον τὸ προειρημένον "μὰ τοὺς ἐν Μαραθῶνι". τίνι γὰρ ἐνταῦθ´ ῥήτωρ ἀπέκρυψε τὸ σχῆμα; δῆλον ὅτι τῷ φωτὶ αὐτῷ. σχεδὸν γὰρ ὥσπερ καὶ τἀμυδρὰ φέγγη ἐναφανίζεται τῷ ἡλίῳ περιαυγούμενα, οὕτω τὰ τῆς ῥητορικῆς σοφίσματα ἐξαμαυροῖ περιχυθὲν πάντοθεν τὸ μέγεθος. οὐ πόρρω δ´ ἴσως τούτου καὶ ἐπὶ τῆς ζωγραφίας τι συμβαίνει· ἐπὶ γὰρ τοῦ αὐτοῦ κειμένων ἐπιπέδου παραλλήλων ἐν χρώμασι τῆς σκιᾶς τε καὶ τοῦ φωτός, ὅμως προϋπαντᾷ τε τὸ φῶς ταῖς ὄψεσι καὶ οὐ μόνον ἔξοχον ἀλλὰ καὶ ἐγγυτέρω παρὰ πολὺ φαίνεται. οὐκοῦν κἀπὶ τῶν λόγων τὰ πάθη καὶ τὰ ὕψη ταῖς ψυχαῖς ἡμῶν ἐγγυτέρω κείμενα διά τε φυσικήν τινα συγγένειαν καὶ διὰ λαμπρότητα, ἀεὶ τῶν σχημάτων προεμφανίζεται καὶ τὴν τέχνην αὐτῶν ἐπισκιάζει καὶ οἷον ἐν κατακαλύψει τηρεῖ. [16] CHAPITRE XVI. Que les figures ont besoin du sublime pour les soutenir. Il ne faut pas oublier ici une réflexion que j'ai faite, et que je vais vous expliquer en peu de mots : c est que si les figures naturellement soutiennent le sublime, le sublime de son côté soutient merveilleusement les figures : mais où, et comment, c'est ce qu’il faut dire. En premier lieu, il est certain qu'un discours ou les figures sont employées toutes seules, est de soi-même suspect d’adresse, d'artifice, et de tromperie. Principalement lorsqu'on parle devant un juge souverain, et surtout si ce juge est un grand seigneur, comme un tyran, un roi, ou un général d'armée : car il conçoit en lui-même une certaine indignation contre l'orateur, et ne saurait souffrir qu'un chétif rhétoricien entreprenne de le tromper, comme un enfant, par de grossières finesses. Et même il est à craindre quelquefois, que prenant tout cet artifice pour une espèce de mépris, il ne s'effarouche entièrement : et bien qu'il retienne sa colère, et se laisse un peu amollir aux charmes du discours, il a toujours une forte répugnance à croire ce qu'on lui dit. C’est pourquoi il n'y a point de figure plus excellente que celle qui est tout à fait cachée, et lorsqu'on ne reconnaît point que c'est une figure. Or il n'y a point de secours ni de remède plus merveilleux pour l'empêcher de paraître, que le sublime et le pathétique, par ce que l'art ainsi renfermé au milieu de quelque chose de grand et d'éclatant, a tout ce qui lui manquait, et n'est plus suspect d'aucune tromperie. Je ne vous en saurais donner un meilleur exemple que celui que j'ai déjà rapporté. "J'en jure par les mânes de ces grands hommes", etc. Comment est-ce que l'Orateur a caché la figure dont il se sert ? N'est-il pas aisé de reconnaître que c'est par l'éclat même de sa pensée? Car comme les moindres lumières s'évanouissent, quand le soleil vient à éclairer ; de même toutes ces subtilités de rhétorique disparaissent à la vue de cette grandeur qui les environne de tous côtés. La même chose à peu près arrive dans la peinture. En effet qu'on tire plusieurs lignes parallèles sur un même plan, avec les jours et les ombres : il est certain que ce qui se présentera d'abord à la vue, ce sera le lumineux à cause de son grand éclat qui fait qu’il semble sortir hors du tableau, et s'approcher en quelque façon de nous. Ainsi le sublime et le pathétique, soit par une affinité naturelle qu'ils ont avec les mouvements de notre âme, soit à cause de leur brillant, paraissent davantage et semblent toucher de plus près notre esprit que les figures, dont ils cachent l'art, et qu'ils mettent comme à couvert.


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Dernière mise à jour : 14/06/2007