HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Ps.-LONGIN, Le Traité du sublime

Chapitre 17

  Chapitre 17

[17] Τί δ´ ἐκεῖνα φῶμεν, τὰς πεύσεις τε καὶ ἐρωτήσεις; ἆρα οὐκ αὐταῖς ταῖς τῶν σχημάτων εἰδοποιίαις παρὰ πολὺ ἐμπρακτότερα καὶ σοβαρώτερα συντείνει τὰ λεγόμενα; " βούλεσθε, εἰπέ μοι, περιιόντες ἀλλήλων πυνθάνεσθαι· λέγεταί τι καινόν; τί γὰρ ἂν γένοιτο τούτου καινότερον Μακεδὼν ἀνὴρ καταπολεμῶν τὴν Ἑλλάδα; τέθνηκε Φίλιππος; οὐ μὰ Δί´ ἀλλ´ ἀσθενεῖ. τί δ´ ὑμῖν διαφέρει; καὶ γὰρ ἂν οὗτός τι πάθῃ, ταχέως ὑμεῖς ἕτερον Φίλιππον ποιήσετε." καὶ πάλιν "πλέωμεν ἐπὶ Μακεδονίαν" φησί. "ποῖ δὴ προσορμιούμεθα, ἤρετό τις. εὑρήσει τὰ σαθρὰ τῶν Φιλίππου πραγμάτων αὐτὸς πόλεμος." ἦν δὲ ἁπλῶς ῥηθὲν τὸ πρᾶγμα τῷ παντὶ καταδεέστερον, νυνὶ δὲ τὸ ἔνθουν καὶ ὀξύρροπον τῆς πεύσεως καὶ ἀποκρίσεως καὶ τὸ πρὸς ἑαυτὸν ὡς πρὸς ἕτερον ἀνθυπαντᾶν οὐ μόνον ὑψηλότερον ἐποίησε τῷ σχηματισμῷ τὸ ῥηθὲν ἀλλὰ καὶ πιστότερον. ἄγει γὰρ τὰ παθητικὰ τότε μᾶλλον, ὅταν αὐτὰ φαίνηται μὴ ἐπιτηδεύειν αὐτὸς λέγων ἀλλὰ γεννᾶν καιρός, δ´ ἐρώτησις εἰς ἑαυτὸν καὶ ἀπόκρισις μιμεῖται τοῦ πάθους τὸ ἐπίκαιρον. σχεδὸν γὰρ ὡς οἱ ὑφ´ ἑτέρων ἐρωτώμενοι παροξυνθέντες ἐκ τοῦ παραχρῆμα πρὸς τὸ λεχθὲν ἐναγωνίως καὶ ἀπ´ αὐτῆς τῆς ἀληθείας ἀνθυπαντῶσιν, οὕτως τὸ σχῆμα τῆς πεύσεως καὶ ἀποκρίσεως εἰς τὸ δοκεῖν ἕκαστον τῶν ἐσκεμμένων ἐξ ὑπογύου κεκινῆσθαί τε καὶ λέγεσθαι τὸν ἀκροατὴν ἀπάγον καὶ παραλογίζεται. ἔτι τοίνυν (ἓν γάρ τι τῶν ὑψηλοτάτων τὸ Ἡροδότειον πεπίστευται), εἰ οὕτως - - -. - - - ἀσύμπλοκα ἐκπίπτει καὶ οἱονεὶ προχεῖται τὰ λεγόμενα, ὀλίγου δεῖν φθάνοντα καὶ αὐτὸν τὸν λέγοντα. "καὶ συμβαλόντες" φησὶν Ξενοφῶν "τὰς ἀσπίδας ἐωθοῦντο ἐμάχοντο ἀπέκτεινον ἀπέθνῃσκον." καὶ τὰ τοῦ Εὐρυλόχου, ἤλθομεν ὡς ἐκέλευες ἀνὰ δρυμά, φαίδιμ´ Ὀδυσσεῦ· εἴδομεν ἐν βήσσῃσι τετυγμένα δώματα καλά. τὰ γὰρ ἀλλήλων διακεκομμένα καὶ οὐδὲν ἧττον κατεσπευσμένα φέρει τῆς ἀγωνίας ἔμφασιν ἅμα καὶ ἐμποδιζούσης τι καὶ συνδιωκούσης. τοιαῦθ´ ποιητὴς ἐξήνεγκε διὰ τῶν ἀσυνδέτων. [17] CHAPITRE XVII. Des interrogations. Que dirai-je des demandes et des interrogations? Car qui peut nier que ces sortes de figures ne donnent beaucoup plus de mouvement, d'action, et de force au discours ? "Ne voulez-vous jamais faire autre chose, dit Démosthène aux Athéniens, qu’aller par la ville vous demander les uns aux autres : Que dit-on de nouveau ? et que peut-on vous apprendre de plus nouveau, que ce que vous voyez ? Un homme de Macédoine se rend maître des Athéniens, et fait la loi à toute la Grèce. Philippe est-il mort ? dira l’un : Non, répondra l’autre, il n’est que malade. Hé, que vous importe, Messieurs, qu'il vive ou qu’il meure ? Quand le ciel vous en aurait délivrés, vous-vous feriez bientôt vous même un autre Philippe. Et ailleurs. Embarquons-nous pour la Macédoine, mais où aborderons-nous, dira quelqu'un, malgré Philippe ? La guerre même, Messieurs, nous découvrira par où Philippe est facile à vaincre". S'il eût dit la chose simplement, son discours n’eût point répondu à la majesté de l'affaire dont il parlait : au lieu que par cette divine et violente manière de se faire des interrogations et de se répondre sur le champ à soi-même, comme si c'était une autre personne, non seulement il rend ce qu'il dit plus grand et plus fort, mais plus plausible et plus vraisemblable. Car le pathétique ne fait jamais plus d'effet que lorsqu'il semble que l'orateur ne le recherche pas, mais que c'est l’occasion qui le fait naître. Or il n'y a rien qui imite mieux la passion que ces sortes d'interrogations et de réponses. Car ceux qu'on interroge sur une chose dont ils savent la vérité, sentent naturellement une certaine émotion qui fait que sur le champ ils se précipitent de répondre. Si bien que par cette figure l'auditeur est adroitement trompé, et prend les discours les plus médités pour des choses dites sur l'heure et dans la chaleur - - -. Il n'y a rien encore qui donne plus de mouvement au discours que d'en ôter les liaisons. En effet un discours que rien ne lie et n'embarrasse, marche et coule de soi-même, et il s'en faut peu qu'il n'aille quelquefois plus vite que la pensée même de l'orateur. Ayant approché leurs boucliers les uns des autres, dit Xénophon, ils recalaient, ils combattaient, ils tuaient, ils mouraient ensemble. Il en est de même de ces paroles d'Euryloque à Ulysse dans Homère. "Nous avons par ton ordre à pas précipités Parcouru de ces bois les sentiers écartés : Nous avons dans le fond d'une sombre vallée Découvert de Circé la maison reculée". Car ces périodes ainsi coupées et prononcées néanmoins avec précipitation, sont les marques d'une vive douleur, qui l'empêche en même temps, et le force de parler. C'est ainsi qu'Homère sait ôter où il faut les liaisons du discours.


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Dernière mise à jour : 14/06/2007