[18] Ἄκρως δὲ καὶ ἡ ἐπὶ ταὐτὸ σύνοδος τῶν σχημάτων εἴωθε κινεῖν,
ὅταν δύο ἢ τρία οἷον κατὰ συμμορίαν ἀνακιρνάμενα ἀλλήλοις
ἐρανίζῃ τὴν ἰσχὺν τὴν πειθὼ τὸ κάλλος, ὁποῖα καὶ τὰ εἰς τὸν
Μειδίαν, ταῖς ἀναφοραῖς ὁμοῦ καὶ τῇ διατυπώσει συναναπεπλεγμένα
ἔχοντα τὰ ἀσύνδετα. "πολλὰ γὰρ ἂν ποιήσειεν ὁ τύπτων, ὧν
ὁ παθὼν ἔνια οὐδ´ ἂν ἀπαγγεῖλαι δύναιτο ἑτέρῳ, τῷ σχήματι
τῷ βλέμματι τῇ φωνῇ." εἶθ´ ἵνα μὴ ἐπὶ τῶν αὐτῶν ὁ λόγος ἰὼν
στῇ (ἐν στάσει γὰρ τὸ ἠρεμοῦν, ἐν ἀταξίᾳ δὲ τὸ πάθος, ἐπεὶ φορὰ
ψυχῆς καὶ συγκίνησίς ἐστιν), εὐθὺς ἐπ´ ἄλλα μεθήλατο ἀσύνδετα
καὶ ἐπαναφοράς· "τῷ σχήματι τῷ βλέμματι τῇ φωνῇ, ὅταν ὡς
ὑβρίζων, ὅταν ὡς ἐχθρός, ὅταν κονδύλοις, ὅταν ἐπὶ κόρρης."
οὐδὲν ἄλλο διὰ τούτων ὁ ῥήτωρ ἢ ὅπερ ὁ τύπτων ἐργάζεται· τὴν
διάνοιαν τῶν δικαστῶν τῇ ἐπαλλήλῳ πλήττει φορᾷ. εἶτ´ ἐντεῦθεν
πάλιν ὡς αἱ καταιγίδες ἄλλην ποιούμενος ἐμβολήν "ὅταν
κονδύλοις, ὅταν ἐπὶ κόρρης" φησί· "ταῦτα κινεῖ, ταῦτα ἐξίστησιν
ἀνθρώπους, ἀήθεις ὄντας τοῦ προπηλακίζεσθαι· οὐδεὶς ἂν ταῦτα
ἀπαγγέλλων δύναιτο τὸ δεινὸν παραστῆσαι." οὐκοῦν τὴν μὲν
φύσιν τῶν ἐπαναφορῶν καὶ ἀσυνδέτων πάντη φυλάττει τῇ συνεχεῖ
μεταβολῇ· οὕτως αὐτῷ καὶ ἡ τάξις ἄτακτον καὶ ἔμπαλιν ἡ ἀταξία
ποιὰν περιλαμβάνει τάξιν.
Φέρε οὖν, πρόσθες τοὺς συνδέσμους, εἰ θέλεις, ὡς ποιοῦσιν
οἱ Ἰσοκράτειοι· "καὶ μὴν οὐδὲ τοῦτο χρὴ παραλιπεῖν, ὡς πολλὰ
ἂν ποιήσειεν ὁ τύπτων, πρῶτον μὲν τῷ σχήματι, εἶτα δὲ τῷ
βλέμματι, εἶτά γε μὴν αὐτῇ τῇ φωνῇ," καὶ εἴσῃ κατὰ τὸ ἑξῆς
οὕτως παραγράφων ὡς τοῦ πάθους τὸ συνδεδιωγμένον καὶ
ἀποτραχυνόμενον, ἐὰν τοῖς συνδέσμοις ἐξομαλίσῃς εἰς λειότητα,
ἄκεντρόν τε προσπίπτει καὶ εὐθὺς ἔσβεσται. ὥσπερ γὰρ εἴ τις
συνδήσειε τῶν θεόντων τὰ σώματα τὴν φορὰν αὐτῶν ἀφῄρηται,
οὕτως καὶ τὸ πάθος ὑπὸ τῶν συνδέσμων καὶ τῶν ἄλλων
προσθηκῶν ἐμποδιζόμενον ἀγανακτεῖ· τὴν γὰρ ἐλευθερίαν
ἀπολλύει τοῦ δρόμου καὶ τὸ ὡς ἀπ´ ὀργάνου τινὸς ἀφίεσθαι.
| [18] CHAPITRE XVIII. Du mélange des figures.
Il n'y a encore rien de plus fort pour émouvoir, que de ramasser ensemble
plusieurs figures. Car deux ou trois figures ainsi mêlées entrant par ce
moyen dans une espèce de société se communiquent les unes aux autres de la
force, des grâces et de l'ornement: comme on le peut voir dans ce passage
de l'oraison de Démosthène contre Midias, ou en même temps il ôte les
liaisons de son discours et mêle, ensemble les figures de répétition et de
description. Car tout homme, dit cet orateur, qui en outrage un autre,
fait beaucoup de choses du geste, des yeux, de la voix, que celui qui a
été outragé ne saurait peindre dans un récit. Et de peur que dans la
suite, son discours ne vint à se relâcher et sachant bien que l'ordre
appartient à un esprit rassis, et qu'au contraire le désordre est la marque
de la passion qui n'est en effet elle-même qu'un trouble et une émotion de
l'âme, il poursuit dans la même diversité de figures. Tantôt il le frappe
comme ennemi, tantôt pour lui faire insulte, tantôt avec les poings,
tantôt au visage. Par cette violence de paroles ainsi entassées les unes
sur les autres l'orateur ne touche et ne remue pas moins puissamment ses
juges, que s'ils le voyaient frapper en leur présence. Il revient à la
charge, et poursuit comme une tempête. Ces affronts émeuvent et
transportent un homme de cœur et qui n’est point accoutumé aux injures. On
ne saurait exprimer par des paroles l’énormité d'une telle action. Par ce
changement continuel, il conserve partout le caractère de ces figures
turbulentes : tellement que dans son ordre il y a un désordre, et au
contraire dans son désordre il y a un ordre merveilleux. Qu’ainsi ne soit,
mettez par plaisir les conjonctions à ce passage, comme sont les disciples
d'Isocrate. Et certainement il ne faut pas oublier, que celui qui en trace
un autre fait beaucoup de choses, premièrement par le geste, ensuite par
les yeux, et enfin par la voix même, etc.... Car en égalant et aplanissant
ainsi toutes choses par le moyen des liaisons, vous verrez que d'un
pathétique fort et violent, vous tomberez dans une petite afféterie de
langage qui n'aura ni pointe ni aiguillon, et que toute la force de votre
discours s'éteindra aussitôt d'elle-même. Et comme il est certain, que si
on liait le corps d'un homme qui court on lui ferait perdre toute sa force
; de même si vous allez embarrasser une passion de ces liaisons et de ces
particules inutiles, elle les souffre avec peine, vous lui ôtez la liberté
de sa course, et cette impétuosité qui la faisait marcher avec la même
violence, qu'un trait lancé par une machine.
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