HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, livre IV

Chapitres 10-19

  Chapitres 10-19

[4,10] Τὸν μὲν δὴ εἰρύσαντα τῶν τόξων τὸ ἕτερον (δύο γὰρ δὴ φορέειν τέως Ἡρακλέα) καὶ τὸν ζωστῆρα προδέξαντα, παραδοῦναι τὸ τόξον τε καὶ τὸν ζωστῆρα ἔχοντα ἐπἄκρης τῆς συμβολῆς φιάλην χρυσέην, δόντα δὲ ἀπαλλάσσεσθαι. τὴν δ᾽, ἐπεὶ οἱ γενομένους τοὺς παῖδας ἀνδρωθῆναι, τοῦτο μὲν σφι οὐνόματα θέσθαι, τῷ μὲν Ἀγάθυρσον αὐτῶν, τῷ δἑπομένῳ Γελωνόν, Σκύθην δὲ τῷ νεωτάτῳ, τοῦτο δὲ τῆς ἐπιστολῆς μεμνημένην αὐτὴν ποιῆσαι τά ἐντεταλμένα. (2) καὶ δὴ δύο μὲν οἱ τῶν παίδων, τόν τε Ἀγάθυρσον καὶ τὸν Γελωνόν, οὐκ οἵους τε γενομένους ἐξικέσθαι πρὸς τὸν προκείμενον ἄεθλον, οἴχεσθαι ἐκ τῆς χώρης ἐκβληθέντας ὑπὸ τῆς γειναμένης, τὸν δὲ νεώτατον αὐτῶν Σκύθην ἐπιτελέσαντα καταμεῖναι ἐν τῇ χωρῇ. (3) καὶ ἀπὸ μὲν Σκύθεω τοῦ Ἡρακλέος γενέσθαι τοὺς αἰεὶ βασιλέας γινομένους Σκυθέων, ἀπὸ δὲ τῆς φιάλης ἔτι καὶ ἐς τόδε φιάλας ἐκ τῶν ζωστήρων φορέειν Σκύθας· τὸ δὴ μοῦνον μηχανήσασθαι τὴν μητέρα Σκύθῃ. ταῦτα δὲ Ἑλλήνων οἱ τὸν Πόντον οἰκέοντες λέγουσι. [4,10] X. Hercule, en finissant ces mots, tira l'un de ses arcs, car il en avait eu deux jusqu'alors, et le donna à cette femme. Il lui montra aussi le baudrier ; à l'endroit où il s'attachait pendait une coupe d'or : il lui en fit aussi présent, après quoi il partit. Lorsque ces enfants eurent atteint l'âge viril, elle nomma l'aîné Agathyrsus, le suivant Gélonus, et le plus jeune Scythès. Elle se souvint aussi des ordres d'Hercule, et les suivit. Les deux aînés, trouvant au-dessus de leurs forces l'épreuve prescrite, furent chassés par leur mère, et allèrent s'établir en d'autres pays. Scythès, le plus jeune des trois, fit ce que son père avait ordonné, et resta dans sa patrie. C'est de ce Scythès, fils d'Hercule, que sont descendus tous les rois qui lui ont succédé en Scythie ; et, jusque aujourd'hui, les Scythes ont toujours porté au bas de leur baudrier une coupe, à cause de celle qui était attachée à ce baudrier. Telle fut la chose qu'imagina sa mère en sa faveur. C'est ainsi que les Grecs qui habitent les bords du Pont-Euxin rapportent cette histoire.
[4,11] Ἔστι δὲ καὶ ἄλλος λόγος ἔχων ὧδε, τῷ μάλιστα λεγομένῳ αὐτός πρόσκειμαι, Σκύθας τοὺς νομάδας οἰκέοντας ἐν τῇ Ἀσίῃ, πολέμῳ πιεσθέντας ὑπὸ Μασσαγετέων, οἴχεσθαι διαβάντας ποταμὸν Ἀράξην ἐπὶ γῆν τὴν Κιμμερίην (τὴν γὰρ νῦν νέμονται Σκύθαι, αὕτη λέγεται τὸ παλαιὸν εἶναι Κιμμερίων), (2) τοὺς δὲ Κιμμερίους ἐπιόντων Σκυθέων βουλεύεσθαι ὡς στρατοῦ ἐπιόντος μεγάλου, καὶ δὴ τὰς γνώμας σφέων κεχωρισμένας, ἐντόνους μὲν ἀμφοτέρας, ἀμείνω δὲ τὴν τῶν βασιλέων· τὴν μὲν γὰρ δὴ τοῦ δήμου φέρειν γνώμην ὡς ἀπαλλάσσεσθαι πρῆγμα εἴη μηδὲ πρὸ σποδοῦ μένοντας κινδυνεύειν, τὴν δὲ τῶν βασιλέων διαμάχεσθαι περὶ τῆς χώρης τοῖσι ἐπιοῦσι. (3) οὔκων δὴ ἐθέλειν πείθεσθαι οὔτε τοῖσι βασιλεῦσι τὸν δῆμον οὔτε τῷ δήμῳ τοὺς βασιλέας· τοὺς μὲν δὴ ἀπαλλάσσεσθαι βουλεύεσθαι ἀμαχητὶ τὴν χωρῆν παραδόντας τοῖσι ἐπιοῦσι· τοῖσι δὲ βασιλεῦσι δόξαι ἐν τῇ ἑωυτῶν κεῖσθαι ἀποθανόντας μηδὲ συμφεύγειν τῷ δήμῳ, λογισαμένους ὅσα τε ἀγαθὰ πεπόνθασι καὶ ὅσα φεύγοντας ἐκ τῆς πατρίδος κακὰ ἐπίδοξα καταλαμβάνειν. (4) ὡς δὲ δόξαι σφι ταῦτα, διαστάντας καὶ ἀριθμὸν ἴσους γενομένους μάχεσθαι πρὸς ἀλλήλους. καὶ τοὺς μὲν ἀποθανόντας πάντας ὑπἑωυτῶν θάψαι τὸν δῆμον τῶν Κιμμερίων παρὰ ποταμὸν Τύρην (καί σφεων ἔτι δῆλος ἐστὶ τάφος), θάψαντας δὲ οὕτω τὴν ἔξοδον ἐκ τῆς χώρης ποιέεσθαι· Σκύθας δὲ ἐπελθόντας λαβεῖν τὴν χώρην ἐρήμην. [4,11] XI. On en raconte encore une autre à laquelle je souscris volontiers. Les Scythes nomades qui habitaient en Asie, accablés par les Massagètes, avec qui ils étaient en guerre, passèrent l'Araxe et vinrent en Cimmérie ; car le-pays que possèdent aujourd'hui les Scythes appartenait autrefois, à ce que l'on dit,aux Cimmériens. Ceux-ci,les voyant fondre sur leurs terres, délibérèrent entre eux sur cette attaque. Les sentiments furent partagés, et tous deux furent extrêmes ; celui des rois était le meilleur. Le peuple était d'avis de se retirer, et de ne point s'exposer au hasard d'un combat contre une si grande multitude ; les rois voulaient, de leur côté, qu'on livrât bataille à ceux qui venaient les attaquer. Le peuple ne voulut jamais céder au sentiment de ses rois, ni les rois suivre celui de leurs sujets. Le peuple était d'avis de se retirer sans combattre, et de livrer le pays à ceux qui venaient l'envahir ; les rois, au contraire, avaient décidé qu'il valait mieux mourir dans la patrie que de fuir avec le peuple. D'un côté, ils envisageaient les avantages dont ils avaient joui jusqu'alors ; et, d'un autre, ils prévoyaient les maux, qu'ils auraient indubitablement à souffrir s'ils abandonnaient leur patrie. Les deux partis persévérant dans leur première résolution, la discorde s'alluma entre eux de plus en plus. Comme ils étaient égaux en nombre, ils en vinrent aux mains. Tous ceux qui périrent dans cette occasion furent enterrés, par le parti du peuple, près du fleuve Tyras, où l'on voit encore aujourd'hui leurs tombeaux. Après avoir rendu les derniers devoirs aux morts, on sortit du pays et les Scythes, le trouvant désert et abandonné, s'en emparèrent.
[4,12] Καὶ νῦν ἔστι μὲν ἐν τῇ Σκυθικῇ Κιμμέρια τείχεα, ἔστι δὲ πορθμήια Κιμμέρια, ἔστι δὲ καὶ χωρῇ οὔνομα Κιμμερίη, ἔστι δὲ Βόσπορος Κιμμέριος καλεόμενος· (2) φαίνονται δὲ οἱ Κιμμέριοι φεύγοντες ἐς τὴν Ἀσίην τοὺς Σκύθας καὶ τὴν χερσόνησον κτίσαντες, ἐν τῇ νῦν Σινώπη πόλις Ἑλλὰς οἴκισται. φανεροὶ δὲ εἰσὶ καὶ οἱ Σκύθαι διώξαντες αὐτοὺς καὶ ἐσβαλόντες ἐς γῆν τὴν Μηδικὴν, ἁμαρτόντες τῆς ὁδοῦ· (3) οἱ μὲν γὰρ Κιμμέριοι αἰεὶ τὴν παρὰ θάλασσαν ἔφευγον, οἱ δὲ Σκύθαι ἐν δεξιῇ τὸν Καύκασον ἔχοντες ἐδίωκον ἐς οὗ ἐσέβαλον ἐς γῆν τὴν Μηδικήν, ἐς μεσόγαιαν τῆς ὁδοῦ τραφθέντες. οὗτος δὲ ἄλλος ξυνὸς Ἑλλήνων τε καὶ βαρβάρων λεγόμενος λόγος εἴρηται. [4,12] XII. On trouve encore aujourd'hui, dans la Scythie, les villes de Cimmérium et de Porthmies Cimmériennes. On y voit aussi un pays qui retient le nom de. Cimmérie, et un Bosphore appelé Cimmérien. Il paraît certain que les Cimmériens, fuyant les Scythes, se retirèrent en Asie, et qu'ils s'établirent dans la presqu'île où l'on voit maintenant une ville grecque appelée Sinope. Il ne paraît pas moins certain que les Scythes s'égarèrent en les poursuivant, et qu'ils entrèrent en Médie. Les Cimmériens, dans leur fuite, côtoyèrent toujours la mer ; les Scythes, au contraire, avaient le Caucase à leur droite, jusqu'à ce que, s'étant détournés de leur chemin et ayant pris par le milieu des terres, ils pénétrèrent en Médie.
[4,13] Ἔφη δὲ Ἀριστέης Καϋστροβίου ἀνὴρ Προκοννήσιος ποιέων ἔπεα, ἀπικέσθαι ἐς Ἰσσηδόνας φοιβόλαμπτος γενόμενος, Ἰσσηδόνων δὲ ὑπεροικέειν Ἀριμασποὺς ἄνδρας μουνοφθάλμους ὕπερ δὲ τούτων τοὺς χρυσοφύλακας γρῦπας, τούτων δὲ τοὺς Ὑπερβορέους κατήκοντας ἐπὶ θάλασσαν. (2) τούτους ὦν πάντας πλὴν Ὑπερβορέων, ἀρξάντων Ἀριμασπῶν, αἰεὶ τοῖσι πλησιοχώροισι ἐπιτίθεσθαι, καὶ ὑπὸ μὲν Ἀριμασπῶν ἐξωθέεσθαι ἐκ τῆς χώρης Ἰσσηδόνας, ὑπὸ δὲ Ἰσσηδόνων Σκύθας, Κιμμερίους δὲ οἰκέοντας ἐπὶ τῇ νοτίῃ θαλάσσῃ ὑπὸ Σκυθέων πιεζομένους ἐκλείπειν τὴν χώρην. οὕτω οὐδὲ οὗτος συμφέρεται περὶ τῆς χώρης ταύτης Σκύθῃσι. [4,13] XIII. Cette autre manière de raconter la chose est également reçue des Grecs et des barbares. Mais Aristée de Proconnèse, fils de Caystrobius, écrit dans son poème épique qu'inspiré par Phébus, il alla jusque chez les Issédons ; qu'au-dessus de ces peuples on trouve les Arimaspes, qui n'ont qu'un oeil ; qu'au delà sont les Gryplions, qui gardent l'or ; que plus loin encore demeurent les Hyperboréens, qui s'étendent vers la mer; que toutes ces nations, excepté les Hyperboréens, font continuellement la guerre à leurs voisins, à commencer par les Arimaspes ; que les Issédons ont été chassés de leur pays par les Arimaspes, les Scythes par les Issédons; et les Cimmériens, qui habitaient les côtes de la mer au midi, l'ont été par les Scythes. Ainsi Aristée ne s'accorde pas même avec les Scythes sur cette contrée.
[4,14] Καὶ ὅθεν μὲν ἦν Ἀριστέης ταῦτα εἴπας, εἴρηκα, τὸν δὲ περὶ αὐτοῦ ἤκουον λόγον ἐν Προκοννήσῳ καί Κυζίκῳ, λέξω. Ἀριστέην γὰρ λέγουσι, ἐόντα τῶν ἀστῶν οὐδενὸς γένος ὑποδεέστερον, ἐσελθόντα ἐς κναφήιον ἐν Προκοννήσῳ ἀποθανεῖν, καὶ τόν κναφέα κατακληίσαντα τὸ ἐργαστήριον οἴχεσθαι ἀγγελέοντα τοῖσι προσήκουσι τῷ νεκρῷ. (2) ἐσκεδασμένου δὲ ἤδη τοῦ λόγου ἀνὰ τὴν πόλιν ὡς τεθνεώς εἴη Ἀριστέης, ἐς ἀμφισβασίας τοῖσι λέγουσι ἀπικνέεσθαι ἄνδρα Κυζικηνὸν ἥκοντα ἐξ Ἀρτάκης πόλιος, φάντα συντυχεῖν τε οἱ ἰόντι ἐπὶ Κυζίκου καὶ ἐς λόγους ἀπικέσθαι. καὶ τοῦτον μὲν ἐντεταμένως ἀμφισβατέειν, τοὺς δὲ προσήκοντας τῷ νεκρῷ ἐπὶ τὸ κναφήιον παρεῖναι ἔχοντας τὰ πρόσφορα ὡς ἀναιρησομένους· (3) ἀνοιχθέντος δὲ τοῦ οἰκήματος οὔτε τεθνεῶτα οὔτε ζῶντα φαίνεσθαι Ἀριστέην. μετὰ δὲ ἑβδόμῳ ἔτει φανέντα αὐτὸν ἐς Προκόννησον ποιῆσαι τὰ ἔπεα ταῦτα τὰ νῦν ὑπἙλλήνων Ἀριμάσπεα καλέεται, ποιήσαντα δὲ ἀφανισθῆναι τὸ δεύτερον. [4,14] XIV. On a vu de quel pays était Aristée, auteur des histoires qu'on vient de lire. Mais je ne dois pas passer sous silence ce que j'ai oui raconter de lui à Proconnèse et à Cyzique. Aristée était d'une des meilleures familles de son pays ; on raconte qu'il mourut à Proconnèse, dans la boutique d'un foulon, où il était entré par hasard ; que le foulon, ayant fermé sa boutique, alla sur-le- champ avertir les parents du mort ; que ce bruit s'étant bientôt répandu par toute la ville, un Cyzicénien, qui venait d'Artacé, contesta cette nouvelle, et assura qu'il avait rencontré Aristée allant à Cyzique, et qu'il lui avait parlé ; que, pendant qu'il le soutenait fortement, les parents du mort se rendirent à la boutique du foulon, avec tout ce qui était nécessaire pour le porter au lieu de la sépulture ; mais que, lorsqu'on eut ouvert la maison, on ne trouva Aristée ni mort ni vif ; que, sept ans après, il reparut à Proconnèse, y fit ce poème épique que les Grecs appellent maintenant Arimaspies, et qu'il disparut pour la seconde fois. Voilà ce que disent d'Aristée les villes de Proconnèse et de Cyzique.
[4,15] Ταῦτα μὲν αἱ πόλιες αὗται λέγουσι, τάδε δὲ οἶδα Μεταποντίνοισι τοῖσι ἐν Ἰταλίῃ συγκυρήσαντα μετὰ τὴν ἀφάνισιν τὴν δευτέρην Ἀριστέω ἔτεσι τεσσεράκοντα καὶ διηκοσίοισι, ὡς ἐγὼ συμβαλλόμενος ἐν Προκοννήσῳ τε καὶ Μεταποντίῳ εὕρισκον. (2) Μεταποντῖνοι φασὶ αὐτὸν Ἀριστέην φανέντα σφι ἐς τὴν χώρην κελεῦσαι βωμὸν Ἀπόλλωνος ἱδρύσασθαι καὶ Ἀριστέω τοῦ Προκοννησίου ἐπωνυμίην ἔχοντα ἀνδριάντα πὰραὐτὸν ἱστάναι· φάναι γὰρ σφι τὸν Ἀπόλλωνα Ἰταλιωτέων μούνοισι δὴ ἀπικέσθαι ἐς τὴν χώρην, καὶ αὐτὸς οἱ ἕπεσθαι νῦν ἐὼν Ἀριστέης· τότε δὲ, ὅτε εἵπετο τῷ θεῷ, εἶναι κόραξ. (3) καὶ τὸν μὲν εἰπόντα ταῦτα ἀφανισθῆναι, σφέας δὲ Μεταποντῖνοι λέγουσι ἐς Δελφοὺς πέμψαντας τὸν θεὸν ἐπειρωτᾶν τι τὸ φάσμα τοῦ ἀνθρώπου εἴη. τὴν δὲ Πυθίην σφέας κελεύειν πείθεσθαι τῷ φάσματι, πειθομένοισι δὲ ἄμεινον συνοίσεσθαι. καὶ σφέας δεξαμένους ταῦτα ποιῆσαι ἐπιτελέα. (4) καὶ νῦν ἔστηκε ἀνδριὰς ἐπωνυμίην ἔχων Ἀριστέω παραὐτῷ τῷ ἀγάλματι τοῦ Ἀπόλλωνος, πέριξ δὲ αὐτὸν δάφναι ἑστᾶσι· τὸ δὲ ἄγαλμα ἐν τῇ ἀγορῇ ἵδρυται. Ἀριστέω μέν νυν πέρι τοσαῦτα εἰρήσθω. [4,15] XV. Mais voici ce que je sais être arrivé aux Métapontins en Italie, trois cent quarante ans après qu'Aristée eut disparu pour la seconde fois, comme je le conjecture d'après ce que j'ai entendu dire à Proconnèse et à Métaponte. Les Métapontins content qu'Aristée leur ayant apparu leur commanda d'ériger un autel à Apollon, et d'élever près de cet autel une statue à laquelle on donnerait le nom d'Aristée de Proconnèse ; qu'il leur dit qu'ils étaient le seul peuple des Italiotes qu'Apollon eût visité ; que lui-même, qui était maintenant Aristée, accompagnait alors le dieu sous la forme d'un corbeau ; et qu'après ce discours il disparut. Les Métapontins ajoutent qu'ayant envoyé à Delphes demander au dieu quel pouvait être ce spectre, la Pythie leur avait ordonné d'exécuter ce qu'il leur avait prescrit, et qu'ils s'en trouveraient mieux ; et que, sur cette réponse, ils s'étaient conformés aux ordres qui leur avaient été donnés. On voit encore maintenant sur la place publique de Métaponte, près de la statue d'Apollon, une autre statue qui porte le nom d'Aristée, et des lauriers qui les environnent. Mais en voilà assez sur Aristée.
[4,16] Τῆς δὲ γῆς, τῆς πέρι ὅδε λόγος ὅρμηται λέγεσθαι, οὐδεὶς οἶδε ἀτρεκέως τι τὸ κατύπερθε ἐστί· οὐδενὸς γὰρ δὴ αὐτόπτεω εἰδέναι φαμένου δύναμαι πυθέσθαι· οὐδὲ γὰρ οὐδὲ Ἀριστέης, τοῦ περ ὀλίγῳ πρότερον τούτων μνήμην ἐποιεύμην, οὐδὲ οὗτος προσωτέρω Ἰσσηδόνων ἐν αὐτοῖσι τοῖσι ἔπεσι ποιέων ἔφησε ἀπικέσθαι, ἀλλὰ τὰ κατύπερθε ἔλεγε ἀκοῇ, φασἸσσηδόνας εἶναι τοὺς ταῦτα λέγοντας. (2) ἀλλὅσον μὲν ἡμεῖς ἀτρεκέως ἐπὶ μακρότατον οἷοι τε ἐγενόμεθα ἀκοῇ ἐξικέσθαι, πᾶν εἰρήσεται. [4,16] XVI. On n'a aucune connaissance certaine de ce qui est au delà du pays dont nous avons dessein de parler. Pour moi, je n'ai trouvé personne qui l'ait vu. Aristée, dont je viens de faire mention, n'a pas été an delà des Issédons, comme il le dit dans son poème épique. Il avoue aussi qu'il tenait des Issédons ce qu'il racontait des pays plus éloignés, et qu'il n'en parlait que sur leur rapport. Quoi qu'il en soit, nous avons porté nos recherches le plus loin qu'il nous a été possible, et nous allons dire tout ce que nous avons appris de plus certain par les récits qu'on nous a faits.
[4,17] Ἀπὸ τοῦ Βορυσθενειτέων ἐμπορίου (τοῦτο γὰρ τῶν παραθαλασσίων μεσαίτατον ἐστὶ πάσης τῆς Σκυθίης), ἀπὸ τούτου πρῶτοι Καλλιππίδαι νέμονται ἐόντες Ἕλληνές Σκύθαι, ὕπερ δὲ τούτων ἄλλο ἔθνος οἳ Ἀλαζόνες καλέονται. οὗτοι δὲ καὶ οἱ Καλλιππίδαι τὰ μὲν ἄλλα κατὰ ταὐτὰ Σκύθῃσι ἐπασκέουσι, σῖτον δὲ καὶ σπείρουσι καὶ σιτέονται, καὶ κρόμμυα καὶ σκόροδα καὶ φακούς καὶ κέγχρους. (2) ὕπερ δὲ Ἀλαζόνων οἰκέουσι Σκύθαι ἀροτῆρες, οἳ οὐκ ἐπὶ σιτήσι σπείρουσι τὸν σῖτον ἀλλἐπὶ πρήσι. τούτων δὲ κατύπερθε οἰκέουσι Νευροί. Νευρῶν δὲ τὸ πρὸς βορέην ἄνεμον ἔρημον ἀνθρώπων, ὅσον ἡμεῖς ἴδμεν. [4,17] XVII. Après le port des Borysthénites, qui occupe justement le milieu des côtes maritimes de toute la Scythie, les premiers peuples qu'on rencontre sont les Callipides ; ce sont des Gréco-Scythes. Au-dessus d'eux sont les Alazons. Ceux-ci et les Callipides observent en plusieurs choses les mêmes coutumes que les Scythes; mais ils sèment du blé et mangent des oignons, de l'ail, des lentilles et du millet. Au-dessus des Alazons habitent les Scythes laboureurs, qui sèment du blé, non pour en faire leur nourriture, mais pour le vendre. Par delà ces Scythes on trouve les Neures. Autant que nous avons pu le savoir, la partie septentrionale de leur pays n'est point habitée. Voilà les nations situées le long du fleuve Hypanis, à l'ouest du Borysthène.
[4,18] Ταῦτα μὲν παρὰ τὸν Ὕπανιν ποταμὸν ἐστι ἔθνεα πρὸς ἑσπέρης τοῦ Βορυσθένεος· ἀτὰρ διαβάντι τὸν Βορυσθένεα ἀπὸ θαλάσσης πρῶτον μὲν Ὑλαίη, ἀπὸ δὲ ταύτης ἄνω ἰόντι οἰκέουσι Σκύθαι γεωργοί, τοὺς Ἕλληνές οἱ οἰκέοντες ἐπὶ τῷ Ὑπάνι ποταμῷ καλέουσι Βορυσθενεΐτας, σφέας δὲ αὐτοὺς Ὀλβιοπολίτας. (2) οὗτοι ὦν οἱ γεωργοὶ Σκύθαι νέμονται τὸ μὲν πρὸς τὴν ἠῶ ἐπὶ τρεῖς ἡμέρας ὁδοῦ, κατήκοντες ἐπὶ ποταμὸν τῷ οὔνομα κεῖται Παντικάπης, τὸ δὲ πρὸς βορέην ἄνεμον πλόον ἀνὰ τὸν Βορυσθένεα ἡμερέων ἕνδεκα. ἤδη δὲ κατύπερθε τούτων ἔρημος ἐστὶ ἐπὶ πολλὸν. (3) μετὰ δὲ τὴν ἔρημον Ἀνδροφάγοι οἰκέουσι, ἔθνος ἐὸν ἴδιον καὶ οὐδαμῶς Σκυθικόν. τὸ δὲ τούτων κατύπερθε ἔρημον ἤδη ἀληθέως καὶ ἔθνος ἀνθρώπων οὐδέν, ὅσον ἡμεῖς ἴδμεν. [4,18] XVIII. Quand on a passé ce dernier fleuve, on rencontre d'abord l'Hylée, vers les côtes de la mer. Au-dessus de ce pays sont les Scythes cultivateurs. Les Grecs qui habitent les bords de l'Hypanis les appellent Borysthénites ; ils se donnent eux-mêmes le nom d'Olbiopolites. Le pays de ces Scythes cultivateurs a, à l'est, trois jours de chemin, et s'étend jusqu'au fleuve Panticapes ; mais celui qu'ils ont au nord est de onze jours de navigation, en remontant le Borysthène. Plus avant, on trouve de vastes déserts au delà desquels habitent les Androphages, nation particulière, et nullement scythe. Au-dessus des Androphages, il n'y a plus que de véritables déserts ; du moins n'y rencontre-t-on aucun peuple, autant que nous avons pu le savoir.
[4,19] Τὸ δὲ πρὸς τὴν ἠῶ τῶν γεωργῶν τούτων Σκυθέων, διαβάντι τὸν Παντικάπην ποταμόν, νομάδες ἤδη Σκύθαι νέμονται, οὔτε τι σπείροντες οὐδέν οὔτε ἀροῦντες· ψιλή δέ δενδρέων πᾶσα αὕτη πλήν τῆς Ὑλαίης. οἱ δὲ νομάδες οὗτοι τὸ πρὸς τὴν ἠῶ ἡμερέων τεσσέρων καὶ δέκα ὁδὸν νέμονται χώρην κατατείνουσαν ἐπὶ ποταμὸν Γέρρον. [4,19] XIX. A l'est de ces Scythes cultivateurs et au delà du Panticapes, vous trouvez les Scythes nomades, qui ne sèment ni ne labourent. Ce pays entier, si vous en exceptez l'Hylée, est sans arbres. Ces nomades occupent à l'est une étendue de quatorze jours de chemin jusqu'au fleuve Gerrhus.


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Dernière mise à jour : 15/07/2005