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[4,20] Πέρην δὲ τοῦ Γέρρου ταῦτα δὴ τὰ καλεύμενα βασιλήια ἐστὶ καὶ Σκύθαι οἱ
ἄριστοί τε καὶ πλεῖστοι καὶ τοὺς ἄλλους νομίζοντες Σκύθας δούλους σφετέρους εἶναι·
κατήκουσι δὲ οὗτοι τὸ μὲν πρὸς μεσαμβρίην ἐς τὴν Ταυρικήν, τὸ δὲ πρὸς ἠῶ ἐπί τε
τάφρον, τὴν δὴ οἱ ἐκ τῶν τυφλῶν γενόμενοι ὤρυξαν, καὶ ἐπὶ τῆς λίμνης τῆς Μαιήτιδος
τὸ ἐμπόριον τὸ καλέεται Κρημνοί· τὰ δὲ αὐτῶν κατήκουσι ἐπὶ ποταμὸν Τάναϊν. (2) τὰ
δὲ κατύπερθε πρὸς βορέην ἄνεμον τῶν βασιληίων Σκυθέων οἰκέουσι Μελάγχλαινοι,
ἄλλο ἔθνος καὶ οὐ Σκυθικὸν. Μελαγχλαίνων δὲ τὸ κατύπερθε λίμναι καὶ ἔρημος ἐστὶ
ἀνθρώπων, κατ᾽ ὅσον ἡμεῖς ἴδμεν.
| [4,20] XX. Au delà du Gerrhus est le pays des Scythes royaux. Ces Scythes
sont les plus braves et les plus nombreux ; ils regardent les autres
comme leurs esclaves. Ils s'étendent, du côté du midi, jusqu'à la
Tauride ; à l'est, jusqu'au fossé que creusèrent les fils des esclaves
aveugles, et jusqu'à Cremnes, ville commerçante sur le Palus-Maeotis.
Il y a même une partie de cette nation qui s'étend jusqu'au Tanaïs. Au
nord, au-dessus de ces Scythes royaux, on rencontre les
Mélanchlaenes, peuple qui n'est point scythe. Au delà des
Mélanchlaenes, il n'y a, autant que nous pouvons le savoir, que des
marais et des terres sans habitants.
| [4,21] Τάναϊν δὲ ποταμὸν διαβάντι οὐκέτι Σκυθική, ἀλλ᾽ ἡ μὲν πρώτη τῶν λαξίων
Σαυροματέων ἐστί, οἳ ἐκ τοῦ μυχοῦ ἀρξάμενοι τῆς Μαιήτιδος λίμνης νέμονται τὸ πρὸς
βορέην ἄνεμον ἡμερέων πεντεκαίδεκα ὁδόν, πᾶσαν ἐοῦσαν ψιλὴν καὶ ἀγρίων καὶ
ἡμέρων δενδρέων· ὑπεροικέουσι δὲ τούτων δευτέρην λάξιν ἔχοντες Βουδῖνοι, γῆν
νεμόμενοι πᾶσαν δασέαν ὕλη παντοίῃ.
| [4,21] XXI. Le pays au delà du Tanaïs n'appartient pas à la Scythie ; il se
partage en plusieurs contrées. La première est aux Sauromates. Ils
commencent à l'extrémité du Palus-Maeotis, et occupent le pays qui
est au nord ; il est de quinze journées de marche : on n'y voit ni
arbres fruitiers ni sauvages. La seconde contrée au-dessus des
Sauromates est habitée par les Budins ; elle porte toutes sortes
d'arbres en abondance. Mais, au-dessus et au nord des Budins, le
premier pays où l'on entre est un vaste désert de sept jours de chemin.
| [4,22] Βουδίνων δὲ κατύπερθε πρὸς βορέην ἐστὶ πρώτη μὲν ἔρημος ἐπ᾽ ἡμερέων ἑπτὰ
ὁδόν, μετὰ δὲ τὴν ἔρημον ἀποκλίνοντι μᾶλλον πρὸς ἀπηλιώτην ἄνεμον νέμονται
Θυσσαγέται, ἔθνος πολλὸν καὶ ἴδιον· ζῶσι δὲ ἀπὸ θήρης. (2) συνεχέες δὲ τούτοισι ἐν
τοῖσι αὐτοῖσι τόποισι κατοικημένοι εἰσὶ τοῖσι οὔνομα κεῖται Ἰύρκαι, καὶ οὗτοι ἀπὸ
θήρης ζῶντες τρόπῳ τοιῷδε· λοχᾷ ἐπὶ δένδρεον ἀναβάς, τὰ δὲ ἐστὶ πυκνὰ ἀνὰ πᾶσαν
τὴν χώρην· ἵππος δὲ ἑκάστῳ δεδιδαγμένος ἐπὶ γαστέρα κεῖσθαι ταπεινότητος εἵνεκα
ἕτοιμος ἐστὶ καὶ κύων· ἐπεὰν δὲ ἀπίδῃ τὸ θηρίον ἀπὸ τοῦ δενδρέου, τοξεύσας ἐπιβὰς
ἐπὶ τὸν ἵππον διώκει, καὶ ὁ κύων ἔχεται, (3) ὑπὲρ δὲ τούτων τὸ πρὸς τὴν ἠῶ
ἀποκλίνοντι οἰκέουσι Σκύθαι ἄλλοι, ἀπὸ τῶν βασιληίων Σκυθέων ἀποστάντες καὶ
οὕτω ἀπικόμενοι ἐς τοῦτον τὸν χῶρον.
| [4,22] XXII. Après ce désert, en déclinant vers l'est, vous trouvez les
Thyssagètes : c'est une nation particulière et nombreuse, qui ne vit
que de sa chasse. Les Iyrques leur sont contigus : ils habitent le même
pays, et ne vivent aussi que de gibier, qu'ils prennent de cette manière :
comme tout est plein de bois, les chasseurs montent sur un arbre
pour épier et attendre la bête. Ils ont chacun un cheval dressé à se
mettre ventre à terre, afin de paraître plus petit. Ils mènent aussi un
chien avec eux. Aussitôt que le chasseur aperçoit du haut de l'arbre la
bête à sa portée, il l'atteint d'un coup de flèche, monte sur son cheval,
et la poursuit avec son chien, qui ne le quitte point.
Au delà des Iyrques, en avançant vers l'est, on trouve d'autres
Scythes qui, ayant secoué le joug des Scythes royaux, sont venus
s'établir en cette contrée.
| [4,23] Μέχρι μὲν δὴ τῆς τούτων τῶν Σκυθέων χώρης ἐστὶ ἡ καταλεχθεῖσα πᾶσα πεδιάς
τε γῆ καὶ βαθύγαιος, τὸ δ᾽ ἀπὸ τούτου λιθώδης τ᾽ ἐστὶ καὶ τρηχέα. (2) διεξελθόντι δὲ
καὶ τῆς τρηχέης χώρης πολλὸν οἰκέουσι ὑπώρεαν ὀρέων ὑψηλῶν ἄνθρωποι λεγόμενοι
εἶναι πάντες φαλακροὶ ἐκ γενετῆς γινόμενοι, καὶ ἔρσενες καὶ θήλεαι ὁμοίως, καὶ σιμοὶ
καὶ γένεια ἔχοντες μεγάλα, φωνὴν δὲ ἰδίην ἱέντες, ἐσθῆτι δὲ χρεώμενοι Σκυθικῇ,
ζῶντες δὲ ἀπὸ δενδρέων. (3) ποντικὸν μὲν οὔνομα τῷ δενδρέῳ ἀπ᾽ οὗ ζῶσι, μέγαθος
δὲ κατὰ συκέην μάλιστά κῃ. καρπὸν δὲ φορέει κυάμῳ ἴσον, πυρῆνα δὲ ἔχει. τοῦτο
ἐπεὰν γένηται πέπον, σακκέουσι ἱματίοισι, ἀπορρέει δὲ ἀπ᾽ αὐτοῦ παχὺ καὶ μέλαν·
οὔνομα δὲ τῷ ἀπορρέοντι ἐστὶ ἄσχυ· τοῦτο καὶ λείχουσι καὶ γάλακτι συμμίσγοντες
πίνουσι, καὶ ἀπὸ τῆς παχύτητος αὐτοῦ τῆς τρυγὸς παλάθας συντιθεῖσι καὶ ταύτας
σιτέονται. (4) πρόβατα γάρ σφι οὐ πολλά ἐστι. οὐ γάρ τι σπουδαῖαι αἱ νομαὶ αὐτόθι
εἰσί. ὑπὸ δενδρέῳ δὲ ἕκαστος κατοίκηται, τὸν μὲν χειμῶνα ἐπεὰν τὸ δένδρεον
περικαλύψῃ πίλῳ στεγνῷ λευκῷ, τὸ δὲ θέρος ἄνευ πίλου. (5) τούτους οὐδεὶς ἀδικέει
ἀνθρώπων· ἱροὶ γὰρ λέγονται εἶναι· οὐδέ τι ἀρήιον ὅπλον ἐκτέαται. καὶ τοῦτο μὲν
τοῖσι περιοικέουσι οὗτοι εἰσὶ οἱ τὰς διαφορὰς διαιρέοντες, τοῦτο δὲ ὃς ἂν φεύγων
καταφύγῃ ἐς τούτους, ὑπ᾽ οὐδενὸς ἀδικέεται· οὔνομα δέ σφι ἐστὶ Ἀργιππαῖοι.
| [4,23] XXIII. Tout le pays dont je viens de parler, jusqu'à celui des Scythes,
est plat, et les terres en sont excellentes et fortes ; mais au delà il est
rude et pierreux. Lorsque vous en avez traversé une grande partie,
vous trouvez des peuples qui habitent au pied de hautes montagnes.
On dit qu'ils sont tous chauves de naissance, hommes et femmes ;
qu'ils ont le nez aplati et le menton allongé. Ils ont une langue
particulière ; mais ils sont vêtus à la scythe. Enfin, ils vivent du fruit
d'une espèce d'arbre appelé pontique. Cet arbre, à peu près de la
grandeur d'un figuier, porte un fruit à noyau de la grosseur d'une fève.
Quand ce fruit est mûr, ils le pressent dans un morceau d'étoffe, et en
expriment une liqueur noire et épaisse, qu'ils appellent aschy. Ils
sucent cette liqueur, et la boivent mêlée avec du lait. A l'égard du
marc le plus épais, ils en font des masses qui leur servent de
nourriture ; car ils ont peu de bétail, faute de bons pâturages.
Ils demeurent toute l'année chacun sous un arbre. L'hiver, ils couvrent
ces arbres d'une étoffe de laine blanche, serrée et foulée, qu'ils ont
soin d'ôter pendant l'été. Personne ne les insulte : on les regarde en
effet comme sacrés. Ils n'ont en leur possession aucune arme
offensive. Leurs voisins les prennent pour arbitres dans leurs différends ;
et quiconque se réfugie dans leur pays y trouve un asile inviolable,
où personne n'ose l'attaquer. On les appelle Argippéens.
| [4,24] Μέχρι μέν νυν τῶν φαλακρῶν τούτων πολλὴ περιφανείη τῆς χώρης ἐστὶ καὶ τῶν
ἔμπροσθε ἐθνέων· καὶ γὰρ Σκυθέων τινὲς ἀπικνέονται ἐς αὐτούς, τῶν οὐ χαλεπόν
ἐστι πυθέσθαι καὶ Ἑλλήνων τῶν ἐκ Βορυσθένεος τε ἐμπορίου καὶ τῶν ἄλλων
Ποντικῶν ἐμπορίων· Σκυθέων δὲ οἳ ἂν ἔλθωσι ἐς αὐτούς, δι᾽ ἑπτὰ ἑρμηνέων καὶ δι᾽
ἑπτὰ γλωσσέων διαπρήσσονται.
| [4,24] XXIV. On a une connaissance exacte de tout le pays jusqu'à celui
qu'occupent ces hommes chauves, et de toutes les nations en deçà. Il
n'est pas difficile d'en savoir des nouvelles par les Scythes qui vont
chez eux, par les Grecs de la ville de commerce située sur le
Borysthène et par ceux des autres villes commerçantes situées sur le
Pont-Euxin. Ces peuples parlent sept langues différentes. Ainsi les
Scythes qui voyagent dans leur pays ont besoin de sept interprètes
pour y commercer.
| [4,25] Μέχρι μὲν δὴ τούτων γινώσκεται, τὸ δὲ τῶν φαλακρῶν κατύπερθε οὐδεὶς
ἀτρεκέως οἶδε φράσαι. ὄρεα γὰρ ὑψηλὰ ἀποτάμνει ἄβατα καὶ οὐδείς σφεα ὑπερβαίνει.
οἱ δὲ φαλακροὶ οὗτοι λέγουσι, ἐμοὶ μὲν οὐ πιστὰ λέγοντες, οἰκέειν τὰ ὄρεα αἰγίποδας
ἄνδρας, ὑπερβάντι δὲ τούτους ἀνθρώπους ἄλλους οἳ τὴν ἑξάμηνον κατεύδουσι. τοῦτο
δὲ οὐκ ἐνδέκομαι τὴν ἀρχήν, (2) ἀλλὰ τὸ μὲν πρὸς ἠῶ τῶν φαλακρῶν γινώσκεται
ἀτρεκέως ὑπὸ Ἰσσηδόνων οἰκεόμενον, τὸ μέντοι κατύπερθε πρὸς βορέην ἄνεμον οὐ
γινώσκεται οὔτε τῶν φαλακρῶν οὔτε τῶν Ἰσσηδόνων, εἰ μὴ ὅσα αὐτῶν τούτων
λεγόντων.
| [4,25] XXV. On connaît donc tout ce pays jusqu'à celui de ces hommes
chauves : mais on ne peut rien dire de certain de celui qui est au-
dessus ; des montagnes élevées et inaccessibles en interdisent
l'entrée. Les Argippéens racontent cependant qu'elles sont habitées par
des Aegipodes, ou hommes aux pieds de chèvre ; mais cela ne
me paraît mériter aucune sorte de croyance. Ils ajoutent aussi que, si
l'on avance plus loin, on trouve d'autres peuples qui dorment six mois
de l'année. Pour moi, je ne puis absolument le croire. On sait que le
pays à l'est des Argippéens est occupé par les Issédons ; mais celui qui
est au-dessus, du côté du nord, n'est connu ni des Argippéens ni des
Issédons, qui n'en disent que ce que j'ai rapporté d'après eux.
| [4,26] Νόμοισι δὲ Ἰσσηδόνες τοῖσιδε λέγονται χρᾶσθαι. ἐπεὰν ἀνδρὶ ἀποθάνῃ πατήρ,
οἱ προσήκοντες πάντες προσάγουσι πρόβατα, καὶ ἔπειτα ταῦτα θύσαντες καὶ
καταταμόντες τὰ κρέα κατατάμνουσι καὶ τὸν τοῦ δεκομένου τεθνεῶτα γονέα,
ἀναμίξαντες δὲ πάντα τὰ κρέα δαῖτα προτίθενται· (2) τὴν δὲ κεφαλὴν αὐτοῦ
ψιλώσαντες καὶ ἐκκαθήραντες καταχρυσοῦσι καὶ ἔπειτα ἅτε ἀγάλματι χρέωνται,
θυσίας μεγάλας ἐπετείους ἐπιτελέοντες. παῖς δὲ πατρὶ τοῦτο ποιέει, κατά περ
Ἕλληνες τὰ γενέσια. ἄλλως δὲ δίκαιοι καὶ οὗτοι λέγονται εἶναι, ἰσοκρατέες δὲ ὁμοίως
αἱ γυναῖκες τοῖσι ἀνδράσι.
| [4,26] XXVI. Voici les usages qui s'observent, à ce qu'on dit, chez les
Issédons. Quand un Issédon a perdu son père, tous ses parents lui
amènent du bétail : ils l'égorgent, et, l'ayant coupé par morceaux, ils
coupent de même le cadavre du père de celui qui les reçoit dans sa
maison, et, mêlant toutes ces chairs ensemble, ils en font un festin.
Quant à la tête, ils en ôtent le poil et les cheveux, et, après l'avoir
parfaitement nettoyée, ils la dorent, et s'en servent comme d'un vase
précieux dans les sacrifices solennels qu'ils offrent tous les ans. Telles
sont leurs cérémonies funèbres ; car ils en observent en l'honneur de
leurs pères, ainsi que les Grecs célèbrent l'anniversaire de la mort des
leurs. Au reste, ils passent aussi pour aimer la justice ; et, chez eux,
les femmes ont autant d'autorité que les hommes.
| [4,27] Γινώσκονται μὲν δὴ καὶ οὗτοι, τὸ δὲ ἀπὸ τούτων τὸ κατύπερθε Ἰσσηδόνες εἰσὶ οἱ
λέγοντες μουνοφθάλμους ἀνθρώπους καὶ χρυσοφύλακας γρῦπας εἶναι· παρὰ δὲ
τούτων Σκύθαι παραλαβόντες λέγουσι, παρὰ δὲ Σκυθέων ἡμεῖς οἱ ἄλλοι νενομίκαμεν
καὶ ὀνομάζομεν αὐτοὺς σκυθιστὶ Ἀριμασπούς· ἄριμα γὰρ ἓν καλέουσι Σκύθαι, σποῦ
δὲ ὀφθαλμόν.
| [4,27] XXVII. On connaît donc aussi ces peuples ; mais, pour le pays qui est
au-dessus, on sait, par le témoignage des Issédons, qu'il est habité par
des hommes qui n'ont qu'un oeil, et par des Gryphons qui gardent l'or.
Les Scythes l'ont appris des Issédons, et nous des Scythes. Nous les
appelons Arimaspes en langue Scythe. "Arima" signifie un en cette
langue, et "spou" oeil.
| [4,28] Δυσχείμερος δὲ αὕτη ἡ καταλεχθεῖσα πᾶσα χώρη οὕτω δή τι ἐστί, ἔνθα τοὺς μὲν
ὀκτὼ τῶν μηνῶν ἀφόρητος οἷος γίνεται κρυμός, ἐν τοῖσι ὕδωρ ἐκχέας πηλὸν οὐ
ποιήσεις, πῦρ δὲ ἀνακαίων ποιήσεις πηλόν· ἡ δὲ θάλασσα πήγνυται καὶ ὁ Βόσπορος
πᾶς ὁ Κιμμέριος, καὶ ἐπὶ τοῦ κρυστάλλου οἱ ἐντὸς τάφρου Σκύθαι κατοικημένοι
στρατεύονται καὶ τὰς ἁμάξας ἐπελαύνουσι πέρην ἐς τοὺς Σίνδους. (2) οὕτω μὲν δὴ
τοὺς ὀκτὼ μῆνας διατελέει χειμὼν ἐών, τοὺς δ᾽ ἐπιλοίπους τέσσερας ψύχεα αὐτόθι
ἐστί. κεχώρισται δὲ οὗτος ὁ χειμὼν τοὺς τρόπους πᾶσι τοῖσι ἐν ἄλλοισι χωρίοισι
γινομένοισι χειμῶσι, ἐν τῷ τὴν μὲν ὡραίην οὐκ ὕει λόγου ἄξιον οὐδέν, τὸ δὲ θέρος ὕων
οὐκ ἀνιεῖ· (3) βρονταί τε ἦμος τῇ ἄλλῃ γίνονται, τηνικαῦτα μὲν οὐ γίνονται, θέρεος δὲ
ἀμφιλαφέες· ἢν δὲ χειμῶνος βροντὴ γένηται, ὡς τέρας νενόμισται θωμάζεσθαι. ὣς δὲ
καὶ ἢν σεισμὸς γένηται ἤν τε θέρεος ἤν τε χειμῶνος ἐν τῇ Σκυθικῇ, τέρας νενόμισται.
(4) ἵπποι δὲ ἀνεχόμενοι φέρουσι τὸν χειμῶνα τοῦτον, ἡμίονοι δὲ οὐδὲ ὄνοι οὐκ
ἀνέχονται ἀρχήν· τῇ δὲ ἄλλῃ ἵπποι μὲν ἐν κρυμῷ ἑστεῶτες ἀποσφακελίζουσι, ὄνοι δὲ
καὶ ἡμίονοι ἀνέχονται.
| [4,28] XXVIII. Dans tout le pays dont je viens de parler, l'hiver est si rude,
et le froid si insupportable pendant huit mois entiers, qu'en répandant
de l'eau sur la terre on n'y fait point de boue, mais seulement en y
allumant du feu. La mer même se glace dans cet affreux climat, ainsi
que tout le Bosphore Cimmérien ; et les Scythes de la Chersonèse
passent en corps d'armée sur cette glace, et y conduisent leurs
chariots pour aller dans le pays des Sindes. L'hiver continue de la sorte
huit mois entiers ; les quatre autres mois, il fait encore froid. L'hiver,
dans ces contrées, est bien différent de celui des autres pays. Il y pleut
si peu en cette saison, que ce n'est pas la peine d'en parler, et l'été il
ne cesse d'y pleuvoir. Il n'y tonne point dans le temps qu'il tonne
ailleurs ; mais le tonnerre est très fréquent en été. S'il s'y fait entendre
en hiver, on le regarde comme un prodige. Il en est de même des
tremblements de terre. S'il en arrive en Scythie, soit en été, soit en
hiver, c'est un prodige qui répand la terreur. Les chevaux y
soutiennent le froid ; mais les mulets et les ânes ne le peuvent
absolument, quoique ailleurs les chevaux exposés à la gelée
dépérissent, et que les ânes et les mulets y résistent sans peine.
| [4,29] Δοκέει δέ μοι καὶ τὸ γένος τῶν βοῶν τὸ κόλον διὰ ταῦτα οὐ φύειν κέρεα αὐτόθι·
μαρτυρέει δέ μοι τῇ γνώμῃ καὶ Ὁμήρου ἔπος ἐν Ὀδυσσείῃ ἔχον ὧδε,
καὶ Λιβύην, ὅθι τ᾽ ἄρνες ἄφαρ κεραοὶ τελέθουσι,
ὀρθῶς εἰρημένον, ἐν τοῖσι θερμοῖσι ταχὺ παραγίνεσθαι τὰ κέρεα, ἐν δὲ τοῖσι
ἰσχυροῖσι ψύχεσι ἢ οὐ φύειν κέρεα τὰ κτήνεα ἀρχὴν ἡ φύοντα φύειν μόγις.
| [4,29] XXIX. Je pense que la rigueur du climat empêche les boeufs d'y avoir
des cornes. Homère rend témoignage à mon opinion dans l'Odyssée,
lorsqu'il parle en ces termes : «Et la Libye, où les cornes viennent
promptement aux agneaux.»
Cela me paraît d'autant plus juste que, dans les pays chauds, les
cornes poussent de bonne heure aux animaux, et que, dans ceux où il
fait un froid violent, ils n'en ont point du tout, ou, si elles poussent, ce
n'est qu'avec peine.
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