HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Grégoire de Nysse, Discours catéchétique

Chapitre 7

  Chapitre 7

[7] Καὶ μηδεὶς ἐρωτάτω, εἰ προειδὼς τὴν ἀνθρωπίνην συμφορὰν θεὸς τὴν ἐκ τῆς ἀβουλίας αὐτῷ συμβησομένην ἦλθεν εἰς τὸ κτίσαι τὸν ἄνθρωπον, τὸ μὴ γενέσθαι μᾶλλον ἴσως τὸ ἐν κακοῖς εἶναι λυσιτελέστερον ἦν. ταῦτα γὰρ οἱ τοῖς Μανιχαικοῖς δόγμασι δι´ ἀπάτης παρασυρέντες εἰς σύστασιν τῆς ἑαυτῶν πλάνης προβάλλουσιν, ὡς διὰ τούτου πονηρὸν εἶναι τὸν τῆς ἀνθρωπίνης φύσεως κτίστην ἀποδεικνύοντες. εἰ γὰρ ἀγνοεῖ μὲν τῶν ὄντων οὐδὲν θεός, ἐν κακοῖς δὲ ἄνθρωπος, οὐκέτ´ ἂν τῆς ἀγαθότητος τοῦ θεοῦ διασώζοιτο λόγος, εἴπερ ἐν κακοῖς μέλλοντα τὸν ἄνθρωπον ζήσεσθαι πρὸς τὸν βίον παρήγαγεν. εἰ γὰρ ἀγαθῆς φύσεως κατὰ τὸ ἀγαθὸν ἐνέργεια πάντως ἐστίν, λυπηρὸς οὗτος καὶ ἐπίκηρος βίος οὐκέτ´ ἄν, φησίν, εἰς τὴν τοῦ ἀγαθοῦ δημιουργίαν ἀνάγοιτο, ἀλλ´ ἕτερον χρὴ τῆς τοιαύτης ζωῆς αἴτιον οἴεσθαι, πρὸς πονηρίαν φύσις ἐπιρρεπῶς ἔχει. ταῦτα γὰρ πάντα καὶ τὰ τοιαῦτα τοῖς μὲν ἐν βάθει καθάπερ τινὰ δευσοποιὸν βαφὴν τὴν αἱρετικὴν παραδεδεγμένοις ἀπάτην ἰσχύν τινα διὰ τῆς ἐπιπολαίου πιθανότητος ἔχειν δοκεῖ· τοῖς δὲ διορατικωτέροις τῆς ἀληθείας σαθρὰ ὄντα καὶ πρόχειρον τὴν τῆς ἀπάτης ἀπόδειξιν ἔχοντα σαφῶς καθορᾶται. καί μοι δοκεῖ καλῶς ἔχειν τὸν ἀπόστολον ἐν τούτοις συνήγορον τῆς κατ´ αὐτῶν κατηγορίας προστήσασθαι. διαιρεῖ γὰρ ἐν τῷ πρὸς Κορινθίους λόγῳ τάς τε σαρκώδεις καὶ τὰς πνευματικὰς τῶν ψυχῶν καταστάσεις, δεικνύς, οἶμαι, διὰ τῶν λεγομένων, ὅτι οὐ δι´ αἰσθήσεως τὸ καλὸν τὸ κακὸν κρίνειν προσήκει, ἀλλ´ ἔξω τῶν κατὰ τὸ σῶμα φαινομένων τὸν νοῦν ἀποστήσαντας, αὐτὴν ἐφ´ ἑαυτῆς τοῦ καλοῦ τε καὶ τοῦ ἐναντίου διακρίνειν τὴν φύσιν. γὰρ πνευματικός, φησίν, ἀνακρίνει τὰ πάντα. ταύτην οἶμαι τὴν αἰτίαν τῆς τῶν δογμάτων τούτων μυθοποιίας τοῖς τὰ τοιαῦτα προφέρουσιν ἐγγεγενῆσθαι, ὅτι πρὸς τὸ ἡδὺ τῆς σωματικῆς ἀπολαύσεως τὸ ἀγαθὸν ὁριζόμενοι διὰ τὸ πάθεσι καὶ ἀρρωστήμασιν ὑποκεῖσθαι κατ´ ἀνάγκην τὴν τοῦ σώματος φύσιν σύνθετον οὖσαν καὶ εἰς διάλυσιν ῥεοῦσαν, ἐπακολουθεῖν δέ πως τοῖς τοιούτοις παθήμασιν ἀλγεινήν τινα αἴσθησιν, πονηροῦ θεοῦ τὴν ἀνθρωποποιίαν ἔργον εἶναι νομίζουσιν. ὡς εἴγε πρὸς τὸ ὑψηλότερον ἔβλεπεν αὐτοῖς διάνοια, καὶ τῆς περὶ τὰς ἡδονὰς διαθέσεως τὸν νοῦν ἀποικίσαντες ἀπαθῶς ἐπεσκόπουν τὴν τῶν ὄντων φύσιν, οὐκ ἂν ἄλλο τι κακὸν εἶναι παρὰ τὴν πονηρίαν ᾠήθησαν. πονηρία δὲ πᾶσα ἐν τῇ τοῦ ἀγαθοῦ στερήσει χαρακτηρίζεται, οὐ καθ´ ἑαυτὴν οὖσα, οὐδὲ καθ´ ὑπόστασιν θεωρουμένη· κακὸν γὰρ οὐδὲν ἔξω προαιρέσεως ἐφ´ ἑαυτοῦ κεῖται, ἀλλὰ τῷ μὴ εἶναι τὸ ἀγαθὸν οὕτω κατονομάζεται. τὸ δὲ μὴ ὂν οὐχ ὑφέστηκε, τοῦ δὲ μὴ ὑφεστῶτος δημιουργὸς τῶν ὑφεστώτων δημιουργὸς οὐκ ἔστιν. οὐκοῦν ἔξω τῆς τῶν κακῶν αἰτίας θεὸς τῶν ὄντων, οὐχ τῶν μὴ ὄντων ποιητὴς ὤν· τὴν ὅρασιν, οὐ τὴν πήρωσιν δημιουργήσας· τὴν ἀρετήν, οὐ τὴν στέρησιν αὐτῆς ἀναδείξας· ἆθλον τῆς προαιρέσεως τὸ τῶν ἀγαθῶν γέρας τοῖς κατ´ ἀρετὴν πολιτευομένοις προθείς, οὐκ ἀνάγκῃ τινὶ βιαίᾳ πρὸς τὸ ἑαυτῷ δοκοῦν ὑποζεύξας τὴν ἀνθρωπίνην φύσιν, καθάπερ τι σκεῦος ἄψυχον ἀκουσίως πρὸς τὸ καλὸν ἐφελκόμενος. εἰ δὲ τοῦ φωτὸς ἐξ αἰθρίας καθαρῶς περιλάμποντος ἑκουσίως τις ὑποβάλοι τοῖς βλεφάροις τὴν ὅρασιν, ἔξω τῆς τοῦ μὴ βλέποντος αἰτίας ἥλιος. [7] VII. Et que personne ne demande si Dieu prévoyait ce malheur que l'humanité devait s'attirer par son imprudence, quand il se détermina à créer l'homme, pour lequel il eût été peut-être plus avantageux de ne pas être que d'être en proie aux maux. C'est là en effet ce que font valoir pour établir leur erreur ceux qui se sont laissé séduire par tromperie aux doctrines manichéennes, quand ils s'appuient là-dessus pour déclarer que le créateur de la nature humaine était mauvais. Si Dieu en effet n'ignore rien de ce qui est, et si l'homme est plongé dans les maux, il devient impossible de garder intacte la doctrine de la bonté de Dieu, puisqu'il aurait appelé à l'existence l'homme destiné à vivre dans les maux. Car si l'activité dans le bien caractérise absolument une nature bonne, cette vie misérable et mortelle ne saurait plus, dit le manichéen, être regardée comme l'ouvrage du bien, mais il faut attribuer à une vie de ce genre une cause différente, naturellement portée au mal, (2) Tous ces arguments et d'autres du même genre ont, à première vue, un caractère spécieux qui leur prête une certaine force, aux yeux des hommes profondément imbus de la supercherie hérétique comme d'une teinture indélébile ; mais les esprits doués d'une vue plus pénétrante de la vérité aperçoivent clairement la mauvaise qualité de ces arguments, et les moyens qu'ils mettent à notre portée d'en démontrer la supercherie. Il est bon aussi, ce me semble, d'invoquer sur ce point l'Apôtre lui-même, à l'appui de l'accusation que nous portons contre eux. Il distingue en effet, dans son discours aux Corinthiens, les âmes de condition charnelle et les âmes de condition spirituelle, montrant, à mon avis, par ces paroles, que ce n'est pas au moyen de la sensation qu'il convient de juger le bien ou le mal, mais qu'il faut dégager son esprit des phénomènes corporels pour distinguer, dans leurs caractères propres, la nature du bien et celle du mal. « L'homme spirituel, dit-il en effet, juge de tout. » (3) Voici, selon moi, ce qui a fait naître dans l'esprit de ceux qui émettent de semblables idées, ces doctrines fantaisistes : ils définissent le bien d'après le plaisir de la jouissance corporelle ; comme la nature du corps est nécessairement soumise aux accidents et aux infirmités, puisqu'elle est composée et entraînée vers la dissolution, et que des accidents de ce genre s'accompagnent, dans une certaine mesure, d'une sensation douloureuse, ils pensent que la création de l'homme est l'œuvre d'un Dieu méchant. Si leur intelligence avait su regarder plus haut ; si, dégageant leur esprit de toute disposition voluptueuse, ils avaient porté des yeux libres de passions vers la nature de la réalité, ils n’auraient pas cru à l'existence du mal en dehors du vice. Tout mal se caractérise par la privation du bien, sans avoir d'existence propre, ni se présenter à la pensée comme une réalité ; aucun mal, en effet, n'existe en dehors de la volonté, mais c'est l'absence du bien qui lui donne son nom. Or, ce qui n'est pas n'a pas de réalité, et ce qui n'a pas de réalité n'est pas l'œuvre de celui qui a créé la réalité. (4) La responsabilité du mal ne retombe donc pas sur Dieu, auteur de ce qui est, et non de ce qui n'est pas ; créateur de la vue, et non de la cécité ; qui a produit la vertu, et non la privation de vertu ; qui a proposé comme récompense à ceux qui régleraient leur conduite sur la vertu le privilège de jouir des biens divins, sans avoir assujetti la nature humaine à son bon plaisir par aucune nécessité tyrannique, en l'entraînant vers le bien contre son gré à la façon d'un objet inanimé. Si, quand la lumière brille de tout son éclat dans un ciel pur, on se prive volontairement de la vue en abaissant les paupières, le soleil ne saurait être mis en cause par celui qui n'y voit pas.


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Dernière mise à jour : 28/04/2009