[198] Λέων ἐρασθεὶς καὶ γεωργός.
Λέων ἐρασθεὶς γεωργοῦ θυγατρὸς, ταύτην ἐμνηστεύσατο. Ὁ δὲ μὴ
ἐκδοῦναι θηρίῳ τὴν θυγατέρα ὑπομένων, μηδὲ ἀρνήσασθαι διὰ
φόβον δυνάμενος τοιοῦτόν τι ἐπενόησεν. Ἐπειδὴ συνεχῶς αὐτῷ ὁ
λέων ἐπέκειτο, ἔλεγεν ὡς νυμφίον μὲν αὐτὸν ἄξιον τῆς θυγατρὸς
δοκιμάζει· μὴ ἄλλως δὲ αὐτῷ δύνασθαι ἐκδοῦναι, ἐὰν μὴ τούς τε
ὀδόντας ἐξέλῃ καὶ τοὺς ὄνυχας ἐκτέμῃ· τούτους γὰρ δεδοικέναι τὴν
κόρην. Τοῦ δὲ ῥᾳδίως διὰ τὸν ἔρωτα ἑκάτερα ὑπομείναντος, ὁ
γεωργὸς καταφρονήσας αὐτοῦ, ὡς παρεγένετο πρὸς αὐτόν, ῥοπάλοις
αὐτὸν παίων ἐξήλασεν.
Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι οἱ ῥᾳδίως τοῖς πέλας πιστεύοντες, ὅταν τῶν ἰδίων
πλεονεκτημάτων ἑαυτοὺς ἀπογυμνώσωσιν, εὐάλωτοι τούτοις
γίνονται οἷς πρότερον φοβεροὶ καθεστήκεσαν.
| [198] LE LION AMOUREUX ET LE LABOUREUR
Un lion s'étant épris de la fille d'un laboureur, la demanda en mariage ; mais
lui, ne pouvant ni se résoudre à donner sa fille à une bête féroce, ni la lui
refuser à cause de la crainte qu'il en avait, imagina l'expédient que voici.
Comme le lion ne cessait de le presser, il lui dit qu'il le jugeait digne d'être
l'époux de sa fille, mais qu'il ne pouvait la lui donner qu'à une condition,
c'est qu'il s'arracherait les dents et se rognerait les griffes; car c'était
cela qui faisait peur à la jeune fille. Il se résigna facilement, parce qu'il
aimait, à ce double sacrifice. Dès lors le laboureur n'eut plus que mépris pour
lui, et, lorsqu'il se présenta, il le mit à la porte à coups de bâton.
Cette fable montre que ceux qui se fient aisément aux autres, une fois qu'ils se
sont dépouillés de leurs propres avantages, sont facilement vaincus par ceux qui
les redoutaient auparavant.
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