[1,49] XLIX. 1. Τὰ δὲ μετὰ τὴν ἔξοδον ἔτι πλείω παρέχει τοῖς πολλοῖς τὴν ἀπορίαν.
Οἱ μὲν γὰρ ἕως Θρᾴκης ἀγαγόντες αὐτὸν ἐκεῖ λέγουσι τελευτῆσαι τὸν βίον,
ὧν ἐστι Κεφάλων τε ὁ Γεργίθιος καὶ Ἡγήσιππος ὁ περὶ Παλλήνης γράψας,
ἄνδρες ἀρχαῖοι καὶ λόγου ἄξιοι. Ἕτεροι δὲ ἐκ Θρᾴκης ἀναστήσαντες αὐτὸν
ἕως Ἀρκαδίας παρακομίζουσιν, οἰκῆσαι δὲ λέγουσιν ἐν Ὀρχομενῷ τε τῷ
Ἀρκαδικῷ, καὶ Νήσῳ δὲ λεγομένῃ, καίπερ οὔσῃ μεσόχθονι, ἀπὸ τελμάτων καὶ
ποταμοῦ· τάς τε καλουμένας Καπύας Αἰνείου τε καὶ Τρώων ἀπόκτισιν εἶναι,
Καπύας ὀνομασθείσας ἀπὸ τοῦ Τρωικοῦ Κάπυος.
2. Λέγεται δὲ ταῦτα ἄλλοις τε καὶ Ἀριαίθῳ γράψαντι τὰ Ἀρκαδικά. Εἰσὶ δὲ καὶ
οἳ δεῦρο μὲν ἀφικέσθαι τὸν Αἰνείαν μυθολογοῦσιν, οὐ μέντοι τήν γε τελευτὴν
αὐτῷ τοῦ βίου συμπεσεῖν ἐν τοῖςδε τοῖς χωρίοις, ἀλλ´ ἐν Ἰταλίᾳ, ὡς ἄλλοί τε
πολλοὶ δηλοῦσι καὶ Ἀγάθυλλος Ἀρκὰς ὁ ποιητὴς ἐν ἐλεγείῳ λέγων ὧδε·
Ἵκετο δ´ Ἀρκαδίην, Νήσῳ δ´ ἐγκάτθετο παῖδας
δοιάς, Κωδώνης λέκτρα καὶ Ἀνθεμόνης.
Αὐτὸς δ´ Ἑσπερίην ἔσυτο χθόνα, γείνατο δ´ υἷα Ῥωμύλον.
3. Τῆς δ´ εἰς Ἰταλίαν Αἰνείου καὶ Τρώων ἀφίξεως Ῥωμαῖοί τε πάντες
βεβαιωταὶ καὶ τὰ δρώμενα ὑπ´ αὐτῶν ἔν τε θυσίαις καὶ ἑορταῖς μηνύματα,
Σιβύλλης τε λόγια καὶ χρησμοὶ Πυθικοὶ καὶ ἄλλα πολλά, ὧν οὐκ ἄν τις ὡς
εὐπρεπείας ἕνεκα συγκειμένων ὑπερίδοι. πολλὰ δὲ καὶ παρ´ Ἕλλησι
γνωρίσματα καὶ φανερὰ εἰς τόδε χρόνου περιλείπεται, ἔνθα ὡρμίσαντο καὶ
παρ´ οἷς διατριβὴν ἀπλοίας ἕνεκεν ἐποιήσαντο· ὧν ἐγὼ μνήμην ὡς ἂν οἷός τε
ὦ πολλῶν ὄντων βραχυτάτην ποιήσομαι.
4. πρῶτον μὲν εἰς Θρᾴκην ἀφικόμενοι κατὰ τὴν χερρόνησον, ἣ καλεῖται
Παλλήνη, ὡρμίσαντο. εἶχον δὲ αὐτὴν ὥσπερ ἔφην βάρβαροι Κρουσαῖοι
καλούμενοι καὶ παρέσχον αὐτοῖς τὰς καταγωγὰς ἀσφαλεῖς. μείναντες δὲ τὴν
χειμερινὴν ὥραν αὐτόθι νεὼν Ἀφροδίτης ἱδρύσαντο ἐπὶ τῶν ἀκρωτηρίων ἑνὸς
καὶ πόλιν Αἴνειαν ἔκτισαν, ἐν ᾗ τούς τε ὑπὸ καμάτων ἀδυνάτους πλεῖν καὶ
ὅσοις αὐτοῦ μένειν βουλομένοις ἦν, ὡς ἐν οἰκείᾳ γῇ τὸ λοιπὸν ἐσομένους,
ὑπελίποντο. αὕτη διέμεινεν ἕως τῆς Μακεδόνων δυναστείας τῆς κατὰ τοὺς
διαδόχους τοὺς Ἀλεξάνδρου γενομένης· ἐπὶ δὲ τῆς Κασάνδρου βασιλείας
καθῃρέθη, ὅτε Θεσσαλονίκη πόλις ἐκτίζετο, καὶ οἱ Αἰνεᾶται σὺν ἄλλοις
πολλοῖς εἰς τὴν νεόκτιστον μετῴκησαν.
| [1,49] XLIX. 1. Ce qui s'est passé après que son départ suscite encore une plus grande
difficulté chez la plupart des historiens. Certains, après l’avoir conduit jusque en
Thrace, disent qu’il y est mort. De ce nombre sont Cephalon de Gergis et
Hegesippos, qui écrivit sur Pallénè : ce sont deux auteurs anciens et honorables.
D'autres lui font quitter la Thrace et l’emmènent en Arcadie, et prétendent qu'il
habita Orchomène l’arcadienne, dans un endroit, bien que situé à l’intérieur
des terres, à cause de marais et d'un fleuve, s'appelle Nesos ou l'"île"; et ils
ajoutent que la ville appelée Capyai fut construite par Énée et les Troyens et prit
son nom du Troyen Capys.
2. C'est l'exposé fait par divers autres auteurs et par Ariaethus, l'auteur des
Arcadica. Et il y en a aussi qui racontent qu'il est venu en effet à Arcadia mais
que ce n’est pas là qu’il mourut, mais en Italie; c’est ce que racontent
beaucoup d'autres et particulièrement le poète Agathyllos d'Arcadie qui écrit ainsi
dans une élégie: "Alors en Arcadie et à Nesos il laissa ses deux filles, fruit de son
amour pour l’honnête Anthemonè et pour la belle Codonè. De là il se hâta vers
la terre d’Hespérie et où il engendra un fils du nom de Romulos."
3. L'arrivée d'Énée et des Troyens en Italie est certifiée par tous le Romains et
on peut voir sa confirmation dans les cérémonies observées par ceux-ci lors de
leurs sacrifices et leurs fêtes, et aussi dans les prophéties de la Sibylle, dans les
oracles pythiques et dans beaucoup d'autres choses que personne ne doit
dédaigner en disant qu’elles sont inventées par souci d’embellissement. Chez
les Grecs aussi beaucoup de traces visibles restent à ce jour sur les côtes où ils
débarquèrent et parmi les peuples où ils séjournèrent par temps défavorable.
Dans l’énumération de ces derniers, bien qu'ils soient nombreux, je serai aussi
bref que possible.
4. Ils allèrent en Thrace et y débarquèrent la première fois dans la péninsule
appelée Pallénè. Elle était habitée, comme je l’ai dit, par des barbares appelés
Crousiens, qui leur offrirent un refuge sûr. Ils y restèrent l’hiver et y
construisrent un temple à Aphrodite sur un des promontoires, et aussi une ville
appelée Aeneia, où ils y laissèrent tout ceux qui fatigués ne pouvaient continuer
le voyage et tous ceux qui choisirent de rester dans un pays qu'ils devaient
dorénavant considérer comme le leur. Cette ville exista jusqu’à la domination
macédonienne qui se produisit sous les successeurs d'Alexandre, mais elle fut
détruite lors du règne de Cassandre, quand fut fondée Thessalonique ; et les
habitants d'Aeneia émigrèrent avec beaucoup d'autres pour fonder une nouvelle
ville.
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