[1,50] L. 1. Ἐκ δὲ τῆς Παλλήνης ἄραντες οἱ Τρῶες εἰς Δῆλον ἀφικνοῦνται
βασιλεύοντος αὐτῆς Ἀνίου· καὶ ἦν πολλὰ σημεῖα ἐν Δήλῳ τῆς Αἰνείου τε καὶ
Τρώων παρουσίας, (ἕως) ἤνθει τε καὶ ᾤκισθ´ ἡ νῆσος.
2. Ἔπειτα εἰς Κύθηρα νῆσον ἑτέραν, ἣ πρόκειται Πελοποννήσου,
παραγενόμενοι ἱερὸν Ἀφροδίτης ἱδρύονται. Ἀπὸ δὲ Κυθήρων ποιούμενοι τὸν
πλοῦν οὐ πρόσω τῆς Πελοποννήσου τελευτήσαντα τῶν ἑταίρων τινὰ τῶν
Αἰνείου Κίναιθον ἐπὶ τῶν ἀκρωτηρίων τινὸς θάπτουσιν, ὃ νῦν ἀπ´ ἐκείνου
Κιναίθιον καλεῖται· καὶ τὴν πρὸς Ἀρκάδας συγγένειαν ἀνανεωσάμενοι, περὶ
ἧς ἐν ὑστέρῳ λόγῳ διηγήσομαι, χρόνον τε ὀλίγον περὶ ταῦτα τὰ χωρία
διατρίψαντες καὶ ὑπολιπόμενοί τινας σφῶν αὐτῶν εἰς Ζάκυνθον
ἀφικνοῦνται.
3. Δεξαμένων δ´ αὐτοὺς καὶ τῶν Ζακυνθίων πρὸς φιλίαν διὰ τὸ συγγενές·
Δαρδάνῳ γὰρ τῷ Διὸς καὶ Ἠλέκτρας τῆς Ἀτλαντίδος δύο γενέσθαι φασὶν ἐκ
Βατείας παῖδας, Ζάκυνθόν τε καὶ Ἐριχθόνιον, ὧν ὁ μὲν Αἰνείου πρόγονος ἦν,
Ζάκυνθος δὲ τῆς νήσου κτίστης· ταύτης τε δὴ τῆς συγγενείας ἀναμνήσει καὶ
φιλοφροσύνῃ τῶν ἐπιχωρίων διατρίβοντες αὐτόθι καὶ ἅμα ἀπλοίᾳ
κατειργόμενοι θύουσιν Ἀφροδίτῃ πρὸς τῷ κατασκευασθέντι ἱερῷ θυσίαν, ἣν
εἰς τόδε χρόνου συντελοῦσι κοινῇ Ζακύνθιοι, καὶ ἀγῶνα ποιοῦσιν ἐφήβοις
τῶν τε ἄλλων ἀγωνισμάτων καὶ δρόμου· τὸ δὲ νικητήριον ὁ πρῶτος ἐλθὼν εἰς
τὸν νεὼν λαμβάνει· λέγεται δὲ Αἰνείου καὶ Ἀφροδίτης ὁ δρόμος, καὶ ξόανα
τούτων ἕστηκεν ἀμφοτέρων.
4. Ἐκεῖθεν δὲ πελάγιον ποιησάμενοι τὸν πλοῦν εἰς Λευκάδα κατάγονται,
κατεχόντων ἔτι τὸ χωρίον Ἀκαρνάνων. Κἀν ταύτῃ πάλιν ἱερὸν Ἀφροδίτης
ἱδρύονται τοῦτο, ὃ νῦν ἐστιν ἐν τῇ νησῖδι τῇ μεταξὺ τοῦ Διορύκτου τε καὶ τῆς
πόλεως, καλεῖται δὲ Ἀφροδίτης Αἰνειάδος. Ἄραντες δὲ αὐτόθεν ἐπί τε Ἄκτιον
ἐλθόντες ὁρμίζονται τοῦ Ἀμβρακικοῦ κόλπου πρὸς τὸ ἀκρωτήριον. Κἀκεῖθεν
εἰς Ἀμβρακίαν ἀφικνοῦνται πόλιν, ἧς ἐβασίλευεν Ἄμβραξ ὁ Δεξαμενοῦ τοῦ
Ἡρακλέους, καὶ ὑπολείπονται ἑκατέρωθι μνημεῖα τῆς ἀφίξεως· ἐν Ἀκτίῳ μὲν
Ἀφροδίτης Αἰνειάδος ἱερὸν καὶ πλησίον αὐτοῦ θεῶν μεγάλων, ἃ καὶ εἰς ἐμὲ
ἦν· ἐν δὲ Ἀμβρακίᾳ ἱερόν τε τῆς αὐτῆς θεοῦ καὶ ἡρῶον Αἰνείου πλησίον τοῦ
μικροῦ θεάτρου, ἐν ᾧ καὶ ξόανον μικρὸν ἀρχαϊκὸν Αἰνείου λεγόμενον, καὶ
αὐτὸ θυσίαις ἐγέραιρον αἱ καλούμεναι παρ´ αὐτοῖς ἀμφίπολοι.
| [1,50] L. 1. Faisant voile de Pallénè, les Troyens arrivèrent à Délos, où régnait Anius. Là
il y avait beaucoup de traces de la présence d’Énée et des Troyens aussi
longtemps que l'île était habitée et florissante. Puis, allant à Cythère, une autre île
non loin du Péloponnèse, ils y construisirent un temple à Aphrodite.
2. Et tandis qu'ils poursuivaient leur voyage de Cythère et non loin du
Péloponnèse, mourut un des compagnons d'Énée , appelé Cinaethos, et ils
l’enterrèrent sur un des promontoires, qui s'appelle maintenant Cinaethion
d’après son nom. Et après avoir renouvelé leurs liens avec les Arcadiens, liens
dont je parlerai dans un chapitre ultérieur, et être restés peu de temps dans ces
régions, où ils y laissèrent une partie des leurs, ils arrivèrent à Zacynthos.
3. Les Zacynthiens aussi les reçurent amicalement à cause de leur parenté.
Dardanos, fils Zeus et d'Electre, fille d’Atlas, eut, dit-on, deux fils de Bateia :
Zacynthos et Erichthonios. Ce le dernier était l'ancêtre d'Énée , et Zacynthos le
premier colon de l'île. C’est donc en mémoire de cette parenté et en raison de
la bonté des habitants qu’ils restèrent là quelque temps, étant aussi contraints
par le temps défavorable; et ils offrirent un sacrifice à Aphrodite au temple qu’ils
lui avaient construits, sacrifice que la population entière de Zacynthos exécute
encore aujourd’hui, et ils instituèrent des jeux pour de jeunes gens, avec entre
d'autres épreuves une course à pieds où la victoire revient à celui qui atteint le
premier le temple. On l’appelle la course d'Énée et d'Aphrodite, et des statues
en bois de touts les deux sont érigées à cet endroit.
4. De là, après un voyage en haute mer, ils débarquèrent à Leucade, qui était
toujours occupée par les Acarnaniens. Là encore ils construisirent un temple à
Aphrodite, temple qui se trouve aujourd’hui sur la petite île entre Dioryctos et la
ville; ce temple d'Aphrodite s'appelle Aeneias. Et partant de là, ils naviguèrent
vers Actium et mouillèrent près du promontoire du golfe d'Ambracie; et de là ils
arrivèrent dans la ville d'Ambracie, qui était alors gouvernée par Ambrax, fils de
Dexamenos, fils d’Héraclès. Il y a dans ces deux endroits des vestiges de leur
passage: à Actium, le temple d'Aphrodite Aeneias, et près de lui celui des Grands
Dieux : les deux existaient encore de mon temps; et à Ambracie, un temple de la
même déesse et d'un sanctuaire héroïque d'Énée près du petit théâtre. Dans ce
sanctuaire il y avait une petite statue archaïque en bois, représentant Énée , qui
était honorée lors des sacrifices par les prêtresses qu'ont appelait les amphipoloi
ou les "Servantes."
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