HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs, III (Démosthène)

Chapitre 23

  Chapitre 23

[3,23] Κγ. Ἀλλὰ γάρ, ἵνα μὴ περὶ ταῦτα διατρίβων ἀναγκασθῶ παραλιπεῖν τι τῶν περιλειπομένων, Ἰσοκράτην μὲν, καὶ τὸν χαρακτῆρα τῆς ἀγωγῆς ἐκείνης ἐάσω, περὶ δὲ Πλάτωνος ἤδη διαλέξομαι τά γ´ ἐμοὶ δοκοῦντα, μετὰ παρρησίας, οὐθὲν οὔτε τῇ δόξῃ τἀνδρὸς προστιθεὶς, οὔτε τῆς ἀληθείας ἀφαιρούμενος· καὶ μάλιστα ἐπεί τινες ἀξιοῦσι πάντων αὐτὸν ἀποφαίνειν φιλοσόφων τε καὶ ῥητόρων ἑρμηνεῦσαι τὰ πράγματα δαιμονιώτατον, παρακελεύονταί τε ἡμῖν ὅρῳ καὶ κανόνι χρῆσθαι καθαρῶν ἅμα καὶ ἰσχυρῶν λόγων τούτῳ τῷ ἀνδρί. Ἤδη δέ τινων ἤκουσα ἐγὼ λεγόντων, ὡς εἰ καὶ παρὰ θεοῖς διάλεκτός ἐστιν, τὸ τῶν ἀνθρώπων κέχρηται γένος, οὐκ ἄλλως βασιλεὺς ὢν αὐτῶν διαλέγεται θεὸς, ὡς Πλάτων. Πρὸς δὴ τοιαύτας ὑπολήψεις καὶ τερατείας ἀνθρώπων ἡμιτελῶν περὶ λόγους, οἳ τὴν εὐγενῆ κατασκευὴν οὐκ ἴσασιν τίς ποτ´ ἐστὶν, οὐδὲ δύνανται... Πᾶσαν εἰρωνείαν ἀφείς, ὡς πέφυκα, διαλέξομαι. Ὃν δὲ ἀξιῶ τρόπον ποιήσασθαι τὴν ἐξέτασιν αὐτοῦ, βούλομαι προειπεῖν. Ἐγὼ τὴν μὲν ἐν τοῖς διαλόγοις δεινότητα τοῦ ἀνδρὸς, καὶ μάλιστα ἐν οἷς ἂν φυλάττῃ τὸν Σωκρατικὸν χαρακτῆρα, ὥσπερ ἐν τῷ Φιλήβῳ, πάνυ ἄγαμαί τε καὶ τεθαύμακα· τῆς δ´ ἀπειροκαλίας αὐτὸν οὐδεπώποτ´ ἐζήλωσα τῆς ἐν ταῖς ἐπιθέτοις κατασκευαῖς, ὥσπερ ἔφην καὶ πρότερον, καὶ πάντων ἥκιστα ἐν οἷς ἂν εἰς πολιτικὰς ὑποθέσεις συγκαθεὶς ἐγκώμια καὶ ψόγους, κατηγορίας τε καὶ ἀπολογίας ἐπιχειρῇ γράφειν. Ἕτερος γάρ τις αὑτοῦ γίνεται τότε, καὶ καταισχύνει τὴν φιλόσοφον ἀξίωσιν· καί μοί γε πολλάκις ἐπῆλθεν εἰπεῖν ἐπὶ τῶν τοιούτων αὐτοῦ λόγων πεποίηται παρ´ Ὁμήρῳ πρὸς τὴν Ἀφροδίτην Ζεὺς λέγων· Οὔ τοι, τέκνον ἐμόν, δέδοται πολεμήια ἔργα, Ἀλλὰ σύ γ´ ἱμερόεντα μετέρχεο ἔργα γάμοιο. Σωκρατικῶν διαλόγων· ταῦτα δὲ πολιτικοῖς καὶ ῥήτορσιν ἀνδράσι μελήσει. Ποιοῦμαι δὲ τῆς ἐμαυτοῦ δόξης κοινοὺς κριτὰς τοὺς φιλολόγους ἅπαντας· ὑπεξαιρούμενος, εἴ τινές εἰσι φιλότιμοι, καὶ πρὸς τὰς δόξας, ἀλλὰ μὴ πρὸς τὴν ἀλήθειαν κρίνοντες τὰ πράγματα. Τὸ μὲν οὖν ἐκλέγειν ἐξ ἁπάντων αὐτοῦ τῶν λόγων εἴ τι κάκιστον εἴρηται, ποιοῦσιν ἕτεροί τινες, κἄπειτα τούτοις ἀντιπαρατιθέναι τὴν κράτιστα ἔχουσαν Δημοσθένους λέξιν, οὐκ ἐδοκίμαζον· τὸ δ´ ἐκ τῶν ἀμφοτέρων μάλιστα εὐδοκιμούντων, ταῦτα παρ´ ἄλληλα θεὶς, ἐξετάζειν τὰ κρείττω, τοῦτ´ ἔδοξ´ εἶναι δίκαιον· καὶ ἐπ´ αὐτὸ τοδὶ τρέψομαι τὸ μέρος. Δικανικὸς μὲν οὖν λόγος εἷς ἐστι Πλάτωνι, Σωκράτους ἀπολογία, δικαστηρίου μὲν ἀγορᾶς οὐδὲ θύρας ἰδών, κατ´ ἄλλην δέ τινα βούλησιν γεγραμμένος, οὔτ´ ἐν λόγοις τόπον ἔχων, οὔτ´ ἐν διαλόγοις· τοῦτο μὲν οὖν ἐῶ· δημηγορία δὲ οὐδεμία· πλὴν εἴ τις ἄρα τὰς ἐπιστολὰς βούλεται δημηγορίας καλεῖν. Ἀφείσθωσαν δὴ καὶ αὗται. Ἐγκώμια δ´ ἐν τῷ συμποσίῳ πολλὰ μὲν ἔρωτος· ὧν ἔνια οὐκ ἄξια σπουδῆς οὐδὲ Σωκράτους, ὁποῖον δή ποτε. Νθν δὲ οὐθὲν γὰρ δέομαι νῦν γε περὶ τούτου λέγειν. Κράτιστος δὴ πάντων τῶν πολιτικῶν λόγων Μενέξενος, ἐν τὸν ἐπιτάφιον διεξέρχεται λόγον, ὡς μὲν ἐμοὶ δοκεῖ, Θουκυδίδην παραμιμούμενος· ὡς δὲ αὐτός φησιν, Ἀρχίνον καὶ Δίωνα. Τοῦτον δὴ παραλήψομαι τὸν λόγον, καὶ παρ´ αὐτὸν ἐξετάσω Δημοσθένους λέξεις τινάς· οὐκ ἐκ τούτου· τὸν μὲν γὰρ οὐχ ἡγοῦμαι ὑπ´ ἐκείνου τοῦ ἀνδρὸς γεγράφθαι· ἀλλ´ ἐκ τῶν ἄλλων αὐτοῦ λόγων, ὅσοι περί τε τοῦ καλοῦ καὶ τῆς ἀρετῆς εἴρηνται· μᾶλλον δὲ ἐξ ἑνὸς ἀγῶνος· οὐ γὰρ ἔχω καιρὸν ὅσοις βούλομαι παραδείγμασι χρήσασθαι, πάντων μάλιστα βουληθεὶς ἄν. Τοιοῦτος μὲν οὖν τις τρόπος ἔσται μοι τῆς συγκρίσεως. [3,23] XXIII. Mais, pour ne pas m'arrêter trop longtemps sur ces détails, et dans la crainte d'être réduit à passer sous silence une partie des matières qu'il me reste à traiter, je n'ajouterai rien sur Isocrate et sur le caractère de son éloquence : je vais faire connaître mon opinion sur Platon avec une entière liberté, sans exagérer sa gloire, sans affaiblir la vérité. J'entreprends cette tache avec d'autant plus de zèle que certains critiques soutiennent qu'il a éclipsé tous les philosophes et tous les orateurs par une éloquence divine : ils prescrivent de le regarder comme le véritable modèle de la pureté et de la force. J'en ai même entendu plusieurs répéter que si les dieux voulaient parler le langage des hommes, Jupiter ne parlerait pas autrement que Platon. Je répondrai à toutes ces exclamations d'une admiration exagérée chez des hommes, qui ont une connaissance imparfaite de l'art d'écrire et pour qui la vérité sera toujours un mystère, en laissant, selon ma coutume, toute dissimulation de côté. Je crois nécessaire d'exposer d'abord la marche qui me paraît la plus convenable pour juger cet écrivain. Dans les dialogues, lorsqu'il conserve le ton de Socrate; dans son Philèbe, par exemple, j'admire et j'ai toujours admiré la vigueur de son style; mais, comme je l'ai déjà dit, je ne saurais approuver les ornements frivoles et forcés dont il fait quelquefois usage; surtout, lorsque traitant une question politique, il veut y mêler l'éloge ou la censure, une accusation ou une apologie. A l'instant, il tombe au-dessous de lui-même et avilit la dignité du philosophe. Je suis tenté de lui appliquer ce qu'Homère fait dire à Vénus par Jupiter : "Renonce donc, ma fille, à la guerre, au carnage : L'hymen et ses douceurs, voilà ton apanage". Et toi aussi, Platon, borne-toi aux dialogues socratiques; abandonne toutes ces questions aux politiques et aux orateurs. Je soumets volontiers mon opinion à tous Ies hommes instruits; je n'en excepte que ces esprits portés à la dispute, et qui jugent plutôt, d'après leur opinion que d'après la vérité. Je n'ai point, comme certains critiques, cherché dans Platon les morceaux les plus défectueux, pour les comparer avec les passages les plus parfaits de Démosthène; il m'a paru plus juste de prendre dans ces deux écrivains les endroits les plus estimés et de les mettre en parallèle, pour mieux voir quel est celui qui mérite la palme : telle est la marche que je vais suivre. Platon n'a laissé qu'un discours dans le genre judiciaire, l'Apologie de Socrate. Mais il n'a jamais été prononcé ni au barreau, ni dans la place publique; et puisqu'il l'avait composé pour une autre destination, on ne peut le mettre ni au nombre des discours, ni au nombre des dialogues ainsi, je ne m'en occuperai point. Platon n'a rien écrit non plus dans le genre délibératif, à moins qu'on ne veuille rapporter ses lettres à ce genre ; je les laisserai aussi de côté. Quant au genre démonstratif, il a inséré, il est vrai, dans le Banquet, plusieurs éloges de l'amour ; mais le plus souvent ils sont indignes de Socrate, quelque jugement qu'on veuille d'ailleurs en porter : je n'en parlerai pas en ce moment. Le meilleur de ses dialogues politiques est celui qui est intitulé Ménéxène, et qui renferme un éloge funèbre, où Platon, suivant moi, imite Thucydide, quoiqu'il dise qu'il a pris Archius et Dion pour modèles. J'examinerai à fond ce discours, et je le comparerai non pas avec l'oraison funèbre qu'on attribue à Démosthène, et qui n'est pas son ouvrage; mais avec plusieurs de ses discours où il parle de l'honneur et de la vertu, ou plutôt avec un seul de ses discours. Le temps ne me permet point de citer, comme je le voudrais, des exemples tirés de tous : telle est la marche que je suivrai dans ce parallèle.


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Dernière mise à jour : 4/09/2009