[3,24] Κδ'.
Λαμβανέσθω δὲ πρότερος Πλάτων. Καὶ ἐπειδὴ μέγα φρονεῖν ἔοικεν ἐπί τε ἀκριβείᾳ
καὶ σεμνότητι ὀνομάτων, ταῦτα ἐπὶ τῶν αὐτοῦ βασανίσω, ἀρξάμενος ὅθεν περ κἀκεῖνος,
τοῦ λόγου·
« Ἔργῳ μὲν ἡμῖν οἵδε ἔχουσι τὰ προσήκοντα σφίσιν αὐτοῖς· ὧν τυχόντες, πορεύονται
τὴν εἱμαρμένην πορείαν. »
Ἡ μὲν εἰσβολὴ, θαυμαστὴ καὶ πρέπουσα τοῖς ὑποκειμένοις πράγμασι, κάλλους τε
ὀνομάτων ἕνεκα, καὶ σεμνότητος καὶ ἁρμονίας· τὰ δ´ ἐπιλεγόμενα, οὐκέθ´ ὅμοια τοῖς
πρώτοις αὐτίκα·
« Προπεμφθέντες κοινῇ μὲν ὑπὸ τῆς πόλεως, ἰδίᾳ δὲ ὑπὸ τῶν οἰκείων. » Ἐν γὰρ τῷ
« Πάντα τὰ προσήκοντα σφίσιν αὐτοῖς ἔχειν τοὺς θαπτομένους, » ἐνῆν καὶ τὸ «
προπεμφθῆναι τὰ σώματ´ αὐτῶν ἐπὶ τὰς ταφὰς δημοσίᾳ τε καὶ ἰδίᾳ ».
Ὥστε ἀναγκαῖον ἦν πάλιν ταὐτὸ λέγειν· εἰ μὴ κράτιστον 〈ἁπάντων〉 τῶν περὶ τὰς
ταφὰς νομίμων τοῦτο ὑπελάμβανεν ὁ ἀνὴρ εἶναι· λέγω δὴ τὸ παρεῖναι πολλοὺς ταῖς
ἐκκομιδαῖς· καὶ οὐθὲν ἄτοπον ἐδόκει ποιεῖν συμπεριλαβών τε αὐτὸ τοῖς ἄλλοις, καὶ χωρὶς
ὑπὲρ αὐτοῦ μόνου λέγων. Ἠλίθιος ἄρα τις ἦν, εἰ τοῦτον ἐδόκει τοῖς τελευτήσασι
λαμπρότατον εἶναι τῶν κόσμων οἷς ἡ πόλις αὐτοὺς ἐκόσμει. Ἵνα γὰρ ἀφῶ πάντα τὰ ἄλλα,
τὸ δημοσίᾳ γηροτροφεῖσθαι τοὺς πατέρας αὐτῶν ἄχρι θανάτου, καὶ παιδεύεσθαι τοὺς υἱεῖς
ἕως ἥβης, πόσῳ κρεῖττον ἦν τοῦ προπέμπεσθαι τὰ σώματα δημοσίᾳ; ἐμοὶ μὲν δοκεῖ μακρῷ.
Οὐκοῦν οὐκ ἀναγκαία Πλάτωνι ἡ προσθήκη. Ἀλλ´ ἄρα γε εἰ μὴ τοῦ ἀναγκαίου, κάλλους γε,
ἢ τῶν ἄλλων τινὸς τῶν ἐπιθέτων ἕνεκα κόσμων, παρείληπται τὸ κῶλον αὐτῷ τουτί;
Πολλοῦ γε καὶ δεῖ· πρὸς γὰρ τῷ μηδὲν ἔχειν σπουδῆς ἄξιον, μήτε κατὰ τὴν σύνθεσιν,
προσδιαφθείρει καὶ τὴν πρὸ αὐτῆς περίοδον. Λυμαίνεται γοῦν τήν τε συμμετρίαν αὐτῆς, καὶ
τὴν εὐφωνίαν. Νῦν μὲν γὰρ δυσὶ περιλαμβανομένη κώλοις, σύμμετρός ἐστι καὶ ἐναρμόνιος
καὶ στρογγύλη, καὶ βάσιν εἴληφεν ἀσφαλῆ· ἐὰν δὲ προσλάβῃ τουτὶ τὸ κῶλον, ἅπαντα ταῦτα
ἀπεκρίθησαν, καὶ μεταλήψεται τὸν ἱστορικὸν ἀντὶ τοῦ λογικοῦ τύπον. Εἰ δὲ χωρίσαντες
τοῦτο τὸ κῶλον ἀπὸ τῶν προηγουμένων, αὐτὸ καθ´ αὑτὸ ἐξοίσομεν, οὐ περίοδος ἡμῖν
γενήσεται καθ´ ἑαυτὸ γενόμενον, οὔτε ἦθος ἢ πάθος ἕξει μὰ Δία, οὔτε ἄλλην πειθὼ καὶ
χάριν οὐδεμίαν. Εἰ δὴ μήτε τοῦ ἀναγκαίου χάριν ἡ προσθήκη παρείληπται, μήτε τοῦ
περιττοῦ, {περὶ ταῦτα δὲ καὶ ἐν τούτοις ἡ τῆς λέξεως κατασκευή·} τίς ἂν τοῦτο ἔτι ἕτερον
ὀνομάσειεν, εἰ μὴ τοῦθ´, ὅπερ ἐστὶν ἀληθὲς ὡς, ἀκαιρίαν. Τούτοις ἐκεῖνα ἐπιτίθησιν ὁ
ἀνήρ·
« Λόγῳ δὲ δὴ τὸν λειπόμενον κόσμον ὅ τε νόμος προστάττει τούτοις ἀποδοῦναι τοῖς
ἀνδράσι, καὶ χρή. »
Τὸ « καὶ χρὴ » πάλιν κείμενον ἐπὶ τελευτῆς, τίνος ἕνεκα παρείληπται, καὶ διὰ τί;
πότερα σαφεστέραν ποιῆσαι τὴν λέξιν; Ἀλλὰ καὶ χωρὶς τῆς προσθέσεως ταύτης ἐστὶ σαφής.
Εἴ γε οὖν οὕτως εἶχε·
« Λόγῳ δὲ δὴ τὸν λειπόμενον κόσμον ὁ νόμος ἀποδοῦναι προστάττει τοῖς ἀνδράσι, »
τίς ἂν ταύτην ἐμέμψατο ὡς οὐ σαφῆ; Ἀλλὰ τοῦτο ἥδιον ἀκουσθῆναι, καὶ
μεγαλοπρεπέστερον; Πᾶν μὲν οὖν τοὐναντίον ἠφάνικεν αὐτῆς τὸ σεμνὸν, καὶ λελύμανται·
καὶ τοῦτο οὐ λόγῳ δεῖ μαθεῖν ἕκαστον, ἀλλ´ ἐκ τῶν ἑαυτοῦ γνῶναι παθῶν. Ταῖς γὰρ
ἀλόγοις αἰσθήσεσιν ἅπαντα τὰ ὀχληρὰ καὶ ἡδέα κρίνεται, καὶ οὐθὲν δεῖ ταύταις οὔτε
διδαχῆς οὔτε παραμυθίας.
| [3,24] XXIV. Je citerai d'abord Platon; et puisqu'il passe pour s'être distingué par la justesse et
la noblesse de l'expression ; c'est sous ce rapport surtout que j'examinerai son style. Je
prendrai pour premier exemple le début même de cet éloge funèbre : "{uerba graeca}".
Ils ont déjà reçu de nous les honneurs auxquels ils avaient droit : riches de
cegtte récompense, ils parcourent la route parquée par les destins. » Il est
proportionné au sujet et remarquable par la grandeur, la noblesse et l'harmonie. La suite ne
répond pas à un si beau commencement : "{uerba graeca}".
Comme citoyens, ils ont reçu de la patrie les honneurs
suprêmes; comme hommes, ils ont été conduits par leurs amis à leur dernier asile.
Dire qu'on leur avait accordé tous les honneurs, c'était faire entendre que la république et
leurs amis s'étaient acquittés envers eux des derniers devoirs : il n'était pas nécessaire de
revenir sur cette pensée, à moins que Platon n'ait pensé que le plus bel ornement des
funérailles, c'était la foule des citoyens qui les célébraient : il n'a pas cru qu'il fût ridicule de
joindre d'abord cette pensée avec d'autres, et de les séparer ensuite. Comment être assez
simple, pour voir le plus grand honneur qu'on pût rendre à un mort dans ces funérailles dont
la patrie faisait les frais? Pour me borner à une seule observation, n'était-il pas plus
honorable pour les morts que la patrie entretint, à ses dépens, leurs pères jusqu'à la fin de
leurs jours, et fît élever leurs enfants jusqu'à leur adolescence. Cet hommage n'était-il pas
plus glorieux que les frais des funérailles? Il l'était bien plus, à mon avis. La pensée que
Platon ajoute est donc inutile. Mais si ce nouveau membre de phrase n'est pas nécessaire,
peut-être ajoutet-il quelque grâce ou quelque ornement ? Il s'en faut de beaucoup : outre
qu'il ne produit aucun bon effet et qu'il nuit à l'ordre général, il gâte même la période qui
précède; il en trouble la symétrie et la douceur. Renfermée dans deux membres, elle était
d'une juste mesure, harmonieuse et arrondie; elle avait une allure ferme : par l'addition de ce
nouveau membre, toutes ces qualités disparaissent, et le ton oratoire fait place au ton
historique. Si nous détachons ce troisième membre de ceux qui les précèdent, pour
l'examiner à part, nous verrons que par lui-même il ne forme point une période, qu'il n'excite
aucune émotion, ni douce ni vive; qu'il n'a rien de persuasif, rien de gracieux. Mais puisqu'il
n'est point nécessaire, puisqu'il ne contribue pas non plus à la grâce; comme ce sont les deux
sources de tous les ornements du style, on ne peut nier qu'il ne soit un véritable hors-d'œuvre.
Platon ajoute : «{uerba graeca}. Les lois ordonnent que l'éloquence rende
à ces grands citoyens un dernier hommage; et ce tribut est bien mérité. » Pourquoi
ces mots g-kai g-chreh, à la fin de la phrase ? A quoi servent-ils ? Donnent-ils plus de clarté à la
diction? Mais elle serait claire, quand même ils n'auraient pas été ajoutés. Si Platon avait dit:
« Un éloge est le dernier honneur qu'il nous reste à rendre, d'après les lois, à ces citoyens »,
qui lui reprocherait de manquer de clarté ? Le tour qu'il emploie est-il plus agréable à
l'oreille, a-t-il plus de noblesse ? Au contraire, il ternit, il altère la beauté de l'expression.
Mais ce n'en pas à l'analyse à faire ressortir ces défauts ; chacun doit les remarquer, d'après
les impressions qu'il reçoit : un sentiment intérieur, qui échappe à l'examen de la raison, peut
seul juger de la dureté ou de la grâce du style; et ce sentiment n'a besoin ni de préceptes ni
de conseils.
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