HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De l'amour

Chapitre 9

  Chapitre 9

[9] Παυσαμένου δὲ τοῦ Πρωτογένους, ‘ὁρᾷςεἶπεν πατήρ, ‘ Ἀνθεμίων, ὅτι πάλιν κοινὴν ποιοῦσι τὴν ὑπόθεσιν καὶ τὸν λόγον ἀναγκαῖον ἡμῖν τοῖς οὐκ ἀρνουμένοις οὐδὲ φεύγουσι τοῦ περὶ γάμον Ἔρωτος εἶναι χορευταῖς;’ {καὶ} ‘ναὶ μὰ Δί´εἶπεν Ἀνθεμίων· ‘ἀμύνει διὰ πλειόνων νῦν αὐτοὺς ἐρᾶν· εἰ δὲ τῷ πλούτῳ βοηθήσων, μάλιστα δεδίττεται Πεισίας ἡμᾶς.’ ‘τί δ´εἶπεν πατήροὐκ ἂν ἔγκλημα γένοιτο γυναικός, εἰ δι´ ἔρωτα καὶ πλοῦτον ἀπορρίψομεν Ἰσμηνοδώραν; ’βαρεῖα γὰρ καὶ πλουσία·‘ τί δ´ εἰ καλὴ καὶ νέα; τί δ´ εἰ γένει σοβαρὰ καὶ ἔνδοξος; αἱ δὲ σώφρονες οὐ τὸ αὐστηρὸν καὶ κατεγρυπωμένον ἐπαχθὲς - - - καὶ δυσκαρτέρητον ἔχουσι, καὶ ποινὰς καλοῦσιν αὐτὰς καὶ τοῖς ἀνδράσιν ὀργιζομένας, ὅτι σωφρονοῦσιν; ἆρ´ οὖν κράτιστον ἐξ ἀγορᾶς γαμεῖν Ἀβρότονόν τινα Θρῇσσαν Βακχίδα Μιλησίαν ἀνέγγυον ἐπαγομένην δι´ ὠνῆς καὶ καταχυσμάτων; ἀλλὰ καὶ ταύταις ἴσμεν οὐκ ὀλίγους αἴσχιστα δουλεύσαντας. αὐλητρίδες δὲ Σάμιαι καὶ ὀρχηστρίδες, Ἀριστονίκα καὶ τύμπανον ἔχους´ Οἰνάνθη καὶ Ἀγαθόκλεια διαδήμασι βασιλέων ἐπέβησαν. δὲ Σύρα Σεμίραμις οἰκότριβος μὲν ἦν βασιλικοῦ θεράπαινα παλλακευομένη· Νίνου δὲ τοῦ μεγάλου βασιλέως ἐντυχόντος αὐτῇ καὶ στέρξαντος οὕτως ἐκράτησε καὶ κατεφρόνησεν, ὥστ´ ἀξιῶσαι καὶ μίαν ἡμέραν αὐτὴν περιιδεῖν ἐν τῷ θρόνῳ καθεζομένην ἔχουσαν τὸ διάδημα καὶ χρηματίζουσαν. δόντος δ´ ἐκείνου καὶ κελεύσαντος πάντας ὑπηρετεῖν ὥσπερ αὐτῷ καὶ πείθεσθαι, μετρίως ἐχρῆτο τοῖς πρώτοις ἐπιτάγμασι, πειρωμένη τῶν δορυφόρων· ἐπεὶ δ´ ἑώρα μηδὲν ἀντιλέγοντας μηδ´ ὀκνοῦντας, ἐκέλευσε συλλαβεῖν τὸν Νίνον εἶτα δῆσαι, τέλος δ´ ἀποκτεῖναι· πραχθέντων δὲ πάντων, ἐβασίλευσε τῆς Ἀσίας ἐπιφανῶς πολὺν χρόνον. δὲ Βελεστίχη, πρὸς Διός, οὐ βάρβαρον ἐξ ἀγορᾶς γύναιον, ἧς ἱερὰ καὶ ναοὺς Ἀλεξανδρεῖς ἔχουσιν, ἐπιγράψαντος δι´ ἔρωτα τοῦ βασιλέωςἈφροδίτης Βελεστίχης‘; δὲ σύνναος μὲν ἐνταυθοῖ καὶ συνίερος τοῦ Ἔρωτος, ἐν δὲ Δελφοῖς κατάχρυσος δ´ ἑστῶσα μετὰ τῶν βασιλέων καὶ βασιλειῶν, ποίᾳ προικὶ τῶν ἐραστῶν ἐκράτησεν; ἀλλ´ ὥσπερ ἐκεῖνοι δι´ ἀσθένειαν ἑαυτῶν καὶ μαλακίαν ἔλαθον ἑαυτοὺς γενόμενοι λεία γυναικῶν, οὕτω πάλιν ἄδοξοι καὶ πένητες ἕτεροι πλουσίαις γυναιξὶ καὶ λαμπραῖς συνελθόντες οὐ διεφθάρησαν οὐδ´ ὑφῆκάν τι τοῦ φρονήματος, ἀλλὰ τιμώμενοι καὶ κρατοῦντες μετ´ εὐνοίας συγκατεβίωσαν. δὲ συστέλλων τὴν γυναῖκα καὶ συνάγων εἰς μικρόν, ὥσπερ δακτύλιον ἰσχνὸς ὢν μὴ περιρρυῇ δεδιώς, ὅμοιός ἐστι τοῖς ἀποκείρουσι τὰς ἵππους εἶτα πρὸς ποταμὸν λίμνην ἄγουσι· καθορῶσαν γὰρ ἑκάστην τὴν εἰκόνα τῆς ὄψεως ἀκαλλῆ καὶ ἄμορφον ἀφιέναι τὰ φρυάγματα λέγεται καὶ προσδέχεσθαι τὰς τῶν ὄνων ἐπιβάσεις. πλοῦτον δὲ γυναικὸς αἱρεῖσθαι μὲν πρὸ ἀρετῆς γένους ἀφιλότιμον καὶ ἀνελεύθερον, ἀρετῇ δὲ καὶ γένει προσόντα φεύγειν ἀβέλτερον. μὲν γὰρ Ἀντίγονος ὠχυρωμένῳ τὴν Μουνιχίαν τῷ φρουροῦντι γράφων ἐκέλευε ποιεῖν μὴ μόνον τὸν κλοιὸν ἰσχυρὸν ἀλλὰ καὶ τὸν κύνα λεπτόν, ὅπως ὑφαιρῇ τὰς εὐπορίας τῶν Ἀθηναίων· ἀνδρὶ δὲ πλουσίας καλῆς οὐ προσήκει, μηδὲ τὴν γυναῖκα ποιεῖν ἄμορφον πενιχράν, ἀλλ´ ἑαυτὸν ἐγκρατείᾳ καὶ φρονήσει καὶ τῷ μηθὲν ἐκπεπλῆχθαι τῶν περὶ ἐκείνην ἴσον παρέχειν καὶ ἀδούλωτον, ὥσπερ ἐπὶ ζυγοῦ ῥοπὴν τῷ ἤθει προστιθέντα καὶ βάρος, ὑφ´ οὗ κρατεῖται καὶ ἄγεται δικαίως ἅμα καὶ συμφερόντως. Καὶ μὴν ἡλικία γε πρὸς γάμον καὶ ὥρα τὸ τίκτειν ἔχουσα καὶ τὸ γεννᾶν εὐάρμοστός ἐστιν· ἀκμάζειν δὲ τὴν γυναῖκα πυνθάνομαι·’ καὶ ἅμα τῷ Πεισίᾳ προσμειδιάσαςοὐδενὸς γάρἔφητῶν ἀντεραστῶν πρεσβυτέρα, οὐδ´ ἔχει πολιὰς ὥσπερ ἔνιοι τῶν Βάκχωνι προσαναχρωννυμένων. εἰ δ´ οὗτοι καθ´ ὥραν ὁμιλοῦσι, τί κωλύει κἀκείνην ἐπιμεληθῆναι τοῦ νεανίσκου βέλτιον ἡστινοσοῦν νέας; δύσμικτα γὰρ τὰ νέα καὶ δυσκέραστα καὶ μόλις ἐν χρόνῳ πολλῷ τὸ φρύαγμα καὶ τὴν ὕβριν ἀφίησιν, ἐν ἀρχῇ δὲ κυμαίνει καὶ ζυγομαχεῖ, καὶ μᾶλλον ἂν Ἔρως ἐγγένηται καὶ καθάπερ πνεῦμα κυβερνήτου μὴ παρόντος ἐτάραξε καὶ συνέχεε τὸν γάμον οὔτ´ ἄρχειν δυναμένων οὔτ´ ἄρχεσθαι βουλομένων. εἰ δ´ ἄρχει βρέφους μὲν τίτθη καὶ παιδὸς διδάσκαλος ἐφήβου δὲ γυμνασίαρχος ἐραστὴς δὲ μειρακίου γενομένου δ´ ἐν ἡλικίᾳ νόμος καὶ στρατηγὸς οὐδεὶς δ´ ἄναρκτος οὐδ´ αὐτοτελής, τί δεινὸν εἰ γυνὴ νοῦν ἔχουσα πρεσβυτέρα κυβερνήσει νέου βίον ἀνδρός, ὠφέλιμος μὲν οὖσα τῷ φρονεῖν μᾶλλον ἡδεῖα δὲ τῷ φιλεῖν καὶ προσηνής; τὸ δ´ ὅλονἔφηκαὶ τὸν Ἡρακλέα Βοιωτοὺς ὄντας ἔδει σέβεσθαι καὶ μὴ δυσχεραίνειν τῷ παρ´ ἡλικίαν τοῦ γάμου, γιγνώσκοντας ὅτι κἀκεῖνος τὴν ἑαυτοῦ γυναῖκα Μεγάραν Ἰολάῳ συνῴκισεν ἑκκαιδεκαέτει τότ´ ὄντι τρία καὶ τριάκοντ´ ἔτη γεγενημένην. [9] Quand Protogène eut fini : "Anthémion, dit mon père, voyez-vous comment nos contradicteurs nous ramènent encore à la première question et nous obligent à prendre de nouveau la parole ? Du reste nous n'y faisons aucune difficulté, et nous ne refusons pas de nous associer aux partisans de l'amour conjugal.» — "Sans doute, reprit Anthémion, et je vois bien le manége. Il vous faut défendre plus au long la cause de cet amour, et entreprendre aussi l'apologie des richesses, puisque c'est principalement à ce dernier propos que Pisias veut nous effrayer.» — "De quoi, dit alors mon père, ne fera-t-on pas un grief à une femme, si à cause de son amour et de ses richesses nous rejetons Isménodora! Elle a un grand train, elle est riche : qu'importe, du moment qu'elle est belle et jeune? Elle est d'une naissance illustre, et elle vit dans l'éclat : mais ces femmes vertueuses, que l'on cite, ne sont-elles pas souverainement désagréables par leur mine austère et refrognée? C'est un supplice de vivre avec elles. On les appelle des furies vengeresses, et elles sont toujours en colère contre leurs maris, à cause qu'elles restent sages. Ne vaudrait-il pas mieux, vraiment, prendre pour femme au marché une Abrotonum de Thrace ou une Bacchis de Milet, en célébrant les fiançailles par un acte d'achat et par des noix répandues'? Et encore, de telles créatures, nous le savons, ont tenu plus d'un homme sous une honteuse dépendance. Car des joueuses de flûte de Samos, des danseuses, une Aristonica, une OEnanthé avec son tambourin, une Agathoclée, foulèrent sous leurs pas les diadèmes de rois. L'Assyrienne Sémiramis était la servante et la concubine d'un esclave né dans le palais de Ninus. Ce grand prince la vit, en devint amoureux; et elle prit sur lui un empire qu'elle poussa jusqu'au dédain le plus ingrat. Elle le supplia de consentir à ce que durant un jour il lui fût permis de s'asseoir sur le trône royal, ceinte du diadème et réglant toutes les affaires. Ninus y consentit : il commanda qu'on obéît à Sémiramis, et qu'on exécutât les volontés exprimées par elle comme si c'étaient les siennes propres. Elle usa de modération dans ses premiers ordres, afin d'éprouver la docilité des gardes. Quand elle eut vu qu'ils n'opposaient aucune résistance et n'hésitaient pas une seule fois, elle leur commanda de s'emparer de Ninus, puis de l'enchaîner, et finalement de le mettre à mort. Cette volonté ayant reçu son exécution, Sémiramis régna sur l'Asie avec beaucoup d'éclat durant longues années. Et Bélesticha, grands dieux ! n'était-ce pas une misérable femme barbare, acquise au marché? Cependant elle a dans Alexandrie des temples et des autels, qu'un roi lui consacra par amour, sous le nom de Vénus Bélesticha. Citerai-je enfin cette courtisane qui partage ici le temple et le culte consacrés à l'Amour, et de laquelle une statue d'or s'élève dans la ville de Delphes au milieu des rois et des reines? Par quel douaire sut-elle asservir ses amants? "Mais, de même que ces princes que j'ai cités devinrent insensiblement par faiblesse et par indolence la proie de certaines créatures, de même d'autres hommes qui, au contraire, étaient pauvres et de condition obscure, ne se dégradèrent pas pour s'être unis à des femmes riches et puissantes; et ils vécurent avec elles en conservant et leur propre dignité et un empire qu'ils exerçaient avec bienveillance. Il est vrai qu'il y a un autre danger à comprimer sa femme et à la réduire à un cercle trop étroit, comme l'on fait pour un anneau que l'on craint de voir s'échapper d'un doigt trop maigre. Un mari ressemble alors à ces maquignons qui tondent leurs cavales et les conduisent ensuite à un fleuve ou à un étang. On dit, en effet, que lorsque chacune de ces bêtes aperçoit son image dans l'eau, et se voit ainsi enlaidie et défigurée, elle renonce à sa fierté et se laisse saillir par des ânes. Préférer dans une femme l'opulence à la noblesse de la race ou à la vertu, c'est montrer qu'on n'a aucun sentiment élevé et libéral ; mais fuir cette même opulence parce qu'elle se trouve unie à la vertu et à la noblesse, c'est faire preuve de sottise. Antigonus, écrivant au gouverneur de Munichium qu'il eût à fortifier cette place, lui recommandait nonseulement de faire le collier bien solide, mais de rendre aussi le chien le plus maigre possible : c'était dire à ce gouverneur qu'il eût à diminuer les ressources des Athéniens. Mais quand on a épousé une femme riche ou belle, il ne convient pas de lui infliger la laideur ou la pauvreté; c'est soi-même qu'il faut élever à son niveau à force de modération et de prudence, en ne se laissant pas influencer par le luxe qui règne autour d'elle. Loin de se rabaisser au rôle d'esclave, il faut faire pencher la balance de son propre côté, grâce à la noblesse du caractère. C'est ainsi qu'on domine sa femme, et qu'il est facile de la conduire d'une manière à la fois noble et profitable. L'âge respectif d'Isménodora et de Bacchon est de convenance parfaite pour ce mariage. Elle est aussi bien capable d'avoir des enfants que lui de devenir père : car je sais qu'elle jouit d'une santé florissante. «Oui, continua mon père, et il se tournait du côté de Pisias en souriant, elle est plus jeune que tous les amoureux de Bacchon, et elle n'a pas les cheveux blancs, comme quelques-uns de ceux qui teignent les leurs pour rester au nombre des adorateurs du jeune homme. Que si leur âge autorise ces assiduités, rien empêche-t-il qu'elle, aussi, lui prodigue ses soins? Or elle y réussira mieux que n'importe quelle jeune fille. Les amoureux d'âge trop tendre se concilient mal, s'accordent mal avec une épouse. Ce n'est qu'avec peine, et à la longue, qu'ils renoncent à leurs prétentions superbes et hautaines. Au commencement ce sont des orages, et il y a révolte contre le joug imposé. Tout est encore pis, lorsqu'il y a de l'amour au dehors. C'est comme un vent furieux déchaîné sur un navire sans pilote. L'amour porte le trouble et la confusion au sein du ménage, parce qu'aucun des époux n'est en état de commander et qu'aucun d'eux ne veut obéir. Or, si la nourrice fait ce qu'elle veut de son nourrisson, si le maître domine l'enfant confié à ses soins, le gymnasiarque, son élève, l'amoureux, son mignon; si la loi et le magistrat ont raison du citoyen; si personne ne se dérobe à une autorité quelconque et n'est son maître absolu; qu'y a-t-il de si scandaleux à ce qu'une femme de sens, lorsqu'elle est plus âgée que son mari, dirige la conduite de ce dernier? Elle lui est utile, parce qu'elle est plus prévoyante que lui, et en même temps elle le charme par sa tendresse et ses douces prévenances. Après tout, dit mon père en finissant, nous sommes Béotiens. A ce titre, il nous faut révérer Hercule, et ne pas condamner les unions où il y a disproportion d'âge. Car nous savons que ce dieu lui-même donna sa propre femme Mégara en mariage à Iolaüs quand Iolaüs n'avait que seize ans et qu'elle en avait trente-trois.»


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Dernière mise à jour : 8/06/2005