[10] Τοιούτων λόγων ὁ πατὴρ ἔφη παρόντων αὐτοῖς
ἐλθεῖν τῷ Πεισίᾳ ἑταῖρον ἐκ πόλεως ἵππῳ θέοντα, πρᾶγμα
θαυμαστὸν ἀπαγγέλλοντα τετολμημένον. ἡ γὰρ Ἰσμηνοδώρα,
ὡς ἔοικεν, αὐτὸν μὲν οὐκ ἀηδῶς ἔχειν οἰομένη τὸν
Βάκχωνα πρὸς τὸν γάμον, αἰσχύνεσθαι δὲ τοὺς ἀποτρέποντας,
ἔγνω μὴ προέσθαι τὸ μειράκιον. τῶν οὖν φίλων
τοὺς μάλιστα τοῖς βίοις νεαροὺς καὶ συνερῶντας αὐτῇ καὶ
τῶν γυναικῶν τὰς συνήθεις μεταπεμψαμένη καὶ συγκροτήσασα
παρεφύλαττε τὴν ὥραν, ἣν ὁ Βάκχων ἔθος εἶχεν
ἀπιὼν ἐκ παλαίστρας παρὰ τὴν οἰκίαν αὐτῆς παρεξιέναι
κοσμίως. ὡς οὖν τότε προσῄει μετὰ δυοῖν ἢ τριῶν ἑταίρων
ἀληλιμμένος, αὐτὴ μὲν ἐπὶ τὰς θύρας ἀπήντησεν ἡ Ἰσμηνοδώρα
καὶ τῆς χλαμύδος ἔθιγε μόνον, οἱ δὲ φίλοι καλὸν
καλῶς ἐν τῇ χλαμύδι καὶ τῇ διβολίᾳ συναρπάσαντες εἰς τὴν
οἰκίαν παρήνεγκαν ἀθρόοι καὶ τὰς θύρας εὐθὺς ἀπέκλεισαν·
ἅμα δ´ αἱ μὲν γυναῖκες ἔνδον αὐτοῦ τὸ χλαμύδιον
ἀφαρπάσασαι περιέβαλον ἱμάτιον νυμφικόν· οἰκέται δὲ
περὶ κύκλῳ δραμόντες ἀνέστεφον ἐλαίᾳ καὶ δάφνῃ τὰς
θύρας οὐ μόνον τὰς τῆς Ἰσμηνοδώρας ἀλλὰ καὶ τὰς τοῦ
Βάκχωνος· ἡ δ´ αὐλητρὶς αὐλοῦσα διεξῆλθε τὸν στενωπόν.
τῶν δὲ Θεσπιέων καὶ τῶν ξένων οἱ μὲν ἐγέλων, οἱ
δ´ ἠγανάκτουν καὶ τοὺς γυμνασιάρχους παρώξυνον·
ἄρχουσι γὰρ ἰσχυρῶς τῶν ἐφήβων καὶ προσέχουσι τὸν νοῦν
σφόδρα τοῖς ὑπ´ αὐτῶν πραττομένοις. ἦν δὲ λόγος οὐθεὶς
τῶν ἀγωνιζομένων, ἀλλ´ ἀφέντες τὸ θέατρον ἐπὶ τῶν
θυρῶν τῆς Ἰσμηνοδώρας ἐν λόγοις ἦσαν καὶ φιλονεικίαις
πρὸς ἀλλήλους.
| [10] Tels étaient, nous raconta mon père, les propos
échangés entre les différents interlocuteurs, lorsque survint
un des amis de Pisias. Il arrivait de la ville, à bride abattue,
apportant la nouvelle d'un acte accompli avec une merveilleuse
audace. Voici, à ce qu'il parait, ce qui s'était passé.
Isménodora, convaincue que Bacchon ne répugnait pas à la
pensée du mariage, mais qu'il n'osait braver ceux qui l'en
détournaient, se résolut à ne pas lâcher le jeune homme.
Choisissant parmi les amis qu'elle avait, elle fit venir ceux
qui étaient jeunes de caractère et qui la favorisaient dans ses
amours. Elle leur adjoignit les femmes avec lesquelles elle
était le plus liée, et ce fut l'organisation de tout un complot.
Elle épia l'heure où Bacchon, pour se rendre au gymnase,
avait l'habitude de passer régulièrement devant chez elle.
Au moment donc où il s'avançait en compagnie de deux ou
trois camarades et déjà tout frotté d'huile, elle se présenta
devant la porte, et le toucha seulement à sa chlamyde. Aussitôt
les amis d'Isménodora enveloppent gracieusement le
gracieux jeune homme dans sa chlamyde et son manteau,
l'emportent tous ensemble dans la maison, et en ferment incontinent
les portes. Bientôt les femmes réunies à l'intérieur
l'ont dépouillé de sa chlamyde pour lui mettre une robe de
fiancé. Les esclaves, qui circulent alternativement d'une
maison à l'autre, couronnent de branches d'olivier et de
branches de laurier non seulement la porte d'Isménodora,
mais encore celle de Bacchon, tandis que la joueuse de flûte
traverse la rue en jouant de son instrument. Quant aux
Thespiens et aux étrangers, les uns riaient, les autres s'indignaient
et cherchaient à exciter les gymnasiarques. On
sait que ceux-ci ont grande autorité sur les adolescents, et
qu'ils examinent de très près leur conduite. Mais il n'était
plus question d'exercices : on avait abandonné le théâtre
pour venir s'attrouper à la porte d'Isménodora, et là c'étaient
force conversations et force disputes.
|