[245] (245a) (Ξένος)
Ἀλλὰ μὴν τό γε μεμερισμένον πάθος μὲν τοῦ ἑνὸς ἔχειν ἐπὶ τοῖς μέρεσι
πᾶσιν οὐδὲν ἀποκωλύει, καὶ ταύτῃ δὴ πᾶν τε ὂν καὶ ὅλον ἓν εἶναι.
(Θεαίτητος)
Τί δ' οὔ;
(Ξένος)
Τὸ δὲ πεπονθὸς ταῦτα ἆρ' οὐκ ἀδύνατον αὐτό γε τὸ ἓν αὐτὸ εἶναι;
(Θεαίτητος)
Πῶς;
(Ξένος)
Ἀμερὲς δήπου δεῖ παντελῶς τό γε ἀληθῶς ἓν κατὰ τὸν ὀρθὸν λόγον
εἰρῆσθαι.
(Θεαίτητος)
Δεῖ γὰρ οὖν.
(245b) (Ξένος)
Τὸ δέ γε τοιοῦτον ἐκ πολλῶν μερῶν ὂν οὐ συμφωνήσει τῷ (ὅλῳ)
λόγῳ.
(Θεαίτητος)
Μανθάνω.
(Ξένος)
Πότερον δὴ πάθος ἔχον τὸ ὂν τοῦ ἑνὸς οὕτως ἕν τε ἔσται καὶ ὅλον, ἢ
παντάπασι μὴ λέγωμεν ὅλον εἶναι τὸ ὄν;
(Θεαίτητος)
Χαλεπὴν προβέβληκας αἵρεσιν.
(Ξένος)
Ἀληθέστατα μέντοι λέγεις. πεπονθός τε γὰρ τὸ ὂν ἓν εἶναί πως οὐ
ταὐτὸν ὂν τῷ ἑνὶ φανεῖται, καὶ πλέονα δὴ τὰ πάντα ἑνὸς ἔσται.
(Θεαίτητος)
Ναί.
(245c) (Ξένος)
Καὶ μὴν ἐάν γε τὸ ὂν ᾖ μὴ ὅλον διὰ τὸ πεπονθέναι τὸ ὑπ' ἐκείνου
πάθος, ᾖ δὲ αὐτὸ τὸ ὅλον, ἐνδεὲς τὸ ὂν ἑαυτοῦ συμβαίνει.
(Θεαίτητος)
Πάνυ γε.
(Ξένος)
Καὶ κατὰ τοῦτον δὴ τὸν λόγον ἑαυτοῦ στερόμενον οὐκ ὂν ἔσται τὸ ὄν.
(Θεαίτητος)
Οὕτως.
(Ξένος)
Καὶ ἑνός γε αὖ πλείω τὰ πάντα γίγνεται, τοῦ τε ὄντος καὶ τοῦ ὅλου
χωρὶς ἰδίαν ἑκατέρου φύσιν εἰληφότος.
(Θεαίτητος)
Ναί.
(Ξένος)
Μὴ ὄντος δέ γε τὸ παράπαν τοῦ ὅλου, ταὐτά τε (245d) ταῦτα ὑπάρχει
τῷ ὄντι, καὶ πρὸς τῷ μὴ εἶναι μηδ' ἂν γενέσθαι ποτὲ ὄν.
(Θεαίτητος)
Τί δή;
(Ξένος)
Τὸ γενόμενον ἀεὶ γέγονεν ὅλον· ὥστε οὔτε οὐσίαν οὔτε γένεσιν ὡς
οὖσαν δεῖ προσαγορεύειν (τὸ ἓν ἢ) τὸ ὅλον ἐν τοῖς οὖσι μὴ τιθέντα.
(Θεαίτητος)
Παντάπασιν ἔοικε ταῦθ' οὕτως ἔχειν.
(Ξένος)
Καὶ μὴν οὐδ' ὁποσονοῦν τι δεῖ τὸ μὴ ὅλον εἶναι· ποσόν τι γὰρ ὄν,
ὁπόσον ἂν ᾖ, τοσοῦτον ὅλον ἀναγκαῖον αὐτὸ εἶναι.
(Θεαίτητος)
Κομιδῇ γε.
(Ξένος)
Καὶ τοίνυν ἄλλα μυρία ἀπεράντους ἀπορίας ἕκαστον (245e) εἰληφὸς
φανεῖται τῷ τὸ ὂν εἴτε δύο τινὲ εἴτε ἓν μόνον εἶναι λέγοντι.
(Θεαίτητος)
Δηλοῖ σχεδὸν καὶ τὰ νῦν ὑποφαίνοντα· συνάπτεται γὰρ ἕτερον ἐξ
ἄλλου, μείζω καὶ χαλεπωτέραν φέρον περὶ τῶν ἔμπροσθεν ἀεὶ ῥηθέντων
πλάνην.
(Ξένος)
Τοὺς μὲν τοίνυν διακριβολογουμένους ὄντος τε πέρι καὶ μή, πάντας
μὲν οὐ διεληλύθαμεν, ὅμως δὲ ἱκανῶς ἐχέτω· τοὺς δὲ ἄλλως λέγοντας αὖ
θεατέον,
| [245] (245a) L'ÉTRANGER.
Cependant rien n'empêche qu*une chose divisée en parties ne
participe de l'unité dans toutes ses parties, et qu'ainsi un tout ne soit un.
THÉÉTÈTE.
Sans doute.
L'ÉTRANGER.
Mais n'est-îl pas impossible que cette chose qui participe de l'unité
soit l'unité elle-même?
THÉÉTÈTE.
Comment?
L'ÉTRANGER.
A parler à la rigueur, on ne doit reconnaître pour véritablement un
que ce qui est absolument sans parties.
THÉÉTÈTE.
Nécessairement.
(245b) L'ÉTRANGER.
Or, ce dont nous parlons, cet être à plusieurs parties, ne s'accorde
point avec cette définition.
THÉÉTÈTE.
Je comprends,
L'ÉTRANGER.
Mais l'être ne fait-il que participer à l'unité et n'est-il un que de l'unité
d'un tout, ou ne devons-nous pas refuser absolument d'admettre que
l'être soit un tout?
THÉÉTÈTE.
Tu me proposes là un choix difficile.
L'ÉTRANGER.
Tu as bien raison ; car dès que l'être ne fait que participer à l'unité, il
est clair qu'il est différent en quelque manière de l'unité et alors il y a
autre chose dans l'univers que l'unité.
THÉÉTÈTE.
Oui.
(245c) L'ÉTRANGER.
Et encore, si l'être n'est pas un tout par lui-même, puisqu'il ne
fait que participer à l'unité, et si le tout est quelque chose en soi, il en
résulte que l'être se manque à soi-même.
THÉÉTÈTE.
Sans contredit.
L'ÉTRANGER.
Et, par conséquent, se manquant à lui-même, l'être sera le non-être.
THÉÉTÈTE.
Tout-à-fait.
L'ÉTRANGER.
Et voilà encore une fois l'univers qui comprend plus d'une chose, si
l'être et le tout ont chacun leur nature à part.
THÉÉTÈTE.
Oui.
L'ÉTRANGER.
D'autre part, si le tout n'existe en aucune façon; ce que (245d) nous
venons de dire de l'être, subsiste, et de plus, outre qu'il n'est pas, il ne
peut pas avoir jamais été.
THÉÉTÈTE.
Pourquoi ?
L'ÉTRANGER.
Parce que ce qui arrive à l'existence y arrive toujours formant un tout;
en somme qu'on ne doit reconnaître ni existence ni génération, si l'on ne
met pas le tout au nombre des êtres.
THÉÉTÈTE.
Il semble bien, en effet, qu'il en doit être ainsi.
L'ÉTRANGER.
De plus, ce qui n'est pas un tout ne saurait avoir de quantité; car
quelle que soit la quantité d'une chose, elle est nécessairement un tout
pour autant qu'elle a de quantité.
THÉÉTÈTE.
Apparemment.
L'ÉTRANGER.
Celui qui dit que l'être est deux ou qu'il n'est qu'un, (245e) verrait
bientôt s'élever de même à chaque pas des milliers de difficultés
insurmontables.
THÉÉTÈTE.
Ce que nous venons seulement d'en entrevoir en est déjà la preuve.
D'une conséquence en naît toujours une autre qui nous entraîne dans de
plus grandes et de plus inextricables erreurs sur tout ce qui a précédé.
L'ÉTRANGER.
Nous n'avons pourtant pas examiné les opinions de tous ceux qui se
sont exercés sur l'être et le non-être. Néanmoins, nous pouvons nous en
tenir là. Mais à présent il faut nous adresser à ceux qui professent une
tout autre doctrine,
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