[49] XLIX - (100b) Ἀλλ᾽, ἦ δ᾽ ὅς, ὧδε λέγω, οὐδὲν καινόν, ἀλλ᾽ ἅπερ ἀεί τε ἄλλοτε
καὶ ἐν τῷ παρεληλυθότι λόγῳ οὐδὲν πέπαυμαι λέγων. Ἔρχομαι (γὰρ) δὴ
ἐπιχειρῶν σοι ἐπιδείξασθαι τῆς αἰτίας τὸ εἶδος ὃ πεπραγμάτευμαι, καὶ εἶμι
πάλιν ἐπ᾽ ἐκεῖνα τὰ πολυθρύλητα καὶ ἄρχομαι ἀπ᾽ ἐκείνων, ὑποθέμενος
εἶναί τι καλὸν αὐτὸ καθ᾽ αὑτὸ καὶ ἀγαθὸν καὶ μέγα καὶ τἆλλα πάντα· ἃ εἴ
μοι δίδως τε καὶ συγχωρεῖς εἶναι ταῦτα, ἐλπίζω σοι ἐκ τούτων τὴν αἰτίαν
ἐπιδείξειν καὶ ἀνευρήσειν ὡς ἀθάνατον (ἡ) ψυχή.
- (100c) Ἀλλὰ μήν, ἔφη ὁ Κέβης, ὡς διδόντος σοι οὐκ ἂν φθάνοις περαίνων.
- Σκόπει δή, ἔφη, τὰ ἑξῆς ἐκείνοις ἐάν σοι συνδοκῇ ὥσπερ ἐμοί. φαίνεται γάρ
μοι, εἴ τί ἐστιν ἄλλο καλὸν πλὴν αὐτὸ τὸ καλόν, οὐδὲ δι᾽ ἓν ἄλλο καλὸν εἶναι
ἢ διότι μετέχει ἐκείνου τοῦ καλοῦ· καὶ πάντα δὴ οὕτως λέγω. Τῇ τοιᾷδε αἰτίᾳ
συγχωρεῖς;
- Συγχωρῶ, ἔφη.
- Οὐ τοίνυν, ἦ δ᾽ ὅς, ἔτι μανθάνω οὐδὲ δύναμαι τὰς ἄλλας αἰτίας τὰς σοφὰς
ταύτας γιγνώσκειν· ἀλλ᾽ ἐάν τίς μοι λέγῃ (100d) δι᾽ ὅτι καλόν ἐστιν ὁτιοῦν, ἢ
χρῶμα εὐανθὲς ἔχον ἢ σχῆμα ἢ ἄλλο ὁτιοῦν τῶν τοιούτων, τὰ μὲν ἄλλα
χαίρειν ἐῶ, - ταράττομαι γὰρ ἐν τοῖς ἄλλοις πᾶσι - τοῦτο δὲ ἁπλῶς καὶ
ἀτέχνως καὶ ἴσως εὐήθως ἔχω παρ᾽ ἐμαυτῷ, ὅτι οὐκ ἄλλο τι ποιεῖ αὐτὸ
καλὸν ἢ ἡ ἐκείνου τοῦ καλοῦ εἴτε παρουσία εἴτε κοινωνία εἴτε ὅπῃ δὴ καὶ
ὅπως προσγενομένη· οὐ γὰρ ἔτι τοῦτο διισχυρίζομαι, ἀλλ᾽ ὅτι τῷ καλῷ
πάντα τὰ καλὰ (γίγνεται) καλά. Τοῦτο γάρ μοι δοκεῖ ἀσφαλέστατον εἶναι
καὶ ἐμαυτῷ ἀποκρίνασθαι καὶ ἄλλῳ, καὶ τούτου ἐχόμενος (100e) ἡγοῦμαι
οὐκ ἄν ποτε πεσεῖν, ἀλλ᾽ ἀσφαλὲς εἶναι καὶ ἐμοὶ καὶ ὁτῳοῦν ἄλλῳ
ἀποκρίνασθαι ὅτι τῷ καλῷ τὰ καλὰ (γίγνεται) καλά· ἢ οὐ καὶ σοὶ δοκεῖ;
- Δοκεῖ.
- Καὶ μεγέθει ἄρα τὰ μεγάλα μεγάλα καὶ τὰ μείζω μείζω, καὶ σμικρότητι τὰ
ἐλάττω ἐλάττω;
- Ναί.
- Οὐδὲ σὺ ἄρ᾽ ἂν ἀποδέχοιο εἴ τίς τινα φαίη ἕτερον ἑτέρου τῇ κεφαλῇ μείζω
εἶναι, καὶ τὸν ἐλάττω τῷ αὐτῷ τούτῳ (101a) ἐλάττω, ἀλλὰ διαμαρτύροιο ἂν
ὅτι σὺ μὲν οὐδὲν ἄλλο λέγεις ἢ ὅτι τὸ μεῖζον πᾶν ἕτερον ἑτέρου οὐδενὶ ἄλλῳ
μεῖζόν ἐστιν ἢ μεγέθει, καὶ διὰ τοῦτο μεῖζον, διὰ τὸ μέγεθος, τὸ δὲ ἔλαττον
οὐδενὶ ἄλλῳ ἔλαττον ἢ σμικρότητι, καὶ διὰ τοῦτο ἔλαττον, διὰ τὴν
σμικρότητα, φοβούμενος οἶμαι μή τίς σοι ἐναντίος λόγος ἀπαντήσῃ, ἐὰν τῇ
κεφαλῇ μείζονά τινα φῇς εἶναι καὶ ἐλάττω, πρῶτον μὲν τῷ αὐτῷ τὸ μεῖζον
μεῖζον εἶναι καὶ τὸ ἔλαττον ἔλαττον, ἔπειτα τῇ κεφαλῇ σμικρᾷ οὔσῃ τὸν
(101b) μείζω μείζω εἶναι, καὶ τοῦτο δὴ τέρας εἶναι, τὸ σμικρῷ τινι μέγαν τινὰ
εἶναι· ἢ οὐκ ἂν φοβοῖο ταῦτα;
- Καὶ ὁ Κέβης γελάσας, ἔγωγε, ἔφη.
- Οὐκοῦν, ἦ δ᾽ ὅς, τὰ δέκα τῶν ὀκτὼ δυοῖν πλείω εἶναι, καὶ διὰ ταύτην τὴν
αἰτίαν ὑπερβάλλειν, φοβοῖο ἂν λέγειν, ἀλλὰ μὴ πλήθει καὶ διὰ τὸ πλῆθος;
Καὶ τὸ δίπηχυ τοῦ πηχυαίου ἡμίσει μεῖζον εἶναι ἀλλ᾽ οὐ μεγέθει; Ὁ αὐτὸς
γάρ που φόβος.
- Πάνυ γ᾽, ἔφη.
- Τί δέ; Ἑνὶ ἑνὸς προστεθέντος τὴν πρόσθεσιν αἰτίαν εἶναι (101c) τοῦ δύο
γενέσθαι ἢ διασχισθέντος τὴν σχίσιν οὐκ εὐλαβοῖο ἂν λέγειν; Καὶ μέγα ἂν
βοῴης ὅτι οὐκ οἶσθα ἄλλως πως ἕκαστον γιγνόμενον ἢ μετασχὸν τῆς ἰδίας
οὐσίας ἑκάστου οὗ ἂν μετάσχῃ, καὶ ἐν τούτοις οὐκ ἔχεις ἄλλην τινὰ αἰτίαν
τοῦ δύο γενέσθαι ἀλλ᾽ ἢ τὴν τῆς δυάδος μετάσχεσιν, καὶ δεῖν τούτου
μετασχεῖν τὰ μέλλοντα δύο ἔσεσθαι, καὶ μονάδος ὃ ἂν μέλλῃ ἓν ἔσεσθαι, τὰς
δὲ σχίσεις ταύτας καὶ προσθέσεις καὶ τὰς ἄλλας τὰς τοιαύτας κομψείας
ἐῴης ἂν χαίρειν, παρεὶς ἀποκρίνασθαι τοῖς σεαυτοῦ σοφωτέροις· σὺ δὲ
δεδιὼς ἄν, τὸ (101d) λεγόμενον, τὴν σαυτοῦ σκιὰν καὶ τὴν ἀπειρίαν, ἐχόμενος
ἐκείνου τοῦ ἀσφαλοῦς τῆς ὑποθέσεως, οὕτως ἀποκρίναιο ἄν. Εἰ δέ τις αὐτῆς
τῆς ὑποθέσεως ἔχοιτο, χαίρειν ἐῴης ἂν καὶ οὐκ ἀποκρίναιο ἕως ἂν τὰ ἀπ᾽
ἐκείνης ὁρμηθέντα σκέψαιο εἴ σοι ἀλλήλοις συμφωνεῖ ἢ διαφωνεῖ· ἐπειδὴ δὲ
ἐκείνης αὐτῆς δέοι σε διδόναι λόγον, ὡσαύτως ἂν διδοίης, ἄλλην αὖ
ὑπόθεσιν ὑποθέμενος ἥτις τῶν ἄνωθεν βελτίστη φαίνοιτο, (101e) ἕως ἐπί τι
ἱκανὸν ἔλθοις, ἅμα δὲ οὐκ ἂν φύροιο ὥσπερ οἱ ἀντιλογικοὶ περί τε τῆς ἀρχῆς
διαλεγόμενος καὶ τῶν ἐξ ἐκείνης ὡρμημένων, εἴπερ βούλοιό τι τῶν ὄντων
εὑρεῖν; Ἐκείνοις μὲν γὰρ ἴσως οὐδὲ εἷς περὶ τούτου λόγος οὐδὲ φροντίς·
ἱκανοὶ γὰρ ὑπὸ σοφίας ὁμοῦ πάντα κυκῶντες ὅμως δύνασθαι αὐτοὶ αὑτοῖς
ἀρέσκειν· σὺ δ᾽, εἴπερ εἶ τῶν φιλοσόφων, (102a) οἶμαι ἂν ὡς ἐγὼ λέγω ποιοῖς.
- Ἀληθέστατα, ἔφη, λέγεις, ὅ τε Σιμμίας ἅμα καὶ ὁ Κέβης.
(Ἐχεκράτης)
Νὴ Δία, ὦ (Φαίδων), εἰκότως γε· θαυμαστῶς γάρ μοι δοκεῖ ὡς ἐναργῶς τῷ καὶ
σμικρὸν νοῦν ἔχοντι εἰπεῖν ἐκεῖνος ταῦτα.
(Φαίδων)
Πάνυ μὲν οὖν, ὦ Ἐχέκρατες, καὶ πᾶσι τοῖς παροῦσιν ἔδοξεν.
(Ἐχεκράτης)
Καὶ γὰρ ἡμῖν τοῖς ἀποῦσι, νῦν δὲ ἀκούουσιν. Ἀλλὰ τίνα δὴ ἦν τὰ μετὰ τ | [49] XLIX. — Pourtant, reprit Socrate, il n’y a dans ce que je dis rien de neuf : c’est ce que
je n’ai jamais cessé de dire, et en d’autres occasions et tantôt, dans notre entretien. Je
vais essayer de te montrer la nature de la cause que j’ai étudiée, en revenant à ces idées
que j’ai tant rebattues. Je partirai de là, admettant qu’il y a quelque chose de beau, de
bon, de grand en soi et ainsi du reste. Si tu m’accordes cela et si tu conviens que ces
choses en soi existent, j’espère alors que je trouverai et te ferai voir la cause qui fait que
l’âme est immortelle.
— Sois sûr que je te l’accorde, dit Cébès, et achève vite ta démonstration.
— Examine à présent ce qui s’ensuit, dit Socrate, pour voir si tu partages mon opinion.
Il me paraît que, s’il existe quelque chose de beau en dehors du beau en soi, cette chose
n’est belle que parce qu’elle participe de ce beau en soi, et je dis qu’il en est de même de
toutes choses. M’accordes-tu ce genre de cause ?
— Je te l’accorde, dit-il.
— Maintenant, continua Socrate, je ne conçois plus et je ne puis m’expliquer les autres
causes, ces savantes causes qu’on nous donne. Mais si l’on vient me dire que ce qui fait
qu’une chose est belle, c’est ou sa brillante couleur, ou sa forme ou quelque autre chose
de ce genre, je laisse là toutes ces raisons, qui ne font toutes que me troubler, et je m’en
tiens simplement, bonnement et peut-être naïvement à ceci, que rien ne la rend belle que
la présence ou la communication de cette beauté en soi ou toute autre voie ou moyen par
lequel cette beauté s’y ajoute ; car sur cette communication je n’affirme plus rien de
positif, je dis seulement que c’est par le beau que toutes les belles choses deviennent
belles. C’est là, je crois, la réponse la plus sûre que je puisse faire à moi-même et aux
autres. En me tenant à ce principe, je suis persuadé que je ne ferai jamais de faux pas et
que je puis, en toute sûreté, et tout autre comme moi, répondre que c’est par la beauté
que les belles choses sont belles. Ne le crois-tu pas aussi ?
— Je le crois.
— Et que de même c’est par la grandeur que les choses grandes sont grandes et que les
plus grandes sont plus grandes, et par la petitesse que les plus petites sont plus petites ?
— Oui.
— Tu n’approuverais donc pas non plus celui qui dirait qu’un homme est plus grand
qu’un autre de la tête et que le plus petit est plus petit d’autant ; mais tu protesterais
que toi, tu te bornes à dire ceci, c’est que tout objet plus grand qu’un autre ne l’est par
rien d’autre que la grandeur et que c’est cela, la grandeur, qui le rend plus grand, et que
le plus petit n’est plus petit par rien d’autre que la petitesse et que c’est pour cela, la
petitesse, qu’il est plus petit. Car tu appréhenderais, je pense, qu’en disant qu’un
homme est plus grand ou plus petit de la tête, tu ne tombes sur un contradicteur qui
t’objecterait d’abord que c’est par la même chose que le plus grand est plus grand et le
plus petit plus petit et ensuite que c’est par la tête, qui est petite, que le plus grand est
plus grand, et que c’est un prodige qu’un homme soit grand par quelque chose de petit.
Ne craindrais-tu pas ces objections ?
— Si, dit Cébès en riant.
— Tu craindrais donc, reprit Socrate, de dire que dix est plus grand de deux que huit et
que c’est par cette raison qu’il le dépasse, et non par la quantité et à cause de la quantité;
ou bien encore qu’un objet de deux coudées est plus grand par la moitié qu’un objet
d’une coudée, et non par la grandeur ? Car il y a en cela le même sujet de craindre.
— Sans doute, dit-il.
— Et si à un on ajoutait un, ne te garderais-tu pas de dire que c’est l’addition qui est
cause qu’il est devenu deux ou que, si l’on a coupé un en deux, c’est la division ?
Et ne protesterais-tu pas tout haut que tu es sûr qu’une chose ne peut naître que d’une
participation à l’essence propre de la chose dont elle participe, et qu’en ces deux cas, tu
ne vois pas d’autre cause de la naissance du deux que sa participation à la dualité, que
c’est à cette dualité que doit participer tout ce qui doit être deux, et à l’unité ce qui doit
être un. Mais ces divisions, ces additions et autres subtilités du même genre, tu t’en
désintéresserais et laisserais le soin de répondre à de plus savants ton que toi.
Pour toi, tu aurais, comme on dit, peur de ton ombre et de ton inexpérience ; tu t’en
tiendrais au solide principe que nous avons établi, et tu répondrais comme j’ai dit. Si
quelqu’un attaquait le principe lui-même, tu ne t’en inquiéterais pas et tu ne lui
répondrais pas avant d’avoir examiné les conséquences qui découlent du principe et vu
si elles s’accordent ou ne s’accordent pas entre elles. Et si tu étais obligé de rendre
raison un principe lui-même, tu le ferais de même, en posant autre principe plus général,
celui qui paraîtrait le meilleur, et ainsi de suite jusqu’à ce que en eusses atteint un qui
fût satisfaisant. Mais tu ne t’embrouillerais pas comme les controversistes, en parlant à
la fois du principe et des conséquences qui en découlent, si tu voulais découvrir quelque
réalité ; car il n’est peut-être pas un d’eux qui parle ou s’inquiète de la réalité ; ils
brouillent tout, et cependant, grâce à leur science, ils n’en réussissent pas moins à se
plaire à eux-mêmes. Mais toi, si tu es philosophe, je pense que tu feras comme je dis.
— Rien de plus vrai que ce que tu avances, dirent en même temps Simmias et Cébès.
ÉCHÉCRATE
Par Zeus, Phédon, c’est bien ce qu’ils devaient répondre ; car Socrate me semble avoir
fait un exposé qui est merveilleusement clair, même pour un homme de peu d’esprit.
PHÉDON
Cela est certain, Échécrate, et tous ceux qui étaient là furent de cet avis.
ÉCHÉCRATE
C’est aussi le nôtre, à nous qui n’étions pas là, mais qui t’écoutons à cette heure. Mais
qu’est-ce qui fut dit après cela ?
|