HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Sur la couronne

Paragraphes 210-219

  Paragraphes 210-219

[210] Ἐπεὶ οὐδ' ὑμᾶς, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἀπὸ τῆς αὐτῆς διανοίας δεῖ τάς τ' ἰδίας δίκας καὶ τὰς δημοσίας κρίνειν, ἀλλὰ τὰ μὲν τοῦ καθ' ἡμέραν βίου συμβόλαια ἐπὶ τῶν ἰδίων νόμων καὶ ἔργων σκοποῦντας, τὰς δὲ κοινὰς προαιρέσεις εἰς τὰ τῶν προγόνων ἀξιώματ' ἀποβλέποντας. καὶ παραλαμβάνειν γ' ἅμα τῇ βακτηρίᾳ καὶ τῷ συμβόλῳ τὸ φρόνημα τὸ τῆς πόλεως νομίζειν ἕκαστον ὑμῶν δεῖ, ὅταν τὰ δημόσι' εἰσίητε κρινοῦντες, εἴπερ ἄξι' ἐκείνων πράττειν οἴεσθε χρῆναι. (211) ἀλλὰ γὰρ ἐμπεσὼν εἰς τὰ πεπραγμένα τοῖς προγόνοις ὑμῶν ἔστιν τῶν ψηφισμάτων παρέβην καὶ τῶν πραχθέντων. ἐπανελθεῖν οὖν ὁπόθεν ἐνταῦθ' ἐξέβην βούλομαι. ὡς γὰρ ἀφικόμεθ' εἰς τὰς Θήβας, κατελαμβάνομεν Φιλίππου καὶ Θετταλῶν καὶ τῶν ἄλλων συμμάχων παρόντας πρέσβεις, καὶ τοὺς μὲν ἡμετέρους φίλους ἐν φόβῳ, τοὺς δ' ἐκείνου θρασεῖς. ὅτι δ' οὐ νῦν ταῦτα λέγω τοῦ συμφέροντος εἵνεκ' ἐμαυτῷ, λέγε μοι τὴν ἐπιστολὴν ἣν τότ' ἐπέμψαμεν εὐθὺς οἱ πρέσβεις. (212) καίτοι τοσαύτῃ γ' ὑπερβολῇ συκοφαντίας οὗτος κέχρηται ὥστε, εἰ μέν τι τῶν δεόντων ἐπράχθη, τὸν καιρόν, οὐκ ἐμέ φησιν αἴτιον γεγενῆσθαι, τῶν δ' ὡς ἑτέρως συμβάντων ἁπάντων ἐμὲ καὶ τὴν ἐμὴν τύχην αἰτίαν εἶναι: καί, ὡς ἔοικεν, σύμβουλος καὶ ῥήτωρ ἐγὼ τῶν μὲν ἐκ λόγου καὶ τοῦ βουλεύσασθαι πραχθέντων οὐδὲν αὐτῷ συναίτιος εἶναι δοκῶ, τῶν δ' ἐν τοῖς ὅπλοις καὶ κατὰ τὴν στρατηγίαν ἀτυχηθέντων μόνος αἴτιος εἶναι. πῶς ἂν ὠμότερος συκοφάντης γένοιτ' καταρατότερος; λέγε τὴν ἐπιστολήν.Ἐπιστολή (213) ἐπειδὴ τοίνυν ἐποιήσαντο τὴν ἐκκλησίαν, προσῆγον ἐκείνους προτέρους διὰ τὸ τὴν τῶν συμμάχων τάξιν ἐκείνους ἔχειν. καὶ παρελθόντες ἐδημηγόρουν πολλὰ μὲν Φίλιππον ἐγκωμιάζοντες, πολλὰ δ' ὑμῶν κατηγοροῦντες, πάνθ' ὅσα πώποτ' ἐναντί' ἐπράξατε Θηβαίοις ἀναμιμνῄσκοντες. τὸ δ' οὖν κεφάλαιον, ἠξίουν ὧν μὲν εὖ 'πεπόνθεσαν ὑπὸ Φιλίππου χάριν αὐτοὺς ἀποδοῦναι, ὧν δ' ὑφ' ὑμῶν ἠδίκηντο δίκην λαβεῖν, ὁποτέρως βούλονται, διέντας αὐτοὺς ἐφ' ὑμᾶς συνεμβαλόντας εἰς τὴν Ἀττικήν: καὶ ἐδείκνυσαν, ὡς ᾤοντο, ἐκ μὲν ὧν αὐτοὶ συνεβούλευον τἀκ τῆς Ἀττικῆς βοσκήματα καὶ ἀνδράποδα καὶ τἄλλ' ἀγάθ' εἰς τὴν Βοιωτίαν ἥξοντα, ἐκ δ' ὧν ἡμᾶς ἐρεῖν ἔφασαν τἀν τῇ Βοιωτίᾳ διαρπασθησόμεν' ὑπὸ τοῦ πολέμου. καὶ ἄλλα πολλὰ πρὸς τούτοις, εἰς ταὐτὰ δὲ πάντα συντείνοντ' ἔλεγον. (214) δ' ἡμεῖς πρὸς ταῦτα, τὰ μὲν καθ' ἕκαστ' ἐγὼ μὲν ἀντὶ παντὸς ἂν τιμησαίμην εἰπεῖν τοῦ βίου, ὑμᾶς δὲ δέδοικα, μὴ παρεληλυθότων τῶν καιρῶν, ὥσπερ ἂν εἰ καὶ κατακλυσμὸν γεγενῆσθαι τῶν πραγμάτων ἡγούμενοι, μάταιον ὄχλον τοὺς περὶ τούτων λόγους νομίσητε: τι δ' οὖν ἐπείσαμεν ἡμεῖς καὶ ἡμῖν ἀπεκρίναντο, ἀκούσατε. Λέγε ταυτὶ λαβών. Ἀπόκρισις Θηβαίων. (215) μετὰ ταῦτα τοίνυν ἐκάλουν ὑμᾶς καὶ μετεπέμποντο. ἐξῇτε, ἐβοηθεῖτε, ἵνα τἀν μέσῳ παραλείπω, οὕτως οἰκείως ὑμᾶς ἐδέχοντο ὥστ' ἔξω τῶν ὁπλιτῶν καὶ τῶν ἱππέων ὄντων εἰς τὰς οἰκίας καὶ τὸ ἄστυ δέχεσθαι τὴν στρατιὰν ἐπὶ παῖδας καὶ γυναῖκας καὶ τὰ τιμιώτατα. καίτοι τρί' ἐν ἐκείνῃ τῇ ἡμέρᾳ πᾶσιν ἀνθρώποις ἔδειξαν ἐγκώμια Θηβαῖοι καθ' ὑμῶν τὰ κάλλιστα, ἓν μὲν ἀνδρείας, ἕτερον δὲ δικαιοσύνης, τρίτον δὲ σωφροσύνης. καὶ γὰρ τὸν ἀγῶνα μεθ' ὑμῶν μᾶλλον πρὸς ὑμᾶς ἑλόμενοι ποιήσασθαι καὶ ἀμείνους εἶναι καὶ δικαιότερ' ἀξιοῦν ὑμᾶς ἔκριναν Φιλίππου: καὶ τὰ παρ' αὐτοῖς καὶ παρὰ πᾶσι δ' ἐν πλείστῃ φυλακῇ, παῖδας καὶ γυναῖκας, ἐφ' ὑμῖν ποιήσαντες σωφροσύνης πίστιν περὶ ὑμῶν ἔχοντες ἔδειξαν. (216) ἐν οἷς πᾶσιν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, κατά γ' ὑμᾶς ὀρθῶς ἐφάνησαν ἐγνωκότες. οὔτε γὰρ εἰς τὴν πόλιν εἰσελθόντος τοῦ στρατοπέδου οὐδεὶς οὐδὲν οὐδ' ἀδίκως ὑμῖν ἐνεκάλεσεν: οὕτω σώφρονας παρέσχεθ' ὑμᾶς αὐτούς: δίς τε συμπαραταξάμενοι τὰς πρώτας μάχας, τήν τ' ἐπὶ τοῦ ποταμοῦ καὶ τὴν χειμερινήν, οὐκ ἀμέμπτους μόνον ὑμᾶς αὐτοὺς ἀλλὰ καὶ θαυμαστοὺς ἐδείξατε τῷ κόσμῳ, ταῖς παρασκευαῖς, τῇ προθυμίᾳ. ἐφ' οἷς παρὰ μὲν τῶν ἄλλων ὑμῖν ἐγίγνοντ' ἔπαινοι, παρὰ δ' ὑμῶν θυσίαι καὶ πομπαὶ τοῖς θεοῖς. (217) καὶ ἔγωγ' ἡδέως ἂν ἐροίμην Αἰσχίνην, ὅτε ταῦτ' ἐπράττετο καὶ ζήλου καὶ χαρᾶς καὶ ἐπαίνων πόλις ἦν μεστή, πότερον συνέθυε καὶ συνευφραίνετο τοῖς πολλοῖς, λυπούμενος καὶ στένων καὶ δυσμεναίνων τοῖς κοινοῖς ἀγαθοῖς οἴκοι καθῆτο. εἰ μὲν γὰρ παρῆν καὶ μετὰ τῶν ἄλλων ἐξητάζετο, πῶς οὐ δεινὰ ποιεῖ, μᾶλλον δ' οὐδ' ὅσια, εἰ ὧν ὡς ἀρίστων αὐτὸς τοὺς θεοὺς ἐποιήσατο μάρτυρας, ταῦθ' ὡς οὐκ ἄριστα νῦν ὑμᾶς ἀξιοῖ ψηφίσασθαι τοὺς ὀμωμοκότας τοὺς θεούς; εἰ δὲ μὴ παρῆν, πῶς οὐκ ἀπολωλέναι πολλάκις ἐστὶ δίκαιος, εἰ ἐφ' οἷς ἔχαιρον οἱ ἄλλοι, ταῦτ' ἐλυπεῖθ' ὁρῶν; Λέγε δὴ καὶ ταῦτα τὰ ψηφίσματά μοι. Ψηφίσματα Θυσίων. (218) οὐκοῦν ἡμεῖς μὲν ἐν θυσίαις ἦμεν τότε, Θηβαῖοι δ' ἐν τῷ δι' ἡμᾶς σεσῶσθαι νομίζειν, καὶ περιειστήκει τοῖς βοηθείας δεήσεσθαι δοκοῦσιν ἀφ' ὧν ἔπραττον οὗτοι, αὐτοὺς βοηθεῖν ἑτέ [210] Athéniens, vous ne devez pas juger dans le même esprit les causes privées et les causes publiques. Les affaires que chaque jour amène se décident d'après les lois et les faits; mais, dans les grands intérêts de l'État, ayez devant les yeux la grandeur de vos ancêtres. En entrant au tribunal pour un procès politique, chacun de vous doit songer qu'avec les insignes de la magistrature il vient de revêtir le génie d'Athènes, s'il veut ne rien faire qui ne soit digne de nos pères. Cette digression sur les exploits de vos devanciers m'a fait omettre quelques faits et quelques décrets. Je reprends mon récit. Arrivés à Thèbes, nous y trouvâmes les députés de Philippe, des Thessaliens, et des autres alliés. Nos amis étaient consternés, ceux du Macédonien pleins d'assurance. Et ce n'est pas mon intérêt qui me fait parler ainsi : qu'on lise la lettre que nous écrivîmes aussitôt de Thèbes. Mais ici cet homme a reculé les bornes de la calomnie : le succès, il l'attribue aux circonstances, jamais à moi; le revers, c'est à moi, à ma fortune, qu'il l'impute! Ainsi, moi, homme de conseil et de parole, je ne suis pour rien dans ce qui s'est fait par la parole et le conseil ! et l'unique cause des malheurs de la guerre, c'est moi! Fut-il jamais délateur plus atroce, plus exécrable? — Lis la lettre. Lettre. (Cette pièce et les suivantes manquent.) Les Thébains s'assemblent; les députés macédoniens sont introduits avant nous, à titre d'alliés. Ils montent à la tribune, louent beaucoup Philippe, se plaignent beaucoup de vous, rappellent tout ce que vous aviez jamais fait d'hostile contre Thèbes. Leur conclusion est que, pour reconnaître les services du prince, pour se venger de vos injures, les Thébains doivent, à leur choix, ou lui livrer passage, ou fondre avec lui sur notre contrée. Déférez à nos conseils, ajoutent-ils, et les troupeaux, les esclaves, les richesses de l'Attique vont passer en Béotie; mais, si vous écoutez les Athéniens, voyez la Béotie dévastée par la guerre, et bien d'autres paroles tendant au même but. Je voudrais, pour tout au monde, vous rapporter en détail notre réponse. Mais ils ne sont plus, ces jours mauvais qui rappellent à notre esprit les calamités dont la Grèce fut inondée, et je crains de vous fatiguer d'un récit inutile. Écoutez seulement ce que nous persuadâmes aux Thébains, et ce qu'ils répondirent. — Prends et lis. Réponse des Thébains. Bientôt après ils vous appellent, ils vous pressent; vous partez, vous les secourez. J'omets les faits intermédiaires. L'accueil fut si fraternel, que, laissant leurs hoplites et leur cavalerie hors des murs, ils reçurent votre armée dans leur ville, dans leurs maisons, au milieu de leurs enfants, de leurs femmes, de tout ce qu'ils ont de plus cher. Ainsi, dans ce jour mémorable, les Thébains publièrent, de la manière la plus éclatante, le triple éloge de votre valeur, de votre équité, de votre tempérance. En effet, aimer mieux combattre avec vous que contre vous, c'était vous reconnaître plus braves, plus justes que Philippe; et vous confier ce qui, chez eux comme chez tous les peuples, est gardé avec le plus de soin, leurs épouses, leurs familles, c'était déclarer qu'ils avaient foi en votre retenue. Sur tous ces points, Athéniens, leur opinion à votre égard fut hautement justifiée : durant le séjour de l'armée dans Thèbes, pas une plainte, même injuste, ne fut portée contre vous, tant vous montrâtes de modération ! Dans les deux premiers combats, l'un près du fleuve, l'autre en hiver, vous parûtes, je ne dis pas irrépréhensibles, mais admirables, par la discipline, le bon ordre, l'ardeur du courage. Aussi, chez tous les peuples, ce n'étaient que louanges des Athéniens ; chez nous, sacrifices, fêtes en l'honneur des Dieux ! Je ferais ici volontiers une question à Eschine. Au milieu de ces réjouissances, de ces transports d'allégresse, de ces félicitations dont notre ville retentissait, prenait-il part à la joie, aux prières publiques? ou bien, triste, gémissant, malheureux du bonheur de tous, se cachait-il dans sa maison? S'il était présent, si on l'a vu parmi ses concitoyens, peut-il sans crime, sans impiété, vouloir que cette alliance qu'il a lui-même approuvée, célébrée à la face des Dieux, vous la condamniez aujourd'hui, vous qui, par ces mêmes Dieux, avez juré d'être justes? S'il fuyait nos temples, ne mérite-t-il pas mille morts, celui qu'affligeait la joie universelle? — Lis les décrets. Décrets concernant les sacrifices. Athènes était donc alors occupée de sacrifices, et Thèbes nous regardait comme ses sauveurs. Un peuple que la politique des méchants semblait avoir réduit à mendier des secours en donna aux autres, grâce à mes conseils. Mais quels cris jeta Philippe? quelles furent ses alarmes? vous l'apprendrez par les lettres qu'il envoya dans le Péloponnèse. On va les lire, afin que vous jugiez ce qu'ont produit ma persévérance, mes courses, mes fatigues, et ces nombreux décrets qu'Eschine a souillés de ses morsures. Athéniens, vous avez eu avant moi beaucoup d'illustres orateurs : un Callistrate, un Aristophon, un Céphale, un Thrasybule, mille autres; mais aucun ne se voua jamais à toutes les parties d'une affaire. L'auteur du décret ne se serait point chargé de l'ambassade; l'ambassadeur, du décret; chacun se ménageait du repos, et, en cas de revers, une excuse.


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Dernière mise à jour : 18/11/2005