HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Iliade, chant II

Vers 200-299

  Vers 200-299

[2,200] δαιμόνιἀτρέμας ἧσο καὶ ἄλλων μῦθον ἄκουε,
οἳ σέο φέρτεροί εἰσι, σὺ δἀπτόλεμος καὶ ἄναλκις
οὔτέ ποτἐν πολέμῳ ἐναρίθμιος οὔτἐνὶ βουλῇ·
οὐ μέν πως πάντες βασιλεύσομεν ἐνθάδἈχαιοί·
οὐκ ἀγαθὸν πολυκοιρανίη· εἷς κοίρανος ἔστω,
εἷς βασιλεύς, δῶκε Κρόνου πάϊς ἀγκυλομήτεω
σκῆπτρόν τἠδὲ θέμιστας, ἵνά σφισι βουλεύῃσι.
Ὣς γε κοιρανέων δίεπε στρατόν· οἳ δἀγορὴν δὲ
αὖτις ἐπεσσεύοντο νεῶν ἄπο καὶ κλισιάων
ἠχῇ, ὡς ὅτε κῦμα πολυφλοίσβοιο θαλάσσης
210 αἰγιαλῷ μεγάλῳ βρέμεται, σμαραγεῖ δέ τε πόντος.
Ἄλλοι μέν ἕζοντο, ἐρήτυθεν δὲ καθἕδρας·
Θερσίτης δἔτι μοῦνος ἀμετροεπὴς ἐκολῴα,
ὃς ἔπεα φρεσὶν ᾗσιν ἄκοσμά τε πολλά τε ᾔδη
μάψ, ἀτὰρ οὐ κατὰ κόσμον, ἐριζέμεναι βασιλεῦσιν,
ἀλλ τι οἱ εἴσαιτο γελοίϊον Ἀργείοισιν
ἔμμεναι· αἴσχιστος δὲ ἀνὴρ ὑπὸ Ἴλιον ἦλθε·
φολκὸς ἔην, χωλὸς δἕτερον πόδα· τὼ δέ οἱ ὤμω
κυρτὼ ἐπὶ στῆθος συνοχωκότε· αὐτὰρ ὕπερθε
φοξὸς ἔην κεφαλήν, ψεδνὴ δἐπενήνοθε λάχνη.
220 Ἔχθιστος δἈχιλῆϊ μάλιστἦν ἠδὈδυσῆϊ·
τὼ γὰρ νεικείεσκε· τόταὖτἈγαμέμνονι δίῳ
ὀξέα κεκλήγων λέγὀνείδεα· τῷ δἄρἈχαιοὶ
ἐκπάγλως κοτέοντο νεμέσσηθέν τἐνὶ θυμῷ.
Αὐτὰρ μακρὰ βοῶν Ἀγαμέμνονα νείκεε μύθῳ·
Ἀτρεΐδη τέο δαὖτἐπιμέμφεαι ἠδὲ χατίζεις;
πλεῖαί τοι χαλκοῦ κλισίαι, πολλαὶ δὲ γυναῖκες
εἰσὶν ἐνὶ κλισίῃς ἐξαίρετοι, ἅς τοι Ἀχαιοὶ
πρωτίστῳ δίδομεν εὖτἂν πτολίεθρον ἕλωμεν.
ἔτι καὶ χρυσοῦ ἐπιδεύεαι, ὅν κέ τις οἴσει
230 Τρώων ἱπποδάμων ἐξ Ἰλίου υἷος ἄποινα,
ὅν κεν ἐγὼ δήσας ἀγάγω ἄλλος Ἀχαιῶν,
ἠὲ γυναῖκα νέην, ἵνα μίσγεαι ἐν φιλότητι,
ἥν ταὐτὸς ἀπονόσφι κατίσχεαι; οὐ μὲν ἔοικεν
ἀρχὸν ἐόντα κακῶν ἐπιβασκέμεν υἷας Ἀχαιῶν.
πέπονες κάκἐλέγχεἈχαιΐδες οὐκέτἈχαιοὶ
οἴκαδέ περ σὺν νηυσὶ νεώμεθα, τόνδε δἐῶμεν
αὐτοῦ ἐνὶ Τροίῃ γέρα πεσσέμεν, ὄφρα ἴδηται
ῥά τί οἱ χἠμεῖς προσαμύνομεν ἦε καὶ οὐκί·
ὃς καὶ νῦν Ἀχιλῆα ἕο μέγἀμείνονα φῶτα
240 ἠτίμησεν· ἑλὼν γὰρ ἔχει γέρας αὐτὸς ἀπούρας.
Ἀλλὰ μάλοὐκ Ἀχιλῆϊ χόλος φρεσίν, ἀλλὰ μεθήμων·
γὰρ ἂν Ἀτρεΐδη νῦν ὕστατα λωβήσαιο·
ὣς φάτο νεικείων Ἀγαμέμνονα ποιμένα λαῶν,
Θερσίτης· τῷ δὦκα παρίστατο δῖος Ὀδυσσεύς,
καί μιν ὑπόδρα ἰδὼν χαλεπῷ ἠνίπαπε μύθῳ·
Θερσῖτἀκριτόμυθε, λιγύς περ ἐὼν ἀγορητής,
ἴσχεο, μηδἔθελοἶος ἐριζέμεναι βασιλεῦσιν·
οὐ γὰρ ἐγὼ σέο φημὶ χερειότερον βροτὸν ἄλλον
ἔμμεναι, ὅσσοι ἅμἈτρεΐδῃς ὑπὸ Ἴλιον ἦλθον.
[2,200] «Insensé ! Reste tranquille, et écoute les autres, tes
supérieurs. Toi, sans valeur guerrière, sans vaillance, jamais tu
n'as compté, à la guerre ni au conseil. Nous ne pouvons tous régner
ici, nous, Achéens. Il n'est pas bon, le commandement multiple.
Qu'il y ait un seul commandant, un seul roi, celui qui a reçu ce lot du
fils de Cronos à l'esprit retors, {le sceptre et les lois, pour commander}.»
Ainsi, en commandant, il parcourait l'armée. Et vers
l'agora, de nouveau, on s'élançait des vaisseaux et des
baraques, avec bruit : de même les vagues de la mer tumultueuse
grondent sur le vaste rivage, et font retentir le large.
Tous s'asseyaient et se rangèrent sur les bancs. Seul
Thersite, parleur sans mesure, piaillait encore. Son esprit
abondait en paroles de désordre, pour chercher, vainement,
mais contre le bon ordre, querelle aux rois, avec
tout ce qu'il jugeait propre à faire rire les Argiens. Il
était le plus laid des hommes venus devant Ilion : louche,
boiteux d'une jambe, la poitrine creuse entre des épaules
voûtées; là-dessus une tête pointue, où végétait un rare
duvet. Il était détesté surtout d'Achille et d'Ulysse, car
c'est contre eux que, d'habitude, il récriminait. Cette
fois, c'était contre le divin Agamemnon que, d'une voix
aiguë, il débitait des injures : c'était à lui, en effet, que
les Achéens en voulaient extrêmement, fort irrités en leur coeur.
Aussi, criant très fort, Thersite querellait Agamemnon :
«Atride, de quoi encore te plains-tu, où as-tu besoin?
Elles sont pleines de bronze, tes baraques; beaucoup de
femmes s'y trouvent aussi, des femmes de choix, que
nous, les Achéens, nous te donnons, à toi avant tout
autre, quand nous prenons une ville. Veux-tu encore l'or
que t'apportera, peut-être, quelque Troyen dompteur
de chevaux, d'Ilion, comme rançon de son fils, ligoté
et amené ici par moi ou par un autre Achéen? Veux-tu
quelque jeune femme, pour t'unir à elle d'amour, et la
garder pour toi seul, loin de tous? Il ne convient pourtant
pas à leur chef de jeter dans le malheur les fils
d'Achéens. O êtres mous, vils objets d'opprobre, Achéennes
et non plus Achéens, rentrons donc chez nous
avec nos vaisseaux, et laissons cet homme ici, en Troade,
savourer ses récompenses, pour qu'il voie si nous lui
sommes de quelque utilité, ou non. Voilà qu'encore,
maintenant, Achille, un homme bien supérieur à lui, il
l'a déshonoré ! Il lui a pris et détient sa récompense, que
de lui-même il a ravie. Achille, certes, n'a pas de bile
dans le coeur, il laisse tout faire; autrement, Atride,
c'eût été ton dernier méfait.»
Ainsi parlait, querellant Agamemnon, pasteur de
troupes, Thersite. Près de lui, soudain, se dressa le divin
Ulysse, qui, le regardant en dessous, l'invectiva rudement :
«Thersite, bavard inconsidéré, quoique orateur à la
voix claire, retiens-toi, et ne prétends pas, seul, chercher
querelle aux rois. Il n'y a pas, je l'affirme, pire mortel que toi,
entre tous ceux qui sont, avec l'Atride, venus devant Ilion.
[2,250] Τὼ οὐκ ἂν βασιλῆας ἀνὰ στόμἔχων ἀγορεύοις,
καί σφιν ὀνείδεά τε προφέροις, νόστόν τε φυλάσσοις.
Οὐδέ τί πω σάφα ἴδμεν ὅπως ἔσται τάδε ἔργα,
εὖ ἦε κακῶς νοστήσομεν υἷες Ἀχαιῶν.
Τὼ νῦν Ἀτρεΐδῃ Ἀγαμέμνονι ποιμένι λαῶν
ἧσαι ὀνειδίζων, ὅτι οἱ μάλα πολλὰ διδοῦσιν
ἥρωες Δαναοί· σὺ δὲ κερτομέων ἀγορεύεις.
Ἀλλἔκ τοι ἐρέω, τὸ δὲ καὶ τετελεσμένον ἔσται·
εἴ κἔτι σἀφραίνοντα κιχήσομαι ὥς νύ περ ὧδε,
μηκέτἔπειτὈδυσῆϊ κάρη ὤμοισιν ἐπείη,
260 μηδἔτι Τηλεμάχοιο πατὴρ κεκλημένος εἴην,
εἰ μὴ ἐγώ σε λαβὼν ἀπὸ μὲν φίλα εἵματα δύσω,
χλαῖνάν τἠδὲ χιτῶνα, τά ταἰδῶ ἀμφικαλύπτει,
αὐτὸν δὲ κλαίοντα θοὰς ἐπὶ νῆας ἀφήσω
πεπλήγων ἀγορῆθεν ἀεικέσσι πληγῇσιν.
Ὣς ἄρἔφη, σκήπτρῳ δὲ μετάφρενον ἠδὲ καὶ ὤμω
πλῆξεν· δἰδνώθη, θαλερὸν δέ οἱ ἔκπεσε δάκρυ·
σμῶδιξ δαἱματόεσσα μεταφρένου ἐξυπανέστη
σκήπτρου ὕπο χρυσέου· δἄρἕζετο τάρβησέν τε,
ἀλγήσας δἀχρεῖον ἰδὼν ἀπομόρξατο δάκρυ.
270 Οἳ δὲ καὶ ἀχνύμενοί περ ἐπαὐτῷ ἡδὺ γέλασσαν·
ὧδε δέ τις εἴπεσκεν ἰδὼν ἐς πλησίον ἄλλον·
πόποι δὴ μυρίὈδυσσεὺς ἐσθλὰ ἔοργε
βουλάς τἐξάρχων ἀγαθὰς πόλεμόν τε κορύσσων·
νῦν δὲ τόδε μέγἄριστον ἐν Ἀργείοισιν ἔρεξεν,
ὃς τὸν λωβητῆρα ἐπεσβόλον ἔσχἀγοράων.
Οὔ θήν μιν πάλιν αὖτις ἀνήσει θυμὸς ἀγήνωρ
νεικείειν βασιλῆας ὀνειδείοις ἐπέεσσιν.
Ὣς φάσαν πληθύς· ἀνὰ δ πτολίπορθος Ὀδυσσεὺς
ἔστη σκῆπτρον ἔχων· παρὰ δὲ γλαυκῶπις Ἀθήνη
280 εἰδομένη κήρυκι σιωπᾶν λαὸν ἀνώγει,
ὡς ἅμα θοἳ πρῶτοί τε καὶ ὕστατοι υἷες Ἀχαιῶν
μῦθον ἀκούσειαν καὶ ἐπιφρασσαίατο βουλήν·
σφιν ἐὺ φρονέων ἀγορήσατο καὶ μετέειπεν·
Ἀτρεΐδη νῦν δή σε ἄναξ ἐθέλουσιν Ἀχαιοὶ
πᾶσιν ἐλέγχιστον θέμεναι μερόπεσσι βροτοῖσιν,
οὐδέ τοι ἐκτελέουσιν ὑπόσχεσιν ἥν περ ὑπέσταν
ἐνθάδἔτι στείχοντες ἀπἌργεος ἱπποβότοιο
Ἴλιον ἐκπέρσαντεὐτείχεον ἀπονέεσθαι.
Ὥς τε γὰρ παῖδες νεαροὶ χῆραί τε γυναῖκες
290 ἀλλήλοισιν ὀδύρονται οἶκον δὲ νέεσθαι.
μὴν καὶ πόνος ἐστὶν ἀνιηθέντα νέεσθαι·
καὶ γάρ τίς θἕνα μῆνα μένων ἀπὸ ἧς ἀλόχοιο
ἀσχαλάᾳ σὺν νηῒ πολυζύγῳ, ὅν περ ἄελλαι
χειμέριαι εἰλέωσιν ὀρινομένη τε θάλασσα·
ἡμῖν δεἴνατός ἐστι περιτροπέων ἐνιαυτὸς
ἐνθάδε μιμνόντεσσι· τὼ οὐ νεμεσίζομἈχαιοὺς
ἀσχαλάαν παρὰ νηυσὶ κορωνίσιν· ἀλλὰ καὶ ἔμπης
αἰσχρόν τοι δηρόν τε μένειν κενεόν τε νέεσθαι.
Τλῆτε φίλοι, καὶ μείνατἐπὶ χρόνον ὄφρα δαῶμεν
[2,250] Ainsi tu pourrais éviter d'avoir sans cesse le nom des rois
à la bouche, de proférer contre eux des outrages, de veiller au
retour ! Nous ne savons encore clairement comment les choses iront,
si nous nous en retournerons bien ou mal, nous, fils d'Achéens. Et toi,
maintenant, l'Atride Agamemnon, pasteur de troupes,
tu es là à l'insulter, parce qu'il reçoit beaucoup des héros
Danaens, et tu tiens des propos blessants. Eh bien, je
vais te dire, et ceci s'accomplira : si je te prends encore
à déraisonner, comme aujourd'hui, qu'Ulysse ne garde
plus sa tête sur ses épaules, qu'on ne m'appelle plus le
père de Télémaque, si je ne t'attrape moi-même, si je
ne t'enlève tes vêtements, manteau, tunique, et ce qui
couvre ton sexe, si je ne te renvoie, pleurant, vers les
vaisseaux fins, chassé de l'agora avec des coups déshonorants.»
Il dit, et de son sceptre, sur le dos et les épaules, lui
donna des coups. Thersite se courba, laissant tomber de
grosses larmes; une tumeur sanguinolente se gonfla sur
son dos, frappé par le sceptre doré. Il s'assit, effrayé, et,
souffrant, regardant sans voir, essuya ses Iarmes. Les
Achéens, malgré leur affliction, rirent de lui doucement,
et chacun disait en regardant son voisin : « Ah! vraiment,
Ulysse a fait mille belles actions, en proposant
de bons avis et en armant la guerre. Mais aujourd'hui
il fit mieux que jamais, parmi les Argiens, en imposant
silence à cet insulteur blessant. Sans doute, après cela,
son coeur arrogant ne le poussera plus à quereller les
rois, avec des injures.»
Ainsi parlait la foule; et Ulysse, destructeur de villes,
était debout, tenant son sceptre. Près de lui, Athénè aux
yeux de chouette, sous les traits d'un héraut, invitait
les troupes à se taire, pour que les derniers comme les
premiers des fils d'Achéens entendissent ses paroles et
réfléchissent à son avis. Avec bienveillance il parla et dit :
"Atride, maintenant, roi, les Achéens veulent sans
doute te couvrir de honte devant tous les humains doués
de la parole; ils n'accompliront pas la promesse qu'ils
te firent, (en venant ici, d'Argos nourricière de chevaux),
que tu détruirais Ilion aux beaux remparts, avant de
t'en retourner. Comme de petits enfants ou des veuves,
ils se plaignent entre eux, au sujet du retour. Certes nos
fatigues sont bien pour nous pousser, pleins de chagrin,
au retour. Un homme qui reste un mois loin de sa femme
s'impatiente sur son vaisseau aux bancs nombreux, que
retiennent les souffles de la tempête et la mer soulevée.
Or, pour nous, la neuvième année achève son cours,
depuis que nous attendons ici. Aussi je ne m'indigne pas
de l'impatience des Achéens, près des vaisseaux recourbés.
Mais, malgré tout, c'est une honte de rester longtemps
ici pour s'en retourner les mains vides. Prenez courage,
amis, et restez assez pour apprendre


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Dernière mise à jour : 24/03/2005