HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Iliade, chant II

Vers 100-199

  Vers 100-199

[2,100] παυσάμενοι κλαγγῆς· ἀνὰ δὲ κρείων Ἀγαμέμνων
ἔστη σκῆπτρον ἔχων τὸ μὲν Ἥφαιστος κάμε τεύχων.
Ἥφαιστος μὲν δῶκε Διὶ Κρονίωνι ἄνακτι,
αὐτὰρ ἄρα Ζεὺς δῶκε διακτόρῳ ἀργεϊφόντῃ·
Ἑρμείας δὲ ἄναξ δῶκεν Πέλοπι πληξίππῳ,
αὐτὰρ αὖτε Πέλοψ δῶκἈτρέϊ ποιμένι λαῶν,
Ἀτρεὺς δὲ θνῄσκων ἔλιπεν πολύαρνι Θυέστῃ,
αὐτὰρ αὖτε ΘυέστἈγαμέμνονι λεῖπε φορῆναι,
πολλῇσιν νήσοισι καὶ Ἄργεϊ παντὶ ἀνάσσειν.
Τῷ γἐρεισάμενος ἔπεἈργείοισι μετηύδα·
110 φίλοι ἥρωες Δαναοὶ θεράποντες Ἄρηος
Ζεύς με μέγα Κρονίδης ἄτῃ ἐνέδησε βαρείῃ,
σχέτλιος, ὃς πρὶν μέν μοι ὑπέσχετο καὶ κατένευσεν
Ἴλιον ἐκπέρσαντεὐτείχεον ἀπονέεσθαι,
νῦν δὲ κακὴν ἀπάτην βουλεύσατο, καί με κελεύει
δυσκλέα Ἄργος ἱκέσθαι, ἐπεὶ πολὺν ὤλεσα λαόν.
Οὕτω που Διὶ μέλλει ὑπερμενέϊ φίλον εἶναι,
ὃς δὴ πολλάων πολίων κατέλυσε κάρηνα
ἠδἔτι καὶ λύσει· τοῦ γὰρ κράτος ἐστὶ μέγιστον.
Αἰσχρὸν γὰρ τόδε γἐστὶ καὶ ἐσσομένοισι πυθέσθαι
120 μὰψ οὕτω τοιόνδε τοσόνδε τε λαὸν Ἀχαιῶν
ἄπρηκτον πόλεμον πολεμίζειν ἠδὲ μάχεσθαι
ἀνδράσι παυροτέροισι, τέλος δοὔ πώ τι πέφανται·
εἴ περ γάρ κἐθέλοιμεν Ἀχαιοί τε Τρῶές τε
ὅρκια πιστὰ ταμόντες ἀριθμηθήμεναι ἄμφω,
Τρῶας μὲν λέξασθαι ἐφέστιοι ὅσσοι ἔασιν,
ἡμεῖς δἐς δεκάδας διακοσμηθεῖμεν Ἀχαιοί,
Τρώων δἄνδρα ἕκαστοι ἑλοίμεθα οἰνοχοεύειν,
πολλαί κεν δεκάδες δευοίατο οἰνοχόοιο.
Τόσσον ἐγώ φημι πλέας ἔμμεναι υἷας Ἀχαιῶν
130 Τρώων, οἳ ναίουσι κατὰ πτόλιν· ἀλλἐπίκουροι
πολλέων ἐκ πολίων ἐγχέσπαλοι ἄνδρες ἔασιν,
οἵ με μέγα πλάζουσι καὶ οὐκ εἰῶσἐθέλοντα
Ἰλίου ἐκπέρσαι εὖ ναιόμενον πτολίεθρον.
Ἐννέα δὴ βεβάασι Διὸς μεγάλου ἐνιαυτοί,
καὶ δὴ δοῦρα σέσηπε νεῶν καὶ σπάρτα λέλυνται·
αἳ δέ που ἡμέτεραί τἄλοχοι καὶ νήπια τέκνα
εἵατἐνὶ μεγάροις ποτιδέγμεναι· ἄμμι δὲ ἔργον
αὔτως ἀκράαντον οὗ εἵνεκα δεῦρἱκόμεσθα.
Ἀλλἄγεθὡς ἂν ἐγὼ εἴπω πειθώμεθα πάντες·
140 φεύγωμεν σὺν νηυσὶ φίλην ἐς πατρίδα γαῖαν·
οὐ γὰρ ἔτι Τροίην αἱρήσομεν εὐρυάγυιαν.
Ὣς φάτο, τοῖσι δὲ θυμὸν ἐνὶ στήθεσσιν ὄρινε
πᾶσι μετὰ πληθὺν ὅσοι οὐ βουλῆς ἐπάκουσαν·
κινήθη δἀγορὴ φὴ κύματα μακρὰ θαλάσσης
πόντου Ἰκαρίοιο, τὰ μέν τΕὖρός τε Νότος τε
ὤρορἐπαΐξας πατρὸς Διὸς ἐκ νεφελάων.
Ὡς δὅτε κινήσῃ Ζέφυρος βαθὺ λήϊον ἐλθὼν
λάβρος ἐπαιγίζων, ἐπί τἠμύει ἀσταχύεσσιν,
ὣς τῶν πᾶσἀγορὴ κινήθη· τοὶ δἀλαλητῷ
[2,100] cessant de crier. Et le puissant Agamemnon se leva,
tenant le sceptre qu'Héphaïstos avait pris peine à fabriquer.
Héphaïstos l'avait donné à Zeus, le roi fils de Cronos; Zeus
le donna à son Messager au brillant aspect ; le roi Hermès le donna
à Pélops, fouetteur de chevaux; à son tour Pélops le donna à Atrée,
pasteur de troupes. Atrée en mourant le laissa à Thyeste,
riche en troupeaux; à son tour Thyeste le laissa à Agamemnon,
pour le porter, et régner sur des îles nombreuses
et sur toute l'Argolide. Appuyé sur ce sceptre, il adressa
aux Argiens ces paroles :
«Chers héros Danaens, serviteurs d'Arès, Zeus fils de
Cronos m'a pris dans les liens d'un égarement accablant,
le Cruel ! Autrefois, il m'avait promis, avec un signe de sa
tête, que nous détruirions Ilion aux beaux remparts
avant de repartir; maintenant, par une tromperie
méchante et délibérée, il m'invite à rentrer, déshonoré,
à Argos, après avoir perdu une foule d'hommes. (Tel
doit être le plaisir de Zeus le fougueux, qui a détruit les
citadelles, têtes de tant de villes, et en détruira encore,
car sa force est la plus grande.) C'est une honte, en effet,
que la postérité elle-même apprenne que des troupes
achéennes, en vain si vaillantes et si grandes, ont sans
résultat guerroyé et combattu contre des ennemis moins
nombreux (pourtant, la fin n'a pas encore apparu). Car
si nous voulions, Achéens et Troyens, lors d'une trêve
garantie par des sacrifices, nous compter les uns et les
autres, les Troyens se rassemblant par foyer, tous tant
qu'ils sont, tandis que nous, Achéens, nous nous rangerions
par groupes de dix, et si nous prenions chaque guerrier
troyen comme échanson d'un de nos groupes, beaucoup
de nos groupes manqueraient d'échanson. Tant,
je l'affirme, les fils d'Achéens dépassent en nombre les
Troyens qui habitent la ville. Mais des auxiliaires leur
sont venus de beaucoup de cités, la pique à la main; ce
sont eux qui m'écartent et m'empêchent, malgré mon
désir, de détruire la ville bien établie d'Ilion. Neuf années
du grand Zeus ont passé; le bois de nos vaisseaux est
pourri, et les câbles lâchent; nos femmes et nos petits
enfants restent dans nos maisons à nous attendre; et
nous, notre entreprise n'avance pas, pour laquelle nous
sommes venus ici. Allons donc, l'avis que je vais donner,
suivons-le tous. Fuyons avec nos vaisseaux vers la terre
de nos pères; car nous ne prendrons plus Troie aux larges rues.»
Par ces paroles, il émut, dans leur poitrine, le coeur de
tous les hommes de la foule qui n'avaient pas assisté au
conseil. L'assemblée s'agita comme les longues vagues de
la mer, de la haute mer d'Icare, que l'Euros et le Notos
soulèvent à la fois, quand ils fondent sur elle des nuages
de Zeus le père. Comme l'arrivée du Zéphyre agite
une moisson profonde, quand il s'élance avec violence
et en incline les épis, ainsi toute l'assemblée s'agita. A grands cris,
[2,150] νῆας ἔπἐσσεύοντο, ποδῶν δὑπένερθε κονίη
ἵστατἀειρομένη· τοὶ δἀλλήλοισι κέλευον
ἅπτεσθαι νηῶν ἠδἑλκέμεν εἰς ἅλα δῖαν,
οὐρούς τἐξεκάθαιρον· ἀϋτὴ δοὐρανὸν ἷκεν
οἴκαδε ἱεμένων· ὑπὸ δᾕρεον ἕρματα νηῶν.
Ἔνθά κεν Ἀργείοισιν ὑπέρμορα νόστος ἐτύχθη
εἰ μὴ Ἀθηναίην Ἥρη πρὸς μῦθον ἔειπεν·
πόποι αἰγιόχοιο Διὸς τέκος Ἀτρυτώνη,
οὕτω δὴ οἶκον δὲ φίλην ἐς πατρίδα γαῖαν
Ἀργεῖοι φεύξονται ἐπεὐρέα νῶτα θαλάσσης,
160 κὰδ δέ κεν εὐχωλὴν Πριάμῳ καὶ Τρωσὶ λίποιεν
Ἀργείην Ἑλένην, ἧς εἵνεκα πολλοὶ Ἀχαιῶν
ἐν Τροίῃ ἀπόλοντο φίλης ἀπὸ πατρίδος αἴης·
ἀλλἴθι νῦν κατὰ λαὸν Ἀχαιῶν χαλκοχιτώνων·
σοῖς ἀγανοῖς ἐπέεσσιν ἐρήτυε φῶτα ἕκαστον,
μηδὲ ἔα νῆας ἅλα δἑλκέμεν ἀμφιελίσσας.
Ὣς ἔφατ᾽, οὐδἀπίθησε θεὰ γλαυκῶπις Ἀθήνη,
βῆ δὲ κατΟὐλύμποιο καρήνων ἀΐξασα·
καρπαλίμως δἵκανε θοὰς ἐπὶ νῆας Ἀχαιῶν.
Εὗρεν ἔπειτὈδυσῆα Διὶ μῆτιν ἀτάλαντον
170 ἑσταότ᾽·᾽ οὐδ γε νηὸς ἐϋσσέλμοιο μελαίνης
ἅπτετ᾽, ἐπεί μιν ἄχος κραδίην καὶ θυμὸν ἵκανεν·
ἀγχοῦ δἱσταμένη προσέφη γλαυκῶπις Ἀθήνη·
διογενὲς Λαερτιάδη πολυμήχανὈδυσσεῦ,
οὕτω δὴ οἶκον δὲ φίλην ἐς πατρίδα γαῖαν
φεύξεσθἐν νήεσσι πολυκλήϊσι πεσόντες,
κὰδ δέ κεν εὐχωλὴν Πριάμῳ καὶ Τρωσὶ λίποιτε
Ἀργείην Ἑλένην, ἧς εἵνεκα πολλοὶ Ἀχαιῶν
ἐν Τροίῃ ἀπόλοντο φίλης ἀπὸ πατρίδος αἴης;
ἀλλἴθι νῦν κατὰ λαὸν Ἀχαιῶν, μηδἔτἐρώει,
180 σοῖς δἀγανοῖς ἐπέεσσιν ἐρήτυε φῶτα ἕκαστον,
μηδὲ ἔα νῆας ἅλα δἑλκέμεν ἀμφιελίσσας.
Ὣς φάθ᾽, δὲ ξυνέηκε θεᾶς ὄπα φωνησάσης,
βῆ δὲ θέειν, ἀπὸ δὲ χλαῖναν βάλε· τὴν δὲ κόμισσε
κῆρυξ Εὐρυβάτης Ἰθακήσιος ὅς οἱ ὀπήδει·
αὐτὸς δἈτρεΐδεω Ἀγαμέμνονος ἀντίος ἐλθὼν
δέξατό οἱ σκῆπτρον πατρώϊον ἄφθιτον αἰεί·
σὺν τῷ ἔβη κατὰ νῆας Ἀχαιῶν χαλκοχιτώνων.
Ὅν τινα μὲν βασιλῆα καὶ ἔξοχον ἄνδρα κιχείη
τὸν δἀγανοῖς ἐπέεσσιν ἐρητύσασκε παραστάς·
190 δαιμόνιοὔ σε ἔοικε κακὸν ὣς δειδίσσεσθαι,
ἀλλαὐτός τε κάθησο καὶ ἄλλους ἵδρυε λαούς·
οὐ γάρ πω σάφα οἶσθοἷος νόος Ἀτρεΐωνος·
νῦν μὲν πειρᾶται, τάχα δἴψεται υἷας Ἀχαιῶν.
Ἐν βουλῇ δοὐ πάντες ἀκούσαμεν οἷον ἔειπε.
μή τι χολωσάμενος ῥέξῃ κακὸν υἷας Ἀχαιῶν·
θυμὸς δὲ μέγας ἐστὶ διοτρεφέων βασιλήων,
τιμὴ δἐκ Διός ἐστι, φιλεῖ δέ μητίετα Ζεύς.
Ὃν δαὖ δήμου τἄνδρα ἴδοι βοόωντά τἐφεύροι,
τὸν σκήπτρῳ ἐλάσασκεν ὁμοκλήσασκέ τε μύθῳ·
[2,150] ils s'élançaient vers les vaisseaux, et, sous leurs pieds,
la poussière se dressait, soulevée. Ils s'excitaient les uns les autres
à empoigner les vaisseaux et à les tirer à la mer divine; ils nettoyaient
les glissières; leurs cris montaient au ciel, dans leur désir de rentrer
chez eux; et ils enlevaient les étais des navires.
Les Argiens, malgré le destin, auraient trouvé là l'occasion
du retour, si Héra n'avait dit à Athénè :
«Eh quoi ! descendance de Zeus porte-égide, infatigable,
ainsi, vers leurs maisons et la terre de leur patrie,
les Argiens fuiront-ils sur le vaste dos de la mer? Laisseraient-ils,
comme un sujet d'orgueil, à Priam et aux Troyens Hélène d'Argos,
pour laquelle beaucoup d'Achéens sont morts en Troade, loin du sol
paternel? Va maintenant vers les troupes des Achéens vêtus de bronze;
par tes douces paroles, retiens chaque homme; ne le laisse pas tirer
à la mer les vaisseaux qui vont dans les deux sens.»
Elle dit, et, docile, la déesse Athéna aux yeux de
chouette s'élança des cimes de l'Olympe; promptement,
elle atteignit les fins navires achéens. Elle trouva Ulysse,
égal à Zeus par la prudence, immobile. A son noir vaisseau
bien charpenté, il ne touchait pas, car la douleur
avait gagné son coeur et son âme. Debout près de lui
Athéna aux yeux de chouette lui dit :
«Descendant de Zeus, fils de Laerte, ingénieux Ulysse,
ainsi vers vos maisons et la terre de vos patries fuirez-vous,
en vous jetant dans les vaisseaux aux nombreux
rameurs? Laisseriez-vous, comme un sujet d'orgueil, à
Priam et aux Troyens Hélène d'Argos, pour laquelle beaucoup
d'Achéens sont morts en Troade, loin du sol paternel?
Allons, va maintenant vers les troupes des Achéens,
ne recule pas; par tes douces paroles, retiens chaque
homme; ne le laisse pas tirer à la mer les vaisseaux qui
vont dans les deux sens.»
Elle dit, et Ulysse reconnut la voix de la déesse. Il se
mit à courir, jetant son manteau de laine, que ramassa
le héraut Eurybate, d'Ithaque, qui le suivait. En personne,
il alla trouver l'Atride Agamemnon, et reçut de
lui le sceptre de ses pères, indestructible à jamais. Ce
sceptre à la main, il longea les vaisseaux des Achéens
vêtus de bronze. Chaque fois qu'il rencontrait un roi ou
un chef, avec de douces paroles il cherchait à le retenir,
en s'arrêtant près de lui :
«Insensé ! Il ne convient pas de te faire peur, à toi,
comme à un lâche. Mais, de toi-même, assieds-toi, et
fais asseoir le reste des troupes. Tu ne connais pas encore
clairement la pensée de l'Atride. Maintenant, il éprouve,
bientôt, il châtiera les fils d'Achéens. Au conseil des
Anciens nous n'étions pas tous, pour entendre ce qu'il
a dit. Prends garde qu'irrité il ne sévisse contre les fils
d'Achéens. Grande est la colère des rois nourris par
Zeus: et les honneurs d'Agamemnon viennent de Zeus,
et Zeus prudent le chérit.» Chaque fois, au contraire,
que c'était un homme du peuple qu'Ulysse voyait et trouvait en
train de crier, il le chassait à coups de sceptre et le tançait ainsi :


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Dernière mise à jour : 24/03/2005