[926] εἰ δ´ (926a) ἄλλην τινὰ τοῦ μένειν εὑράμενος αἰτίαν ἕστηκεν,
οὐ κατὰ τὴν τοῦ τόπου φύσιν, ὅμοια καὶ περὶ γῆς
καὶ περὶ σελήνης εἰκάζειν τινὶ πάρεστιν, ὡς ἑτέρᾳ τινὶ τύχῃ καὶ φύσει
μᾶλλον ἢ τόπου διαφορᾷ τῆς μὲν ἀτρεμούσης ἐνταῦθα τῆς δ´ ἐκεῖ φερομένης.
Ἄνευ δὲ τούτων, ὅρα μὴ μέγα τι λέληθεν αὐτούς· εἰ γάρ, καὶ ὁπωσοῦν ὅ τι ἂν
ἐκτὸς γένηται τοῦ κέντρου τῆς γῆς, ἄνω ἐστίν, οὐθέν ἐστι τοῦ κόσμου κάτω
μέρος, ἀλλ´ ἄνω καὶ ἡ γῆ καὶ τὰ ἐπὶ γῆς, καὶ πᾶν ἁπλῶς σῶμα τὸ κέντρῳ
περιεστηκὸς ἢ περικείμενον ἄνω γίνεται, κάτω δὲ μόνον (ὂν) ἕν, τὸ ἀσώματον
σημεῖον ἐκεῖνο, ὃ πρὸς πᾶσαν ἀντικεῖσθαι τὴν τοῦ κόσμου φύσιν ἀναγκαῖον,
(926b) εἴ γε δὴ τὸ κάτω πρὸς τὸ ἄνω κατὰ φύσιν ἀντίκειται. Καὶ οὐ τοῦτο
μόνον τὸ ἄτοπον, ἀλλὰ καὶ τὴν αἰτίαν ἀπόλλυσι τὰ βάρη, δι´ ἣν δεῦρο
καταρρέπει καὶ φέρεται· σῶμα μὲν γὰρ οὐθέν ἐστι κάτω πρὸς ὃ κινεῖται, τὸ
δ´ ἀσώματον οὔτ´ εἰκὸς οὔτε βούλονται τοσαύτην ἔχειν δύναμιν, ὥστε πάντα
κατατείνειν ἐφ´ ἑαυτὸ καὶ περὶ αὑτὸ συνέχειν. Ἀλλ´ ὅλως ἄλογον εὑρίσκεται
καὶ μαχόμενον τοῖς πράγμασι τὸ ἄνω τὸν κόσμον ὅλον εἶναι, τὸ δὲ κάτω μηθὲν
ἀλλ´ ἢ πέρας ἀσώματον καὶ ἀδιάστατον· ἐκεῖνο δ´ εὔλογον, ὡς λέγομεν ἡμεῖς,
τῷ τ´ ἄνω χώραν καὶ τῷ κάτω πολλὴν καὶ πλάτος (926c) ἔχουσαν διῃρῆσθαι.
Οὐ μὴν ἀλλὰ θέντες, εἰ βούλει, παρὰ φύσιν ἐν οὐρανῷ τοῖς γεώδεσι τὰς
κινήσεις ὑπάρχειν, ἀτρέμα, μὴ τραγικῶς ἀλλὰ πράως σκοπῶμεν, ὅτι τοῦτο τὴν
σελήνην οὐ δείκνυσι γῆν μὴ οὖσαν ἀλλὰ γῆν ὅπου μὴ πέφυκεν οὖσαν· ἐπεὶ καὶ
τὸ πῦρ τὸ Αἰτναῖον ὑπὸ γῆν παρὰ φύσιν ἐστίν, ἀλλὰ πῦρ ἐστι, καὶ τὸ πνεῦμα
τοῖς ἀσκοῖς περιληφθὲν ἔστι μὲν ἀνωφερὲς φύσει καὶ κοῦφον, ἥκει δ´ ὅπου μὴ
πέφυκεν ὑπ´ ἀνάγκης· αὐτὴ δ´ ἡ ψυχή, πρὸς Διός» εἶπον «Οὐ παρὰ φύσιν τῷ
σώματι συνεῖρκται βραδεῖ ταχεῖα καὶ ψυχρῷ πυρώδης, ὥσπερ ὑμεῖς φατε, καὶ
ἀόρατος αἰσθητῷ; (926d) Διὰ τοῦτ´ οὖν σώματι ψυχὴν μὴ λέγωμεν ἐνεῖναι
μηδὲ νοῦν, χρῆμα θεῖον, ἀήττητον ὑπὸ βρίθους καὶ πάχους οὐρανόν τε
πάντα καὶ γῆν καὶ θάλασσαν ἐν ταὐτῷ περιπολοῦντα καὶ διιπτάμενον, εἰς
σάρκας ἥκειν καὶ νεῦρα καὶ μυελοὺς καὶ παθέων μυρίων μεστὰς ὑγρότητας; Ὁ
δὲ Ζεὺς ὑμῖν οὗτος οὐ τῇ μὲν αὑτοῦ φύσει χρώμενος ἕν ἐστι μέγα πῦρ καὶ
συνεχές, νυνὶ δ´ ὑφεῖται καὶ κέκαμπται καὶ διεσχημάτισται, πᾶν χρῶμα
γεγονὼς καὶ γινόμενος ἐν ταῖς μεταβολαῖς;
Ὥσθ´ ὅρα καὶ σκόπει, δαιμόνιε, μὴ μεθιστὰς καὶ ἀπάγων ἕκαστον, ὅπου
πέφυκεν εἶναι, διάλυσίν τινα κόσμου φιλοσοφῇς καὶ (926e) τὸ νεῖκος ἐπάγῃς
τὸ Ἐμπεδοκλέους τοῖς πράγμασι, μᾶλλον δὲ τοὺς παλαιοὺς κινῇς Τιτᾶνας ἐπὶ
τὴν φύσιν καὶ Γίγαντας καὶ τὴν μυθικὴν ἐκείνην καὶ φοβερὰν ἀκοσμίαν καὶ
πλημμέλειαν ἐπιδεῖν ποθῇς, χωρὶς τὸ βαρὺ πᾶν καὶ χωρὶς - - - τὸ κοῦφον
«Ἔνθ´ οὔτ´ ἠελίοιο δεδίσκεται ἀγλαὸν εἶδος,
οὐδὲ μὲν οὐδ´ αἴης λάσιον γένος, οὐδὲ θάλασσα»,
ὥς φησιν Ἐμπεδοκλῆς, οὐ γῆ θερμότητος μετεῖχεν, οὐχ ὕδωρ πνεύματος, οὐκ
ἄνω τι τῶν βαρέων, οὐ κάτω τι τῶν κούφων· ἀλλ´ ἄκρατοι καὶ ἄστοργοι καὶ
μονάδες αἱ τῶν ὅλων ἀρχαί, μὴ προσιέμεναι σύγκρισιν ἑτέρου (926f) πρὸς
ἕτερον μηδὲ κοινωνίαν, ἀλλὰ φεύγουσαι καὶ ἀποστρεφόμεναι καὶ φερόμεναι
φορὰς ἰδίας καὶ αὐθάδεις οὕτως εἶχον ὡς ἔχει πᾶν οὗ θεὸς ἄπεστι κατὰ
Πλάτωνα, τουτέστιν, ὡς ἔχει τὰ σώματα νοῦ καὶ ψυχῆς ἀπολιπούσης, ἄχρις οὗ
τὸ ἱμερτὸν ἧκεν ἐπὶ τὴν φύσιν ἐκ προνοίας, Φιλότητος ἐγγενομένης καὶ
Ἀφροδίτης καὶ Ἔρωτος,
| [926] (926a) ou s'il est arrêté, c'est par une autre cause que le lieu
qu'il occupe. On peut de même conjecturer par rapport à la lune,
que c'est par le moyen d'une autre âme et d'une autre nature, ou
plutôt de quelque autre différence, qu'elle se meut, tandis que la terre
demeure ici-bas immobile. Il est d'ailleurs un grand inconvénient auquel
ces philosophes ne pensent pas. Si tout ce qui se trouve hors du centre de
la terre, de quelque manière que ce soit, est réellement au-dessus d'elle,
il n'y a aucune partie du monde qui soit au-dessous.
Mais la terre elle-même, et tout ce qui est sur la terre, enfin tout corps
placé aux environs du centre, seront au-dessus, et il n'y aura au-dessous
qu'un point incorporel qui seul sera nécessairement opposé à toute la
nature du monde, (926b) puisque le dessus et le dessous sont naturellement
contraires l'un à l'autre. Une nouvelle absurdité de ce système, c'est que
la cause qui fait tendre les corps graves en bas ne subsistera plus,
puisqu'il n'y aura plus en bas aucun corps vers lequel ils se portent.
Quant à ce point incorporel, il n'est pas vraisemblable (et c'est leur
opinion) qu'il ait assez de force pour attirer tous les corps et les
retenir autour de lui. Il est aussi contraire à la raison qu'à la nature
que le monde entier soit le dessus, et que le dessous ne soit qu'un point
incorporel et indivisible. Il est bien plus raisonnable de supposer, comme
nous le faisons, que la région supérieure est séparée de l'inférieure, et
qu'elles occupent chacune (926c) un espace considérable. Supposons
cependant, si vous le voulez, que les corps terrestres aient, contre leur
nature, des mouvements dans le ciel ;
et considérons alors, non avec emportement, mais d'un ton doux
et tranquille, qu'il ne s'ensuit pas de là que la lune ne soit pas une
terre, mais seulement que la terre n'est pas à sa place naturelle. En
effet, le feu de l'Etna est contre sa nature au-dessous de la terre, et il
ne laisse pas d'être feu. L'air enfermé dans des outres est naturellement
léger et tend à s'élever ; mais il a été forcé de venir occuper un espace
vers lequel sa nature ne le portait pas. Et, grands dieux ! l'âme
elle-même n'est-elle pas, contre sa nature, renfermée dans un corps froid,
pesant et palpable, quoiqu'elle soit une substance ignée et légère, comme
vous le reconnaissez vous-même, et entièrement inaccessible aux sens?
(926d) Prétendons-nous pour cela qu'elle ne soit rien dans le corps? Ne
disons-nous pas au contraire qu'elle est, dans une masse épaisse et
pesante, une substance divine qui parcourt en un moment le ciel, la terre
et les mers, qui pénètre les chairs, les nerfs et la moelle, où elle est,
avec les humeurs, le principe d'une multitude d'affections différentes? Et
votre Jupiter lui-même, tel que vous l'imaginez, n'est-il pas de sa nature
un feu éternel ? Cependant il se prête et se plie à toutes les formes, et
par des changements successifs il se métamorphose en toutes sortes de
substances.
Prenez donc garde, mon ami, qu'en voulant remettre chaque corps à la place
qui lui est assignée par la nature, votre philosophie ne vous conduise à
une entière dissolution du monde, (926e) et ne réveille cette discorde des
éléments que supposait Empédocle. Ou plutôt craignez de soulever contre la
nature les géants et les titans antiques, d'introduire cette confusion
horrible de l'univers dont parle la Fable, où tous les corps pesants
soient d'un côté et les corps légers de l'autre; où,
suivant Empédocle,
"Le soleil de ses feux n'éclaire point le monde;
On ne voit point les fruits de la terre féconde;
Et la mer n'offre pas le sombre azur des flots".
La terre y est privée de chaleur ; l'eau n'est point agitée par le souffle
des vents. Il n'y a aucun corps pesant dans la région supérieure, aucun
corps léger dans l'inférieure. Les principes différents des êtres y sont
solitaires, sans union, sans amour les uns pour les autres ; ils ne
souffrent aucune société, (926f) aucun mélange réciproque ; ils les fuient
même avec une sorte d'aversion, suivent avec une fierté dédaigneuse leurs
mouvements particuliers et isolés, et sont enfin dans le même état où se
trouve l'univers, quand Dieu, suivant Platon, en est absent, c'est-à-dire
tels que sont nos corps quand l'entendement et l'âme en sont séparés. Cet
état dure jusqu'à ce que, par la volonté de la Providence, le désir se
forme dans la nature; que l'Amitié, Vénus et l'Amour,
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