[927] (927a) ὡς Ἐμπεδοκλῆς λέγει καὶ Παρμενίδης καὶ Ἡσίδος,
ἵνα καὶ τόπους ἀμείψαντα καὶ δυνάμεις ἀπ´ ἀλλήλων μεταλαβόντα καὶ
τὰ μὲν κινήσεως τὰ δὲ μονῆς ἀνάγκαις ἐνδεθέντα καὶ καταβιασθέντα πρὸς τὸ
βέλτιον, ἐξ οὗ πέφυκεν, ἐνδοῦναι καὶ μεταστῆναι - - - ἁρμονίαν καὶ
κοινωνίαν ἀπεργάσηται τοῦ παντός.
Εἰ μὲν γὰρ οὐδ´ ἄλλο τι τῶν τοῦ κόσμου μερῶν παρὰ φύσιν ἔσχεν, ἀλλ´
ἕκαστον ᾗ πέφυκε κεῖται, μηδεμιᾶς μεθιδρύσεως μηδὲ μετακοσμήσεως δεόμενον
μηδ´ ἐν ἀρχῇ δεηθέν, ἀπορῶ τί τῆς προνοίας ἔργον ἐστὶν ἢ τίνος γέγονε
ποιητὴς καὶ πατὴρ δημιουργὸς ὁ Ζεὺς «ὁ ἀριστοτέχνας.» (927b) Οὐ γὰρ ἐν
στρατοπέδῳ τακτικῶν ὄφελος, εἴπερ εἰδείη τῶν στρατιωτῶν ἕκαστος ἀφ´ ἑαυτοῦ
τάξιν τε καὶ χώραν κατὰ καιρὸν οὗ δεῖ λαβεῖν καὶ διαφυλάσσειν, οὐδὲ
κηπουρῶν οὐδ´ οἰκοδόμων, εἰ πῆ μὲν αὐτὸ τὸ ὕδωρ ἀφ´ αὑτοῦ πέφυκεν ἐπιέναι
τοῖς δεομένοις καὶ κατάρδειν ἐπιρρέον, πῆ δὲ πλίνθοι καὶ ξύλα καὶ λίθοι
ταῖς κατὰ φύσιν χρώμενα ῥοπαῖς καὶ νεύσεσιν ἐξ ἑαυτῶν καταλαμβάνειν τὴν
προσήκουσαν ἁρμονίαν καὶ χώραν.
Εἰ δ´ οὗτος μὲν ἄντικρυς ἀναιρεῖ τὴν πρόνοιαν ὁ λόγος, τῷ θεῷ δ´ ἡ τάξις
τῶν ὄντων προσήκει καὶ τὸ διαιρεῖν, τί θαυμαστὸν οὕτως τετάχθαι καὶ
διηρμόσθαι τὴν φύσιν, ὡς ἐνταῦθα μὲν πῦρ ἐκεῖ δ´ ἄστρα, (927c) καὶ πάλιν
ἐνταῦθα μὲν γῆν ἄνω δὲ σελήνην ἱδρῦσθαι, βεβαιοτέρῳ τοῦ κατὰ φύσιν τῷ κατὰ
λόγον δεσμῷ περιληφθεῖσαν; Ὡς, εἴ γε πάντα δεῖ ταῖς κατὰ φύσιν ῥοπαῖς
χρῆσθαι καὶ φέρεσθαι καθ´ ὃ πέφυκε, μήθ´ ἥλιος κυκλοφορείσθω μήτε φωσφόρος
μηδὲ τῶν ἄλλων ἀστέρων μηδείς· ἄνω γάρ, οὐ κύκλῳ τὰ κοῦφα καὶ πυροειδῆ
κινεῖσθαι πέφυκεν. Εἰ δὲ τοιαύτην ἐξαλλαγὴν ἡ φύσις ἔχει παρὰ τὸν τόπον,
ὥστ´ ἐνταῦθα μὲν ἄνω φαίνεσθαι φερόμενον τὸ πῦρ, ὅταν δ´ εἰς τὸν οὐρανὸν
παραγένηται, τῇ δίνῃ συμπεριστρέφεσθαι, τί (927d) θαυμαστὸν εἰ καὶ τοῖς
βαρέσι καὶ γεώδεσιν ἐκεῖ γενομένοις συμβέβηκεν ὡσαύτως εἰς ἄλλο κινήσεως
εἶδος ὑπὸ τοῦ περιέχοντος ἐκνενικῆσθαι; Οὐ γὰρ δὴ τῶν μὲν ἐλαφρῶν τὴν ἄνω
φορὰν ἀφαιρεῖσθαι τῷ οὐρανῷ κατὰ φύσιν ἐστί, τῶν δὲ βαρέων καὶ κάτω
ῥεπόντων οὐ δύναται κρατεῖν, ἀλλ´ ᾗ ποτ´ ἐκεῖνα δυνάμει, καὶ ταῦτα
μετακοσμήσας ἐχρήσατο τῇ φύσει αὐτῶν ἐπὶ τὸ βέλτιον.
Οὐ μὴν ἀλλ´ εἴ γε δεῖ τὰς καταδεδουλωμένας ἕξεις - - - δόξας ἀφέντας ἤδη τὸ
φαινόμενον ἀδεῶς λέγειν, οὐδὲν ἔοικεν ὅλου μέρος αὐτὸ καθ´ ἑαυτὸ τάξιν ἢ
θέσιν ἢ κίνησιν ἰδίαν ἔχειν, ἣν ἄν τις ἁπλῶς κατὰ φύσιν προσαγορεύσειεν·
(927e) ἀλλ´ ὅταν ἕκαστον, οὗ χάριν γέγονε καὶ πρὸς ὃ πέφυκεν ἢ πεποίηται,
τούτῳ μέλλῃ παρέχειν χρησίμως καὶ οἰκείως κινούμενον ἑαυτὸ καὶ πάσχον ἢ
ποιοῦν ἢ διακείμενον, ὡς ἐκείνῳ πρὸς σωτηρίαν ἢ κάλλος ἢ δύναμιν
ἐπιτήδειόν ἐστι, τότε δοκεῖ τὴν κατὰ φύσιν χώραν ἔχειν καὶ κίνησιν καὶ
διάθεσιν. Ὁ γοῦν ἄνθρωπος, ὡς εἴ τι τῶν ὄντων ἕτερον κατὰ φύσιν γεγονώς,
ἄνω μὲν ἔχει τὰ ἐμβριθῆ καὶ γεώδη μάλιστα περὶ τὴν κεφαλήν, ἐν δὲ τοῖς
μέσοις τὰ θερμὰ καὶ πυρώδη· τῶν δ´ ὀδόντων οἱ μὲν ἄνωθεν οἱ δὲ κάτωθεν
ἐκφύονται καὶ οὐδέτεροι παρὰ φύσιν ἔχουσιν· οὐδὲ τοῦ πυρὸς τὸ μὲν ἄνω περὶ
τὰ ὄμματα (927f) ἀποστίλβον κατὰ φύσιν ἐστὶ τὸ δ´ ἐν κοιλίᾳ καὶ καρδίᾳ
παρὰ φύσιν, ἀλλ´ ἕκαστον οἰκείως καὶ χρησίμως τέτακται. «Ναὶ μὴν κηρύκων
τε λιθορρίνων» χελωνῶν τε καὶ παντὸς ὀστρέου φύσιν, ὥς φησιν ὁ
Ἐμπεδοκλῆς, καταμανθάνων
«Ἔνθ´ ὄψει χθόνα χρωτὸς ὑπέρτατα ναιετάουσαν»,
καὶ οὐ πιέζει τὸ λιθῶδες οὐδὲ καταθλίβει τὴν ἕξιν ἐπικείμενον,
| [927] (927a) comme disent Empédocle, Parménide et Hésiode,
y soient engendrés, afin que changeant mutuellement de place,
et s'entre communiquant leurs facultés, forces les
uns au mouvement et les autres au repos par les lois de la nécessité, et
tous obligés de se conformer à un meilleur ordre que celui que la nature
leur avait assigné, il suive de leurs cessions mutuelles un accord et une
harmonie durables. Si aucune autre partie de l'univers n'était disposée
contre sa nature, mais que chacune occupât sa place naturelle, sans avoir
besoin de changement ni de transposition, sans même en avoir eu besoin
dans l'origine des choses, je ne vois pas quel aurait été l'ouvrage de la
Providence, ni en quoi Jupiter, cet architecte si parfait, (927b) se
serait montré le père et le créateur de l'univers. Il ne faudrait pas dans
un camp des officiers instruits de la tactique,
si chaque soldat savait de lui-même prendre ou garder son rang.
Quel besoin aurait-on de jardiniers et de maçons, si
l'eau pouvait toute seule se distribuer à toutes les plantes pour les
humecter, ou si les briques, les bois et les pierres, par un mouvement et
une disposition naturels, allaient se ranger d'eux-mêmes à leur place et
former un édifice régulier?
Si votre système détruit manifestement la Providence, si l'ordre et la
distinction des êtres qui composent l'univers sont l'ouvrage de Dieu,
pourquoi s'étonner qu'il ait disposé et ordonné la nature de manière que
le feu soit dans un lieu séparé, les astres à part dans un autre ; (927c)
que la terre occupe le bas, et que la lune soit dans la région supérieure,
bien plus sûrement placée dans l'espèce de prison que la raison lui a
assignée, que dans l'espace qui lui avait été marqué par la nature? S'il
fallait que tous les corps suivissent leur inclination naturelle, ni le
soleil, ni Vénus, ni aucun astre n'aurait un mouvement circulaire, puisque
les corps légers et de nature ignée tendent à s'élever par une ligne
droite, et non à décrire un cercle. Si telle est la variété de la nature,
par rapport à ces changements de place, qu'ici-bas le feu tende toujours
en haut par son mouvement naturel, et qu'ensuite, parvenu au ciel, il soit
entraîné par la révolution circulaire du firmament, (927d) faut-il être
surpris que les corps graves et terrestres, dominés par l'air qui les
environne, soient forcés de suivre un autre mouvement que celui qui leur
est naturel ? On ne peut pas dire que le ciel ait naturellement le pouvoir
d'ôter aux substances légères la propriété de s'élever en haut, ni qu'il
puisse vaincre les corps pesants et les empêcher de tendre en bas; mais
quelquefois il a usé de sa puissance et s'est conformé à la nature des
êtres, et toujours pour les mieux ordonner.
Si donc, nous dépouillant des habitudes et des opinions qui nous tiennent
asservis, nous voulons dire librement ce que nous croyons vrai,
il paraît qu'aucune partie n'a d'elle-même un rang,
une situation et un mouvement particuliers qu'on puisse regarder
comme lui étant naturels. (927e) Mais quand chacune d'elles se laisse
mouvoir, affecter, disposer et conduire de la manière la plus convenable
et la plus utile vers la fin à laquelle sa nature l'a destinée, et selon
qu'il est plus expédient pour sa conservation, sa beauté et sa puissance,
alors elle est, ce semble, à sa véritable place; elle a le mouvement et la
disposition qui sont les plus analogues à sa nature. Nous en avons la
preuve dans l'homme, celui de tous les êtres dont l'organisation est la
plus conforme à sa nature. Il a dans la partie supérieure du corps, et
principalement autour de la tête, les substances pesantes et terrestres;
dans le milieu celles qui par leur chaleur tiennent de la nature du feu ;
de ses dents, les unes sont en haut, les autres en bas, et ni les unes ni
les autres ne sont placées contre leur nature. Le feu qui éclate dans ses
yeux (927f) n'est pas plus dans sa situation naturelle que celui qui a son
siége au cœur et dans l'estomac n'est placé contre sa nature; ils occupent
l'un et l'autre la place qui leur est la plus convenable et la plus utile.
Considérez la nature des coquillages et voyez comment, pour me servir
des termes d'Empédocle,
"La conque, la tortue et l'huître aux dos voûtés,
Portent avec lenteur sur leurs corps emboîtés
Une masse écailleuse à la pierre semblable".
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