| [940] (940a) ὠκεανοῦ τε πλημμύρας, ὡς λέγουσιν αὐτοί, 
καὶ πορθμῶν ἐπιδόσεις διαχεομένων καὶ αὐξανομένων ὑπὸ  τῆς σελήνης 
τῷ ἀνυγραίνεσθαι παρατιθέμενος. Διὸ πρὸς σὲ τρέψομαι μᾶλλον, ὦ 
φίλε Θέων· λέγεις γὰρ ἡμῖν ἐξηγούμενος ταυτὶ τὰ Ἀλκμᾶνος
« Οἷα Διὸς θυγάτηρ Ἔρσα τρέφει καὶ δίας Σελάνας»,
ὅτι νῦν τὸν ἀέρα καλεῖ Δία καί φησιν αὐτὸν ὑπὸ τῆς σελήνης καθυγραινόμενον 
εἰς δρόσους τρέπεσθαι. Κινδυνεύει γάρ, ὦ ἑταῖρε, πρὸς τὸν ἥλιον ἀντιπαθῆ 
φύσιν ἔχειν, εἴγε μὴ μόνον, ὅσα πυκνοῦν καὶ ξηραίνειν ἐκεῖνος, αὕτη (940b) 
 μαλάσσειν καὶ διαχεῖν πέφυκεν, ἀλλὰ καὶ τὴν ἀπ´ ἐκείνου θερμότητα 
καθυγραίνειν καὶ καταψύχειν προσπίπτουσαν αὐτῇ καὶ συμμιγνυμένην.
Οἵ τε δὴ τὴν σελήνην ἔμπυρον σῶμα καὶ διακαὲς εἶναι νομίζοντες 
ἁμαρτάνουσιν, οἵ τε τοῖς ἐκεῖ ζῴοις ὅσα τοῖς ἐνταῦθα πρὸς γένεσιν καὶ 
τροφὴν καὶ δίαιταν ἀξιοῦντες ὑπάρχειν ἐοίκασιν ἀθεάτοις τῶν περὶ τὴν φύσιν 
ἀνωμαλιῶν, ἐν αἷς μείζονας ἔστι καὶ πλέονας πρὸς ἄλληλα τῶν ζῴων ἢ πρὸς τὰ 
μὴ ζῷα διαφορὰς καὶ ἀνομοιότητας εὑρεῖν. Καὶ ἄστομοι μὲν ἄνθρωποι καὶ 
ὀσμαῖς τρεφόμενοι  μὴ ἔστωσαν, εἰ μὴ - - - μὴ δοκοῦσι, τὴν δ´ ἄλιμον, ἧς 
ἡμῖν αὐτὸς ἐξηγεῖτο δύναμιν, ᾐνίξατο μὲν Ἡσίοδος εἰπών
(940c) «Οὐδ´ ὅσον ἐν μαλάχῃ τε καὶ ἀσφοδέλῳ μέγ´ ὄνειαρ,»
ἔργῳ δ´ ἐμφανῆ παρέσχεν Ἐπιμενίδης, διδάξας ὅτι μικρῷ παντάπασιν ἡ φύσις 
ὑπεκκαύματι ζωπυρεῖ καὶ συνέχει τὸ ζῷον, ἂν ὅσον ἐλαίας μέγεθος λάβῃ, 
μηδεμιᾶς ἔτι τροφῆς δεόμενον. Τοὺς δ´ ἐπὶ τῆς σελήνης, εἴπερ εἰσίν, 
εὐσταλεῖς εἶναι τοῖς σώμασι καὶ διαρκεῖς ὑπὸ τῶν τυχόντων τρέφεσθαι 
πιθανόν ἐστι. Καὶ γὰρ αὐτὴν τὴν σελήνην, ὥσπερ τὸν ἥλιον ζῷον ὄντα πύρινον 
καὶ τῆς γῆς ὄντα πολλαπλάσιον, ἀπὸ τῶν ὑγρῶν φασι τῶν ἀπὸ τῆς γῆς 
τρέφεσθαι καὶ τοὺς ἄλλους ἀστέρας ἀπείρους ὄντας· (940d) οὕτως ἐλαφρὰ καὶ 
λιτὰ τῶν ἀναγκαίων φέρειν ζῷα τὸν ἄνω τόπον ὑπολαμβάνουσιν. Ἀλλ´ οὔτε 
ταῦτα συνορῶμεν οὔθ´ ὅτι καὶ χώρα καὶ φύσις καὶ κρᾶσις ἄλλη πρόσφορός 
ἐστιν αὐτοῖς. Ὥσπερ οὖν εἰ τῇ θαλάττῃ μὴ δυναμένων ἡμῶν προσελθεῖν μηδ´ 
ἅψασθαι, μόνον δὲ τὴν θέαν αὐτῆς  πόρρωθεν ἀφορώντων καὶ πυνθανομένων ὅτι 
πικρὸν καὶ ἄποτον καὶ ἁλμυρὸν ὕδωρ ἐστίν, ἔλεγέ τις ὡς «Ζῷα πολλὰ καὶ 
μεγάλα καὶ παντοδαπὰ ταῖς μορφαῖς τρέφει κατὰ βυθοῦ καὶ θηρίων ἐστὶ πλήρης 
ὕδατι χρωμένων ὅσαπερ ἡμεῖς ἀέρι», μύθοις ἂν ὅμοια καὶ τέρασιν ἐδόκει 
περαίνειν, οὕτως ἐοίκαμεν ἔχειν καὶ ταὐτὸ πάσχειν πρὸς (940e) τὴν σελήνην, 
ἀπιστοῦντες ἐκεῖ τινας ἀνθρώπους κατοικεῖν. Ἐκείνους δ´ ἂν οἴομαι πολὺ 
μᾶλλον ἀποθαυμάσαι τὴν γῆν ἀφορῶντας οἷον ὑποστάθμην καὶ ἰλὺν τοῦ παντὸς 
ἐν ὑγροῖς καὶ ὁμίχλαις καὶ νέφεσι διαφαινομένην ἀλαμπὲς  καὶ ταπεινὸν καὶ 
ἀκίνητον χωρίον, εἰ ζῷα φύει καὶ τρέφει μετέχοντα κινήσεως ἀναπνοῆς 
θερμότητος· κἂν εἴ ποθεν αὐτοῖς ἐγγένοιτο τῶν Ὁμηρικῶν τούτων ἀκοῦσαι
«Σμερδαλέ´, εὐρώεντα, τά τε στυγέουσι θεοί περ»,
καί
«Τόσσον ἔνερθ´ Ἀίδαο, ὅσον οὐρανὸς ἔστ´ ἀπὸ γαίης»,
ταῦτα φήσουσιν ἀτεχνῶς περὶ τοῦ χωρίου τούτου λέγεσθαι (940f)  καὶ τὸν 
Ἅιδην ἐνταῦθα καὶ τὸν Τάρταρον ἀπῳκίσθαι, γῆν δὲ μίαν εἶναι τὴν σελήνην, 
ἴσον ἐκείνων τῶν ἄνω καὶ τῶν κάτω τούτων ἀπέχουσαν.»
Ἔτι δέ μου σχεδὸν λέγοντος ὁ Σύλλας ὑπολαβών «Ἐπίσχες» εἶπεν «ὦ 
Λαμπρία, καὶ παραβαλοῦ τὸ θυρίον τοῦ λόγου, μὴ λάθῃς τὸν μῦθον ὥσπερ εἰς 
γῆν ἐξοκείλας καὶ συγχέῃς τὸ δρᾶμα τοὐμὸν ἑτέραν ἔχον σκηνὴν καὶ διάθεσιν. 
 | [940] si j'attribuais à l'humidité qui tombe de la lune 
le flux et le reflux de l'Océan, comme le disent les stoïciens, et 
le gonflement des mers intérieures. Je m'adresse donc uniquement à vous, 
mon cher Théon ; quand vous nous expliquez ces vers du poète Alcman : 
"Fille de Jupiter et de l'astre des nuits, 
La rosée alimente et fait mûrir nos fruits", 
vous dites que par Jupiter il entend l'air qui, humecté par la lune, se 
change en rosée. Je crois en effet, mon ami, qu'elle est d'une nature 
contraire à celle du soleil, non seulement parce qu'elle humecte et 
amollit tout ce que cet astre dessèche et condense, (940b) mais encore 
parce que son humidité tempère la chaleur du soleil lorsque ses rayons 
viennent la frapper et s'incorporer en quelque sorte avec elle. 
«Ceux donc qui croient que la lune est un corps igné, et qu'elle est 
enflammée, sont dans l'erreur ; et d'un autre côté, ceux qui veulent que 
les animaux qui y habitent aient besoin de tout ce qui est nécessaire aux 
nôtres pour naître, vivre et se nourrir, n'ont jamais fait attention aux 
variétés que la nature nous offre, et qui font que les animaux ont plus de 
différence entre eux, qu'ils ne diffèrent eux-mêmes des substances 
inanimées. Il faudrait nier qu'il y eût dans le monde des hommes sans 
bouche, qui ne vivent que de l'odeur des parfums, s'il était vrai que les 
hommes ne pussent vivre que de nourriture solide. Ce pouvoir de la nature 
qu'Ammonius nous enseignait, Hésiode le fait entendre d'une manière 
énigmatique, quand il dit qu'on ignore  
(940c) "Tout ce qu'ont de bonté la mauve et l'asphodèle". 
Épimenide le prouvait par son exemple, et faisait voir que la nature 
soutient un animal avec bien peu d'aliments, et qu'il n'en faut que la 
grosseur d'une olive pour suffire à sa nourriture. Or les habitants 
de la lune, si toutefois il y en a, doivent être d'une constitution 
légère, et faciles à nourrir des aliments les plus simples. On dit même 
que la lune étant, comme le soleil, un animal de feu, plusieurs fois grand 
comme la terre, elle se nourrit des exhalaisons qui s'élèvent de notre 
globe, et qui servent aussi d'aliment aux autres astres, quoique infinis 
en grandeur; (940d) tant on est persuadé que les animaux de ces régions 
supérieures sont d'un tempérament léger et se contentent de peu ! Mais 
nous ne faisons pas attention à cette différence, et nous ne voyons pas 
que le climat, la nature et la constitution sont pour eux d'une tout autre 
espèce, et par cela même conviennent à leur tempérament. Si nous ne 
pouvions ni approcher de la mer, ni la toucher, et que la voyant seulement 
de loin, et sachant que l'eau en est amère et salée, quelqu'un venait nous 
dire qu'elle nourrit au fond de ses vastes gouffres des animaux nombreux 
de toute forme et de toute grandeur, qu'elle est pleine de monstres qui 
font de l'eau le même usage que nous faisons de l'air, sans doute nous le 
prendrions pour un visionnaire qui nous conterait des fables destituées de 
toute vraisemblance. Telle est notre opinion par rapport à (940e) la lune; 
nous avons de la peine à croire qu'elle soit habitée. Pour 
moi, je pense que ses habitants sont encore plus surpris que nous 
lorsqu'ils aperçoivent la terre, qui leur paraît comme la lie et la fange 
du monde, à travers tant de nuages, de vapeurs et de brouillards, qui en 
font un séjour obscur et bas et la rendent immobile. Ils ont peine à 
croire qu'un lieu pareil puisse produire et nourrir des animaux qui aient 
du mouvement, de la respiration et de la chaleur. Et si, par hasard, ils 
connaissaient ce vers d'Homère : 
"C'est un affreux séjour, en horreur aux dieux même; 
et ceux-ci, du même poète : 
Il s'enfonce aussi loin sous les terrestres lieux 
Que la terre elle-même est distante des cieux", 
ils croiraient certainement que c'est de notre terre que le poète a parlé ; 
(940f) ils ne douteraient pas que l'enfer et le Tartare ne fussent 
placés dans notre globe, et que la lune, également éloignée des cieux et 
des enfers, ne fût la véritable terre.» 
Je parlais encore quand Sylla m'arrêtant : «C'en est assez, Lamprias, me 
dit-il, il est temps que vous finissiez, si vous ne voulez pas que mon 
récit échoue, pour ainsi dire, au port, et que l'ordre de la scène soit 
confondu ; c'est le moment de la faire changer de décoration. 
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