HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la face qui paraît sur la lune

Page 941

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[941] (941a) Ἐγὼ μὲν οὖν ὑποκριτής εἰμι, πρότερον δ´ αὐτοῦ φράσω τὸν ποιητὴν ὑμῖν - - - εἰ μή τι κωλύει, καθ´ Ὅμηρον ἀρξάμενος . «Ὠγυγίη τις νῆσος ἀπόπροθεν εἰν ἁλὶ κεῖται», δρόμον ἡμερῶν πέντε Βρεττανίας ἀπέχουσα πλέοντι πρὸς ἑσπέραν· ἕτεραι δὲ τρεῖς ἴσον ἐκείνης ἀφεστῶσαι καὶ ἀλλήλων πρόκεινται μάλιστα κατὰ δυσμὰς ἡλίου θερινάς. Ὧν ἐν μιᾷ τὸν Κρόνον οἱ βάρβαροι καθεῖρχθαι μυθολογοῦσιν ὑπὸ τοῦ Διός, τὸν δ´ ὡς υἱὸν ἔχοντα φρουρὸν τῶν τε νήσων ἐκείνων καὶ τῆς θαλάττης, ἣν Κρόνιον πέλαγος ὀνομάζουσι, παρακατῳκίσθαι. Τὴν δὲ μεγάλην (941b) ἤπειρον, ὑφ´ ἧς μεγάλη περιέχεται κύκλῳ θάλαττα, τῶν μὲν ἄλλων ἔλαττον ἀπέχειν, τῆς δ´ Ὠγυγίας περὶ πεντακισχιλίους σταδίους κωπήρεσι πλοίοις κομιζομένῳ· (βραδύπορον γὰρ εἶναι καὶ πηλῶδες ὑπὸ πλήθους ῥευμάτων τὸ πέλαγος· τὰ δὲ ῥεύματα τὴν μεγάλην ἐξιέναι γῆν καὶ γίνεσθαι προχώσεις ἀπ´ αὐτῶν καὶ βαρεῖαν εἶναι καὶ γεώδη τὴν θάλατταν, καὶ πεπηγέναι δόξαν ἔσχε). Τῆς δ´ ἠπείρου τὰ πρὸς τῇ θαλάττῃ κατοικεῖν Ἕλληνας περὶ κόλπον οὐκ ἐλάττονα τῆς Μαιώτιδος, οὗ τὸ στόμα τῷ στόματι τοῦ Κασπίου πελάγους μάλιστα κατ´ εὐθεῖαν κεῖσθαι· καλεῖν δὲ καὶ νομίζειν ἐκείνους ἠπειρώτας μὲν (941c) αὑτοὺς νησιώτας δὲ τοὺς ταύτην τὴν γῆν κατοικοῦντας, ὡς καὶ κύκλῳ περίρρυτον οὖσαν ὑπὸ τῆς θαλάσσης· οἴεσθαι δὲ τοῖς Κρόνου λαοῖς ἀναμιχθέντας ὕστερον τοὺς μεθ´ Ἡρακλέους παραγενομένους καὶ ὑπολειφθέντας ἤδη σβεννύμενον τὸ Ἑλληνικὸν ἐκεῖ καὶ κρατούμενον γλώττῃ τε βαρβαρικῇ καὶ νόμοις καὶ διαίταις οἷον ἀναζωπυρῆσαι πάλιν ἰσχυρὸν καὶ πολὺ γενόμενον· διὸ τιμὰς ἔχειν πρώτας τὸν Ἡρακλέα, δευτέρας δὲ τὸν Κρόνον. Ὅταν οὖν τοῦ Κρόνου ἀστήρ, ὃν Φαίνοντα μὲν ἡμεῖς, ἐκείνους δὲ Νυκτοῦρον ἔφη καλεῖν, εἰς Ταῦρον παραγένηται δι´ ἐτῶν τριάκοντα, παρασκευασαμένους ἐν χρόνῳ (941d) πολλῷ τὰ περὶ τὴν θυσίαν καὶ τὸν - - - ἐκπέμπειν κλήρῳ λαχόντας ἐν πλοίοις τοσούτοις θεραπείαν τε πολλὴν καὶ παρασκευὴν ἀναγκαίαν μέλλουσι πλεῖν πέλαγος τοσοῦτον εἰρεσίᾳ καὶ χρόνον ἐπὶ ξένης βιοτεύειν πολὺν ἐμβαλλομένους. Ἀναχθέντας οὖν χρῆσθαι τύχαις, ὡς εἰκός, ἄλλους ἄλλαις, τοὺς δὲ διασωθέντας ἐκ τῆς θαλάττης πρῶτον μὲν ἐπὶ τὰς προκειμένας νήσους οἰκουμένας δ´ ὑφ´ Ἑλλήνων κατίσχειν καὶ τὸν ἥλιον ὁρᾶν κρυπτόμενον ὥρας μιᾶς ἔλαττον ἐφ´ ἡμέρας τριάκοντα· καὶ νύκτα τοῦτ´ εἶναι, σκότος ἔχουσαν ἐλαφρὸν καὶ λυκαυγὲς ἀπὸ δυσμῶν περιλαμπόμενον. Ἐκεῖ δὲ διατρίψαντας ἡμέρας ἐνενήκοντα μετὰ τιμῆς καὶ φιλοφροσύνης, ἱεροὺς νομιζομένους καὶ (941e) προσαγορευομένους, ὑπὸ πνευμάτων ἤδη περαιοῦσθαι· μηδ´ ἄλλους τινὰς ἐνοικεῖν σφᾶς τ´ αὐτοὺς καὶ τοὺς πρὸ αὐτῶν ἀποπεμφθέντας. Ἐξεῖναι μὲν γὰρ ἀποπλεῖν οἴκαδε τοὺς τῷ θεῷ τὰ τρὶς δέκ´ ἔτη συλλατρεύσαντας, αἱρεῖσθαι δὲ τοὺς πλείστους ἐπιεικῶς αὐτόθι κατοικεῖν, τοὺς μὲν ὑπὸ συνηθείας τοὺς δ´ ὅτι πόνου δίχα καὶ πραγμάτων ἄφθονα πάρεστι πάντα, πρὸς θυσίαις καὶ χορηγίαις περὶ λόγους τινὰς ἀεὶ καὶ φιλοσοφίαν διατρίβουσι· θαυμαστὴν γὰρ εἶναι τῆς τε νήσου τὴν φύσιν καὶ τὴν πραότητα τοῦ περιέχοντος ἀέρος· ἐνίοις δὲ καὶ τὸ θεῖον ἐμποδὼν (941f) γίνεσθαι διανοηθεῖσιν ἀποπλεῖν ὥσπερ συνήθεσι καὶ φίλοις ἐπιδεικνύμενον. Οὐκ ὄναρ γὰρ μόνον οὐδὲ διὰ συμβόλων, ἀλλὰ καὶ φανερῶς ἐντυγχάνειν πολλοὺς ὄψεσι δαιμόνων καὶ φωναῖς. Αὐτὸν μὲν γὰρ τὸν Κρόνον ἐν ἄντρῳ βαθεῖ περιέχεσθαι πέτρας χρυσοειδοῦς καθεύδοντα (τὸν γὰρ ὕπνον αὐτῷ μεμηχανῆσθαι δεσμὸν ὑπὸ τοῦ Διός), ὄρνιθας δὲ τῆς πέτρας κατὰ κορυφὴν εἰσπετομένους ἀμβροσίαν ἐπιφέρειν αὐτῷ, καὶ τὴν νῆσον εὐωδίᾳ κατέχεσθαι πᾶσαν, ὥσπερ ἐκ πηγῆς σκιδναμένῃ τῆς πέτρας· [941] (941a) C'est moi qui dois être l'acteur ; je vous en ferai d'abord connaître l'auteur; et, si vous le trouvez bon, je vous dirai avec Homère: "Loin de nous, dans la mer, est l'île d'Ogygie", distante de la Grande-Bretagne, du côté de l'occident, de cinq journées de navigation. Il y a trois autres îles situées vers le couchant d'été, aussi éloignées de la première qu'elles le sont les unes des autres. C'est dans une de ces îles que, suivant la tradition des Barbares du pays, Saturne est détenu prisonnier par ordre de Jupiter, qui, ayant reçu de son père la garde, tant des îles que de la mer adjacente qu'on appelle Saturnienne, s'était établi un peu au-dessous. Ils ajoutent que le grand (941b) continent qui environne l'Océan est éloigné de l'île d'Ogygie d'environ cinq mille stades, et un peu moins des autres îles; qu'on n'y navigue que sur des vaisseaux à rames, parce que la navigation est lente et difficile à cause de la grande quantité de vase qu'y apportent plusieurs rivières qui s'y déchargent du continent et y font des atterrissements qui embarrassent le fond de la mer ; ce qui a fait croire anciennement qu'elle était glacée. Les côtes du continent, disent-ils encore, sont habitées par des Grecs, qui s'étendent le long d'un golfe non moins grand que les Palus Méotides, et dont l'embouchure répond précisément à celle de la mer Caspienne. Ils se regardent comme habitants de la terre ferme, (941c) et nous comme des insulaires, parce que la terre que nous habitons est entourée par la mer. Les compagnons d'Hercule, qui furent laissés dans cette contrée, s'étant mêlés avec l'ancien peuple de Saturne, tirèrent de son obscurité la nation grecque, qui était presque éteinte et étouffée sous les lois, les mœurs et la langue des Barbares, et ils lui rendirent son ancienne splendeur. Aussi, depuis cette époque, Hercule est de tous les dieux celui qu'ils honorent davantage, et après lui Saturne. Quand l'étoile de Saturne, que nous appelons Phénon, et qui, dans cette île, porte le nom de Nycture, entre dans le signe du Taureau, ce qui arrive après une révolution de trente années, ils se préparent (941d) longtemps d'avance à un sacrifice solennel et à une longue navigation, que sont obligés d'entreprendre sur des vaisseaux à rames ceux que le sort a destinés à cette commission, qui exige d'eux un long séjour dans une terre étrangère. Après donc qu'ils se sont embarqués, et qu'ils ont éprouvé chacun des aventures diverses, ceux qui ont échappé aux dangers de la mer abordent dans les îles opposées qu'habitent des nations grecques, où ils voient pendant un mois le soleil se coucher à peine une heure par jour; c'est là toute leur nuit, et les ténèbres même en sont bien peu obscures, et assez semblables au crépuscule. Après y avoir demeuré quatre-vingt-dix jours singulièrement honorés et bien traités par les naturels du pays, qui les regardent comme des personnes sacrées et leur en donnent le titre, (941e) ils s'abandonnent aux vents, et retournent dans leur île. Ils en sont les seuls habitants, eux et ceux qui les y ont précédés. Quand ils ont servi pendant treize ans au culte de Saturne, ils sont libres de retourner dans leur patrie; mais la plupart préfèrent de vivre tranquillement dans cette île, les uns par l'habitude qu'ils en ont contractée, les autres parce que, sans travail et sans affaires, ils y trouvent abondamment tout ce qui leur est nécessaire pour leurs sacrifices, pour leurs fêtes publiques, et pour l'entretien de ceux d'entre eux qui s'occupent continuellement de l'étude de la philosophie et des lettres. «Ils disent que la température du climat de l'île, et l'air qu'on y respire, sont délicieux. Quelques uns des habitants ayant formé le dessein de s'en retourner dans leur pays, le dieu s'y opposa, (941f) en se montrant à eux comme à des amis, non seulement en songe ou sous des voiles symboliques, mais d'une manière sensible. Plusieurs avaient vu des génies et conversé avec eux. Saturne lui-même est couché et endormi dans l'antre profond d'un rocher aussi brillant que l'or. Jupiter lui a donné pour chaîne le sommeil. Au-dessus du rocher on voit voltiger des oiseaux qui lui apportent de l'ambroisie, dont l'odeur, qui semble sortir de ce rocher comme d'une source, remplit toute l'île d'un parfum admirable.


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Dernière mise à jour : 24/01/2008