[265] τὴν οἰκείαν
λιπόντες (265a) φύσιν ἐπιδείξωμεν μάλιστα μὲν ἡμῖν αὐτοῖς, ἔπειτα καὶ τοῖς
ἐγγυτάτω γένει τῆς τοιαύτης μεθόδου πεφυκόσιν.
(Θεαίτητος)
Ὀρθῶς.
(Ξένος)
Οὐκοῦν τότε μὲν ἠρχόμεθα ποιητικὴν καὶ κτητικὴν τέχνην
διαιρούμενοι;
(Θεαίτητος)
Ναί.
(Ξένος)
Καὶ τῆς κτητικῆς ἐν θηρευτικῇ καὶ ἀγωνίᾳ καὶ ἐμπορικῇ καί τισιν ἐν
τοιούτοις εἴδεσιν ἐφαντάζεθ' ἡμῖν;
(Θεαίτητος)
Πάνυ μὲν οὖν.
(Ξένος)
Νῦν δέ γ' ἐπειδὴ μιμητικὴ περιείληφεν αὐτὸν τέχνη, δῆλον ὡς αὐτὴν
τὴν ποιητικὴν δίχα διαιρετέον πρώτην. (265b) Ἡ γάρ που μίμησις ποίησίς
τίς ἐστιν, εἰδώλων μέντοι, φαμέν, ἀλλ' οὐκ αὐτῶν ἑκάστων· ἦ γάρ;
(Θεαίτητος)
Παντάπασι μὲν οὖν.
(Ξένος)
Ποιητικῆς δὴ πρῶτον δύ' ἔστω μέρη.
(Θεαίτητος)
Ποίω;
(Ξένος)
Τὸ μὲν θεῖον, τὸ δ' ἀνθρώπινον.
(Θεαίτητος)
Οὔπω μεμάθηκα.
(Ξένος)
Ποιητικήν, εἴπερ μεμνήμεθα τὰ κατ' ἀρχὰς λεχθέντα, πᾶσαν ἔφαμεν
εἶναι δύναμιν ἥτις ἂν αἰτία γίγνηται τοῖς μὴ πρότερον οὖσιν ὕστερον
γίγνεσθαι.
(Θεαίτητος)
Μεμνήμεθα.
(265c) (Ξένος)
Ζῷα δὴ πάντα θνητά, καὶ δὴ καὶ φυτὰ ὅσα τ' ἐπὶ γῆς ἐκ σπερμάτων
καὶ ῥιζῶν φύεται, καὶ ὅσα ἄψυχα ἐν γῇ συνίσταται σώματα τηκτὰ καὶ
ἄτηκτα, μῶν ἄλλου τινὸς ἢ θεοῦ δημιουργοῦντος φήσομεν ὕστερον
γίγνεσθαι πρότερον οὐκ ὄντα; ἢ τῷ τῶν πολλῶν δόγματι καὶ ῥήματι
χρώμενοι--
(Θεαίτητος)
Ποίῳ τῳ;
(Ξένος)
Τὴν φύσιν αὐτὰ γεννᾶν ἀπό τινος αἰτίας αὐτομάτης καὶ ἄνευ διανοίας
φυούσης, ἢ μετὰ λόγου τε καὶ ἐπιστήμης θείας ἀπὸ θεοῦ γιγνομένης;
(265d) (Θεαίτητος)
Ἐγὼ μὲν ἴσως διὰ τὴν ἡλικίαν πολλάκις ἀμφότερα μεταδοξάζω· νῦν
μὴν βλέπων εἰς σὲ καὶ ὑπολαμβάνων οἴεσθαί σε κατά γε θεὸν αὐτὰ
γίγνεσθαι, ταύτῃ καὶ αὐτὸς νενόμικα.
(Ξένος)
Καλῶς γε, ὦ Θεαίτητε. Καὶ εἰ μέν γέ σε ἡγούμεθα τῶν εἰς τὸν ἔπειτ'
<ἂν> χρόνον ἄλλως πως δοξαζόντων εἶναι, νῦν ἂν τῷ λόγῳ μετὰ πειθοῦς
ἀναγκαίας ἐπεχειροῦμεν ποιεῖν ὁμολογεῖν· ἐπειδὴ δέ σου καταμανθάνω
τὴν φύσιν, ὅτι καὶ (265e) ἄνευ τῶν παρ' ἡμῶν λόγων αὐτὴ πρόσεισιν ἐφ'
ἅπερ νῦν ἕλκεσθαι φῄς, ἐάσω· χρόνος γὰρ ἐκ περιττοῦ γίγνοιτ' ἄν. Ἀλλὰ
θήσω τὰ μὲν φύσει λεγόμενα ποιεῖσθαι θείᾳ τέχνῃ, τὰ δ' ἐκ τούτων ὑπ'
ἀνθρώπων συνιστάμενα ἀνθρωπίνῃ, καὶ κατὰ τοῦτον δὴ τὸν λόγον δύο
ποιητικῆς γένη, τὸ μὲν ἀνθρώπινον εἶναι, τὸ δὲ θεῖον.
(Θεαίτητος)
Ὀρθῶς.
(Ξένος)
Τέμνε δὴ δυοῖν οὔσαιν δίχα ἑκατέραν αὖθις.
(Θεαίτητος)
Πῶς;
| [265] nous ne laissions à part que sa nature propre, (265a) pour la connaître
d'abord nous-mêmes, et pour la faire connaître ensuite à ceux dont la tournure
d'esprit se prête le mieux à suivre cette méthode.
THÉÉTÈTE.
Fort bien.
L'ÉTRANGER.
Nous avions commencé par la division de l'art de faire et de l'art
d'acquérir.
THÉÉTÈTE.
Oui.
L'ÉTRANGER.
Et notre homme nous est apparu d'abord dans l'art d'acquérir, et, de
division en division, dans la chasse, dans le combat, dans le négoce, et
autres espèces du même genre.
THÉÉTÈTE.
Tout-à-fait.
L'ÉTRANGER.
Mais maintenant qu'il est contenu dans l'art d'imiter, c'est l'art de faire
qu'il nous faut diviser d'abord : (265b) car imiter c'est faire; seulement
c'est l'art de faire des simulacres, et non pas les choses elles-mêmes.
N'est-il pas vrai ?
THÉÉTÈTE.
Très vrai.
L'ÉTRANGER.
Or l'art de faire a deux parties.
THÉÉTÈTE.
Lesquelles?
L'ÉTRANGER.
L'une divine, l'autre humaine.
THÉÉTÈTE.
Je n'entends pas encore.
L'ÉTRANGER.
Si nous nous rappelons bien ce que nous avons dit en commençant,
nous avons appelé puissance capable de faire, toute puissance qui est
cause que ce qui n'était pas arrive à l'être.
THÉÉTÈTE.
Nous nous le rappelons.
(265c) L'ÉTRANGER.
Tous les êtres vivants mortels, les végétaux qui croissent, soit d'une
racine, soit d'une semence, à la surface de la terre, les corps inanimés
fusibles et non fusibles contenus dans son sein, est-ce à quelque autre
cause qu'à une puissance divine que nous attribuerons de les avoir fait
passer du non-être à l'être? Ou bien nous en tiendrons-nous à la doctrine
et au langage du vulgaire?
THÉÉTÈTE.
Quelle doctrine?
L'ÉTRANGER.
Que la nature engendre toutes ces choses en vertu d'une certaine
cause mécanique et dépourvue d'intelligence. Dirons-nous, au contraire,
que cette cause est douée de raison et d'une science divine qui provient
d'un Dieu?
(265d) THÉÉTÈTE.
J'avoue qu'il m'arrive souvent, peut-être par la faute de mon âge,
de varier entre ces deux opinions; mais à présent que je t'observe et que
je te soupçonne de croire que tout cela est l'ouvrage d'un Dieu, je me
déciderai aussi dans ce sens.
L'ÉTRANGER .
Fort bien, Théétète. Si tu nous paraissais pouvoir jamais adopter le
sentiment contraire, nous ne manquerions pas de faire tous nos efforts
pour t'amener à notre opinion par le raisonnement et pour forcer ta
conviction; mais, je connais assez ton naturel pour être persuadé que,
(265e) sans le secours de mes raisonnements, tu es porté de toi-même
vers cette doctrine à laquelle tu te prétends entraîné en ce moment; je ne
perdrai donc pas le temps en discours superflus; je me borne à établir que
les choses que l'on dit être produites par la nature, sont l'œuvre d'un art
divin; que celles que les hommes composent avec celles-là, sont l'œuvre
d'un art humain, et que par conséquent il y a deux manières de faire, lune
humaine, l'autre divine.
THÉÉTÈTE.
Cest juste.
L'ÉTRANGER.
Maintenant partage en deux chacun de ces deux arts.
THÉÉTÈTE.
Comment?
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