[4,63] Οὐκ οἶδα δὲ τίνα τρόπον πρόνοιαν τιθεὶς ὅσον ἐπὶ ταῖς
λέξεσι τοῦ βιβλίου τούτου οὔτε πλείονα οὔτ´ ἐλάττονα ἀλλ´
οἱονεὶ ὡρισμένα φησὶν εἶναι τὰ κακά, ἀναιρῶν δόγμα κάλλιστον
περὶ τοῦ ἀόριστον εἶναι τὴν κακίαν καὶ τὰ κακὰ καὶ τῷ
ἰδίῳ λόγῳ ἄπειρα. Καὶ ἔοικε τῷ μήτε ἥττω μήτε πλείονα
κακὰ γεγονέναι ἢ εἶναι ἢ ἔσεσθαι ἀκολουθεῖν ὅτι, ὥσπερ
κατὰ τοὺς ἄφθαρτον τὸν κόσμον τηροῦντας τὸ ἰσοστάσιον
τῶν στοιχείων ἀπὸ τῆς προνοίας γίνεται, οὐκ ἐπιτρεπούσης
πλεονεκτεῖν τὸ ἓν αὐτῶν, ἵνα μὴ ὁ κόσμος φθαρῇ· οὕτως
οἱονεὶ πρόνοιά τις ἐφέστηκε τοῖς κακοῖς, τοσοῖσδε τυγχάνουσιν,
ἵνα μήτε πλείονα γένηται μήτε ἥττονα.
Καὶ ἄλλως δ´ ἐλέγχεται ὁ τοῦ Κέλσου περὶ τῶν κακῶν
λόγος ἀπὸ τῶν ἐξετασάντων φιλοσόφων τὰ περὶ ἀγαθῶν καὶ
κακῶν καὶ παραστησάντων καὶ ἀπὸ τῆς ἱστορίας ὅτι πρῶτον
μὲν ἔξω πόλεως καὶ προσωπεῖα περικείμεναι αἱ ἑταῖραι
ἐξεμίσθουν ἑαυτὰς τοῖς βουλομένοις, εἶθ´ ὕστερον καταφρονήσασαι ἀπέθεντο τὰ προσωπεῖα καὶ ὑπὸ τῶν νόμων μὴ
ἐπιτρεπόμεναι εἰσιέναι εἰς τὰς πόλεις ἔξω ἦσαν αὐτῶν,
πλείονος δὲ τῆς διαστροφῆς γινομένης ὁσημέραι ἐτόλμησαν
καὶ εἰς τὰς πόλεις εἰσελθεῖν. Ταῦτα δὲ Χρύσιππός φησιν ἐν
τῇ περὶ ἀγαθῶν καὶ κακῶν εἰσαγωγῇ. Ὅθεν ὡς τῶν κακῶν
πλειόνων καὶ ἡττόνων γινομένων ἔστι λαβεῖν ὅτι οἱ καλούμενοι
ἀμφίβολοι ἦσάν ποτε προεστηκότες, πάσχοντες καὶ διατιθέντες
καὶ ταῖς ἐπιθυμίαις τῶν εἰσιόντων δουλεύοντες·
ὕστερον δὲ οἱ ἀγορανόμοι τούτους ἐξῶσαν. Καὶ περὶ μυρίων
δ´ ἂν τῶν ἀπὸ κεχυμένης τῆς κακίας ἐπεισελθόντων τῷ βίῳ
τῶν ἀνθρώπων ἔστιν εἰπεῖν ὅτι πρότερον οὐκ ἦν. Αἱ γοῦν
ἀρχαιόταται ἱστορίαι, καίτοι γε μυρία ὅσα κατηγοροῦσαι
τῶν ἁμαρτανόντων, ἀρρητοποιοὺς οὐκ ἴσασι.
| [4,63] Je ne comprends pas au reste
comment Celse, qui reconnaît la Providence, ou dont le livre du
moins la reconnaît, veut qu'il n'y ait jamais plus ni moins de maux dans
un temps que dans un autre, comme s'il y en avait toujours une certaine
quantité déterminée : car c'est là renverser cette belle et grande vérité,
que le mal, c'est-à-dire le vice, est de soi-même indéfini ou, si l'on
veut, que les maux sont infinis de leur nature. Ce n'est pas qu'en
supposant qu'il n'y ait jamais eu et qu'il n'y aura jamais plus ni moins
de maux que maintenant il ne s'ensuive, ce semble, que comme pour faire
le monde incorruptible, il faut dire que la Providence conserve les
éléments en équilibre, de peur que quelqu'un venant à prévaloir ne cause
la ruine du monde ; il faut dire tout de même que c'est par les soins de
la Providence que les maux, qui sont en si grand nombre, n'augmentent ni
ne diminuent jamais. Mais pour réfuter autrement la pensée de Celse, il ne
faut que le renvoyer aux philosophes qui ont examiné la nature des biens
et des maux, et qui ont fait voir, par les histoires mêmes, que d'abord
les femmes abandonnées ne se prostituent que hors des villes et sous le
masque; qu'ensuite, perdant toute pudeur, elles quittèrent le masque, bien
que les lois leur défendissent encore l'entrée des villes, mais qu'enfin,
la corruption croissant de jour en jour, elles osèrent bien y entrer.
C'est la remarque de Chrysippe, dans son traité des biens et des maux.
Ainsi, comme les maux vont tantôt en augmentant et tantôt en diminuant,
nous trouvons qu'il y avait autrefois des gens, nommés Ambigus, qui
servaient indifféremment à la volupté, soit active, soit passive, de tous
ceux qui se présentaient, mais qu'ils furent à la fin chassés par le
magistrat. Et il est certain qu'il y a une infinité de vices qui
s'établissent dans le monde par l'horrible dépravation des mœurs, desquels
on peut dire qu'ils n'y étaient pas auparavant. Aussi les plus anciennes
histoires qui reprochent tant d'autres péchés aux hommes, ne
connaissent-elles point ces abominables, qui se font les ministres d'un
plaisir infâme que la pudeur défend d'exprimer.
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