[4,64] Πῶς ἐκ τούτων καὶ τῶν παραπλησίων οὐ καταγέλαστος
φαίνεται Κέλσος, οἰόμενος τὰ κακὰ μήτε πλείω μήτε
ἥττω γενέσθαι ποτ´ ἄν; Εἰ γὰρ καὶ μία τῶν ὅλων φύσις
καὶ ἡ αὐτή, οὐ πάντως καὶ ἡ τῶν κακῶν γένεσις ἀεὶ ἡ αὐτή.
Ὡς γὰρ μιᾶς καὶ τῆς αὐτῆς οὔσης τῆς τοῦδέ τινος ἀνθρώπου
φύσεως οὐκ ἀεὶ τὰ αὐτά ἐστι περὶ τὸ ἡγεμονικὸν αὐτοῦ καὶ
τὸν λόγον αὐτοῦ καὶ τὰς πράξεις, ὁτὲ μὲν οὔτε λόγον ἀνειληφότος
ὁτὲ δὲ μετὰ τοῦ λόγου κακίαν, καὶ ταύτην ἤτοι ἐπὶ
πλεῖον ἢ ἐπ´ ἔλαττον χεομένην, καὶ ἔστιν ὅτε προτραπέντος
ἐπ´ ἀρετὴν καὶ προκόπτοντος ἐπὶ πλεῖον ἢ ἐπ´ ἔλαττον καὶ
ἐνίοτε φθάνοντος καὶ ἐπ´ αὐτὴν τὴν ἀρετὴν ἐν πλείοσι
θεωρίαις γινομένην ἢ ἐν ἐλάττοσιν· οὕτως ἔστιν εἰπεῖν
μᾶλλον καὶ ἐπὶ τῆς τῶν ὅλων φύσεως ὅτι, εἰ καὶ μία ἐστὶ
καὶ ἡ αὐτὴ τῷ γένει, ἀλλ´ οὐ τὰ αὐτὰ ἀεὶ οὐδ´ ὁμογενῆ
συμβαίνει ἐν τοῖς ὅλοις· οὔτε γὰρ εὐφορίαι ἀεὶ οὔτ´ ἀφορίαι
ἀλλ´ οὐδὲ ἐπομβρίαι οὔτε αὐχμοί, οὕτω δὲ οὐδὲ ψυχῶν κρειττόνων
εὐφορίαι τεταγμέναι ἢ ἀφορίαι, καὶ χειρόνων ἐπὶ
πλεῖον χύσις ἢ ἐπ´ ἔλαττον. Καὶ ἀναγκαῖός γε τοῖς ἀκριβοῦν
πάντα κατὰ τὸ δυνατὸν βουλομένοις ὁ περὶ τῶν κακῶν λόγος,
οὐ μενόντων ἀεὶ ἐν ταὐτῷ διὰ τὴν ἤτοι τηροῦσαν τὰ ἐπὶ γῆς
πρόνοιαν ἢ κατακλυσμοῖς καὶ ἐκπυρώσεσι καθαίρουσαν, καὶ
τάχα οὐ τὰ ἐπὶ γῆς μόνον ἀλλὰ καὶ τὰ ἐν ὅλῳ τῷ κόσμῳ,
δεομένῳ καθαρσίου, ὅταν πολλὴ ἡ κακία γένηται ἐν αὐτῷ.
| [4,64] Après toutes ces choses,
auxquelles on en pourrait ajouter plusieurs an très semblables, Celse
n'est-il pas ridicule de prétendre qu'il n'y ait jamais plus ni moins de
maux dans un temps que dans un autre? Car quand la nature de l'univers
serait toujours la même, il ne s'ensuivrait pourtant pas qu'il se
produisit toujours également des maux; comme à l'égard d'un homme, de ce
que la nature est toujours la même en lui, il ne s'ensuit pas qu'il soit
toujours dans le même état, quant a son entendement, quant à sa raison, ou
quant à ses actions. Dans un temps il n'a pas encore l'usage de la raison
; dans un autre, avec la raison, il a des vices, et de ces vices il en a
tantôt plus et tantôt moins. Quelquefois il se porte à la vertu, et il y
fait tantôt de grands, tantôt de petits progrès; quelquefois aussi il
l'acquiert dans son plus haut degré, et cela avec plus ou moins d'étude.
Il faut dire pareillement, et à plus forte raison encore, que la nature de
l'univers est bien la même dans ce qui constitue son être, mais que les
mêmes choses, ni des choses toutes semblables n'y arrivent pas
toujours. Par exemple, la fertilité, les pluies ou la sécheresse n'y sont
pas toujours égales. Tout de même, il n'y a pas toujours non plus une
égale disette ou une égale abondance d'âmes vertueuses, et les âmes
vicieuses ne s'abandonnent pas toujours au mal avec une égale fureur. Il
faut nécessairement que ceux qui veulent approfondir toutes choses le plus
qu'il leur est possible, étudient celle question avec soin, pour
comprendre que les maux ne demeurent pas toujours au même état; mais qu'il
y arrive du changement, selon que la Providence, ou conserve l'ordre
établi sur la terre, ou la nettoie, soit par des déluges, soit par des
embrasements. Peut-être même qu'elle ne se contente pas de nettoyer ainsi
la terre; mais qu'elle nettoie le monde entier, lorsque le mal s'y étant
accru lui rend ce remède nécessaire.
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