[66, 18] Ὁ δὲ δὴ Τίτος οὐδὲν οὔτε φονικὸν οὔτε ἐρωτικὸν μοναρχήσας ἔπραξεν, ἀλλὰ χρηστὸς καίπερ ἐπιβουλευθεὶς καὶ σώφρων καίτοι καὶ τῆς Βερενίκης ἐς Ῥώμην αὖθις ἐλθούσης ἐγένετο. Τάχα μὲν γὰρ 〈ὅτι〉 καὶ μετεβάλετο (οὐ γὰρ ὁμοίως ἄλλῳ τέ τινες παραδυναστεύουσι καὶ αὐτοὶ αὐταρχοῦσιν, ἀλλ´ ἐκεῖνοι μὲν ἀφροντιστοῦντες τῆς τοῦ κράτους δόξης τῇ τε ἐξουσίᾳ αὐτοῦ ἀπλήστως ἀποχρῶνται καὶ πολλὰ ἐπί τε φθόνῳ καὶ διαβολῇ αὐτοῦ ποιοῦσιν, οἱ δὲ ἐς αὑτοὺς πάντα ἀνακείμενα εἰδότες προνοοῦνταί τι καὶ τῆς εὐδοξίας· ὥσπερ που καὶ ὁ Τίτος πρός τινα, ὃν πρότερον ἐσπουδάκει, εἶπεν ὅτι οὐχ ὅμοιόν ἐστιν ἑτέρου τι δεῖσθαι καὶ αὐτὸν δικάζειν, οὐδὲ παρ´ ἄλλου τι αἰτεῖν καὶ αὐτὸν διδόναι τινί), ἤδη δὲ καὶ ὅτι ἐπὶ βραχύτατον, ὥς γε ἐς ἡγεμονίαν εἰπεῖν, ἐπεβίω, ὥστε μηδ´ ἁμαρτίαν τινὰ αὐτῷ ἐγγενέσθαι. Δύο τε γὰρ ἔτη μετὰ τοῦτο καὶ μῆνας δύο ἡμέρας τε εἴκοσιν ἔζησεν {καὶ} ἐπ´ ἐννέα καὶ τριάκοντα ἔτεσι καὶ μησὶ πέντε καὶ ἡμέραις πέντε καὶ εἴκοσι. Καὶ αὐτὸν ἐξ ἴσου κατὰ τοῦτο τῇ τοῦ Αὐγούστου πολυετίᾳ ἄγουσι, λέγοντες ὅτι οὔτ´ ἂν ἐκεῖνος ἐφιλήθη ποτὲ εἰ ἐλάττω χρόνον ἐζήκει, οὔτ´ ἂν οὗτος εἰ πλείονα, ὁ μὲν ὅτι τραχύτερος κατ´ ἀρχὰς διά τε τοὺς πολέμους καὶ διὰ τὰς στάσεις γενόμενος ἠδυνήθη μετὰ ταῦτα εὐεργεσίαις ἐν τῷ χρόνῳ λαμπρύνεσθαι, ὁ δ´ ὅτι ἐπιεικῶς ἄρξας ἐν ἀκμῇ τῆς δόξης ἀπέθανε, τάχα ἂν ἐλεγχθείς, εἴγε ἐπὶ μακρὸν ἐβεβιώκει, ὅτι εὐτυχίᾳ πλείονι ἢ ἀρετῇ ἐχρήσατο.
| [66,18] Depuis que Titus posséda seul la souveraine puissance, il ne
commit aucun meurtre et ne se laissa point vaincre par l'amour; il fut bon,
bien qu'on ait attenté à sa vie, et continent, bien que Bérénice fût revenue
à Rome. Il changea peut-être de mœurs (certaines gens, en effet, ne se
conduisent pas de la même façon lorsqu'ils exercent l'autorité auprès d'un
autre, et lorsqu'ils sont maîtres absolus; car ceux-ci, se souciant fort peu
de l'honneur de celui qui gouverne, abusent sans mesure de son autorité
et se livrent à une foule d'actions qui attirent sur lui la haine et la calomnie
; ceux-là, au contraire, sachant que tout dépend d'eux-mêmes, prennent
soin de leur réputation, et, comme le dit Titus à un homme pour qui il
avait eu autrefois de l'inclination, « Il est bien différent d'avoir besoin d'un
autre, ou d'être juge ; de demander une grâce à un autre ou de l'accorder
soi-même à quelqu'un »); peut-être aussi sa vie, pour ne parler que du
temps pendant lequel il posséda l'empire, fut assez courte pour qu'il ne
commit aucune faute. Il ne vécut, en effet, à partir de ce moment, que
deux ans deux mois vingt jours, en plus de ses trente-neuf ans cinq mois
vingt-cinq jours. On le considère, à cet égard, comme ayant égalé le long
règne d'Auguste, attendu, dit-on, qu'Auguste n'aurait jamais été aimé s'il
avait vécu moins longtemps, non plus que Titus, s'il avait vécu davantage
; le premier, parce que, cruel au commencement à cause des guerres et
des séditions, il a pu, dans la suite, à force de temps, s'illustrer par des
bienfaits; le second, parce qu'ayant régné avec douceur, il est mort au
faîte de sa gloire, au lieu que peut-être, si sa vie se fût prolongée, il eut
été convaincu d'avoir eu plus de bonheur que de vertu.
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