[1,52] LII. 1. Γενόμενοι δὲ κατὰ Σικελίαν, εἴτε γνώμῃ χρησάμενοι τῇδε ὁρμίσασθαι
εἴτε καὶ ὑπ´ ἀνέμων πονηρῶν βιασθέντες, ἃ δὴ φιλεῖ περὶ τὴν θάλατταν
τήνδε γίνεσθαι, κατάγονται τῆς νήσου περὶ τὰ καλούμενα Δρέπανα· ἔνθα
περιτυγχάνουσι τοῖς σὺν Ἐλύμῳ καὶ Αἰγέστῳ προεξελθοῦσιν ἐκ τῆς Τροίας, οἳ
τύχης τε καὶ πνεύματος οὐρίου λαβόμενοι καὶ ἅμα οὐ πολλῇ ἀποσκευῇ
βαρυνόμενοι δι´ ὀλίγου κατήχθησαν εἰς Σικελίαν καὶ ᾤκησαν περὶ ποταμὸν
καλούμενον Κριμισὸν ἐν γῇ Σικανῶν, πρὸς φιλίαν λαβόντες παρ´ αὐτῶν τὸ
χωρίον διὰ τὴν Αἰγέστου συγγένειαν γενομένου τε καὶ τραφέντος ἐν Σικελίᾳ
κατὰ τοιόνδε τι πάθος.
2. Τῶν προγόνων αὐτοῦ τις ἀνὴρ ἐπιφανὴς ἐκ τοῦ Τρωικοῦ γένους ὢν
Λαομέδοντι διάφορος γίνεται, καὶ αὐτὸν ὁ βασιλεὺς ἐπ´ αἰτίᾳ δή τινι λαβὼν
κτείνει καὶ γένος αὐτοῦ τὸ ἄρρεν ἅπαν, ὑπὸ δέους μή τι πρὸς αὐτῶν πάθῃ· τὰς
δὲ θυγατέρας παρθένους ἔτι οὔσας ἀποκτεῖναι μὲν οὐκ εὐπρεπὲς ἐνόμισε,
Τρωσὶ δὲ συνοικούσας περιιδεῖν οὐκ ἀσφαλές, δίδωσι δ´ αὐτὰς ἐμπόροις ὡς
προσωτάτω κελεύσας ἀπάγειν.
3. Ταύταις ἀπιούσαις συνεκπλεῖ μειράκιόν τι τῶν ἐπιφανῶν κρατούμενον
ἔρωτι τῆς ἑτέρας καὶ γαμεῖ τὴν παιδίσκην ἀχθεῖσαν εἰς Σικελίαν, καὶ γίνεται
αὐτοῖς παῖς ἐν Σικελοῖς διατρίβουσιν Αἴγεστος ὄνομα· ὃς ἤθη καὶ γλῶσσαν
τῶν ἐπιχωρίων ἐκμαθών, ἐπειδὴ τοὺς γονεῖς αὐτῷ τελευτῆσαι συνέβη,
βασιλεύοντος ἐν Τροίᾳ Πριάμου κάθοδον αὑτῷ δοθῆναι διαπράττεται, καὶ
συνδιενέγκας τὸν πρὸς τοὺς Ἀχαιοὺς πόλεμον ἁλισκομένης τῆς πόλεως
ἀπέπλει πάλιν εἰς Σικελίαν σὺν Ἐλύμῳ ποιησάμενος τὴν φυγὴν ἐν τρισὶ
ναυσὶν, ἃς Ἀχιλλεὺς ἔχων ὅτε τὰς Τρωάδας ἐληίζετο πόλεις ἕρμασιν ὑφάλοις
περιπεσούσας ἀπέβαλεν.
4. Ἐντυχὼν δὴ τοῖς εἰρημένοις Αἰνείας ἀνδράσι φιλοφρονεῖταί τε αὐτοὺς καὶ
κατασκευάζεται αὐτοῖς πόλεις Αἴγεσταν καὶ Ἔλυμα καί τινα καὶ μοῖραν τῆς
ἑαυτοῦ στρατιᾶς ἐν τοῖς πολίσμασιν ὑπολείπεται, ὡς μὲν ἐγὼ εἰκάζω γνώμῃ
ἑκουσίῳ χρησάμενος, ἵνα τοῖς ὑπὸ καμάτων βαρυνομένοις ἢ καὶ ἄλλως
θαλάττῃ ἀχθομένοις ἀναπαύσεις γίνοιντο ἀσφαλεῖς καὶ καταγωγαί, ὡς δέ
τινες γράφουσι τοῦ ναυτικοῦ μειωθέντος αὐτῷ διὰ τὴν ἔμπρησιν, ἣν
ἐποιήσαντο τῶν γυναικῶν τινες ἀχθόμεναι τῇ πλάνῃ, τὸν οὐκέτι δυνάμενον
συμπλεῖν ὄχλον ἐκ τῶν κατακεκαυμένων νεῶν ἀνάγκῃ καταλιπών.
| [1,52] LII. 1. Quand ils furent au large de la Sicile, soit qu’ils aient eu le dessein de
débarquer là, soit qu’ils y furent obligés par les tempêtes, qui sont habituelles
dans cette mer, ils débarquèrent dans cette partie de l'île qui s'appelle Drepana.
Là ils y trouvèrent les Troyens qui avec Elymos et Aegestos avaient fui Troie
avant eux et qui, favorisés par la fortune et le par vent, et aussi parce qu’ils
n'étaient pas surchargés de bagages, étaient arrivés rapidement en Sicile et
s’étaient installés près du fleuve Crimisos dans le pays des Sicanes. Ces
derniers leur avaient accordé des terres par amitié en raison de leur parenté avec
Aegestos, qui était été né et avait été élevé en Sicile dans les circonstance
suivantes.
2. Un de ses ancêtres, un homme distingué, de race troyenne, était en désaccord
avec Laomédon. Le roi le fit saisir sur une accusation quelconque et le mit à
mort, ainsi que tous ses enfants mâles, de peur d’avoir à souffrir une
vengeance de leur part. Mais pensant qu’il serait malvenu de mettre les filles à
mort, car elles étaient encore vierges, et qu’il était peu sûr de les laisser vivre
parmi le Troyens, il les livra à des marchands, avec ordre de les emmener aussi
loin que possible.
3. Elles furent accompagnées durant le voyage par un jeune homme de famille
distinguée, qui tomba amoureux de la cadette; et il épousa la fille en arrivant en
Sicile. Et durant leur séjour parmi les Sikèles, ils eurent un fils, qu’ils appelèrent
Aegestos, et qui apprit les coutumes et la langue des habitants; mais après la
mort de ses parents, Priam étant alors roi de Troie, il obtint la permission de
retourner chez lui. Et après avoir aidé Priam lors de la guerre contre les Achéens,
quand la ville fut sur le point d'être prise, il retourna de nouveau en Sicile,
accompagné dans sa fuite d'Elymos avec les trois bateaux qu'Achille avait avec
lui quand il pillait les villes de la Troade et qu’il avait perdus quand ils heurtèrent
quelques rochers cachées.
4. Ayant rencontré les hommes susdits, Énée leur montra une grande bonté, leur
construisit les villes dAegesta et d’Elyma, et laissa même une partie de son
armée dans ces villes. A mon avis il l’a fait de choix délibéré, pour que ceux qui
étaient épuisés par des difficultés ou simplement contrariés par la mer puissent
apprécier le repos et une retraite sûre. Mais quelques auteurs disent que la perte
d'une partie de sa flotte, qui fut incendiée par quelques femmes fatiguées
d’errer, l'obligea de laisser les hommes qui occupaient les bateaux brûlés et
pour cette raison ne pouvaient plus naviguer avec leurs compagnons.
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