[1,500] Ἐμ πυρὶ μὲν χρυσόν τε καὶ ἄργυρον ἴδριες ἄνδρες
501 γινώσκους´, ἀνδρὸς δ´ οἶνος ἔδειξε νόον
502 καὶ μάλα περ πινυτοῦ, τὸν ὑπὲρ μέτρον ἤρατο πίνων,
503 ὥστε καταισχῦναι καὶ πρὶν ἐόντα σοφόν.
503 Οἰνοβαρέω κεφαλήν, Ὀνομάκριτε, καί με βιᾶται
504 οἶνος, ἀτὰρ γνώμης οὐκέτ´ ἐγὼ ταμίης
505 ἡμετέρης, τὸ δὲ δῶμα περιτρέχει. ἀλλ´ ἄγ´ ἀναστάς
506 πειρηθῶ, μή πως καὶ πόδας οἶνος ἔχει
507 καὶ νόον ἐν στήθεσσι· δέδοικα δὲ μή τι μάταιον
508 ἕρξω θωρηχθεὶς καὶ μέγ´ ὄνειδος ἔχω.
509 οἶνος πινόμενος πουλὺς κακόν· ἢν δέ τις αὐτόν
510 πίνηι ἐπισταμένως, οὐ κακόν, ἀλλ´ ἀγαθόν.
511 Ἦλθες δή, Κλεάριστε, βαθὺν διὰ πόντον ἀνύσσας
512 ἐνθάδ´ ἐπ´ οὐδὲν ἔχοντ´, ὦ τάλαν, οὐδὲν ἔχων.
513 νηός τοι πλευρῆισιν ὑπὸ ζυγὰ θήσομεν ἡμεῖς,
514 Κλεάρισθ´, οἷ´ ἔχομεν χοἶα διδοῦσι θεοί.
515 τῶν δ´ ὄντων τἄριστα παρέξομεν· ἢν δέ τις ἔλθηι
516 σεῦ φίλος ὤν, † κατάκεις´, † ὡς φιλότητος ἔχεις.
517 οὔτε τι τῶν ὄντων ἀποθήσομαι, οὔτε τι μείζω
518 σῆς ἕνεκα ξενίης ἄλλοθεν οἰσόμεθα·
519 ἢν δέ τί ς´ εἰρωτᾶι τὸν ἐμὸν βίον, ὧδέ οἱ εἰπεῖν·
520 ‘ὡς εὖ μὲν χαλεπῶς, ὡς χαλεπῶς δὲ μάλ´ εὖ,
521 ὥσθ´ ἕνα μὲν ξεῖνον πατρώιον οὐκ ἀπολείπειν,
522 ξείνια δὲ πλέον´ ἔστ´ οὐ δυνατὸς παρέχειν.’
523 Οὔ σε μάτην, ὦ Πλοῦτε, βροτοὶ τιμῶσι μάλιστα·
524 ἦ γὰρ ῥηϊδίως τὴν κακότητα φέρεις.
525 καὶ γάρ τοι πλοῦτον μὲν ἔχειν ἀγαθοῖσιν ἔοικεν,
526 ἡ πενίη δὲ κακῶι σύμφορος ἀνδρὶ φέρειν.
527 Ὤ μοι ἐγὼν ἥβης καὶ γήραος οὐλομένοιο,
528 τοῦ μὲν ἐπερχομένου, τῆς δ´ ἀπονισομένης.
529 Οὐδὲ ἕνα προὔδωκα φίλον καὶ πιστὸν ἑταῖρον,
530 οὐδ´ ἐν ἐμῆι ψυχῆι δούλιον οὐδὲν ἔνι.
531 Αἰεί μοι φίλον ἦτορ ἰαίνεται, ὁππότ´ ἀκούσω
532 αὐλῶν φθεγγομένων ἱμερόεσσαν ὄπα.
533 χαίρω δ´ εὖ πίνων καὶ ὑπ´ αὐλητῆρος ἀκούων,
534 χαίρω δ´ εὔφθογγον χερσὶ λύρην ὀχέων.
535 Οὔποτε δουλείη κεφαλὴ ἰθεῖα πέφυκεν,
536 ἀλλ´ αἰεὶ σκολιὴ καὐχένα λοξὸν ἔχει.
537 οὔτε γὰρ ἐκ σκίλλης ῥόδα φύεται οὔθ´ ὑάκινθος,
538 οὐδέ ποτ´ ἐκ δούλης τέκνον ἐλευθέριον.
539 Οὗτος ἀνήρ, φίλε Κύρνε, πέδας χαλκεύεται αὑτῶι,
540 εἰ μὴ ἐμὴν γνώμην ἐξαπατῶσι θεοί.
541 Δειμαίνω, μὴ τήνδε πόλιν, Πολυπαΐδη, ὕβρις
542 ἥ περ Κενταύρους ὠμοφάγους ὄλεσεν.
543 Χρή με παρὰ στάθμην καὶ γνώμονα τήνδε δικάσσαι,
544 Κύρνε, δίκην, ἶσόν τ´ ἀμφοτέροισι δόμεν,
545 μάντεσί τ(οι) οἰωνοῖς τε καὶ αἰθομένοις´ ἱεροῖσιν,
546 ὄφρα μὴ ἀμπλακίης αἰσχρὸν ὄνειδος ἔχω.
547 Μηδένα πω κακότητι βιάζεο· τῶι δὲ δικαίωι
548 τῆς εὐεργεσίης οὐδὲν ἀρειότερον.
549 Ἄγγελος ἄφθογγος πόλεμον πολύδακρυν ἐγείρει,
| [1,500] Si c'est par le feu que les habiles éprouvent l'or et l'argent, c'est par
le vin qu'est mis à l'épreuve l'esprit de l'homme, et même de l'homme
sensé; quand il boit sans mesure, il se couvre de honte, lui qui
auparavant était sage (496-502).
Le vin m'appesantit la tète, Onomacrite; il me violente, je ne dispose
plus de ma pensée, je vois la maison courir autour de moi. Allons, je vais
me lever, je veux savoir s'il est maître de mes pieds, maître de mon
esprit dans mon sein. J'ai bien peur que, dans cet état, je ne fasse
quelque chose de déraisonnable et dont j'aie à rougir (503-508).
Le vin, bu en abondance, est un mal; bu avec modération, ce n'est pas un
mal, c’est un bien (509-510).
Tu es venu, Cléariste, à travers la vaste mer, ici, chez qui n'a rien,
n'ayant rien toi-même, ô malheureux! Je placerai cependant dans les flancs
de ton vaisseau, au-dessous des bancs des rameurs, ce que je pourrai, ce
que me permettent les dons des dieux. Ce qu'il y a de meilleur, je te le
donnerai; et s'il me vient encore un de tes amis: «Repose dans ma maison,
lui dirai-je, selon le droit de l'amitié. » Je ne réserverai rien de ce
que je possède; mais je n'irai pas non plus, pour m'acquitter du devoir de
l'hospitalité, chercher ailleurs quelque chose de mieux. Que si l'on te
demande comment je vis, tu peux répondre: « Pauvrement, auprès de la vie
des riches, et richement, auprès de la vie des pauvres; assez pour ne pas
repousser un hôte de ma famille, pas assez pour en recevoir plus d'un
(511-522). »
Ce n'est pas sans raison, ô Plutus, que t'honorent au-dessus de tous les
dieux les mortels; par toi la peine se supporte facilement (523-524).
Il convient aux gens de bien de posséder la richesse, comme aux méchants
d'avoir à souffrir la pauvreté (525-526).
Je pleure, hélas ! sur ma jeunesse, sur ma triste vieillesse; sur
celle-ci, parce qu'elle vient; sur celle-là, parce qu'elle s'éloigne
(527-528).
Je n'ai jamais manqué de foi à un ami, à un compagnon fidèle; je n'ai rien
en l'âme de servile (529-530).
Mon cœur s'égaye aussitôt que les flûtes font entendre leurs agréables
sons (531-532).
Je me réjouis quand je bois, quand j'unis ma voix aux accords du joueur de
flûte; je me réjouis quand je tiens en main la lyre harmonieuse (533-534).
Jamais tête d'esclave ne s'est tenue droite; l'esclave a toujours la tête
et le cou penchés. Ce n'est pas de la scille que naissent la rose,
l'hyacinthe; ce n'est pas d'une femme dans la servitude que peut naître un
fils généreux (535-538).
Cet homme, cher Cyrnus, forge ses propres fers, à moins, toutefois, que
les dieux n'égarent ma pensée (539-540).
Je crains bien, Polypédès, que cette ville ne périsse par l'injure, qui
perdit les sauvages Centaures (541-542).
Dans le jugement de ce procès, il me faut employer, Cyrnus, la règle et le
compas, donner aux deux parties ce qui leur revient, recourir à la fois
aux devins, aux oiseaux et aux autels brûlants, afin d'éviter la honte de
l'erreur (543-546).
N'use jamais, envers personne, de violence, de mauvais traitements: pour
l'homme juste, rien ne vaut la puissance des bienfaits (547-548).
Un messager muet éveille la guerre lamentable,
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