HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, VI, livre III

Chapitre 7

 Chapitre 7

[6,3,7] Εἰ δέ τις λέγοι παρὰ τῆς ὕλης ἔχειν τὰ τῇδε ὅσα ἐπ´ αὐτῆς τὸ εἶναι, πόθεν ἕξει ὕλη τὸ εἶναι καὶ τὸ ὂν ἀπαιτήσομεν. Ὅτι δὲ μὴ πρῶτον ὕλη, εἴρηται ἐν ἄλλοις. Εἰ δέ, ὅτι τὰ ἄλλα οὐκ ἂν συσταίη μὴ ἐπὶ τῆς ὕλης, τὰ αἰσθητὰ φήσομεν. Πρὸ τούτων δὲ οὖσαν ὕστερον πολλῶν εἶναι καὶ τῶν ἐκεῖ πάντων οὐδὲν κωλύει ἀμυδρὸν τὸ εἶναι ἔχουσαν καὶ ἧττον τὰ ἐφ´ αὑτῆς, ὅσῳ τὰ μὲν λόγοι καὶ μᾶλλον ἐκ τοῦ ὄντος, δ´ ἄλογος παντελῶς, σκιὰ λόγου καὶ ἔκπτωσις λόγου· εἰ δέ τις λέγοι, ὅτι τὸ εἶναι αὕτη δίδωσι τοῖς ἐπ´ αὐτῆς, ὥσπερ Σωκράτης τῷ ἐπ´ αὐτοῦ λευκῷ, λεκτέον, ὅτι τὸ μὲν μᾶλλον ὂν δοίη ἂν τῷ ἧττον ὄντι τὸ {ἧττον} εἶναι, τὸ δὲ ἧττον ὂν οὐκ ἂν δοίη τῷ μᾶλλον ὄντι. Ἀλλ´ εἰ μᾶλλον ὂν τὸ εἶδος τῆς ὕλης, οὐκέτι κοινόν τι τὸ ὂν κατ´ ἀμφοῖν, οὐδ´ οὐσία γένος ἔχον τὴν ὕλην, τὸ εἶδος, τὸ συναμφότερον, ἀλλὰ κοινὰ μὲν πολλὰ αὐτοῖς ἔσται, ἅπερ λέγομεν, διάφορον δ´ ὅμως τὸ εἶναι. Περὶ γὰρ ἐλαττόνως ὂν μᾶλλον ὂν προσελθὸν τάξει μὲν πρῶτον ἂν εἴη, οὐσίᾳ δὲ ὕστερον· ὥστε, εἰ μὴ ἐπίσης τὸ εἶναι τῇ ὕλῃ καὶ τῷ εἴδει καὶ τῷ συναμφοτέρῳ, κοινὸν μὲν οὐκ ἂν ἔτι εἴη οὐσία ὡς γένος. Ἄλλως μέντοι ἕξει πρὸς τὰ μετὰ ταῦτα, ὡς κοινόν τι πρὸς ἐκεῖνα ἔχουσα τῷ αὐτῶν εἶναι, ὡς ζωῆς μέν τις ἀμυδρά, δὲ ἐναργεστέρα, καὶ εἰκόνων μέν τις ὑποτύπωσις, δὲ ἐξεργασία μᾶλλον. Εἰ δὲ τῷ ἀμυδρῷ τοῦ εἶναι μετροῖ τις τὸ εἶναι, τὸ δὲ ἐν τοῖς ἄλλοις πλέον ἐῴη, τούτῳ πάλιν αὖ κοινὸν ἔσται τὸ εἶναι. Ἀλλὰ μήποτε οὐχ οὕτω δεῖ ποιεῖν. Ἄλλο γὰρ ἕκαστον ὅλον, ἀλλ´ οὐ κοινόν τι τὸ ἀμυδρόν, ὥσπερ ἐπὶ τῆς ζωῆς οὐκ ἂν εἴη κοινόν τι ἐπὶ θρεπτικῆς καὶ αἰσθητικῆς καὶ νοερᾶς. Καὶ ἐνταῦθα τοίνυν τὸ εἶναι ἄλλο τὸ ἐπὶ τῆς ὕλης καὶ εἴδους, καὶ συνάμφω ἀφ´ ἑνὸς ἄλλως καὶ ἄλλως ῥυέντος. Οὐ γὰρ μόνον δεῖ, εἰ τὸ δεύτερον ἀπὸ τοῦ πρώτου, τὸ δὲ τρίτον ἀπὸ τοῦ δευτέρου, τὸ μὲν μᾶλλον, τὸ δὲ ἐφεξῆς χεῖρον καὶ ἔλαττον, ἀλλὰ κἂν ἀπὸ τοῦ αὐτοῦ ἄμφω, δὲ τὸ μὲν μᾶλλον μετασχὸν πυρός, οἷον κέραμος, τὸ δὲ ἧττον, ὥστε μὴ κέραμος γενέσθαι. Τάχα δὲ οὐδ´ ἀπὸ τοῦ αὐτοῦ ὕλη καὶ τὸ εἶδος· διαφορὰ γὰρ καὶ ἐν ἐκείνοις. [6,3,7] Si l'on prétend que les choses matérielles tiennent leur être de la matière, nous demanderons d'où la matière tient elle-même son existence et son être : car nous avons démontré ailleurs que la matière n'occupe pas le premier rang. — Si l'on ajoute que les autres choses ne sauraient subsister sans être dans la matière, nous dirons que cela n'est vrai que pour les choses sensibles. Mais si la matière est antérieure aux choses sensibles, cela n'empêche pas qu'elle ne soit postérieure à beaucoup de choses, à toutes les choses intelligibles : car la matière a une existence plus obscure que les choses qui sont en elle, si ces choses sont des raisons {séminales}, lesquelles participent plus à l'être, tandis que la matière est complètement irrationnelle, est une ombre de la raison, une chute de la raison. — Si l'on objecte que la matière donne l'être aux choses matérielles, comme Socrate donne l'être au blanc qui est en lui, nous répondrons que ce qui possède un degré supérieur d'être peut bien donner un moindre degré d'être à ce qui n'en possède qu'un degré inférieur, mais que la réciproque ne saurait avoir lieu. Or, comme la forme est plus être que la matière, l'être ne s'affirme pas également de la matière et de la forme, et la substance n'est pas un genre qui ait pour espèces la matière, la forme et le composé. Ces trois choses ont plusieurs caractères communs, comme nous l'avons déjà dit, mais elles diffèrent sous le rapport de l'être : car lorsqu'une chose qui possède un degré supérieur d'être s'approche d'une chose qui en possède un degré inférieur {comme la forme s'approche de la matière}, cette chose, bien qu'antérieure dans l'ordre {ontologique}, est postérieure sous le rapport de la substance ; par conséquent, si la matière, la forme et le composé ne sont pas également des substances, la substance n'est plus pour elles une chose commune, un genre. Cependant la substance sera dans un rapport moins étroit avec les choses qui sont postérieures à la matière, à la forme et au composé, bien qu'elle leur donne à toutes la propriété de s'appartenir à elles-mêmes ; c'est ainsi que la vie a divers degrés, l'un plus fort, l'autre plus faible, et que les images d'un même objet sont l'une plus vive, l'autre plus obscure. Si l'on mesure l'être par un degré inférieur d'être, et que l'on omette le degré supérieur qui se trouve dans les autres choses, l'être ainsi considéré sera commun. Mais ce n'est pas là une bonne manière de procéder. En effet, chaque tout diffère des autres, et le moindre degré d'être ne constitue pas une chose qui soit commune à tous; de même que, pour la vie, il n'y a pas quelque chose qui soit commun à la vie végétative, à la vie sensitive et à la vie rationnelle. Il résulte de tout ceci que l'être diffère dans la matière et dans la forme, et ces deux choses dépendent d'une troisième {de l'être intelligible}, qui se communique à elles inégalement. Non seulement, quand le second procède du premier, et le troisième du second, l'être antérieur possède une essence meilleure que l'être postérieur ; mais encore, lorsque deux choses procèdent d'une seule et même chose, on voit la même différence : ainsi l'argile {façonnée par le potier} devient ou non tuile selon qu'elle participe plus ou moins au feu {c'est-à-dire selon qu'elle est plus ou moins cuite}. D'ailleurs, la matière et la forme ne procèdent pas du même principe intelligible: car les intelligibles diffèrent aussi entre eux.


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Dernière mise à jour : 14/06/2010