HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, VI, livre III

Chapitre 2

 Chapitre 2

[6,3,2] Καὶ πρῶτον περὶ τῆς λεγομένης οὐσίας θεωρητέον συγχωροῦντας τὴν περὶ τὰ σώματα φύσιν ὁμωνύμως οὐδὲ ὅλως οὐσίαν διὰ τὸ ἐφαρμόττειν τὴν ἔννοιαν ῥεόντων, ἀλλὰ γένεσιν οἰκείως λέγεσθαι. Εἶτα τῆς γενέσεως τὰ μὲν τοιά, τὰ δὲ τοιά· καὶ τὰ μὲν σώματα εἰς ἕν, τά τε ἁπλᾶ τά τε σύνθετα, τὰ δὲ συμβεβηκότα παρακολουθοῦντα, διαιροῦντας ἀπ´ ἀλλήλων καὶ ταῦτα. τὸ μὲν ὕλην, τὸ δὲ εἶδος ἐπ´ αὐτῇ, καὶ χωρὶς ἑκάτερον ὡς γένος ὑφ´ ἓν ἄμφω, ὡς οὐσίαν ἑκάτερον ὁμωνύμως γένεσιν. Ἀλλὰ τί τὸ κοινὸν ἐπὶ ὕλης καὶ εἴδους; Πῶς δὲ γένος ὕλη καὶ τίνων; Τίς γὰρ διαφορὰ ὕλης; Ἐν τίνι δὲ τὸ ἐξ ἀμφοῖν τακτέον; Εἰ δὲ τὸ ἐξ ἀμφοῖν εἴη αὐτὸ σωματικὴ οὐσία, ἐκείνων δὲ ἑκάτερον οὐ σῶμα, πῶς ἂν ἐν ἑνὶ τάττοιτο καὶ τῷ αὐτῷ μετὰ τοῦ συνθέτου; Πῶς δ´ ἂν τὰ στοιχεῖά τινος μετ´ αὐτοῦ; Εἰ δ´ ἀπὸ τῶν σωμάτων ἀρχοίμεθα, ἀρχοίμεθ´ ἂν ἀπὸ συλλαβῶν. Διὰ τί δὲ οὐκ ἀνάλογον, εἰ καὶ μὴ κατὰ ταὐτὰ διαίρεσις, λέγοιμεν ἂν ἀντὶ μὲν τοῦ ἐκεῖ ὄντος ἐνταῦθα τὴν ὕλην, ἀντὶ δὲ τῆς ἐκεῖ κινήσεως ἐνταῦθα τὸ εἶδος, οἷον ζωήν τινα καὶ τελείωσιν τῆς ὕλης, τῆς δὲ ὕλης τὴν οὐκ ἔκστασιν κατὰ τὴν στάσιν, καὶ τὸ ταὐτὸν καὶ θάτερον οὔσης καὶ ἐνταῦθα ἑτερότητος πολλῆς καὶ ἀνομοιότητος μᾶλλον; πρῶτον μὲν ὕλη οὐχ οὕτως ἔχει καὶ λαμβάνει τὸ εἶδος ὡς ζωὴν αὐτῆς οὐδὲ ἐνέργειαν αὐτῆς, ἀλλ´ ἔπεισιν ἀλλαχόθεν οὐκ ὄν τι ἐκείνης. Εἶτα ἐκεῖ τὸ εἶδος ἐνέργεια καὶ κίνησις, ἐνταῦθα δὲ κίνησις ἄλλο καὶ συμβεβηκός· τὸ δὲ εἶδος στάσις αὐτῆς μᾶλλον καὶ οἷον ἡσυχία· ὁρίζει γὰρ ἀόριστον οὖσαν. Τό τε ταὐτὸν ἐκεῖ καὶ τὸ ἕτερον ἑνὸς τοῦ αὐτοῦ καὶ ἑτέρου ὄντος, ἐνταῦθα δὲ ἕτερον μεταλήψει, καὶ πρὸς ἄλλο, καί τι ταὐτὸν καὶ ἕτερον, οὐδ´ ὡς ἐκεῖ εἴη ἄν τι ἐν τοῖς ὑστέροις τι ταὐτὸν καί τι ἕτερον. Στάσις δὲ τῆς ὕλης πῶς ἐπὶ πάντα ἑλκομένης μεγέθη καὶ ἔξωθεν τὰς μορφὰς καὶ οὐκ αὐτάρκους ἑαυτῇ μετὰ τούτων τὰ ἄλλα γεννᾶν; Ταύτην μὲν οὖν τὴν διαίρεσιν ἀφετέον. [6,3,2] Parlons d'abord de ce qu'on appelle essence ici-bas. Il faut reconnaître que la nature corporelle ne peut recevoir le nom d'essence que par homonymie ou même qu'elle ne doit pas le recevoir du tout, puisqu'elle implique l'idée d'écoulement {de changement} perpétuel: la dénomination qui lui convient proprement, c'est celle de génération. Il faut reconnaître aussi que les choses qui appartiennent à la génération sont fort diverses ; cependant tous les corps, les uns simples {comme les éléments}, les autres composés {comme les mixtes}, doivent être ramenés à un seul genre ainsi que leurs accidents et leurs effets, en établissant des divisions entre ces choses. — On peut encore distinguer dans les corps, d'un côté la matière, de l'autre la forme imprimée à la matière, et faire un genre de chacune d'elles prise séparément, ou bien les réunir toutes deux dans un même genre, en les appelant, par homonymie, essence, ou plutôt génération. Mais que peut-il y avoir de commun entre la matière et la forme? Comment en outre la matière serait-elle un genre et que comprendrait ce genre? La matière n'est-elle pas en effet partout la même? Et d'ailleurs, dans quel genre placerons-nous le composé qui résulte de l'union de la forme et de la matière? Si nous disons que ce composé même est l'essence corporelle, mais qu'aucun de ses éléments n'est corps, comment ceux-ci seraient-ils rangés dans la même catégorie que le composé? Vit-on jamais placer dans le même genre les éléments d'une chose et cette chose même? Si l'on répond qu'il faut commencer par les corps {par les composés}, c'est comme si l'on nous disait que dans la lecture il faut commencer par les syllabes {et non par les lettres}. Mais si l'on ne peut établir dans le monde sensible des divisions qui soient absolument les mêmes que celles du monde intelligible, pourquoi n'y admettrions-nous pas des divisions analogues? Au lieu de l'être intelligible, nous aurons ici-bas la matière; au lieu du mouvement intelligible, la forme, qui donne à la matière la vie et la perfection ; au lieu de la stabilité intelligible, l'inertie de la matière ; au lieu de l'identité, la ressemblance; au lieu de la différence, la diversité ou plutôt la dissemblance qu'offrent les êtres sensibles. Soit : mais remarquons d'abord que la matière ne reçoit ni ne possède la forme comme sa vie ou son acte propre, qu'au contraire la forme s'introduit du dehors en elle, au lieu d'appartenir à son essence. Remarquons en outre que, tandis que dans le monde intelligible la forme est essentiellement acte et mouvement, dans le monde sensible le mouvement est quelque chose d'étranger et d'accidentel; loin d'être mouvement, la forme imprimée à la matière lui communique plutôt la stabilité et l'immobilité : car la forme détermine la matière qui est naturellement indéterminée; dans le monde intelligible, l'identité et la différence s'entendent d'un seul et même être, à la fois identique et différent; ici-bas, l'être n'est différent que relativement, par participation {à la différence} : car il est quelque chose d'identique et de différent, non par conséquence, comme là-haut, mais par sa nature. Quant à la stabilité, comment l'attribuer à la matière qui prend toutes les grandeurs, qui reçoit du dehors toutes ses formes, sans pouvoir jamais rien engendrer par elle-même au moyen de ces formes? Il faut donc renoncer à cette division.


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Dernière mise à jour : 14/06/2010