HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Phedon

Chapitre 6

  Chapitre 6

[6] VI - Κατὰ τί δὴ οὖν ποτε οὔ φασι θεμιτὸν εἶναι αὐτὸν ἑαυτὸν ἀποκτεινύναι,
Σώκρατες; Ἤδη γὰρ ἔγωγε, ὅπερ νυνδὴ σὺ ἤρου, καὶ Φιλολάου ἤκουσα, ὅτε
παρἡμῖν διῃτᾶτο, ἤδη δὲ καὶ ἄλλων τινῶν, ὡς οὐ δέοι τοῦτο ποιεῖν· σαφὲς
δὲ περὶ αὐτῶν οὐδενὸς πώποτε οὐδὲν ἀκήκοα. (62a)
- Ἀλλὰ προθυμεῖσθαι χρή, ἔφη· τάχα γὰρ ἂν καὶ ἀκούσαις. Ἴσως μέντοι
θαυμαστόν σοι φανεῖται εἰ τοῦτο μόνον τῶν ἄλλων ἁπάντων ἁπλοῦν ἐστιν,
καὶ οὐδέποτε τυγχάνει τῷ ἀνθρώπῳ, ὥσπερ καὶ τἆλλα, ἔστιν ὅτε καὶ οἷς
βέλτιον <ὂν> τεθνάναι ζῆν, οἷς δὲ βέλτιον τεθνάναι, θαυμαστὸν ἴσως σοι
φαίνεται εἰ τούτοις τοῖς ἀνθρώποις μὴ ὅσιον αὐτοὺς ἑαυτοὺς εὖ ποιεῖν, ἀλλὰ
ἄλλον δεῖ περιμένειν εὐεργέτην. »
Καὶ Κέβης ἠρέμα ἐπιγελάσας, « Ἴττω Ζεύς, « ἔφη, τῇ αὑτοῦ φωνῇ εἰπών.
(62b) - « Καὶ γὰρ ἂν δόξειεν, ἔφη Σωκράτης, οὕτω γεἶναι ἄλογον· οὐ μέντοι
ἀλλἴσως γἔχει τινὰ λόγον. μὲν οὖν ἐν ἀπορρήτοις λεγόμενος περὶ αὐτῶν
λόγος, ὡς ἔν τινι φρουρᾷ ἐσμεν οἱ ἄνθρωποι καὶ οὐ δεῖ δὴ ἑαυτὸν ἐκ ταύτης
λύειν οὐδἀποδιδράσκειν, μέγας τέ τίς μοι φαίνεται καὶ οὐ ῥᾴδιος διιδεῖν· οὐ
μέντοι ἀλλὰ τόδε γέ μοι δοκεῖ, Κέβης, εὖ λέγεσθαι, τὸ θεοὺς εἶναι ἡμῶν
τοὺς ἐπιμελουμένους καὶ ἡμᾶς τοὺς ἀνθρώπους ἓν τῶν κτημάτων τοῖς θεοῖς
εἶναι. σοὶ οὐ δοκεῖ οὕτως;
- Ἔμοιγε, φησὶν Κέβης.
(62c) - Οὐκοῦν, δὅς, καὶ σὺ ἂν τῶν σαυτοῦ κτημάτων εἴ τι αὐτὸ ἑαυτὸ
ἀποκτεινύοι, μὴ σημήναντός σου ὅτι βούλει αὐτὸ τεθνάναι, χαλεπαίνοις ἂν
αὐτῷ καί, εἴ τινα ἔχοις τιμωρίαν, τιμωροῖο ἄν;
- Πάνυ γ᾽, ἔφη.
- Ἴσως τοίνυν ταύτῃ οὐκ ἄλογον μὴ πρότερον αὑτὸν ἀποκτεινύναι δεῖν, πρὶν
ἀνάγκην τινὰ θεὸς ἐπιπέμψῃ, ὥσπερ καὶ τὴν νῦν ἡμῖν παροῦσαν.
[6] VI. — Dis-nous donc, Socrate, sur quoi l’on peut bien se fonder, quand on prétend que
le suicide n’est pas permis. Pour ma part, pour en revenir à ta question de tout à l’heure,
j’ai déjà entendu dire à Philolaos, quand il séjournait parmi nous, et à plusieurs autres
aussi, qu’on n’a pas le droit de se tuer. Mais de précisions sur ce point, personne ne
m’en a jamais donné aucune.
— Il ne faut pas te décourager, reprit Socrate, il se peut que l’on t’en donne. Mais peut-
être te paraîtra-t-il étonnant que cette question seule entre toutes ne comporte qu’une
solution et ne soit jamais laissée à la décision de l’homme, comme le sont les autres.
Étant donné qu’il y a des gens pour qui, en certaines circonstances, la mort est
préférable à la vie, il te paraît peut-être étonnant que ceux pour qui la mort est
préférable ne puissent sans impiété se rendre à eux-mêmes ce bon office et qu’ils doivent
attendre un bienfaiteur étranger. »
Alors Cébès, souriant doucement : « Que Zeus s’y reconnaisse, » dit-il dans le parler de
son pays.
— « Cette opinion, ainsi présentée, peut paraître déraisonnable, reprit Socrate ; elle
n’est pourtant pas sans raison. La doctrine qu’on enseigne en secret sur cette matière,
que nous autres hommes nous sommes comme dans un poste, d’où l’on n’a pas le droit
de s’échapper ni de s’enfuir, me paraît trop relevée et difficile à élucider ; mais on y
trouve au moins une chose qui est bien dite, c’est que ce sont des dieux qui s’occupent de
nous et que, nous autres hommes, nous sommes un des biens qui appartiennent aux
dieux. Ne crois-tu pas que cela soit vrai ?
— Je le crois, dit Cébès.
— Toi-même, reprit Socrate, si l’un des êtres qui sont à toi se tuait lui-même, sans que tu
lui eusses notifié que tu voulais qu’il mourût, ne lui en voudrais-tu pas, et ne le punirais-
tu pas, si tu avais quelque moyen de le faire ?
— Certainement si, dit Cébès.
— Si l’on se place à ce point de vue, peut-être n’est-il pas déraisonnable de dire qu’il ne
faut pas se tuer avant que Dieu nous en impose la nécessité, comme il le fait aujourd’hui
pour moi.


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Dernière mise à jour : 8/06/2005