[4,79] Εἶτα λέγει πρὸς τὸ τῶν αἰσθανομένων τῆς ἑαυτῶν
ὑπεροχῆς ἀνθρώπων γένος, ἣν ὑπερέχει τῶν ἀλόγων ζῴων,
ὅτι πρὸς ὃ ὑμεῖς φατε, ὡς ὁ θεὸς ἡμῖν δέδωκεν αἱρεῖν τὰ
θηρία δύνασθαι καὶ καταχρήσασθαι, ἐροῦμεν ὅτι ὡς εἰκός,
πρὶν πόλεις εἶναι καὶ τέχνας καὶ τοιαύτας ἐπιμιξίας καὶ
ὅπλα καὶ δίκτυα, ἄνθρωποι μὲν ὑπὸ θηρίων ἡρπάζοντο καὶ
ἠσθίοντο, θηρία δ´ ὑπ´ ἀνθρώπων ἥκιστα ἡλίσκετο. Ὅρα
δὲ πρὸς ταῦτα ὅτι, εἰ καὶ αἱροῦσιν ἄνθρωποι θηρία καὶ
θηρία ἀνθρώπους ἁρπάζει, πολλή ἐστι διαφορὰ τῶν συνέσει
κρατούντων παρὰ τὰ ἀγριότητι καὶ ὠμότητι περιγινόμενα
τῶν οὐ χρωμένων τῇ συνέσει πρὸς τὸ μηδὲν ὑπὸ θηρίων
παθεῖν. Τὸ δὲ πρὶν πόλεις εἶναι καὶ τέχνας καὶ τοιαύτας
ἐπιμιξίας ἐπιλελησμένου οἶμαι εἶναι ὧν ἀνωτέρω προεῖπεν,
ὡς ἀγενήτου ὄντος τοῦ κόσμου καὶ ἀφθάρτου, καὶ μόνων
τῶν ἐπὶ γῆς κατακλυσμοὺς καὶ ἐκπυρώσεις πασχόντων, καὶ
οὐ πάντων ἅμα τούτοις περιπιπτόντων. Ὡς οὐκ ἔστιν οὖν
τοῖς ἀγένητον ὑφισταμένοις τὸν κόσμον ἀρχὴν αὐτοῦ εἰπεῖν,
οὕτως οὐδὲ χρόνον, ὅτ´ οὐδαμῶς ἦσαν πόλεις οὐδὲ τέχναι πω
εὕρηντο. Ἀλλ´ ἔστω καὶ ταῦτα ἡμῖν μὲν συνᾳδόντως αὐτῷ
συγχωρεῖν αὐτῷ δὲ καὶ τοῖς ἀνωτέρω ὑπ´ αὐτοῦ λελεγμένοις
οὐκέτι· τί οὖν τοῦτο πρὸς τὸ πάντως κατ´ ἀρχὰς τοὺς μὲν
ἀνθρώπους ὑπὸ θηρίων ἁρπάζεσθαι καὶ ἐσθίεσθαι, μηκέτι δὲ
τὰ θηρία ὑπ´ ἀνθρώπων ἁλίσκεσθαι; Εἴπερ γὰρ κατὰ
πρόνοιαν ὁ κόσμος γεγένηται, καὶ θεὸς ἐφέστηκε τοῖς
ὅλοις ἀναγκαῖον ἦν τὰ ζώπυρα τοῦ γένους τῶν ἀνθρώπων
ἀρξάμενα ὑπό τινα γεγονέναι φρουρὰν τὴν ἀπὸ κρειττόνων,
ὥστε κατ´ ἀρχὰς ἐπιμιξίαν γεγονέναι τῆς θείας φύσεως
πρὸς τοὺς ἀνθρώπους. Ἅπερ καὶ ὁ Ἀσκραῖος ποιητὴς ἐννοῶν εἶπε·
"Ξυναὶ γὰρ τότε δαῖτες ἔσαν, ξυνοὶ δὲ θόωκοι
ἀθανάτοισι θεοῖσι καταθνητοῖς τ´ ἀνθρώποις".
| [4,79] Celse s'adresse ensuite aux hommes en général, qui sentent bien eux-mêmes
combien ils sont élevés au-dessus des animaux sans raison. Vous voulez,
dit-il, que Dieu vous ait donné le pouvoir de prendre et de tuer les bêtes
farouches. Mais avant que les hommes eussent fait société entr'eux, qu'ils
eussent bâti des villes et inventé les arts, qu'ils eussent appris à se
servir d'armes et de rets, il y a beaucoup d'apparence que c'étaient les
hommes que les bêtes ravissaient et dévoraient, mais qu'eux ne prenaient
guère de bêtes. Voyez encore que quoique les hommes prennent les bêtes et
que les bêtes ravissent les hommes, il y a pourtant bien de la différence
entre les hommes, à qui leur intelligence et leur raison donnent le
dessus, et les bêtes à qui leur férocité et leur rage le donnent, quand on
ne se sert pas de sa raison pour se garantir de leur fureur. Lorsqu'il dit
: Avant que les hommes eussent fait société entre eux, qu'ils eussent bâti
des villes et inventé les arts ; il ne se souvient pas sans doute de ce
qu'il a déjà dit ailleurs : Que le monde est incréé et incorruptible,
qu'il n'y a que les choses qui sont sur la terre qui soient sujettes aux
déluges et aux embrasements, et qu'elles n'y sont pas même sujettes toutes
à la fois. Comme donc ceux qui font le monde incréé ne sauraient marquer
le temps de son origine, ils ne sauraient marquer aucun temps non plus où
il n'y eût point de villes, et où les arts ne fussent pas encore inventés.
Mais je veux qu'il parle de la sorte par concession, par rapport à nos
sentiments plutôt qu'aux siens, tels qu'il les a posés ci-dessus : comment
en conclura-t- il, qu'au commencement les hommes étaient ravis et dévorés
par les bêtes, et que les bêtes n'étaient point prises par les hommes? Car
si Dieu a créé le monde et qu'il le conduise par sa providence, il faut
nécessairement que les premiers hommes en qui tout le genre humain était
encore comme dans sa source, fussent sous la garde et sous la protection
de quelques êtres plus puissants; qu'en ce temps-la, dis-je, les hommes
eussent une étroite communication avec la Divinité. Et c'est ce qui a fait
dire à Hésiode;
"Alors, hommes et dieux, assis à la même table.
Confondaient leurs plaisirs el partageaient leurs soins".
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