[4,28] Ἐπεὶ δὲ πεποίηκεν οὓς ἡγεῖται σκώληκας Χριστιανοὺς
λέγοντας ὅτι τὴν οὐράνιον φορὰν ἀπολιπὼν ὁ θεὸς καὶ τὴν
τοσαύτην γῆν παριδὼν ἡμῖν μόνοις πολιτεύεται καὶ πρὸς
ἡμᾶς ἐπικηρυκεύεται καὶ πέμπων οὐ διαλείπει καὶ ζητῶν,
ὅπως ἀεὶ συνῶμεν αὐτῷ, λεκτέον ὅτι τὰ μὴ λεγόμενα πρὸς
ἡμῶν περιτίθησιν ἡμῖν, τοῖς καὶ ἀναγινώσκουσι καὶ γινώσκουσιν
ὅτι «Ἀγαπᾷ πάντα τὰ ὄντα ὁ θεὸς καὶ οὐδὲν βδελύσσεται
ὧν ἐποίησεν· οὐδὲ γὰρ ἂν μισῶν τι κατεσκεύασεν.»
Ἀνέγνωμεν δὲ καὶ τό· «Φείδῃ δὲ πάντων, ὅτι σά ἐστι
πάντα, φιλόψυχε. Τὸ γὰρ ἄφθαρτόν σου πνεῦμά ἐστιν ἐν
πᾶσι· διὸ καὶ τοὺς παραπίπτοντας κατ´ ὀλίγον ἐλέγχεις,
καὶ ἐν οἷς ἁμαρτάνουσιν ὑπομιμνήσκων νουθετεῖς.» Πῶς
δὲ δυνάμεθα λέγειν τὴν οὐράνιον φορὰν καὶ τὸν πάντα
κόσμον ἀπολιπόντα τὸν θεὸν καὶ τὴν τοσαύτην γῆν παριδόντα
ἡμῖν μόνοις ἐμπολιτεύεσθαι; Οἵτινες ἐν ταῖς εὐχαῖς εὕρομεν
δεῖν τι λέγειν φρονοῦντας ὅτι «τοῦ ἐλέους κυρίου πλήρης ἡ
γῆ», καὶ «ἔλεος κυρίου ἐπὶ πᾶσαν σάρκα», καὶ ὅτι ἀγαθὸς
ὢν ὁ θεὸς «ἀνατέλλει» «τὸν ἥλιον αὐτοῦ ἐπὶ πονηροὺς
καὶ ἀγαθοὺς καὶ βρέχει ἐπὶ δικαίους καὶ ἀδίκους», καὶ
ἡμᾶς, ἵνα γενώμεθα αὐτοῦ υἱοί, ἐπὶ τὰ παραπλήσια προτρέπων
καὶ διδάσκων εἰς πάντας ἡμᾶς ἀνθρώπους κατὰ τὸ
δυνατὸν ἐκτείνειν τὰς εὐποιΐας. Καὶ γὰρ αὐτὸς εἴρηται
«σωτὴρ πάντων ἀνθρώπων, μάλιστα πιστῶν», καὶ ὁ
Χριστὸς αὐτοῦ «ἱλασμὸς» εἶναι «περὶ τῶν ἁμαρτιῶν
ἡμῶν, οὐ περὶ τῶν ἡμετέρων δὲ μόνων ἀλλὰ καὶ περὶ ὅλου
τοῦ κόσμου». Καὶ τάχα μὲν οὐ ταῦτα, ὅσα ἀνέγραψεν
ὁ Κέλσος, ἄλλα δέ τινα ἰδιωτικὰ εἴποιεν ἂν Ἰουδαίων τινές,
ἀλλ´ οὔτι γε καὶ Χριστιανοί, οἱ διδαχθέντες ὅτι «Συνίστησι
τὴν ἑαυτοῦ ἀγάπην εἰς ἡμᾶς ὁ θεός, ὅτι ἔτι ἁμαρτωλῶν
ὄντων ἡμῶν Χριστὸς ὑπὲρ ἡμῶν ἀπέθανε.» Καίτοι γε
«Μόγις τις ὑπὲρ τοῦ δικαίου ἀποθανεῖται· ὑπὲρ γὰρ τοῦ
ἀγαθοῦ τάχα τις καὶ τολμᾷ ἀποθανεῖν.» Νυνὶ δὲ ὑπὲρ τῶν
πανταχοῦ ἁμαρτωλῶν, ἵνα καταλίπωσι τὴν ἁμαρτίαν καὶ
πιστεύσωσι τῷ θεῷ ἑαυτούς, ἐπιδεδημηκέναι κεκήρυκται ὁ
Ἰησοῦς, πατρίῳ τινὶ τοῖς λόγοις τούτοις συνηθείᾳ καὶ
Χριστὸς εἶναι λεγόμενος τοῦ θεοῦ.
| [4,28] Mais puisque Celse fait ajouter
encore à ses vers, c'est-à-dire aux chrétiens, que Dieu néglige le monde
entier, qu'il laisse rouler les cieux à l'aventure et qu'il abandonne tout
le reste de la terre pour ne prendre soin que d'eux, qu'ils sont les seuls
à qui il adresse ses hérauts, et qu'il ne cesse de leur en envoyer, à
dessein de lier avec eux une société indissoluble, il lui faut répondre
qu'il nous fait dire des choses à quoi nous n'avons jamais pensé, nous qui
avons lu et qui reconnaissons que Dieu aime tous les êtres, qu'il ne hait
rien de ce qu'il a fait et qu'il ne l'aurait pas fait s'il l'avait haï (Sag., XXII, 25).
Nous avons lu aussi : "Tu es indulgent envers tous, parce
que toutes choses t'appartiennent, ô Dieu qui aimes les âmes. Car ton
esprit incorruptible est répandu partout : c'est pourquoi tu corriges peu
à peu ceux qui tombent en quelque faute, et par les remontrances tu leur
fais comprendre en quoi ils ont péché" (Ibid., XI, 27, et XII, 1,2).
Comment pouvons-nous dire que Dieu néglige le monde entier, qu'il laisse
rouler les cieux à l'aventure, et qu'il abandonne tout le reste de la
terre pour ne prendre soin que de nous, nous qui savons que dans nos
prières nous nous devons toujours souvenir que toute la terre est remplie
de la bonté du Seigneur (Ps. XXXII ou XXXIII, 5), et que sa miséricorde
s'étend sur toute chair (Ecclés., XVI II, 12 ou 13); que Dieu, qui est
doux, fait lever son soleil aussi bien sur les méchants que sur les bons,
et fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes (Matth., V, 45) ; nous
qui savons encore que si nous voulons être ses enfants il faut que nous
l'imitions et que nous fassions du bien à tous les hommes, autant qu'il
nous sera possible, comme il nous l'enseigne et nous y exhorte? Car il est
le Sauveur de tous les hommes et principalement des fidèles (Luc. VI,
35); et son Christ est la victime de propitiation pour nos péchés, et non
seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde (Tim.,
IV, 10; I Jean, II, 2). C'est là ce que je réponds à tout ce que Celse
avance ici contre nous. Il y a des juifs qui défendaient peut-être
autrement leur cause particulière; mais ils ne seraient pas suivis des
chrétiens qui ont appris que Dieu fait éclater la grandeur de son amour
envers nous, en ce que Jésus-Christ est mort pour nous lorsque nous étions
encore pécheurs (Rom., V, 8) Et certes, à peine quelqu'un voudrait-il
mourir pour un homme juste : peut-être néanmoins qu'il se pourrait trouver
quelqu'un qui ne refuserait pas de donner sa vie pour un homme de bien
(Rom. VII). Mais Jésus à qui nous donnons aussi le nom de Christ de Dieu,
selon le langage ordinaire de nos Écritures, Jésus est venu au monde pour
tous les pécheurs qui y sont, leur faisant déclarer que ce sont leurs
grands péchés qui l'y ont fait venir, pour leur apprendre à ne plus pécher
et à se consacrer tout entiers à Dieu.
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