[11] Ὁ μὲν οὖν τῶν τεχνογράφων ὅρος ἔμοιγ´ οὐκ ἀρεστός. αὔξησίς
ἐστι, φασί, λόγος μέγεθος περιτιθεὶς τοῖς ὑποκειμένοις. δύναται
γὰρ ἀμέλει καὶ ὕψους καὶ πάθους καὶ τρόπων εἶναι κοινὸς οὗτος
ὅρος, ἐπειδὴ κἀκεῖνα τῷ λόγῳ περιτίθησι ποιόν τι μέγεθος. ἐμοὶ
δὲ φαίνεται ταῦτα ἀλλήλων παραλλάττειν, ᾗ κεῖται τὸ μὲν ὕψος
ἐν διάρματι, ἡ δ´ αὔξησις καὶ ἐν πλήθει· διὸ κεῖνο μὲν κἀν νοήματι
ἑνὶ πολλάκις, ἡ δὲ πάντως μετὰ ποσότητος καὶ περιουσίας τινὸς
ὑφίσταται. καὶ ἔστιν ἡ αὔξησις, ὡς τύπῳ περιλαβεῖν, συμπλήρωσις
ἀπὸ πάντων τῶν ἐμφερομένων τοῖς πράγμασι μορίων καὶ τόπων,
ἰσχυροποιοῦσα τῇ ἐπιμονῇ τὸ κατεσκευασμένον, ταύτῃ τῆς
πίστεως διεστῶσα, ὅτι ἡ μὲν τὸ ζητούμενον ἀποδείκνυσιν- - -.
- - - πλουσιώτατα, καθάπερ τι πέλαγος, εἰς ἀναπεπταμένον
κέχυται πολλαχῇ μέγεθος. ὅθεν, οἶμαι, κατὰ λόγον ὁ μὲν ῥήτωρ
ἅτε παθητικώτερος πολὺ τὸ διάπυρον ἔχει καὶ θυμικῶς
ἐκφλεγόμενον, ὁ δέ, καθεστὼς ἐν ὄγκῳ καὶ μεγαλοπρεπεῖ σεμνότητι,
οὐκ ἔψυκται μέν, ἀλλ´ οὐχ οὕτως ἐπέστραπται. οὐ κατ´ ἄλλα δέ τινα
ἢ ταῦτα, ἐμοὶ δοκεῖ, φίλτατε Τερεντιανέ, (λέγω δέ, εἰ καὶ ἡμῖν
ὡς Ἕλλησιν ἐφεῖταί τι γινώσκειν) καὶ ὁ Κικέρων τοῦ Δημοσθένους
ἐν τοῖς μεγέθεσι παραλλάττει. ὁ μὲν γὰρ ἐν ὕψει τὸ
πλέον ἀποτόμῳ, ὁ δὲ Κικέρων ἐν χύσει, καὶ ὁ μὲν ἡμέτερος διὰ τὸ
μετὰ βίας ἕκαστα, ἔτι δὲ τάχους ῥώμης δεινότητος, οἷον καίειν τε
ἅμα καὶ διαρπάζειν σκηπτῷ τινι παρεικάζοιτ´ ἂν ἢ κεραυνῷ, ὁ δὲ
Κικέρων ὡς ἀμφιλαφής τις ἐμπρησμός, οἶμαι, πάντη νέμεται καὶ
ἀνειλεῖται, πολὺ ἔχων καὶ ἐπίμονον ἀεὶ τὸ καῖον καὶ
διακληρονομούμενον ἄλλοτ´ ἀλλοίως ἐν αὐτῷ καὶ κατὰ διαδοχὰς
ἀνατρεφόμενον. ἀλλὰ ταῦτα μὲν ὑμεῖς ἂν ἄμεινον ἐπικρίνοιτε,
καιρὸς δὲ τοῦ Δημοσθενικοῦ μὲν ὕψους καὶ ὑπερτεταμένου ἔν τε ταῖς
δεινώσεσι καὶ τοῖς σφοδροῖς πάθεσι καὶ ἔνθα δεῖ τὸν ἀκροατὴν τὸ
σύνολον ἐκπλῆξαι, τῆς δὲ χύσεως ὅπου χρὴ καταντλῆσαι·
τοπηγορίαις τε γὰρ καὶ ἐπιλόγοις κατὰ τὸ πλέον καὶ παρεκβάσεσι
καὶ τοῖς φραστικοῖς ἅπασι καὶ ἐπιδεικτικοῖς, ἱστορίαις τε καὶ
φυσιολογίαις, καὶ οὐκ ὀλίγοις ἄλλοις μέρεσιν ἁρμόδιος.
| [11] CHAPITRE XI. Ce que c’est qu’amplification.
Je ne saurais approuver la définition que lui donnent les maîtres de
l'art. L'amplification, disent-ils, est un discours qui augmente et
agrandit les choses. Car cette définition peut convenir tout de même au
sublime, au pathétique et aux figures: puisqu'elles donnent toutes au
discours je ne sais quel caractère de grandeur. Il y a pourtant bien de la
différence. Et premièrement le sublime consiste dans la hauteur et
l’élévation : au lieu que l'amplification consiste aussi dans la multitude
des paroles ; c'est pourquoi le sublime se trouve quelquefois dans une
simple pensée: mais l'amplification ne subsiste que dans la pompe et
l'abondance. L'amplification donc, pour en donner ici une idée générale,
est un accroissement de paroles, que l’on peut tirer de toutes les
circonstances particulières des choses et de tous les lieux de l’oraison,
qui remplit le discours, et le fortifie, en appuyant sur ce qu’on a déjà
dit. Ainsi elle diffère de la preuve, en ce qu'on emploie celle-ci pour
prouver la question, au lieu que l'amplification ne sert qu'à étendre et à
exagérer - - -.
La même différence à mon avis est entre Démosthène et Cicéron pour le grand
et le sublime, autant que nous autres Grecs pouvons juger des ouvrages d' un
Auteur Latin. En effet Démosthène est grand en ce qu'il est ferré et
concis, et Cicéron au contraire en ce qu'il est diffus etétendu. On peut
comparer ce Premier à cause de la violence, de la rapidité, de la force, et
de la véhémence avec laquelle il ravage, pour ainsi dire, et emporte tout,
à une tempête et à un foudre. Pour Cicéron, à mon sens, il ressemble à un
grand embrasement qui se répand par tout, et s'élève en l'air, avec un feu
dont la violence dure et ne s'éteint point: qui fait de différents effets,
selon les différents endroits où il se trouve, mais qui se nourrit
néanmoins et s'entretient toujours dans la diversité des choses où il
s'attache. Mais vous pouvez mieux juger de cela que moi. Au reste le
sublime de Démosthène vaut sans doute bien mieux dans les exagérations
fortes, et les violentes passions : quand il faut, pour ainsi dire, étonner
l'auditeur. Au contraire l'abondance est meilleure, lorsqu'on veut, si
j'ose me servir de ces termes répandre une rosée agréable dans les
esprits. Et certainement un discours diffus est bien plus propre pour les
lieux communs, les péroraisons, les digressions, et généralement pour tous
ces discours qui se font dans le genre démonstratif. Il en est de même
pour les histoires, les traités de physique et plusieurs autres semblables
matières.
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