HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, livre IV

Chapitres 80-89

  Chapitres 80-89

[4,80] Ὡς δὲ μετὰ ταῦτα ἐξήλαυνε Σκύλης ἐς ἤθεα τὰ ἑωυτοῦ, οἱ Σκύθαι προστησάμενοι τὸν ἀδελφεὸν αὐτοῦ Ὀκταμασάδην, γεγονότα ἐκ τῆς Τήρεω θυγατρός, ἐπανιστέατο τῷ Σκύλῃ. (2) δὲ μαθὼν τὸ γινόμενον ἐπἑωυτῷ καὶ τὴν αἰτίην διἣν ἐποιέετο, καταφεύγει ἐς τὴν Θρηίκην. πυθόμενος δὲ Ὀκταμασάδης ταῦτα ἐστρατεύετο ἐπὶ τὴν Θρηίκην. ἐπείτε δὲ ἐπὶ τῷ Ἴστρῳ ἐγένετο, ἠντίασάν μιν οἱ Θρήικες, μελλόντων δὲ αὐτῶν συνάψειν ἔπεμψε Σιτάλκης παρὰ τὸν Ὀκταμασάδην λέγων τοιάδε. (3) “τι δεῖ ἡμέας ἀλλήλων πειρηθῆναι; εἶς μέν μευ τῆς ἀδελφεῆς παῖς, ἔχεις δέ μευ ἀδελφεόν. σὺ δέ μοι ἀπόδος τοῦτον, καὶ ἐγὼ σοὶ τὸν σὸν Σκύλην παραδίδωμι· στρατιῇ δὲ μήτε σὺ κινδυνεύσῃς μήτἐγώ„. (4) ταῦτά οἱ πέμψας Σιτάλκης ἐπεκηρυκεύετο· ἦν γὰρ παρὰ τῷ Ὀκταμασάδη ἀδελφεὸς Σιτάλκεω πεφευγώς. δὲ Ὀκταμασάδης καταινέει ταῦτα, ἐκδοὺς δὲ τὸν ἑωυτοῦ μήτρωα Σιτάλκη ἔλαβε τὸν ἀδελφεὸν Σκύλην. (5) καὶ Σιτάλκης μὲν παραλαβὼν τὸν ἀδελφεὸν ἀπήγετο, Σκύλεω δὲ Ὀκταμασάδης αὐτοῦ ταύτῃ ἀπέταμε τὴν κεφαλήν. οὕτω μὲν περιστέλλουσι τὰ σφέτερα νόμαια Σκύθαι, τοῖσι δὲ παρακτωμένοισι ξεινικοὺς νόμους τοιαῦτα ἐπιτίμια διδοῦσι. [4,80] LXXX. Scylès étant parti après cela pour retourner chez lui, ses sujets se révoltèrent, et proclamèrent en sa place Octamasades, son frère, fils de la fille de Térès. Ce prince, ayant appris cette révolte, et quel en était le motif, se réfugia en Thrace. Sur cette nouvelle, Octamasades, à la tête d'une armée, le poursuivit dans sa retraite. Quand il fut arrivé sur les bords de l'Ister, les Thraces vinrent à sa rencontre. Mais comme on était sur le point de donner bataille, Sitalcès envoya un héraut à Octamasades, avec ordre de lui dire : «Qu'est-il besoin de tenter, l'un et l'autre, le hasard d'un combat ? Vous êtes fils de ma soeur, et vous avez mon frère en votre puissance : si vous me le rendez, je vous livrerai Scylès, et nous ne nous exposerons point au sort d'une bataille.» Le frère de Sitalcès s'était en effet réfugié auprès d'Octamasades. Ce prince accepta l'offre, remit son oncle maternel entre les mains de Sitalcès, et reçut en échange son frère Scylès. Sitalcès n'eut pas plutôt son frère en son pouvoir, qu'il se retira avec ses troupes ; et dès qu'on eut rendu Scylès, Octamasades lui fit trancher la tête sur la place même. Telle est la scrupuleuse exactitude des Scythes dans l'observation de leurs lois et de leurs coutumes, et la rigueur avec laquelle ils punissent ceux qui en affectent d'étrangères.
[4,81] Πλῆθος δὲ τὸ Σκυθέων οὐκ οἷος τε ἐγενόμην ἀτρεκέως πυθέσθαι, ἀλλὰ διαφόρους λόγους περὶ τοῦ ἀριθμοῦ ἤκουον· καὶ γὰρ κάρτα πολλοὺς εἶναι σφέας καὶ ὀλίγους ὡς Σκύθας εἶναι. (2) τοσόνδε μέντοι ἀπέφαινόν μοι ἐς ὄψιν. ἔστι μεταξὺ Βορυσθένεός τε ποταμοῦ καὶ Ὑπάνιος χῶρος, οὔνομα δέ οἱ ἐστὶ Ἐξαμπαῖος· τοῦ καὶ ὀλίγῳ τι πρότερον τούτων μνήμην εἶχον, φάμενος ἐν αὐτῷ κρήνην ὕδατος πικροῦ εἶναι, ἀπἧς τὸ ὕδωρ ἀπορρέον τὸν Ὕπανιν ἄποτον ποιέειν. (3) ἐν τούτῳ τῷ χώρῳ κέεται χαλκήιον, μεγάθει καὶ ἑξαπλήσιον τοῦ ἐπὶ στόματι τοῦ Πόντου κρητῆρος, τὸν Παυσανίης Κλεομβρότου ἀνέθηκε. (4) ὃς δὲ μὴ εἶδε κω τοῦτον, ὧδε δηλώσω. ἑξακοσίους ἀμφορέας εὐπετέως χωρέει τὸ ἐν Σκύθῃσι χαλκήιον, πάχος δὲ τὸ Σκυθικὸν τοῦτο χαλκήιον ἐστὶ δακτύλων ἕξ. τοῦτο ὦν ἔλεγον οἱ ἐπιχώριοι ἀπὸ ἀρδίων γενέσθαι. (5) βουλόμενον γὰρ τὸν σφέτερον βασιλέα, τῶ οὔνομα εἶναι Ἀριάνταν, τοῦτον εἰδέναι τὸ πλῆθος τὸ Σκυθέων κελεύειν μιν πάντας Σκύθας ἄρδιν ἕκαστον μίαν ἀπὸ τοῦ ὀιστοῦ κομίσαι. ὃς δἄν μὴ κομίσῃ, θάνατον ἀπείλεε. (6) κομισθῆναι τε δὴ χρῆμα πολλὸν ἀρδίων καί οἱ δόξαι ἐξ αὐτέων μνημόσυνον ποιήσαντι λιπέσθαι. ἐκ τουτέων δή μιν τὸ χαλκήιον ποιῆσαι τοῦτο καὶ ἀναθεῖναι ἐς τὸν Ἐξαμπαῖον τοῦτον. ταῦτα δὲ περὶ τοῦ πλήθεος τοῦ Σκυθέων ἤκουον. [4,81] LXXXI. Quant à la population de la Scythie, on m'en a parlé diversement, et je n'en ai jamais rien pu apprendre de certain : les uns m'ont dit que ce pays était très peuplé, et les autres, qu'à ne compter que les véritables Scythes, il l'était peu. Mais voici ce que j'ai vu par moi-même. Entre le Borysthène et l'Hypanis, est un certain canton qu'on appelle Exampée. J'en ai fait mention un peu plus haut, en parlant d'une fontaine dont les eaux sont si amères, que celles de l'Hypanis, dans lequel elle se jette, en sont. tellement altérées, qu'il n'est pas possible d'en boire. Il y a dans ce pays un vase d'airain six fois plus grand que le cratère qui se voit à l'embouchure du Pont-Euxin, et que Pausanias, fils de Cléombrote, y a consacré. Je vais en donner les dimensions, en faveur de ceux qui ne l'ont point vu. Ce vase d'airain, qui est dans la Scythie, contient aisément six- cents amphores, et il a six doigts d'épaisseur. Les habitants du pays m'ont dit qu'il avait été fait de pointes de flèches ; que leur roi Ariantas, voulant savoir le nombre de ses sujets, commanda à tous les Scythes d'apporter chacun une pointe de flèche, sous peine de mort ; qu'on lui en apporta en effet une quantité prodigieuse, dont il fit faire ce vase d'airain, qu'il consacra dans le lieu qu'on appelle Exampée, comme un monument qu'il laissait à la postérité. Voilà ce que j'ai appris de la population des Scythes.
[4,82] Θωμάσια δὲ χώρη αὕτη οὐκ ἔχει, χωρὶς ὅτι ποταμούς τε πολλῶ μεγίστους καὶ ἀριθμὸν πλείστους. τὸ δὲ ἀποθωμάσαι ἄξιον καὶ πάρεξ τῶν ποταμῶν καὶ τοῦ μεγάθεος τοῦ πεδίου παρέχεται, εἰρήσεται. ἴχνος Ἡρακλέος φαίνουσι ἐν πέτρῃ ἐνεόν, τὸ ἔοικε μὲν βήματι ἀνδρός, ἔστι δὲ τὸ μέγαθος δίπηχυ, παρὰ τὸν Τύρην ποταμόν. τοῦτο μέν νυν τοιοῦτο ἐστί, ἀναβήσομαι δὲ ἐς τὸν κατἀρχὰς ἤια λέξων λόγον. [4,82] LXXXII. La Scythie n'a rien de merveilleux que les fleuves qui l'arrosent ; ils sont très considérables et en très grand nombre. Mais, indépendamment de ses fleuves et de ses vastes plaines, on y montre encore une chose digne d'admiration : c'est l'empreinte du pied d'Hercule, sur un roc près du Tyras. Cette empreinte ressemble à celle d'un pied d'homme, mais elle a deux coudées de long. Revenons maintenant au sujet dont je m'étais proposé de parler au commencement de ce livre.
[4,83] Παρασκευαζομένου Δαρείου ἐπὶ τοὺς Σκύθας καὶ ἐπιπέμποντος ἀγγέλους ἐπιτάξοντας τοῖσι μὲν πεζὸν στρατόν, τοῖσι δὲ νέας παρέχειν, τοῖσι δὲ ζεύγνυσθαι τὸν Θρηίκιον Βόσπορον Ἀρτάβανος Ὑστάσπεος, ἀδελφεὸς ἐὼν Δαρείου, ἐχρήιζε μηδαμῶς αὐτὸν στρατηίην ἐπὶ Σκύθας ποιέεσθαι, καταλέγων τῶν Σκυθέων τὴν ἀπορίην. (2) ἀλλοὐ γὰρ ἔπειθε συμβουλεύων οἱ χρηστά, μὲν ἐπέπαυτο, δέ, ἐπειδή οἱ τὰ ἅπαντα παρεσκεύαστο, ἐξήλαυνε τὸν στρατὸν ἐκ Σούσων. [4,83] LXXXIII. Darius fit de grands préparatifs contre les Scythes ; il dépêcha de toutes parts des courriers, pour ordonner aux uns de lever une armée de terre, aux autres d'équiper une flotte, à d'autres enfin de construire un pont de bateaux sur le Bosphore de Thrace. Cependant Artabane, fils d'Hystaspes et frère de Darius, n'était nullement d'avis que le roi entreprit de porter la guerre en Scythie. Il lui représenta la pauvreté des Scythes ; mais quand il vit que ses remontrances, quoique sages, ne faisaient aucune impression sur son esprit, il n'insista pas davantage. Les préparatifs achevés, Darius, à la tête de son armée, partit de Suses.
[4,84] Ἐνθαῦτα τῶν Περσέων Οἰόβαζος ἐδεήθη Δαρείου τριῶν ἐόντων οἱ παίδων καὶ πάντων στρατευομένων ἕνα αὐτῷ καταλειφθῆναι. δὲ ἔφη ὡς φίλῳ ἐόντι καὶ μετρίων δεομένῳ πάντας τοὺς παῖδας καταλείψειν. (2) μὲν δὴ Οἰόβαζος περιχαρὴς ἦν, ἐλπίζων τοὺς υἱέας στρατηίης ἀπολελύσθαι. δὲ ἐκέλευσε τοὺς ἐπὶ τούτων ἐπεστεῶτας ἀποκτεῖναι πάντας τοὺς Οἰοβάζου παῖδας. [4,84] LXXXIV. Alors un Perse, nommé Oeobazus, dont les trois fils étaient de cette expédition, pria Darius d'en laisser un auprès de lui. Ce prince lui répondit, comme à un ami dont la demande était modérée, qu'il les lui laisserait tous trois. Le Perse, charmé de cette réponse, se flattait que ses trois fils allaient avoir leur congé ; mais le roi ordonna à ceux qui présidaient aux exécutions de faire mourir tous les enfants d'Oeobazus ; et, après leur mort, on les laissa en cet endroit-là même.
[4,85] Καὶ οὗτοι μὲν ἀποσφαγέντες αὐτοῦ ταύτῃ ἐλείποντο· Δαρεῖος δὲ ἐπείτε πορευόμενος ἐκ Σούσων ἀπίκετο τῆς Καλχηδονίης ἐπὶ τὸν Βόσπορον ἵνα ἔζευκτο γέφυρα, ἐνθεῦτεν ἐσβὰς ἐς νέα ἔπλεε ἐπὶ τὰς Κυανέας καλευμένας, τὰς πρότερον πλαγκτὰς Ἕλληνες φασὶ εἶναι, ἑζόμενος δὲ ἐπὶ ῥίῳ ἐθηεῖτο τὸν Πόντον ἐόντα ἀξιοθέητον. (2) πελαγέων γὰρ ἁπάντων πέφυκε θωμασιώτατος· τοῦ τὸ μὲν μῆκος στάδιοι εἰσὶ ἑκατὸν καὶ χίλιοι καὶ μύριοι, τὸ δὲ εὖρος, τῇ εὐρύτατος αὐτὸς ἑωυτοῦ, στάδιοι τριηκόσιοι καὶ τρισχίλιοι. (3) τούτου τοῦ πελάγεος τὸ στόμα ἐστὶ εὖρος τέσσερες στάδιοι· μῆκος δὲ, τοῦ στόματος αὐχήν, τὸ δὴ Βόσπορος κέκληται, κατ δὴ ἔζευκτο γέφυρα, ἐπὶ σταδίους εἴκοσι καὶ ἑκατόν ἐστι. τείνει δἐς τὴν Προποντίδα Βόσπορος· (4) δὲ Προποντὶς ἐοῦσα εὖρος μὲν σταδίων πεντακοσίων, μῆκος δὲ τετρακοσίων καὶ χιλίων, καταδιδοῖ ἐς τὸν Ἑλλήσποντον ἐόντα στεινότητα μὲν ἑπτὰ σταδίους, μῆκος δὲ τετρακοσίους. ἐκδιδοῖ δὲ Ἑλλήσποντος ἐς χάσμα πελάγεος τὸ δὴ Αἰγαῖον καλέεται. [4,85] LXXXV. Darius se rendit de Suses à Chalcédoine, sur le Bosphore, où l'on avait fait le pont. Il s'y embarqua, et fit voile vers les îles Cyanées, qui étaient autrefois errantes, s'il faut en croire les Grecs. Il s'assit dans le temple, et de là se mit à considérer le Pont-Euxin : c'est, de toutes les mers, celle qui mérite le plus notre admiration. Elle a onze mille cent stades de longueur, sur trois mille trois cents de largeur à l'endroit où elle est le plus large. L'embouchure de cette mer a quatre stades de large sur environ six vingts stades de long. Ce col, ou détroit, s'appelle Bosphore. C'était là où l'on avait jeté le pont. Le Bosphore s'étend jusqu'à la Propontide. Quant à la Propontide, elle a cinq cents stades de largeur sur quatorze cents de longueur, et se jette dans l'Hellespont, qui, dans l'endroit où il est le moins large, n'a que sept stades de largeur sur quatre cents de longueur. L'Hellespont communique à une mer d'une vaste étendue, qu'on appelle la mer Égée.
[4,86] Μεμέτρηται δὲ ταῦτα ὧδε. νηῦς ἐπίπαν μάλιστα κῃ κατανύει ἐν μακρημερίῃ ὀργυιὰς ἑπτακισμυρίας, νυκτὸς δὲ ἑξακισμυρίας. (2) ἤδη ὦν ἐς μὲν Φᾶσιν ἀπὸ τοῦ στόματος (τοῦτο γὰρ ἐστὶ τοῦ Πόντου μακρότατον) ἡμερέων ἐννέα πλόος ἐστὶ καὶ νυκτῶν ὀκτώ· αὗται ἕνδεκα μυριάδες καὶ ἑκατὸν ὀργυιέων γίνονται, ἐκ δὲ τῶν ὀργυιέων τουτέων στάδιοι ἑκατὸν καὶ χίλιοι καὶ μύριοι εἰσί. (3) ἐς δὲ Θεμισκύρην τὴν ἐπὶ Θερμώδοντι ποταμῷ ἐκ τῆς Σινδικῆς (κατὰ τοῦτο γὰρ ἐστὶ τοῦ Πόντου εὐρύτατον) τριῶν τε ἡμερέων καὶ δύο νυκτῶν πλόος· αὗται δὲ τρεῖς μυριάδες καὶ τριήκοντα ὀργυιέων γίνονται, στάδιοι δὲ τριηκόσιοι καὶ τρισχίλιοι. (4) μέν νυν Πόντος οὗτος καὶ Βόσπορός τε καὶ Ἑλλήσποντος οὕτω τέ μοι μεμετρέαται καὶ κατὰ τὰ εἰρημένα πεφύκασι, παρέχεται δὲ καὶ λίμνην Πόντος οὗτος ἐκδιδοῦσαν ἐς αὐτὸν οὐ πολλῷ τεῳ ἐλάσσω ἑωυτοῦ, Μαιῆτίς τε καλέεται καὶ μήτηρ τοῦ Πόντου. [4,86] LXXXVI. On a mesuré ces mers de la manière suivante : dans les longs jours, un vaisseau fait en tout environ soixante et dix mille orgyies de chemin, et soixante mille par nuit. Or, de l'embouchure du Pont-Euxin au Phase, qui est sa plus grande longueur, il y a neuf jours et huit nuits de navigation : cela fait onze cent dix mille orgyies c'est-à-dire onze mille cent stades. De la Sindigne à Thémiscyre, sur le Thermodon, où le Pont-Euxin est le plus large, on compte trois jours et deux nuits de navigation, qui font trois cent trente mille orgyies, ou trois mille trois cents stades. C'est ainsi que j'ai pris les dimensions du Pont-Euxin, du Bosphore et de l'Hellespont ; et ces mers sont naturellement telles que je les ai représentées. Le Palus-Maeotis se jette dans le Pont-Euxin ; il n'est guère moins grand que cette mer, et on l'appelle la mer du Pont.
[4,87] δὲ Δαρεῖος ὡς ἐθεήσατο τὸν Πόντον, ἔπλεε ὀπίσω ἐπὶ τὴν γέφυραν, τῆς ἀρχιτέκτων ἐγένετο Μανδροκλέης Σάμιος· θεησάμενος δὲ καὶ τὸν Βόσπορον στήλας ἔστησε δύο ἐπαὐτοῦ λίθου λευκοῦ, ἐνταμὼν γράμματα ἐς μὲν τὴν Ἀσσύρια ἐς δὲ τὴν Ἑλληνικά, ἔθνεα πάντα ὅσα περ ἦγε· ἦγε δὲ πάντα τῶν ἦρχε. τούτων μυριάδες ἐξηριθμήθησαν, χωρὶς τοῦ ναυτικοῦ, ἑβδομήκοντα σὺν ἱππεῦσι, νέες δὲ ἑξακόσιαι συνελέχθησαν. (2) τῇσι μέν νυν στήλῃσι ταύτῃσι Βυζάντιοι κομίσαντες ἐς τὴν πόλιν ὕστερον τούτων ἐχρήσαντο πρὸς τὸν βωμὸν τῆς Ὀρθωσίης Ἀρτέμιδος, χωρὶς ἑνὸς λίθου· οὗτος δὲ κατελείφθη παρὰ τοῦ Διονύσου τὸν νηὸν ἐν Βυζαντίῳ, γραμμάτων Ἀσσυρίων πλέος. τοῦ δὲ Βοσπόρου χῶρος τὸν ἔζευξε βασιλεὺς Δαρεῖος, ὡς ἐμοὶ δοκέει συμβαλλομένῳ, μέσον ἐστὶ Βυζαντίου τε καὶ τοῦ ἐπὶ στόματι ἱροῦ. [4,87] LXXXVII. Lorsque Darius eut considéré le Pont-Euxin, il revint par mer au pont de bateaux, dont Mandroclès de Samos était l'entrepreneur. Il examina aussi le Bosphore ; et, sur le bord de ce détroit, on érigea, par son ordre, deux colonnes de pierre blanche. Il lit graver sur l'une, en caractères assyriens, et sur l'autre, en lettres grecques, les noms de toutes les nations qu'il avait à sa suite. Or il menait à cette guerre tous les peuples qui lui étaient soumis. On comptait dans cette armée sept cent mille hommes avec la cavalerie, sans y comprendre la flotte, qui était de six cents voiles. Depuis l'expédition des Perses en Scythie, les Byzantins ont transporté ces deux colonnes dans leur ville, et les ont fait servir à l'autel de Diane Orthosienne, excepté une seule pierre qu'on a laissée auprès du temple de Bacchus à Byzance, et qui est entièrement chargée de lettres assyriennes. Au reste, l'endroit du Bosphore où Darius fit jeter un pont est, ce me semble, autant que je puis le conjecturer, à moitié chemin de Byzance, au temple qu'on voit à l'embouchure du Pont-Euxin.
[4,88] Δαρεῖος δὲ μετὰ ταῦτα ἡσθεὶς τῆ σχεδίῃ τὸν ἀρχιτέκτονα αὐτῆς Μανδροκλέα τὸν Σάμιον ἐδωρήσατο πᾶσι δέκα· ἀπὧν δὴ Μανδροκλέης ἀπαρχὴν ζῷα γραψάμενος πᾶσαν τὴν ζεῦξιν τοῦ Βοσπόρου καὶ βασιλέα τε Δαρεῖον ἐν προεδρίῃ κατήμενον καὶ τὸν στρατὸν αὐτοῦ διαβαίνοντα ταῦτα γραψάμενος ἀνέθηκε ἔς τὸ Ἥραιον, ἐπιγράψας τάδε. (2) Βόσπορον ἰχθυόεντα γεφυρώσας ἀνέθηκε Μανδροκλέης Ἥρῃ μνημόσυνον σχεδίης, αὑτῷ μὲν στέφανον περιθείς, Σαμίοισι δὲ κῦδος, Δαρείου βασιλέος ἐκτελέσας κατὰ νοῦν. [4,88] LXXXVIII. Darius, satisfait de ce pont, fit de riches présents à Mandroclès de Samos, qui en était l'entrepreneur. Mandroclès employa les prémices de ces présents à faire faire un tableau qui représentait le pont du Bosphore, avec le roi Darius assis sur son trône et regardant défiler ses troupes. Il fit une offrande de ce tableau au temple de Junon, et y ajouta une inscription en ces termes : «Mandroclès a consacré à Junon ce monument en reconnaissance de ce qu'il a réussi, au gré du roi Darius, à jeter un pont sur le Bosphore. Il s'est, par cette entreprise, couvert de gloire, et a rendu immortel le nom de Samos sa patrie.»Tel est le monument qu'a laissé celui qui a présidé à la construction de ce pont.
[4,89] Ταῦτα μέν νυν τοῦ ζεύξαντος τὴν γέφυραν μνημόσυνα ἐγένετο. Δαρεῖος δὲ δωρησάμενος Μανδροκλέα διέβαινε ἐς τὴν Εὐρώπην, τοῖσι Ἴωσι παραγγείλας πλέειν ἐς τὸν Πόντον μέχρι Ἴστρου ποταμοῦ, ἐπεὰν δὲ ἀπίκωνται ἐς τὸν Ἴστρον, ἐνθαῦτα αὐτὸν περιμένειν ζευγνύντας τὸν ποταμόν. τὸ γὰρ δὴ ναυτικὸν ἦγον Ἴωνές τε καὶ Αἰολέες καὶ Ἑλλησπόντιοι. (2) μὲν δὴ ναυτικὸς στρατὸς Κυανέας διεκπλώσας ἔπλεε ἰθὺ τοῦ Ἴστρου, ἀναπλώσας δὲ ἀνὰ ποταμὸν δυῶν ἡμερέων πλόον ἀπὸ θαλάσσης, τοῦ ποταμοῦ τὸν αὐχένα, ἔκ τοῦ σχίζεται τὰ στόματα τοῦ Ἴστρου, ἐζεύγνυε. (3) Δαρεῖος δὲ ὡς διέβη τὸν Βόσπορον κατὰ τὴν σχεδίην, ἐπορεύετο διὰ τῆς Θρηίκης, ἀπικόμενος δὲ ἐπὶ Τεάρου ποταμοῦ τὰς πηγὰς ἐστρατοπεδεύσατο ἡμέρας τρεῖς. [4,89] LXXXIX. Darius, ayant récompensé Mandroclès, passa en Europe. Il avait ordonné aux Ioniens de faire voile par le Pont-Euxin jusqu'à l’Ister, de jeter un pont sur ce fleuve quand ils y seraient arrivés, et de l'attendre en cet endroit. Les Ioniens, les Éoliens et les habitants de l'Hellespont conduisaient l'armée navale. La flotte passa donc les Cyanées, fit voile droit à l'Ister; et, après avoir remonté le fleuve pendant deux jours, depuis la mer jusqu'à l'endroit où il se partage en plusieurs bras qui forment autant d'embouchures, toute l'armée navale y construisit un pont. Darius, ayant traversée Bosphore sur le pont de bateaux, prit son chemin par la Thrace ; et, quand il fut arrivé aux sources du Téare, il y campa trois jours.


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Dernière mise à jour : 15/07/2005