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[4,200] Οἱ δὲ Φερετίμης τιμωροὶ Πέρσαι ἐπείτε ἐκ τῆς Αἰγύπτου σταλέντες ὑπὸ
Ἀρυάνδεω ἀπίκατο ἐς τὴν Βάρκην, ἐπολιόρκεον τὴν πόλιν ἐπαγγελλόμενοι ἐκδιδόναι
τοὺς αἰτίους τοῦ φόνου τοῦ Ἀρκεσίλεω· τῶν δὲ πᾶν γὰρ ἦν τὸ πλῆθος μεταίτιον, οὐκ
ἐδέκοντο τοὺς λόγους. (2) ἐνθαῦτα δὴ ἐπολιόρκεον τὴν Βάρκην ἐπὶ μῆνας ἐννέα,
ὀρύσσοντες τε ὀρύγματα ὑπόγαια φέροντα ἐς τὸ τεῖχος καὶ προσβολὰς καρτερὰς
ποιεύμενοι. τὰ μέν νυν ὀρύγματα ἀνὴρ χαλκεὺς ἀνεῦρε ἐπιχάλκω ἀσπίδι, ὧδε
ἐπιφρασθείς· περιφέρων αὐτὴν ἐντὸς τοῦ τείχεος προσῖσχε πρὸς τὸ δάπεδον τῆς
πόλιος. (3) τὰ μὲν δὴ ἄλλα ἔσκε κωφὰ πρὸς τὰ προσῖσχε, κατὰ δὲ τὰ ὀρυσσόμενα
ἠχέεσκε ὁ χαλκὸς τῆς ἀσπίδος. ἀντορύσσοντες δ᾽ ἂν ταύτῃ οἱ Βαρκαῖοι ἔκτεινον τῶν
Περσέων τοὺς γεωρυχέοντας. τοῦτο μὲν δὴ οὕτω ἐξευρέθη, τὰς δὲ προσβολὰς
ἀπεκρούοντο οἱ Βαρκαῖοι.
| [4,200] CC. Les Perses qu'Aryandès avait envoyés d'Égypte pour venger
Phérétime, étant arrivés devant Barcé, en firent le siège, après l'avoir
sommée de leur livrer les meurtriers d'Arcésilas. Les Barcéens, étant
tous coupables de la mort de ce prince, n'écoutèrent point leurs
propositions. Pendant neuf mois que dura le siège, les Perses
poussèrent des mines jusqu'aux murailles, et attaquèrent la place
vigoureusement. Un ouvrier en cuivre découvrit leurs mines par le
moyen d'un bouclier d'airain. Il faisait le tour de la ville, dans
l'enceinte des murailles, avec son bouclier, et l'approchait contre terre.
Dans les endroits où les ennemis ne minaient pas, le bouclier ne
rendait aucun son ; mais il en rendait dans ceux où ils travaillaient. Les
Barcéens contre-minèrent en ces endroits, et tuèrent les mineurs
perses. Quant aux attaques ouvertes, les habitants surent les
repousser.
| [4,201] Χρόνον δὲ δὴ πολλὸν τριβομένων καὶ πιπτόντων ἀμφοτέρων πολλῶν καὶ οὐκ
ἧσσον τῶν Περσέων, Ἄμασις ὁ στρατηγὸς τοῦ πεζοῦ μηχανᾶται τοιάδε. μαθὼν τοὺς
Βορκαίους ὡς κατὰ μὲν τὸ ἰσχυρὸν οὐκ αἱρετοὶ εἶεν, δόλῳ δὲ αἱρετοί, ποιέει τοιάδε·
νυκτὸς τάφρην ὀρύξας εὐρέαν ἐπέτεινε ξύλα ἀσθενέα ὑπὲρ αὐτῆς, κατύπερθε δὲ
ἐπιπολῆς τῶν ξύλων χοῦν γῆς ἐπεφόρησε ποιέων τῇ ἄλλῃ γῇ ἰσόπεδον. (2) ἅμα ἡμέρῃ
δὲ ἐς λόγους προεκαλέετο τοὺς Βαρκαίους· οἳ δὲ ἀσπαστῶς ὑπήκουσαν, ἐς ὅ σφι ἕαδε
ὁμολογίῃ χρήσασθαι. τὴν δὲ ὁμολογίην ἐποιεῦντο τοιήνδε τινά, ἐπὶ τῆς κρυπτῆς
τάφρου τάμνοντες ὅρκια, ἔστ᾽ ἂν ἡ γῆ αὕτη οὕτω ἔχῃ, μένειν τὸ ὅρκιον κατὰ χώρην,
καὶ Βαρκαίους τε ὑποτελέειν φάναι ἀξίην βασιλέι καὶ Πέρσας μηδὲν ἄλλο νεοχμοῦν
κατὰ Βαρκαίους. (3) μετὰ δὲ τὸ ὅρκιον Βαρκαῖοι μὲν πιστεύσαντες τούτοισι αὐτοί τε
ἐξῄσαν ἐκ τοῦ ἄστεος καὶ τῶν πολεμίων ἔων παριέναι ἐς τὸ τεῖχος τὸν βουλόμενον,
τὰς πάσας πύλας ἀνοίξαντες. οἱ δὲ Πέρσαι καταρρήξαντες τὴν κρυπτὴν γέφυραν
ἔθεον ἔσω ἐς τὸ τεῖχος. κατέρρηξαν δὲ τοῦδε εἵνεκα τὴν ἐποίησαν γέφυραν, ἵνα
ἐμπεδορκέοιεν, ταμόντες τοῖσι Βαρκαίοισι χρόνον μένειν αἰεὶ τὸ ὅρκιον ὅσον ἂν ἡ γῆ
μένῃ κατὰ τότε εἶχε· καταρρήξασι δὲ οὐκέτι ἔμενε τὸ ὅρκιον κατὰ χώρην.
| [4,201] CCI. Le siège de Barcé durait depuis longtemps, et il s'y était fait de
part et d'autre des pertes considérables, mais non moins fortes du côté
des Perses que du côté des Barcéens, lorsque Amasis, qui commandait
l'armée de terre, voyant qu'il ne pouvait les vaincre à force ouverte,
résolut de les réduire par la ruse. Voici le stratagème qu'il imagina.
Il fit creuser pendant la nuit un large fossé, sur lequel on mit des
pièces de bois très faibles qu'on couvrit de terre, de sorte que le
terrain était de niveau et égal partout. Au point du jour, il invita les
Barcéens à un pourparler : ils reçurent cette nouvelle avec joie, ne
demandant pas mieux que d'en venir à un accommodement. On fit
donc un traité, et on jura de part et d'autre, sur le fossé couvert, d'en
observer tous les articles tant que ce terrain subsisterait dans l'état où
il était alors. Les articles du traité portaient que les Barcéens
payeraient au roi un tribut convenable, et que les Perses ne
formeraient point de nouvelles entreprises contre eux.
Les serments prêtés, les Barcéens, comptant sur la foi du traité,
ouvrirent toutes leurs portes, sortirent de la ville, et y laissèrent entrer
ceux des ennemis qui voulurent y venir. Pendant ce temps-là, les
Perses, ayant détruit le pont caché, entrèrent en foule dans la ville. Ils
rompirent le pont, afin de ne point violer le traité qu'ils avaient juré
d'observer tant que le terrain sur lequel ils se faisaient demeurerait en
l'état où il était alors. En effet, le pont une fois détruit, le traité ne
subsistait plus.
| [4,202] Τοὺς μέν νυν αἰτιωτάτους τῶν Βαρκαίων ἡ Φερετίμη, ἐπείτε οἱ ἐκ τῶν Περσέων
παρεδόθησαν, ἀνεσκολόπισε κύκλῳ τοῦ τείχεος, τῶν δέ σφι γυναικῶν τοὺς μαζοὺς
ἀποταμοῦσα περιέστιξε καὶ τούτοισι τὸ τεῖχος· (2) τοὺς δὲ λοιποὺς τῶν Βαρκαίων
ληίην ἐκέλευε θέσθαι τοὺς Πέρσας, πλὴν ὅσοι αὐτῶν ἦσαν Βαττιάδαι τε καὶ τοῦ φόνου
οὐ μεταίτιοι· τούτοισι δὲ τὴν πόλιν ἐπέτρεψε ἡ Φερετίμη.
| [4,202] CCII. Les Perses livrèrent Phérétimé les plus coupables d'entre les
Barcéens ; aussitôt elle les fit mettre en croix autour des murailles ;
et, ayant fait couper le sein à leurs femmes, elle en fit border le mur.
Les Barcéens furent tous mis au pillage par l'ordre de cette princesse,
excepté les Battiades et ceux qui n'avaient eu aucune part à
l'assassinat de son fils : ceux-ci eurent la permission de rester dans la ville.
| [4,203] Τοὺς ὦν δὴ λοιποὺς τῶν Βαρκαίων οἱ Πέρσαι ἀνδραποδισάμενοι ἀπήισαν
ὀπίσω· καὶ ἐπείτε ἐπὶ τῇ Κυρηναίων πόλι ἐπέστησαν, οἱ Κυρηναῖοι λόγιόν τι
ἀποσιεύμενοι διεξῆκαν αὐτοὺς διὰ τοῦ ἄστεος. (2) διεξιούσης δὲ τῆς στρατιῆς Βάδρης
μὲν ὁ τοῦ ναυτικοῦ στρατοῦ στρατηγὸς ἐκέλευε αἱρέειν τὴν πόλιν, Ἄμασις δὲ ὁ τοῦ
πεζοῦ οὐκ ἔα· ἐπὶ Βάρκην γὰρ ἀποσταλῆναι μούνην Ἑλληνίδα πόλιν· ἐς ὃ διεξελθοῦσι
καὶ ἱζομένοισι ἐπὶ Διὸς Λυκαίου ὄχθον μετεμέλησέ σφι οὐ σχοῦσι τὴν Κυρήνην. καὶ
ἐπειρῶντο τὸ δεύτερον παριέναι ἐς αὐτήν· οἱ δὲ Κυρηναῖοι οὐ περιώρων. (3) τοῖσι δὲ
Πέρσῃσι οὐδενὸς μαχομένου φόβος ἐνέπεσε, ἀποδραμόντες τε ὅσον τε ἑξήκοντα
στάδια ἵζοντο· ἱδρυθέντι δὲ τῷ στρατοπέδῳ ταύτῃ ἦλθε παρὰ Ἀρυνάνδεω ἄγγελος
ἀποκαλέων αὐτούς. οἱ δὲ Πέρσαι Κυρηναίων δεηθέντες ἐπόδιά σφι δοῦναι ἔτυχον,
λαβόντες δὲ ταῦτα ἀπαλλάσσοντο ἐς τὴν Αἴγυπτον. (4) παραλαβόντες δὲ τὸ ἐνθεῦτεν
αὐτοὺς Λίβυες τῆς τε ἐσθῆτος εἵνεκα καὶ τῆς σκευῆς τοὺς ὑπολειπομένους αὐτῶν καὶ
ἐπελκομένους ἐφόνευον, ἐς ὃ ἐς τὴν Αἴγυπτον ἀπίκοντο.
| [4,203] CCIII. Les Perses, ayant réduit en esclavage le reste des Barcéens, se
mirent en marche pour retourner en Égypte. Quand ils furent arrivés à
Cyrène, les Cyrénéens, par égard pour un oracle, les laissèrent passer
librement par leur ville. Pendant qu'ils la traversaient, Barès, qui
commandait l'armée navale, leur dit de la piller ; mais Amasis, qui
était à la tête des troupes de terre, ne voulut pas le permettre, leur
représentant qu'ils n'avaient été envoyés que pour réduire Barcé.
Lorsqu'ils l'eurent traversée, et qu'ils eurent assis leur camp sur la
colline de Jupiter Lycéen, ils se repentirent de ne s'en être pas
emparés. Ils retournèrent donc sur leurs pas, et tentèrent de rentrer
dans la place ; mais les Cyrénéens se mirent en devoir de s'y opposer.
Quoiqu'il ne se présentât personne pour combattre, les Perses furent
néanmoins tellement effrayés, qu'ils se retirèrent précipitamment à
soixante stades de là, et y posèrent leur camp. Tandis qu'ils y
campaient, il leur vint un courrier de la part d'Aryandès, qui les
rappelait : ils eurent alors recours aux Cyrénéens, et les prièrent de
leur donner des vivres. Les Cyrénéens leur en ayant accordé, ils
reprirent la route d'Égypte. Mais tant qu'ils furent en marche, et
jusqu'à leur arrivée en Égypte, les Libyens ne cessèrent de les harceler
pour enlever leurs habits et leurs bagages, tuant tous les traîneurs et
tous ceux qui s'écartaient du gros de l'armée.
| [4,204] Οὗτος ὁ Περσέων στρατὸς τῆς Λιβύης ἑκαστάτω ἐς Εὐεσπερίδας ἦλθε. τοὺς δὲ
ἠνδραποδίσαντο τῶν Βαρκαίων, τούτους δὲ ἐκ τῆς Αἰγύπτου ἀνασπάστους ἐποίησαν
παρὰ βασιλέα, βασιλεὺς δέ σφι Δαρεῖος ἔδωκε τῆς Βακτρίης χώρης κώμην
ἐγκατοικῆσαι. οἳ δὲ τῇ κώμῃ ταύτῃ οὔνομα ἔθεντο Βάρκην, ἥ περ ἔτι καὶ ἐς ἐμὲ ἦν
οἰκεομένη ἐν γῇ τῇ Βακτρίῃ.
| [4,204] CCIV. Cette armée des Perses ne pénétra pas plus avant en Libye que
le pays des Évespérides. Quant à ceux d'entre les Barcéens que les
Perses avaient réduits en servitude, on les envoya d'Égypte au roi
Darius. Ce prince leur donna des terres dans la Bactriane, avec une
bourgade qui subsiste encore maintenant, et à laquelle ils donnèrent le
nom de Barcé.
| [4,205] Οὐ μὲν οὐδὲ ἡ Φερετίμη εὖ τὴν ζόην κατέπλεξε. ὡς γὰρ δὴ τάχιστα ἐκ τῆς
Λιβύης τισαμένη τοὺς Βαρκαίους ἀπενόστησε ἐς τὴν Αἴγυπτον, ἀπέθανε κακῶς· ζῶσα
γὰρ εὐλέων ἐξέζεσε, ὡς ἄρα ἀνθρώποισι αἱ λίην ἰσχυραὶ τιμωρίαι πρὸς θεῶν
ἐπίφθονοι γίνονται·ἐκ μὲν δὴ Φερετίμης τῆς Βάττου τοιαύτη τε καὶ τοσαύτη τιμωρίη
ἐγένετο ἐς Βαρκαίους.
| [4,205] CCV. Phérétime fit une fin malheureuse. A peine fut-elle de retour de
Libye en Égypte, après s'être vengée des Barcéens, qu'elle périt
misérablement, dévorée par les vers dont son corps fourmilla : tant il
est vrai que les dieux haïssent et châtient ceux qui portent trop loin
leur ressentiment. Telle fut la vengeance que Phérétime, femme de
Battus, exerça contre les Barcéens.
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