HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, livre IV

Chapitres 110-119

  Chapitres 110-119

[4,110] Σαυροματέων δὲ πὲρι ὧδε λέγεται. ὅτε Ἕλληνες Ἀμαζόσι ἐμαχέσαντο (τὰς δὲ Ἀμαζόνας καλέουσι Σκύθαι Οἰόρπατα, δύναται δὲ τὸ οὔνομα τοῦτο κατὰ Ἑλλάδα γλῶσσαν ἀνδροκτόνοι· οἰὸρ γὰρ καλέουσι ἄνδρα, τὸ δὲ πατὰ κτείνειν), τότε λόγος τοὐς Ἕλληνας νικήσαντας τῇ ἐπὶ Θερμώδοντι μάχη ἀποπλέειν ἄγοντας τρισὶ πλοίοισι τῶν Ἀμαζόνων ὅσας ἐδυνέατο ζωγρῆσαι, τὰς δὲ ἐν τῷ πελάγει ἐπιθεμένας ἐκκόψαι τοὺς ἄνδρας. (2) πλοῖα δὲ οὐ γινώσκειν αὐτὰς οὐδὲ πηδαλίοισι χρᾶσθαι οὐδὲ ἱστίοισι οὐδὲ εἰρεσίῃ· ἀλλἐπεὶ ἐξέκοψαν τοὺς ἄνδρας ἐφέροντο κατὰ κῦμα καὶ ἄνεμον, καὶ ἀπικνέονται τῆς λίμνης τῆς Μαιήτιδος ἐπὶ Κρημνούς· οἱ δὲ Κρημνοὶ εἰσὶ γῆς τῆς Σκυθέων τῶν ἐλευθέρων. ἐνθαῦτα ἀποβᾶσαι ἀπὸ τῶν πλοίων αἱ Ἀμαζόνες ὁδοιπόρεον ἐς τὴν οἰκεομένην. ἐντυχοῦσαι δὲ πρώτῳ ἱπποφορβίῳ τοῦτο διήρπασαν, καὶ ἐπὶ τούτων ἱππαζόμεναι ἐληίζοντο τὰ τῶν Σκυθέων. [4,110] CX. Quant aux Sauromates, voici ce qu'on en dit. Lorsque les Grecs eurent combattu contre les Amazones, que les Scythes appellent Aiorpata, nom que les Grecs rendent en leur langue par celui d'Androctones (qui tuent des hommes), car aior, en scythe, signifie un homme, et pata veut dire tuer ; quand ils eurent, dis je, combattu contre elles, et qu'ils eurent remporté la victoire sur les bords du Thermodon, on raconte qu'ils emmenèrent avec eux, dans trois vaisseaux, toutes celles qu'ils avaient pu faire prisonnières. Lorsqu'on fut en pleine mer, elles attaquèrent leurs vainqueurs et les taillèrent en pièces. Mais, comme elles n'entendaient rien à la manoeuvre des vaisseaux et qu'elles ne savaient pas faire usage du gouvernail, des voiles et des rames, après qu'elles eurent tué les hommes, elles se laissèrent aller au gré des flots et des vents, et abordèrent à Cremnes, sur le Palus-Maeotis. Cremnes est du pays des Scythes libres. Les Amazones, étant descendues de leurs vaisseaux en cet endroit, avancèrent par le milieu des terres habitées ; et, s'étant emparées du premier haras qu'elles rencontrèrent sur leur route, elles montèrent à cheval, et pillèrent les terres des Scythes.
[4,111] Οἱ δὲ Σκύθαι οὐκ εἶχον συμβαλέσθαι τὸ πρῆγμα· οὔτε γὰρ φωνὴν οὔτε ἐσθῆτα οὔτε τὸ ἔθνος ἐγίνωσκον, ἀλλἐν θώματι ἦσαν ὁκόθεν ἔλθοιεν, ἐδόκεον δαὐτὰς εἶναι ἄνδρας τὴν αὐτὴν ἡλικίην ἔχοντας, μάχην τε δὴ πρὸς αὐτὰς ἐποιεῦντο. ἐκ δὲ τῆς μάχης τῶν νεκρῶν ἐκράτησαν οἱ Σκύθαι, καὶ οὕτω ἔγνωσαν ἐούσας γυναῖκας. (2) βουλευομένοισι ὦν αὐτοῖσι ἔδοξε κτείνειν μὲν οὐδενὶ τρόπῳ ἔτι αὐτάς, ἑωυτῶν δὲ τοὺς νεωτάτους ἀποπέμψαι ἐς αὐτάς, πλῆθος εἰκάσαντας ὅσαι περ ἐκεῖναι ἦσαν τούτους δὲ στρατοπεδεύεσθαι πλησίον ἐκεινέων καὶ ποιέειν τὰ περ ἂν καὶ ἐκεῖναι ποιέωσι. ἢν δὲ αὐτοὺς διώκωσι, μάχεσθαι μὲν μή, ὑποφεύγειν δέ· ἐπεὰν δὲ παύσωνται, ἐλθόντας αὖτις πλησίον στρατοπεδεύεσθαι. ταῦτα ἐβουλεύσαντο οἱ Σκύθαι βουλόμενοι ἐξ αὐτέων παῖδας ἐκγενήσεσθαι. ἀποπεμφθέντες δὲ οἱ νεηνίσκοι ἐποίευν τὰ ἐντεταλμένα. [4,111] CXI. Les Scythes ne pouvaient deviner qui étaient ces ennemis, dont ils ne connaissaient ni le langage ni l'habit ; ils ignoraient aussi de quelle nation ils étaient, et, dans leur surprise, ils n'imaginaient pas d'où ils venaient. Trompés par l'uniformité de leur taille, ils les prirent d'abord pour des hommes, et, dans cette idée, ils leur livrèrent bataille. Mais ils reconnurent, par les morts restés en leur pouvoir après le combat, que c'étaient des femmes. Ils résolurent, dans un conseil tenu à ce sujet, de n'en plus tuer aucune ; mais de leur envoyer les plus jeunes d'entre eux en aussi grand nombre qu'ils conjecturaient qu'elles pouvaient être, avec ordre d'asseoir leur camp près de celui des Amazones, de faire les mêmes choses qu'ils leur verraient faire, de ne pas combattre quand même elles les attaqueraient, mais de prendre la fuite, et de s'approcher et de camper près d'elles lorsqu'elles cesseraient de les poursuivre. Les Scythes prirent cette résolution, parce qu'ils voulaient avoir des enfants de ces femmes belliqueuses.
[4,112] Ἐπεὶ δὲ ἔμαθον αὐτοὺς αἱ Ἀμαζόνες ἐποὐδεμιῇ δηλήσι ἀπιγμένους, ἔων χαίρειν· προσεχώρεον δὲ πλησιαιτέρω τὸ στρατόπεδον τῷ στρατοπέδῳ ἐπἡμέρῃ ἑκάστη. εἶχον δὲ οὐδὲν οὐδοἱ νεηνίσκοι, ὥσπερ αἱ Ἀμαζόνες, εἰ μὴ τὰ ὅπλα καὶ τοὺς ἵππους, ἀλλὰ ζόην ἔζωον τὴν αὐτὴν ἐκείνῃσι, θηρεύοντές τε καὶ ληιζόμενοι. [4,112] CXII. Les jeunes gens suivirent ces ordres : les Amazones, ayant reconnu qu'ils n'étaient pas venus pour leur faire du mal, les laissèrent tranquilles. Cependant les deux camps s'approchaient tous les jours de plus en plus. Les jeunes Scythes n'avaient, comme les Amazones, que leurs armes et leurs chevaux, et vivaient, comme elles, de leur chasse et du butin qu'ils pouvaient enlever.
[4,113] Ἐποίευν δὲ αἱ Ἀμαζόνες ἐς τὴν μεσαμβρίην τοιόνδε· ἐγίνοντο σποράδες κατὰ μίαν τε καὶ δύο, πρόσω δὴ ἀπἀλληλέων ἐς εὐμαρείην ἀποσκιδνάμεναι. μαθόντες δὲ καὶ οἱ Σκύθαι ἐποίευν τὠυτὸ τοῦτο. καί τις μουνωθεισέων τινὶ αὐτέων ἐνεχρίμπτετο, (2) καὶ Ἀμαζὼν οὐκ ἀπωθέετο ἀλλὰ περιεῖδε χρήσασθαι. καὶ φωνῆσαι μὲν οὐκ εἶχε, οὐ γὰρ συνίεσαν ἀλλήλων, τῇ δὲ χειρὶ ἔφραζε ἐς τὴν ὑστεραίην ἐλθεῖν ἐς τωὐτὸ χωρίον καὶ ἕτερον ἄγειν, σημαίνουσα δύο γενέσθαι καὶ αὐτὴ ἑτέρην ἄξειν. (3) δὲ νεηνίσκος, ἐπεὶ ἀπῆλθε, ἔλεξε ταῦτα πρὸς τοὺς λοιπούς· τῇ δὲ δευτεραίῃ ἦλθε ἐς τὸ χωρίον αὐτός τε οὗτος καὶ ἕτερον ἦγε, καὶ τὴν Ἀμαζόνα εὗρε δευτέρην αὐτὴν ὑπομένουσαν. οἱ δὲ λοιποὶ νεηνίσκοι ὡς ἐπύθοντο ταῦτα, καὶ αὐτοὶ ἐκτιλώσαντο τὰς λοιπὰς τῶν Ἀμαζόνων. [4,113] CXIII. Vers l'heure de midi, les Amazones s'éloignaient du camp, seules ou deux à deux, pour satisfaire aux bcsoins de la nature. Les Scythes, s'en étant aperçus, firent la même chose. Un d'entre eux s'approcha d'une de ces Amazones isolées, et celle-ci, loin de le repousser, lui accorda ses faveurs. Comme elle ne pouvait lui parler, parce qu'ils ne s'entendaient pas l'un et l'autre, elle lui dit par signes de revenir le lendemain au même endroit avec un de ses compagnons, et qu'elle amènerait aussi une de ses compagnes. Le jeune Scythe, de retour au camp, y raconta son aventure ; et le jour suivant il revint avec un autre Scythe au même endroit, où il trouva l'Amazone, qui l'attendait avec une de ses compagnes.
[4,114] Μετὰ δὲ συμμίξαντες τὰ στρατόπεδα οἴκεον ὁμοῦ, γυναῖκα ἔχων ἕκαστος ταύτην τῇ τὸ πρῶτον συνεμίχθη. τὴν δὲ φωνὴν τὴν μὲν τῶν γυναικῶν οἱ ἄνδρες οὐκ ἐδυνέατο μαθεῖν, τὴν δὲ τῶν ἀνδρῶν αἱ γυναῖκες συνέλαβον. (2) ἐπεὶ δὲ συνῆκαν ἀλλήλων, ἔλεξαν πρὸς τὰς Ἀμαζόνας τάδε οἱ ἄνδρες. “ἡμῖν εἰσὶ μὲν τοκέες, εἰσὶ δὲ κτήσιες· νῦν ὦν μηκέτι πλεῦνα χρόνον ζόην τοιήνδε ἔχωμεν, ἀλλἀπελθόντες ἐς τὸ πλῆθος διαιτώμεθα. γυναῖκας δὲ ἕξομεν ὑμέας καὶ οὐδαμὰς ἄλλας„. αἳ δὲ πρὸς ταῦτα ἔλεξαν τάδε. (3) “ἡμεῖς οὐκ ἂν δυναίμεθα οἰκέειν μετὰ τῶν ὑμετερέων γυναικῶν· οὐ γὰρ τὰ αὐτὰ νόμαια ἡμῖν τε κἀκείνῃσι ἐστί. ἡμεῖς μὲν τοξεύομέν τε καὶ ἀκοντίζομεν καὶ ἱππαζόμεθα, ἔργα δὲ γυναικήια οὐκ ἐμάθομεν· αἱ δὲ ὑμέτεραι γυναῖκες τούτων μὲν οὐδὲν τῶν ἡμεῖς κατελέξαμεν ποιεῦσι, ἔργα δὲ γυναικήια ἐργάζονται μένουσαι ἐν τῇσι ἁμάξῃσι, οὔτἐπὶ θήρην ἰοῦσαι οὔτε ἄλλῃ οὐδαμῇ. (4) οὐκ ἂν ὦν δυναίμεθα ἐκείνῃσι συμφέρεσθαι. ἀλλεἰ βούλεσθε γυναῖκας ἔχειν ἡμέας καὶ δοκέειν εἶναι δίκαιοι, ἐλθόντες παρὰ τοὺς τοκέας ἀπολάχετε τῶν κτημάτων τὸ μέρος, καὶ ἔπειτα ἐλθόντες οἰκέωμεν ἐπὶ ἡμέων αὐτῶν„. ἐπείθοντο καὶ ἐποίησαν ταῦτα οἱ νεηνίσκοι. [4,114] CXIV. Les autres jeunes gens, instruits de celte aventure, apprivoisèrent aussi le reste des Amazones ; et, ayant ensuite réuni les deux camps, ils demeurèrent ensemble, et chacun prit pour femme celle dont il avait eu d'abord les faveurs. Ces jeunes gens ne pouvaient apprendre la langue de leurs compagnes; mais les Amazones apprirent celle de leurs maris ; et, lorsqu'ils commencèrent à s'entendre, les Scythes leur parlèrent ainsi : «Nous avons des parents, nous avons des biens ; menons une autre vie : réunissons-nous au reste des Scythes, et vivons avec eux. Nous n'aurons jamais d'autres femmes que vous.» «Nous ne pourrions pas, répondirent les Amazones, demeurer avec les femmes de votre pays. Leurs coutumes ne ressemblent en rien aux nôtres : nous tirons de l'arc, nous lançons le javelot, nous montons à cheval, et nous n'avons point appris les ouvrages propres à notre sexe. Vos femmes ne font rien de ce que nous venons de dire, et ne s'occupent qu'à des ouvrages de femmes. Elles ne quittent point leurs chariots, ne vont point à la chasse, ni même nulle part ailleurs. Nous ne pourrions par conséquent jamais nous accorder ensemble. Mais si vous voulez nous avoir pour femmes, et montrer de la justice, allez trouver vos pères, demandez-leur la partie de leurs biens qui vous appartient ; revenez après l'avoir reçue, et nous vivrons en notre particulier.»
[4,115] Ἐπείτε δὲ ἀπολαχόντες τῶν κτημάτων τὸ ἐπιβάλλον ἦλθον ὀπίσω παρὰ τὰς Ἀμαζόνας, ἔλεξαν αἱ γυναῖκες πρὸς αὐτοὺς τάδε. (2) “ἡμέας ἔχει φόβος τε καὶ δέος ὅκως χρὴ οἰκέειν ἐν τῷδε τῷ χώρῳ, τοῦτο μὲν ὑμέας ἀποστερησάσας πατέρων, τοῦτο δὲ γῆν τὴν ὑμετέρην δηλησαμένας πολλά. (3) ἀλλἐπείτε ἀξιοῦτε ἡμέας γυναῖκας ἔχειν, τάδε ποιέετε ἅμα ἡμῖν· φέρετε ἐξαναστέωμεν ἐκ τῆς γῆς τῆσδε καὶ περήσαντες Τάναιν ποταμὸν οἰκέωμεν„. [4,115] CXV. Les jeunes Scythes, persuadés, firent ce que souhaitaient leurs femmes ; et, lorsqu'ils eurent recueilli la portion de leur patrimoine qui leur revenait, ils les rejoignirent. Alors elles leur parlèrent ainsi : «Après vous avoir privés de vos pères, et après les dégâts que nous avons faits sur vos terres, nous en craindrions les suites s'il nous fallait demeurer dans ce pays ; mais, puisque vous voulez bien nous prendre pour femmes, sortons-en tous d'un commun accord, et allons nous établir au delà du Tanaïs.»
[4,116] Ἐπείθοντο καὶ ταῦτα οἱ νεηνίσκοι, διαβάντες δὲ τὸν Τάναϊν ὁδοιπόρεον πρὸς ἥλιον ἀνίσχοντα τριῶν μὲν ἡμερέων ἀπὸ τοῦ Τανάιδος ὁδόν, τριῶν δὲ ἀπὸ τῆς λίμνης τῆς Μαιήτιδος πρὸς βορέην ἄνεμον. ἀπικόμενοι δὲ ἐς τοῦτον τὸν χῶρον ἐν τῷ νυν κατοίκηνται, οἴκησαν τοῦτον. (2) καὶ διαίτῃ ἀπὸ τούτου χρὲωνται τῇ παλαιῇ τῶν Σαυροματέων αἱ γυναῖκες, καὶ ἐπὶ θήρην ἐπἵππων ἐκφοιτῶσαι ἅμα τοῖσι ἀνδράσι καὶ χωρὶς τῶν ἀνδρῶν, καὶ ἐς πόλεμον φοιτῶσαι καὶ στολὴν τὴν αὐτὴν τοῖσι ἀνδράσι φορέουσαι. [4,116] CXVI. Les jeunes Scythes y consentirent. ils passèrent le Tanaïs ; et, ayant marché trois jours à l'est, et autant depuis le Palus-Maeotis vers le nord, ils arrivèrent dans le pays qu'ils habitent encore maintenant, et où ils fixèrent leur demeure. De là vient que les femmes des Sauromates ont conservé leurs anciennes coutumes : elles montent à cheval, et vont à la chasse, tantôt seules et tantôt avec leurs maris. Elles les accompagnent aussi à la guerre, et portent les mêmes habits qu'eux.
[4,117] Φωνῇ δὲ οἱ Σαυρομάται νομίζουσι Σκυθικῇ, σολοικίζοντες αὐτῇ ἀπὸ τοῦ ἀρχαίου, ἐπεὶ οὐ χρηστῶς ἐξέμαθον αὐτὴν αἱ Ἀμαζόνες. τὰ περὶ γάμων δὲ ὧδέ σφι διακέεται. οὐ γαμὲεται παρθένος οὐδεμία πρὶν ἂν τῶν πολεμίων ἄνδρα ἀποκτείνῃ· αἳ δὲ τινὲς αὐτέων καὶ τελευτῶσι γηραιαὶ πρὶν γήμασθαι, οὐ δυνάμεναι τὸν νόμον ἐκπλῆσαι, [4,117] CXVII. Les Sauromates font usage de la langue scythe ; mais, depuis leur origine, ils ne l'ont jamais parlée avec pureté, parce que les Amazones ne la savaient qu'imparfaitement. Quant aux mariages, ils ont réglé qu'une fille ne pourrait se marier qu'elle n'eût tué un ennemi. Aussi y en a-t-il qui, ne pouvant accomplir la loi, meurent de vieillesse sans avoir été mariées.
[4,118] Ἐπὶ τούτων ὦν τῶν καταλεχθέντων ἐθνέων τοὺς βασιλέας ἁλισμένους ἀπικόμενος τῶν Σκυθέων οἱ ἄγγελοι ἔλεγον ἐκδιδάσκοντες ὡς Πέρσης, ἐπειδή οἱ τὰ ἐν τῇ ἠπείρῳ τῇ ἑτέρῃ πάντα κατέστραπται, γέφυραν ζεύξας ἐπὶ τῷ αὐχένι τοῦ Βοσπόρου διαβέβηκε ἐς τήνδε τὴν ἤπειρον, διαβὰς δὲ καὶ καταστρεψάμενος Θρήικας γεφυροῖ ποταμὸν Ἴστρον, βουλόμενος καὶ τάδε πάντα ὑπἑωυτῷ ποιήσασθαι. (2) “ὑμεῖς ὦν μηδενὶ τρόπῳ ἐκ τοῦ μέσου κατήμενοι περιίδητε ἡμέας διαφθαρέντας, ἀλλὰ τὠυτὸ νοήσαντες ἀντιάζωμεν τὸν ἐπιόντα. οὔκων ποιήσετε ταῦτα; ἡμεῖς μὲν πιεζόμενοι ἐκλείψομεν τὴν χώρην μένοντες ὁμολογίῃ χρησόμεθα. (3) τί γὰρ πάθωμεν μὴ βουλομένων ὑμέων τιμωρέειν; ὑμῖν δὲ οὐδὲν ἐπὶ τούτῳ ἔσται ἐλαφρότερον. ἥκει γὰρ Πέρσης οὐδέν τι μᾶλλον ἐπἡμέας οὐ καὶ ἐπὑμέας, οὐδέ οἱ καταχρήσει ἡμέας καταστρεψαμένῳ ὑμέων ἀπέχεσθαι. (4) μέγα δὲ ὑμῖν λόγων τῶνδε μαρτύριον ἐρέομεν. εἰ γὰρ ἐπἡμέας μούνους ἐστρατηλάτεε Πέρσης τίσασθαι τῆς πρόσθε δουλοσύνης βουλόμενος, χρῆν αὐτὸν πάντων τῶν ἄλλων ἀπεχόμενον ἰέναι οὕτω ἐπὶ τὴν ἡμετέρην, καὶ ἂν ἐδήλου πᾶσι ὡς ἐπὶ Σκύθας ἐλαύνει καὶ οὐκ ἐπὶ τοὺς ἄλλους. (5) νῦν δὲ ἐπείτε τάχιστα διέβη ἐς τήνδε τὴν ἤπειρον, τοὺς αἰεὶ ἐμποδὼν γινομένους ἡμεροῦται πάντας· τούς τε δὴ ἄλλους ἔχει ὑπἑωυτῷ Θρήικας καὶ δὴ καὶ τοὺς ἡμῖν ἐόντας πλησιοχώρους Γέτας„. [4,118] CXVIII. Les ambassadeurs des Scythes, ayant été admis à l'assemblée des rois des nations dont nous venons de parler, apprirent à ces princes que Darius, après avoir entièrement subjugué l'autre continent (l'Asie), était passé dans le leur sur un pont de bateaux qu'il avait fait construire à l'endroit le plus étroit du Bosphore ; qu'il avait ensuite soumis les Thraces et traversé l'Ister sur un pont, à dessein de se rendre maître de leur pays. «Il ne serait pas juste, ajoutèrent-ils, que, gardant la neutralité, vous nous laissiez périr par votre négligence : marchons donc de concert au-devant de l'ennemi qui vient envahir notre patrie. Si vous nous refusez, et que nous nous trouvions pressés, nous quitterons le pays ; ou, si nous y restons, ce sera aux conditions que nous imposeront les Perses : car enfin que faire à cela, si vous ne voulez pas nous donner de secours ? Ne vous flattez pas que votre sort en soit meilleur, et que, contents de nous avoir subjugués, les Perses vous épargnent. Leur invasion ne vous regarde pas moins que nous. En voici une preuve à laquelle vous n'avez rien à opposer. Si les Perses n'avaient point d'autre intention que de venger l'assujettissement où nous les avons tenus précédemment, ils se seraient contentés de marcher contre nous, sans attaquer les autres peuples ; et par là ils auraient fait voir à tout le monde qu'ils n'en voulaient qu'aux Scythes. Mais à peine sont-ils entrés dans ce continent, qu'ils ont façonné au joug tous les peuples qui se sont rencontrés sur leur route, et déjà ils ont soumis les Thraces et les Gètes, nos voisins.»
[4,119] Ταῦτα Σκυθέων ἐπαγγελλομένων ἐβουλεύοντο οἱ βασιλέες οἱ ἀπὸ τῶν ἐθνέων ἥκοντες, καί σφεων ἐσχίσθησαν αἱ γνῶμαι· μὲν γὰρ Γελωνὸς καὶ Βουδῖνος καὶ Σαυρομάτης κατὰ τὠυτὸ γενόμενοι ὑπεδέκοντο Σκύθῃσι τιμωρήσειν, δὲ Ἀγάθυρσος καὶ Νευρὸς καὶ Ἀνδροφάγος καὶ οἱ τῶν Μελαγχλαίνων καὶ Ταύρων τάδε Σκύθῃσι ὑπεκρίναντο. (2) “εἰ μὲν μὴ ὑμεῖς ἔατε οἱ πρότεροι ἀδικήσαντες Πέρσας καὶ ἄρξαντες πολέμου, τούτων δεόμενοι τῶν νῦν δέεσθε λέγειν τε ἂν ἐφαίνεσθε ἡμῖν ὀρθά, καὶ ἡμεῖς ὑπακούσαντες τὠυτὸ ἂν ὑμῖν ἐπρήσσομεν. (3) νῦν δὲ ὑμεῖς τε ἐς τὴν ἐκείνων ἐσβαλόντες γῆν ἄνευ ἡμέων ἐπεκρατέετε Περσέων ὅσον χρόνον ὑμῖν θεὸς παρεδίδου, καὶ ἐκεῖνοι, ἐπεί σφεας ὡυτὸς θεὸς ἐγείρει, τὴν ὁμοίην ὑμῖν ἀποδιδοῦσι. (4) ἡμεῖς δὲ οὔτε τι τότε ἠδικήσαμεν τοὺς ἄνδρας τούτους οὐδὲν οὔτε νῦν πρότεροι πειρησόμεθα ἀδικέειν. ἢν μέντοι ἐπίῃ καὶ τὴν ἡμετέρην ἄρξῃ τε ἀδικέων, καὶ ἡμεῖς οὐ πεισόμεθα, μέχρι δὲ τοῦτο ἴδωμεν, μενέομεν παρἡμῖν αὐτοῖσι· ἥκειν γὰρ δοκέομεν οὐκ ἐπἡμέας Πέρσας ἀλλἐπὶ τοὺς αἰτίους τῆς ἀδικίης γενομὲνους„. [4,119] CXIX. Le discours des ambassadeurs fini, ces princes délibérèrent sur leur proposition : les avis furent partagés. Les rois des Gélons, des Budins et des Sauromates promirent unanimement du secours aux Scythes ; mais ceux des Agathyrses, des Neures, des Androphages, des Mélanchlaenes et des Taures leur firent cette réponse : «Si vous n'aviez pas fait les premiers une guerre injuste aux Perses, vos demandes nous paraîtraient équitables, et, pleins de déférence pour vous, nous ferions la même chose que vous. Mais vous avez envahi leur pays sans notre participation, vous l'avez tenu sous le joug aussi longtemps que le dieu l'a permis ; et aujourd'hui que le même dieu suscite les Perses contre vous, ils vous rendent la pareille. Pour nous, nous ne les offensâmes point alors, et nous ne serons pas aujourd'hui les premiers agresseurs. Si cependant ils viennent aussi attaquer notre pays, s'ils commencent des hostilités contre nous, nous saurons les repousser; mais jusqu'à ce moment nous resterons tranquilles, car il nous paraît que les Perses n'en veulent qu'à ceux qui les ont insultés les premiers.»


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Dernière mise à jour : 15/07/2005