| [5,19] Ἀλλ´ οὐ γὰρ ἦν, φασί, τοὺς δυστυχοῦντας μὴ
 οὐχὶ πανταχοῦ δυστυχεῖν οὐδὲ ἐπὶ τῆς ἐρημίας ἀνενόχλητον 
 εἶχεν ἡ Χαρίκλεια τὸ κάλλος, ἀλλ´ ὁ Τύριος ἐκεῖνος
 ἔμπορος ὁ Πυθιονίκης ᾧ συνεπλεύσαμεν ἰδίᾳ μοι προσιὼν
 ἠνώχλει πολλάκις καὶ ἀπέκναιε λιπαρῶν καὶ εἰς γάμον
 ὡς ἂν παρὰ πατρὸς αἰτῶν τὴν Χαρίκλειαν,  πολλὰ
 σεμνύνων ἑαυτὸν καὶ τοῦτο μὲν γένος ἔνδοξον καταλέγων
 τοῦτο δὲ τὸν παρόντα πλοῦτον καταριθμούμενος τήν τε 
 ὁλκάδα ὡς ἴδιον αὐτοῦ κτῆμα τυγχάνοι καὶ ὡς τοῦ πλείονος 
 φόρτου τῶν ἀγωγίμων δεσπόζοι, χρυσοῦ τε ὄντων καὶ
 λίθων πολυταλάντων καὶ σηρικῆς ἐσθῆτος· οὐκ ὀλίγον δὲ
 εἰς εὐδοξίας προσθήκην καὶ τὴν Πυθιονίκην ὠνόμαζεν
 ἕτερά τε αὖ πολλὰ πρὸς τούτοις.  Ἐμοῦ δὲ τήν τε
 παροῦσαν πενίαν προβαλλομένου καὶ ὡς οὐκ ἄν ποτέ τῳ
 χώραν ἄλλην οἰκοῦντι καὶ ἔθνος ὃ τοσοῦτον κεχώρισται
 τῆς Αἰγυπτίων ἐκδοῦναι τὸ θυγάτριον αἱρησομένου 
 »Πέπαυσο τούτων« ἔλεγεν »ὦ πάτερ, τὴν μὲν γὰρ προῖκα
 ἀπέχειν ἡγήσομαι πολλὰ τάλαντα καὶ πλοῦτον ὅλον τὴν
 κόρην, ἔθνος δὲ καὶ πατρίδα τὴν ὑμετέραν ἀλλάξομαι τῆς
 μὲν ἐπὶ Καρχηδονίους ὁρμῆς ἐκτραπεὶς ὑμῖν δὲ σύμπλους
 οἷ δὴ καὶ βούλεσθε γενόμενος.«
 
 | [5,19] Mais il n'était pas possible, comme on dit, que 
des malheureux ne fussent pas en tout malheureux, et 
la beauté de Chariclée, malgré la solitude où nous étions 
n'était pas sans lui attirer des ennuis; le marchand tyrien 
qui avait remporté la victoire aux Jeux Pythiques et 
avec qui nous avions fait la traversée venait souvent me 
prendre à part et m'ennuyait, me fatiguait de ses prières, 
à me demander en mariage Chariclée, dont il croyait 
que j'étais le père : il faisait son propre éloge, tantôt 
affirmant que sa famille était illustre, tantôt faisant le 
compte de sa fortune actuelle, disant qu'il était propriétaire 
du cargo, qu'il possédait également la plupart des 
marchandises de la cargaison : objets d'or, pierres précieuses, 
étoffes de soie; et, ce qui était pour lui un titre 
de gloire supplémentaire, il citait sa victoire aux Jeux 
Pythiques et alléguait bien d'autres raisons encore. Et 
lorsque je lui objectais notre pauvreté présente, et ajoutais 
que jamais je ne pourrais me résoudre à donner ma 
fille à quelqu'un qui habiterait à l'étranger et dans un 
pays aussi éloigné de l'Egypte : « Ne me dis pas cela, 
Père, répondait-il, l'épouser sans dot équivaudra pour 
moi à la plus belle fortune; cette jeune fille vaut tout 
l'or du monde, j'adopterai votre pays et votre patrie,
je renoncerai à mon voyage à Carthage et j'irai avec vous 
où vous voudrez aller. » 
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