| [5,17] Ὡς ἐπειδὴ τῆς Φοινίσσης ὁλκάδος ἐπέβησαν
 τοὺς Δελφοὺς ἀποδράντες τὰ μὲν πρῶτα πλεῖν κατὰ
 γνώμην εὐκραεῖ τῷ πνεύματι καὶ ἐκ νώτων ὑποφερομένους, 
 ἐπεὶ δὲ κατὰ τὸν Καλυδώνιον πορθμὸν γενέσθαι διαταραχθῆναι 
 σφᾶς οὐ μικρῶς, ταραχώδει τὰ πολλὰ φύσει
 θαλάττῃ προστυχόντας.  Τοῦ δὲ Κνήμωνος μηδὲ τοῦτο
 παραλιπεῖν ἀξιοῦντος ἀλλὰ φράζειν εἴ τινα καταμεμαθήκοι 
 τῆς ἐπιπολαζούσης τῷ τόπῳ τραχύτητος αἰτίαν,
 «Τὸ πέλαγος» ἔφη «τὸ Ἰόνιον ἐκ πολλῆς εὐρυχωρίας
 ἐνταῦθα στενούμενον καὶ καθάπερ διὰ στομίου τινὸς εἰς
 τὸν Κρισαῖον κόλπον εἰσχεόμενον ἐπιμίξαι τε πρὸς τὴν
 Αἰγαίαν θάλασσαν ἐπειγόμενον ὑπὸ τοῦ Πελοποννησίων
 ἰσθμοῦ τῆς πρόσω φορᾶς ἀνακόπτεται προμηθείᾳ κρειττόνων, 
 ὡς ἔοικεν, ἐπικλύσαι τὴν ἀντίθετον προβολῇ τοῦ 
 αὐχένος ἀποτειχιζόμενον.  Κἀκ τοῦδε παλιρροίας ὡς
 τὸ εἰκὸς γινομένης καὶ περὶ τόνδε τὸν πορθμὸν πλέον ἢ
 κατὰ τὸν ἄλλον κόλπον θλιβομένης, τοῦ ἐπιρρέοντος ἔτι
 τῷ ἀνατρέχοντι πολλάκις ἐμπίπτοντος, βρασμόν τε ἴσχει
 τὸ ὕδωρ καὶ κῦμα φλεγμαῖνον ἐγείρει πρὸς τῆς ἀντιτυπίας
 εἰς κλύδωνα κορυφούμενον.»  Ἐπὶ τούτοις κρότου γενομένου 
 καὶ ἐπαίνου τῶν παρόντων ἀληθῆ εἶναι μαρτυρούντων 
 τὴν αἰτίαν, ὁ Καλάσιρις εἴχετο τῶν ἑξῆς «Ὑπερβαλόντες δὴ» 
 λέγων «τὸν πορθμὸν καὶ νήσους Ὀξείας
 ἀποκρύψαντες τὴν Ζακυνθίων ἄκραν προσκοπεῖν ἀμφεβάλλομεν 
 ὥσπερ ἀμυδρόν τι νέφος τὰς ὄψεις ἡμῖν ὑποδραμοῦσαν, 
 καὶ ὁ κυβερνήτης τῶν ἱστίων παραστέλλειν ἐπέταττεν.
  Ἡμῶν δὲ πυνθανομένων διότι παραλύει τὸ
 ῥόθιον τῆς νεὼς οὐριοδραμούσης »Ὅτι« ἔφη »πλησιστίῳ 
 χρώμενοι τῷ πνεύματι περὶ πρώτην ἂν φυλακὴν τῇ
 νήσῳ προσορμίσαιμεν καὶ δέος προσοκεῖλαι σκοταίους
 τόποις ὑφάλοις τὰ πολλὰ καὶ κρημνώδεσι· καλὸν οὖν
 ἐννυκτερεῦσαι τῷ πελάγει καὶ τὸ πνεῦμα ὑφειμένως δέχεσθαι, 
 συμμετρουμένους ὅσον ἂν γένοιτο αὔταρκες ἑῴους
 ἡμᾶς τῇ γῇ προσπελάσαι.«
 
 | [5,17] disant comment, après s'être embarqués sur le cargo 
phénicien pour fuir Delphes, ils avaient d'abord eu une 
navigation telle qu'ils la souhaitaient, avec un vent modéré 
soufflant en poupe et portant le navire; mais, arrivés au détroit 
de Calydon, ils avaient été sérieusement secoués, quand 
ils étaient parvenus dans ces eaux qui sont le plus souvent 
agitées. Et, comme Cnémon le priait de ne pas 
passer ce point sous silence mais de leur dire, s'il la 
connaissait, la raison pour laquelle, en cet endroit, 
règne habituellement une forte houle, « la mer Ionienne, 
dit-il, qui à cet endroit, cesse d'être large pour se resserrer 
et forme comme une bouche afin de se jeter dans le 
golfe de Crissa et de mêler ses eaux à la mer Egée, voit 
son courant brisé par l'isthme du Péloponèse — grâce 
à la Providence divine qui a voulu, je crois, mettre cette 
digue pour empêcher ce bras de mer d'inonder le pays 
qui se trouve en face. Il se produit à cet endroit un 
reflux, comme on pouvait s'y attendre et, comme l'eau 
se trouve, dans cette passe, plus resserrée que dans le 
reste du golfe, que, d'autre part, le courant de reflux 
rencontre fréquemment le flot venant en sens inverse, 
il s'ensuit que la mer se met à bouillonner, soulève de
fortes vagues qui, en se heurtant, forment une houle sur, 
montée d'écume. » A cette explication, chacun applaudit 
bruyamment, et les assistants affirmèrent que c'était là 
la vraie raison. Calasiris continua : « Nous franchîmes 
le détroit et perdîmes de vue les Iles Pointues; il nous 
sembla ensuite apercevoir la pointe de Zacynthe 
comme un nuage sombre qui se présenta à nos yeux, et le 
pilote donna l'ordre de carguer les voiles. Comme nous 
lui demandions pourquoi il ralentissait ainsi l'élan du 
navire qui courait sous la brise : « Parce que, répondit-il, 
si nous utilisions le vent à pleine voile, nous arriverions 
dans les eaux de l'île à la première veille, et nous risquerions, 
dans l'obscurité, de nous échouer sur l'un des 
récifs, qui sont nombreux et escarpés sur cette côte; il 
vaut mieux passer la nuit en mer et ne prendre que 
peu de brise, juste ce qu'il faut pour nous faire approcher 
de la côte au lever du jour. »
 |