[12,23] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΓʹ.
ΠΕΡΙ ΤΩΝ ΔΟΚΙΜΑΖΕΙΝ ΟΙΩΝ ΤΕ ΤΑΣ ΚΑΤΑ ΘΕΟΝ ΠΕΠΟΙΗΜΕΝΑΣ ΩΙΔΑΣ
« Συγχωρῶ γε τό γε τοσοῦτον καὶ ἐγὼ τοῖς πολλοῖς, δεῖν τὴν μουσικὴν ἡδονῇ
κρίνεσθαι, μὴ μέντοι τῶν γε ἐπιτυχόντων, ἀλλὰ σχεδὸν ἐκείνην εἶναι μοῦσαν
καλλίστην, ἥτις τοὺς βελτίστους καὶ ἱκανῶς πεπαιδευμένους τέρπει, μάλιστα
δὲ ἥτις ἕνα τὸν ἀρετῇ τε καὶ παιδείᾳ διαφέροντα. Διὰ ταῦτα δὲ ἀρετῆς φαμεν
δεῖσθαι τοὺς τούτων κριτάς, ὅτι τῆς τε ἄλλης μετόχους αὐτοὺς εἶναι δεῖ
φρονήσεως καὶ δὴ καὶ τῆς ἀνδρείας. Οὔτε γὰρ παρὰ θεάτρου δεῖ τόν γε ἀληθῆ
κριτὴν κρίνειν μανθάνοντα καὶ ἐκπληττόμενον ὑπὸ τοῦ θορύβου τῶν πολλῶν καὶ
τῆς ἑαυτοῦ ἀπαιδευσίας οὔτ´ αὖ γιγνώσκοντα δι´ ἀνανδρίαν καὶ δειλίαν ἐκ
τοῦ αὐτοῦ στόματος, οὗπερ τοὺς θεοὺς ἐπεκαλέσατο μέλλων κρίνειν, ἐκ τούτου
ψευδόμενον ἀποφαίνεσθαι ῥᾳθύμως τὴν κρίσιν· οὐ γὰρ μαθητής, ἀλλὰ
διδάσκαλος, ὥς γε τὸ δίκαιον, θεατῶν μᾶλλον ὁ κριτὴς καθίζει καὶ
ἐναντιωσόμενος τοῖς τὴν ἡδονὴν μὴ προσηκόντως μηδὲ ὀρθῶς ἀποδιδοῦσι
θεαταῖς. »
Καὶ παρ´ Ἑβραίοις τὸ παλαιὸν οὐ τοῦ πλήθους ἦν τὸ κρίνειν τοὺς ἐκ θείου
πνεύματος προφερομένους λόγους καὶ τὰς ἐνθέους ᾠδάς, ἀλλ´ ἦσαν βραχεῖς καὶ
σπάνιοι, μέτοχοι καὶ αὐτοὶ θείου πνεύματος διακριτικοῦ τῶν λεγομένων, οἷς
καὶ μόνοις ἐξῆν ἐγκρίνειν καὶ ἀφιεροῦν τὰς τῶν προφητῶν βίβλους, τὰς δὲ
τῶν μὴ τοιούτων ἀποδοκιμάζειν.
| [12,23] CHAPITRE XXIII.
DES JUGES EN ETAT DE DISCERNER QUELS SONT LES CHANTS COMPOSÉS DANS L’ESPRIT DE DIEU.
« Je cède à l’opinion commune en avouant que c'est par le sentiment du
plaisir qu'on doit juger du mérite de la musique; toutefois, je
n'abandonne pas au premier venu le droit d'en décider. Mais il est à peu
prés certain que la plus belle muse est celle qui plaît le plus aux hommes
les plus vertueux et dont l'éducation a été la plus soignée, et par-dessus
tout, à l’homme dont la vertu et l'instruction l'emportent sur celle de
tous les autres. En conséquence, nous soutenons que, pour bien juger de
cette musique, il faut de la vertu ; il faut partager non seulement la
connaissance qu'ont tous les autres auditeurs, mais y joindre de plus, la
fermeté. Il ne faut pas qu'au théâtre le véritable juge apprenne à juger,
qu'il se laisse troubler par l'agitation des spectateurs et par la
conscience de sa propre ignorance, ou, s'il a les connaissances requises,
que la crainte et le défaut de détermination le trouble, par la pensée
qu'il doit juger de la même bouche dont il a invoqué les dieux, et qu'il
altère la vérité, en atténuant la rigueur de sa sentence. Or, ce n'est pas
pour recevoir la leçon des autres, mais pour la leur faire, qu’il est
institué juge en bonne justice ; c'est pour s'opposer aux spectateurs
avides de goûter un plaisir qui blesse toute convenance et toute décence. »
De même, chez les Hébreux, dès les temps les plus anciens, ce n'était pas
au public qu'on reconnaissait le droit de juger ceux qui se présentaient
comme animés de l'esprit de Dieu, dans les chants inspirés qu'ils
récitaient. Il n'y avait qu'un petit nombre de sujets, possédés eux-mêmes
de l'esprit de discernement des paroles divines, à qui il était permis de
prononcer sur ces poèmes et de déclarer saints les livres des prophètes,
en rejetant ceux qui partaient d'un organe profane.
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