HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs, I (Lysias)

Chapitre 26

  Chapitre 26

[1,26] « Ἀξιῶ τοίνυν, ἄνδρες δικασταί, τῷ λογισμῷ προσέχειν τὸν νοῦν, ἵνα τοὺς μὲν νεανίσκους διὰ τὸ μέγεθος τῶν συμφορῶν ἐλεήσητε, τοῦτον δ´ ἅπασι τοῖς πολίταις ἄξιον ὀργῆς ἡγήσησθε. Εἰς τοσαύτην δ' ὑποψίαν Διογείτων πάντας ἀνθρώπους πρὸς ἀλλήλους καθίστησιν ὥστε μήτε ζῶντας, μήτε ἀποθνῄσκοντας, μηδὲν μᾶλλον τοῖς οἰκειοτάτοις τοῖς ἐχθίστοις πιστεύειν· ὃς ἐτόλμησε τῶν μὲν ἔξαρνος γενέσθαι, τὰ δὲ τελευτῶν ὁμολογήσας ἔχειν, εἰς δύο παῖδας καὶ ἀδελφὴν, λῆμμα καὶ ἀνάλωμα ἐν ὀκτὼ ἔτεσιν, ἑπτὰ τάλαντα ἀργυρίου, καὶ ἑπτακισχιλίας δραχμὰς ἀποδεῖξαι· καὶ εἰς τοῦτο ἦλθεν ἀναισχυντίας, ὥστε οὐκ ἔχων, ὅποι τρέψειε τὰ χρήματα, εἰς ὄψον μὲν δυοῖν παιδίοιν καὶ ἀδελφῇ, πέντε ὀβολοὺς τῆς ἡμέρας ἐλογίζετο. Εἰς ὑποδήματα δὲ, καὶ εἰς γναφεῖον, ἱμάτια τε, καὶ εἰς κουρεῖον οὐκ ἦν αὐτῷ κατὰ μῆνα, οὐδὲ κατ´ ἐνιαυτὸν γεγραμμένα, συλλήβδην δὲ παντὸς τοῦ χρόνου, πλεῖον τάλαντον ἀργυρίου· εἰς δὲ τὸ μνῆμα τοῦ πατρὸς οὐκ ἀναλώσας πέντε καὶ εἴκοσι μνᾶς, ἐκ πεντακισχιλίων δραχμῶν, τὸ μὲν ἥμισυ αὑτῷ τίθησι τούτοις λελόγισται· εἰς Διονύσια τοίνυν, ἄνδρες δικασταί, (οὐκ ἄτοπον γάρ μοι δοκεῖ καὶ περὶ τούτου μνησθῆναι), ἑκκαίδεκα δραχμῶν ἀπέφηνεν ἐωνημένον ἀρνίον· καὶ τούτων τὰς ὀκτὼ δραχμὰς ἐλογίζετο τοῖς παισίν· ἐφ´ ἡμεῖς οὐχ ἥκιστα ὠργίσθημεν. Οὕτως, ἄνδρες, ἐν ταῖς μεγάλαις ζημίαις ἐνίοτε οὐχ ἧττον τὰ μικρὰ λυπεῖ τοὺς ἀδικουμένους· λίαν γὰρ φανερὰν τὴν πονηρίαν τῶν ἀδικούντων ἐπιδείκνυσιν. Εἰς τοίνυν τὰς ἄλλας ἑορτὰς καὶ θυσίας ἐλογίσατο αὐτοῖς πλέον τετρακισχιλίας δραχμὰς ἀνηλωμένας, ἕτερά τε παμπληθῆ, πρὸς τὸ κεφάλαιον συνελογίζετο· ὥσπερ διὰ τοῦτο ἐπίτροπος τῶν παιδίων καταλειφθείς, ἵνα γράμματ´ αὐτοῖς ἀντὶ τῶν χρημάτων ἀποδείξειεν, καὶ πενεστάτους ἀντὶ πλουσίων ἀποφήνειε, καὶ ἵνα εἰ μέν τις αὐτοῖς πατρικὸς ἐχθρὸς ἦν, ἐκείνου μὲν ἐπιλάθωνται, τῷ δ, ´ ἐπεὶ τῶν πατρῴων εἰσὶν ἀπεστερημένοι, πολεμῶσι. Καίτοι εἰ ἠβούλετο δίκαιος εἶναι περὶ τοὺς παῖδας, ἐξῆν αὐτῷ, κατὰ τοὺς νόμους, οἳ κεῖνται περὶ τῶν ὀρφανῶν, καὶ τοῖς ἀδυνάτοις τῶν ἐπιτρόπων, καὶ τοῖς δυναμένοις, μισθῶσαι τὸν οἶκον, ἀπηλλαγμένῳ πολλῶν πραγμάτων, γῆν πριαμένῳ, ἐκ τῶν προσιόντων τοὺς παῖδας τρέφειν· καὶ ὁπότερον τούτων ἐποίησεν, οὐδενὸς ἂν ἧττον Ἀθηναίων πλούσιοι ἦσαν. Νῦν δέ μοι δοκεῖ οὐδε πώποτε διανοηθῆναι ὡς φανερὰν καταστήσων τὴν οὐσίαν, ἀλλ´ ὡς αὐτὸς ἕξων τὰ τούτων· ἡγούμενος δεῖν τὴν αὑτοῦ πονηρίαν κληρονόμον εἶναι τῶν τοῦ τεθνεῶτος χρημάτων. δὲ πάντων δεινότατον, δικασταί· οὗτος γὰρ, συντριηραρχῶν Ἀλέξιδι τῷ Ἀριστοδίκου, φάσκων δυεῖν δεούσας πεντήκοντα μνᾶς ἐκείνῳ συμβάλλεσθαι, τὸ ἥμισυ τούτων τοῖς ὀρφανοῖς οὖσι λελόγισται, οὓς πόλις οὐ μόνον παῖδας ὄντας ἀτελεῖς ἐποίησεν, ἀλλὰ καὶ ἐπειδὰν δοκιμασθῶσιν, ἐνιαυτὸν ἀφῆκεν ἁπασῶν τῶν λειτουργιῶν. Οὗτος δὲ πάππος ὢν, παρὰ τοὺς νόμους, τῆς ἑαυτοῦ τριηραρχίας παρὰ τῶν θυγατριδῶν τὸ ἥμισυ πράττεται. Καὶ ἀποπέμψας εἰς τὸν Ἀδρίαν ὁλκάδα δυοῖν ταλάντοιν, ὅτε μὲν ἀπέστελλεν, ἔλεγε πρὸς τὴν μητέρα αὐτῶν, ὅτι τῶν παίδων κίνδυνος εἴη· ἐπεὶ δὲ ἐσώθη καὶ ἐδιπλασίασεν, αὑτοῦ τὴν ἐμπορίαν φάσκει εἶναι. Καὶ μέντοι εἰ μὲν τὰς ζημίας τούτων ἀποδείξει, τὰ δὲ σωθέντα τῶν χρημάτων αὐτὸς ἕξει, ὅπῃ μὲν ἀνήλωται τὰ χρήματα, οὐ χαλεπῶς εἰς τὸν λόγον ἐγγράψει, ῥᾳδίως δὲ ἐκ τῶν ἀλλοτρίων αὐτὸς πλουτήσει. Καθ´ ἕκαστον μὲν οὖν, δικασταί, πολὺ ἂν εἴη ἔργον πρὸς ὑμᾶς λογίζεσθαι· ἐπειδὴ δὲ μόλις παρ´ αὐτοῦ παρέλαβον τὰ γράμματα, μάρτυρας ἔχων, ἠρώτων Ἀριστόδικον τὸν ἀδελφὸν τὸν Ἀλέξιδος (αὐτὸς γὰρ ἐτύγχανε τετελευτηκώς), εἰ λόγος αὐτῷ εἴη τῆς τριηραρχίας. δὲ ἔφασκεν εἶναι. Καὶ ἐλθόντες οἴκαδε, εὕρομεν Διογείτονα τέτταρας καὶ εἴκοσι μνᾶς ἐκείνῳ συμβεβλημένον εἰς τὴν τριηραρχίαν· οὗτος δὲ ἐπέδειξε δυεῖν δεούσας πεντήκοντα μνᾶς ἀνηλωκέναι· ὥστε τούτοις λελογίσθαι, ὅσον περ ὅλον τὸ ἀνάλωμα αὐτῷ γεγένηται. Καίτοι τί αὐτὸν οἴεσθε πεποιηκέναι περὶ ὧν αὐτῷ οὐδεὶς σύνοιδεν, ἀλλ´ αὐτὸς μόνος διεχείριζεν, ὃς, δι´ ἑτέρων ἐπράχθη, καὶ οὐ χαλεπὸν ἦν περὶ τούτων πυθέσθαι, ἐτόλμησε ψευσάμενος, τέτταρσι καὶ εἴκοσι μναῖς τοὺς αὑτοῦ θυγατριδοῦς ζημιῶσαι; Καί μοι ἀνάβητε τούτων μάρτυρες. - Μάρτυρες. - Τῶν μὲν μαρτύρων ἀκηκόατε, δικασταί. Ἐγὼ δ´ ὅσα τελευτῶν ὡμολόγησεν ἔχειν αὐτὸς χρήματα, ἑπτὰ τάλαντα καὶ τετταράκοντα μνᾶς, ἐκ τούτων αὐτῷ λογιοῦμαι, πρόσοδον μὲν οὐδεμίαν ἀποφαίνων, ἀπὸ δὲ τῶν ὑπαρχόντων ἀναλίσκων· καὶ θήσω ὅσον οὐδεὶς πώποτ´ ἐν τῇ πόλει, εἰς δύο παῖδας, καὶ ἀδελφὴν, καὶ παιδαγωγὸν, καὶ θεράπαιναν, χιλίας δραχμὰς ἑκάστου ἐνιαυτοῦ, μικρῷ ἔλαττον τρεῖς δραχμὰς τῆς ἡμέρας. Ἐν ὀκτὼ αὗται ἔτεσιν γίγνονται ὀκτακισχίλιαι δραχμαί, καὶ ἀποδείκνυνται ἓξ τάλαντα περιόντα τῶν ἑπτὰ ταλάντων, καὶ εἴκοσι μναῖ. Οὐ γὰρ ἂν δύναιτο ἀποδεῖξαι οὔθ´ ὑπὸ λῃστῶν ἀπολωλεκὼς, οὔτε ζημίαν εἰληφὼς, οὔτε χρήσταις ἀποδεδωκώς. » [1,26] XXVI. « Je vous conjure, ô juges! d'accueillir mes paroles avec attention. Les grandes infortunes de mes clients les rendront dignes de quelque compassion à vos yeux, et Diogiton vous paraîtra mériter la haine de ses concitoyens. C'est lui qui nous a tous réduits à nous défier de nos semblables, au point que désormais nous ne pourrons, ni pendant notre vie, ni après notre mort, mettre dans nos proches pareils plus de confiance que dans nos ennemis. D'abord, il a osé tout nier, et puis, forcé de tout avouer, il soutient que, dans huit ans, il a dépensé, pour deux enfants et leur sœur, sept talents d'argent et sept mille drachmes. Il a poussé si loin l'impudence, que, ne pouvant assigner l'emploi d'une pareille somme, il fixe à cinq oboles par jour la nourriture de deux enfants et de leur sœur. Les dépenses pour la chaussure, le blanchissage, les habits, le coiffeur ne sont pas écrites par mois ou par années, mais en masse, et pour tout le temps de la tutelle : il les porte à plus d'un talent d'argent. Quoiqu'il n'ait pas dépensé vingt-cinq mines pour le tombeau de leur père, sur cinq mille drachmes, il en fait figurer la moitié au compte de ses pupilles. A l'article des dépenses pour les fêtes de Bacchus (il n'est pas inutile de le rappeler ici), il porte un agneau à onze drachmes, et il en met huit sur le compte des enfants. Ceci ne doit pas moins vous indigner que tout le reste. En effet, juges, quand nous éprouvons de grands dommages, quelquefois ce ne sont pas les petites injustices qui affligent le moins, puisqu'elles mettent dans tout son jour la perversité du malfaiteur. Diogiton porte à la charge des pupilles, pour d'autres fêtes et pour divers sacrifices, plus de quatre mille drachmes : il porte aussi d'autres sommes considérables, qu'il donne en total. On dirait qu'il a été constitué le tuteur de ses petits-fils pour leur rendre des comptes et non leurs biens; pour faire succéder la pauvreté à leur opulence; en un mot, pour qu'ils oubliassent les ennemis de leur père, s'il s'en trouvait quelqu'un, afin de concentrer toute leur haine sur le tuteur infidèle qui leur a ravi leur patrimoine. S'il eût voulu être juste envers ces enfants, il pouvait, d'après les lois concernant les orphelins, et les droits qu'elles donnent aux tuteurs, affermer leurs biens, acheter une terre; et, libre de tout embarras, pourvoir, avec le revenu, à l'entretien des pupilles. S'il eût pris ce parti , il n'y aurait pas dans Athènes de citoyen plus riche que les enfants de Diodotus. Mais je suis convaincu que Diogiton n'a jamais eu la pensée de faire connaître les richesses de ces enfants : il a songé plutôt à s'en emparer, croyant sans doute que sa méchanceté devait recueillir le riche héritage d'un frère qui n'était plus. Voici, juges, le trait le plus révoltant. Chargé d'équiper une trirème avec Alexis, fils d'Aristodicus, il prétend avoir dépensé quarante-huit mines, et il en porte la moitié sur le compte des orphelins. L'État les exempte non seulement de tout impôt pendant leur enfance, mais encore de toute charge publique l'année qui suit leur inscription sur le registre des citoyens. Et Diogiton, quoique leur grand-père, leur fait supporter, au mépris de toutes les lois, la moitié des dépenses pour l'équipement d'une trirème ! Il expédia, sur la mer Adriatique, un vaisseau marchand sur lequel il avait placé deux talents. Au moment du départ, il dit à la mère des orphelins que cette expédition était à leurs risques ; mais lorsque le vaisseau fut arrivé à bon port, et que le chargement eut une valeur double, il soutint que les bénéfices lui appartenaient. Si les pertes sont pour les pupilles et les profits pour lui, il pourra, sans peine, montrer dans ses comptes l'emploi de leurs biens, et s'enrichir des dépouilles d'autrui. Il serait difficile, ô juges! de vous entretenir de chaque injustice. Comme j'avais beaucoup de peine à obtenir de lui l'exhibition des registres, je demandai, en présence de témoins, à Aristodicus, frère d'Alexis (car celui-ci était mort), s'il avait le compte de la dépense faite pour l'équipement de la trirème. Il répondit affirmativement. Nous nous rendîmes donc chez lui, et nous trouvâmes que Diogiton avait contribué pour vingt-quatre mines : donc, puisqu'il porte la dépense à quarante-huit mines, il met sur le compte des enfants tout ce qu'il a dépensé pour cet objet. Quelle a dû être sa conduite pour les choses qui ne sont connues que de lui et qu'il a seul gérées, si , lors même qu'il a eu recours à d'autres pour des objets sur lesquels on pouvait aisément obtenir des renseignements, il a osé mentir et porter vingt-quatre mines sur le compte de ses neveux ? Paraissez, témoins, venez attester ces faits à la tribune. - Les témoins. - Vous avez entendu les témoins, ô juges ! Eh bien, en calculant les sommes qu'il reconnaît lui-même avoir reçues, c'est-à-dire sept talents et quarante mines, sans parler d'aucun revenu ; en prenant les dépenses sur les fonds mêmes, et en les portant pour les deux fils et leur sœur, pour un gouverneur et une servante, à mille drachmes par an, un peu moins de trois drachmes par jour, quoique jamais personne n'ait autant dépensé, cette somme, au bout de huit ans, s'élèverait à huit mille drachmes. Il devrait donc rester six talents et vingt mines ; car Diogiton ne peut prouver qu'on l'a volé, qu'il a éprouvé des pertes ou payé des dettes. »


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Dernière mise à jour : 2/05/2006