[1,85] LXXXV. 1. Τὰ δὲ κατὰ τὴν κτίσιν αὐτὴν γενόμενα (τοῦτο γὰρ ἔτι μοι τὸ μέρος τῆς
γραφῆς λείπεται) νῦν ἔρχομαι διηγησόμενος. ἐπειδὴ γὰρ Ἀμολίου τελευτήσαντος
ἀνενεώσατο τὴν ἀρχὴν ὁ Νεμέτωρ ὀλίγον ἐπισχὼν χρόνον, ἐν ᾧ τὴν πόλιν ἐκ τῆς
πρότερον ἐπεχούσης ἀκοσμίας εἰς τὸν ἀρχαῖον ἐκόσμει τρόπον, εὐθὺς ἐπενόει
τοῖς μειρακίοις ἰδίαν ἀρχὴν κατασκευάσαι ἑτέραν πόλιν οἰκίσας.
2. Ἅμα δὲ καὶ τοῦ πολιτικοῦ πλήθους ἐπίδοσιν εἰς εὐανδρίαν ἐσχηκότος
ἀπαναλῶσαί τι καλῶς ἔχειν ᾤετο, καὶ μάλιστα τὸ διάφορον αὐτῷ ποτε
γενόμενον, ὡς μὴ δι´ ὑποψίας αὐτοὺς ἔχοι. κοινωσάμενος δὲ τοῖς μειρακίοις,
ἐπειδὴ κἀκείνοις ἐδόκει, δίδωσιν αὐτοῖς χωρία μὲν ὧν ἄρξουσιν, ἔνθα παῖδες
ὄντες ἐτράφησαν, ἐκ δὲ τοῦ λεὼ τόν τε δι´ ὑποψίας αὐτῷ γενόμενον, ὃς ἔμελλε
νεωτερισμοῦ εἰσαῦθις ἄρξειν, καὶ εἴ τι ἑκούσιον ἀπαναστῆναι ἐβούλετο.
3. Ἦν δὲ ἐν τούτοις πολὺ μὲν ὥσπερ εἰκὸς ἐν πόλει κινουμένῃ τὸ δημοτικὸν
γένος, ἱκανὸν δὲ καὶ τὸ ἀπὸ τοῦ κρατίστου γνώριμον, ἐκ δὲ τοῦ Τρωικοῦ τὸ
εὐγενέστατον δὴ νομιζόμενον, ἐξ οὗ καὶ γενεαί τινες ἔτι περιῆσαν εἰς ἐμέ,
πεντήκοντα μάλιστ´ οἶκοι. ἐχορηγεῖτο δὲ τοῖς νεανίσκοις καὶ χρήματα καὶ ὅπλα
καὶ σῖτος καὶ ἀνδράποδα καὶ ὑποζύγια ἀχθοφόρα καὶ εἴ τι ἄλλο πόλεως ἦν
κατασκευῇ πρόσφορον.
4. Ὡς δὲ ἀνέστησαν ἐκ τῆς Ἄλβας οἱ νεανίσκοι τὸν λεὼν μίξαντες αὐτῷ τὸν
αὐτόθεν, ὅσος ἦν ἐν τῷ Παλλαντίῳ καὶ περὶ τὴν Σατορνίαν ὑπολιπής, μερίζονται
τὸ πλῆθος ἅπαν διχῇ. Τοῦτο δὲ αὐτοῖς δόξαν παρέσχε φιλοτιμίας, ἵνα θᾶττον
ἀνύηται τῇ πρὸς ἀλλήλους ἁμίλλῃ τὰ ἔργα, αἴτιον δὲ τοῦ μεγίστου κακοῦ,
στάσεως, ἐγένετο.
5. Οἵ τε γὰρ προσνεμηθέντες αὐτοῖς τὸν ἑαυτῶν ἡγεμόνα ἕκαστοι κυδαίνοντες
ὡς ἐπιτήδειον ἁπάντων ἄρχειν ἐπῆρον, αὐτοί τε οὐκέτι μίαν γνώμην ἔχοντες
οὐδὲ ἀδελφὰ διανοεῖσθαι ἀξιοῦντες, ὡς αὐτὸς ἄρξων ἑκάτερος θατέρου,
παρώσαντες τὸ ἴσον τοῦ πλείονος ὠρέγοντο. Τέως μὲν οὖν ἀφανῆ τὰ
πλεονεκτήματα αὐτῶν ἦν, ἔπειτα δὲ ἐξερράγη σὺν τοιᾷδε προφάσει.
6. Τὸ χωρίον ἔνθα ἔμελλον ἱδρύσειν τὴν πόλιν οὐ τὸ αὐτὸ ᾑρεῖτο ἑκάτερος.
Ῥωμύλου μὲν γὰρ ἦν γνώμη τὸ Παλλάντιον οἰκίζειν τῶν τε ἄλλων ἕνεκα καὶ τῆς
τύχης τοῦ τόπου, ἣ τὸ σωθῆναί τε αὐτοῖς καὶ τραφῆναι παρέσχε· Ῥώμῳ δὲ ἐδόκει
τὴν καλουμένην νῦν ἀπ´ ἐκείνου Ῥεμορίαν οἰκίζειν. Ἔστι δὲ τὸ χωρίον ἐπιτήδειον
ὑποδέξασθαι πόλιν λόφος οὐ πρόσω τοῦ Τεβέριος κείμενος, ἀπέχων τῆς Ῥώμης
ἀμφὶ τοὺς τριάκοντα σταδίους. Ἐκ δὲ τῆς φιλονεικίας ταύτης ἀκοινώνητος εὐθὺς
ὑπεδηλοῦτο φιλαρχία. τῷ γὰρ εἴξαντι τὸ κρατῆσαν εἰς ἅπαντα ὁμοίως
ἐπιθήσεσθαι ἔμελλεν.
| [1,85] LXXXV. 1. Je vais maintenant rapporter les événements qui se sont produits lors
de la période même de la fondation : c’est la partie de mon récit qu’il me reste
à écrire. Quand Numitor, à la mort d'Amulius, eut repris le pouvoir et passé
quelque temps à arracher la ville au désordre actuel pour la rétablir en son état
ancien, il pensa alors donner un pouvoir indépendant à la jeunesses en fondant
une autre ville.
2. En même temps, comme les habitants avaient beaucoup augmentés en
nombre, il pensa qu’il était de bonne politique de se débarrasser d'une certaine
partie de ceux-ci, en particulier de ceux qui avaient par le passé été ses ennemis,
pour n’avoir plus de motif de les suspecter. Et après avoir communiqué ce plan
aux jeunes gens et gagné leur approbation, il donna, comme terres à gouverner,
la région où ils avaient été élevés dans leur petite enfance, non seulement à cette
partie du peuple qu'il suspectait avoir l’intention de commencer à se rebeller à
nouveau, mais également à ceux qui étaient disposés à émigrer volontairement.
3. Parmi ces derniers, comme c’est normal quand une ville envoie une colonie,
il y avait un grand nombre de gens du peuple, mais il y avait aussi un nombre
suffisant d’hommes de la meilleure société, et parmi la partie troyenne tous
ceux qui étaient considérés comme les plus nobles par leur naissance, dont la
descendance de certains perdure encore de mes jours : c’était plus ou moins
cinquante familles. On fournit aux jeunes gens de l'argent, des armes et du blé,
ainsi que des esclaves et des bêtes de charge et tout ce qui était utiles pour
fonder une ville.
4. Après qu'ils emmenés leurs gens hors d’Albe et qu’ils se soient mêlés à la
population locale qui restait toujours dans Pallantium et Saturnia, ils divisèrent la
multitude en deux parties. Ils faisaient cela dans l'espoir d‘éveiller un esprit
d'émulation, afin que par leur rivalité leurs travaux puissent être achevés plus tôt;
cependant elle cette rivalité produisit le plus grand des maux, la discorde.
5. Chaque groupe, vantant son propre chef, prétendait que c’était la personne la
plus appropriée pour les commander tous; et les jeunes gens eux-mêmes,
n'ayant plus maintenant une seule façon de penser et ne sentant plus la
nécessité d’avoir des sentiments fraternels les uns pour les autres, depuis que
chacun comptait commander l'autre, dédaigniaent l'égalité et aspiraient à la
supériorité. Pendant un certain temps ils cachèrent leurs ambitions, mais peu de
temps après elles éclatèrent à l'occasion suivante.
6. Ils n’avaient pas la même idée de l’emplacement de l’endroit où devait
être fondée la ville; Romulus proposa de coloniser le Palatin, entre autres raisons,
à cause de la bonne fortune de l'endroit où ils avaient été sauvés et élevés,
tandis que Remus favorisait l'endroit qui est maintenant appelé Remoria de son
nom : en effet cet endroit est très approprié pour une ville. C’était une colline
non loin du Tibre et à environ trente stades de Rome. De cette rivalité naquit
immédiatement un amour sauvage du pouvoir; celui qui maintenant serait le
vainqueur imposerait inévitablement sa volonté en toutes occasions de la même
façon.
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