[1,59] LIX. 1. Αἰνείου δὲ ἐπαινέσαντος τὰ λεγόμενα γίνονται συνθῆκαι τοῖς ἔθνεσιν
ἐφ´ ὁρκίων τοιαίδε· Ἀβοριγῖνας μὲν Τρωσὶ δοῦναι χώραν ὅσην ἠξίουν ἀμφὶ
τοὺς τετταράκοντα σταδίους πανταχοῦ πορευομένοις ἀπὸ τοῦ λόφου· Τρῶας
δὲ Ἀβοριγῖσι τοῦ τ´ ἐν χερσὶ πολέμου συλλαβέσθαι καὶ ὅπου ἂν ἄλλῃ
παρακαλῶνται συστρατεύειν· κοινῇ δὲ ἀμφοτέρους τὰ κράτιστα ὑπὲρ
ἀλλήλων πράττειν καὶ χειρὶ καὶ γνώμῃ.
2. Συνθέμενοι δὲ ταῦτα καὶ τέκνων ὁμηρείαις τὰς πίστεις βεβαιώσαντες κοινῇ
στρατεύουσιν ἐπὶ τὰς πόλεις τῶν Ῥοτόλων· δι´ ὀλίγου δὲ τἀκεῖ πάντα
χειρωσάμενοι παρῆσαν ἐπὶ τὸ πόλισμα τὸ Τρωικὸν ἡμιτελὲς ἔτ´ ὂν καὶ μιᾷ
προθυμίᾳ πάντες χρώμενοι τειχίζουσιν αὐτό.
3. Ὄνομα δὲ τῷ κτίσματι Αἰνείας τίθεται Λαουΐνιον, ὡς μὲν αὐτοὶ Ῥωμαῖοι
λέγουσιν ἀπὸ τῆς Λατίνου θυγατρός, ᾗ Λαῦναν εἶναί φασι τοὔνομα· ὡς δ´
ἄλλοι τινὲς τῶν Ἑλληνικῶν μυθογράφων ἔλεξαν, ἀπὸ τῆς Ἀνίου τοῦ Δηλίων
βασιλέως θυγατρός, Λαύνας καὶ τῆςδε ὀνομαζομένης, (ἧς) ἀποθανούσης
νόσῳ περὶ τὸν οἰκισμὸν τῆς πόλεως πρώτης καὶ ἐν ᾧ ἔκαμε χωρίῳ ταφείσης
μνῆμα γενέσθαι τὴν πόλιν.
4. Συμπλεῦσαι δ´ αὐτὴν τοῖς Τρωσὶ λέγεται δοθεῖσαν ὑπὸ τοῦ πατρὸς Αἰνείᾳ
δεηθέντι μαντικὴν οὖσαν καὶ σοφήν. Λέγεται δὲ κατὰ τὸν πολισμὸν τοῦ
Λαουϊνίου σημεῖα τοῖς Τρωσὶ γενέσθαι τοιάδε· πυρὸς αὐτομάτως ἀναφθέντος
ἐκ τῆς νάπης λύκον μὲν κομίζοντα τῷ στόματι τῆς ξηρᾶς ὕλης ἐπιβάλλειν ἐπὶ
τὸ πῦρ, ἀετὸν δὲ προσπετόμενον ἀναρριπίζειν τῇ κινήσει τῶν πτερύγων τὴν
φλόγα· τούτοις δὲ τἀναντία μηχανωμένην ἀλώπεκα τὴν οὐρὰν διάβροχον ἐκ
τοῦ ποταμοῦ φέρουσαν ἐπιρραπίζειν τὸ καιόμενον πῦρ, καὶ τοτὲ μὲν τοὺς
ἀνάπτοντας ἐπικρατεῖν, τοτὲ δὲ τὴν ἀποσβέσαι βουλομένην· τέλος δὲ
νικῆσαι τοὺς δύο, καὶ τὴν ἑτέραν οἴχεσθαι μηδὲν ἔτι ποιεῖν δυναμένην.
5. Ἰδόντα δὲ τὸν Αἰνείαν εἰπεῖν ὡς ἐπιφανὴς μὲν ἔσται καὶ θαυμαστὴ καὶ
γνώσεως ἐπὶ πλεῖστον ἥξουσα ἡ ἀποικία, ἐπίφθονος δὲ τοῖς πέλας αὐξομένη
καὶ λυπηρά, κρατήσει δ´ ὅμως τῶν ἀντιπραττόντων κρείττονα τὴν ἐκ τοῦ
θείου τύχην λαβοῦσα τοῦ παρ´ ἀνθρώπων ἐναντιωσομένου φθόνου. Ταῦτα
μὲν δὴ οὕτω περιφανῆ μηνύματα λέγεται γενέσθαι τῶν συμβησομένων τῇ
πόλει, καὶ ἔστιν αὐτῶν μνημεῖα ἐν τῇ Λαουϊνιατῶν ἀγορᾷ χαλκᾶ εἴδωλα τῶν
ζῴων ἐκ πολλοῦ πάνυ χρόνου διατηρούμενα.
| [1,59] LIX. 1. Énée ayant accepté cette proposition, un traité fut conclu été entre les
deux nations et confirmé par des serments: les Aborigènes accorderaient aux
Troyens autant terre qu'ils en désiraient, c.-à-d., l'espace d'environ quarante
stades ce chaque côté de la colline; les Troyens, ce leur côté, aideraient les
Aborigènes dans la guerre qu'ils menaient et les aideraient également de leurs
forces chaque fois qu’on les appellerait; et les deux nations s’aideraient
mutuellement avec toutes leurs forces, que ce soit leurs bras ou leurs conseils.
2. Après avoir conclu ce traité et donné des gages en échangeant des enfants
comme otages, ils marchèrent ensemble contre les villes des Rutules; et après
avoir bientôt soumis tout ce qui s’y trouvait, ils vinrent à la ville de Troie, qui
était à moitié finie, et s’y mettant tous avec ardeur, ils entourèrent la ville d’un
mur.
3. Cette ville, Énée l’appela Lavinium, d’après le nom de la fille de Latinus,
selon les dires des Romaines; son nom, disent-ils, étaient Lavinia. Mais selon
certains des mythographes grecs elle fut appelée du nom de la fille d'Anios, roi
des Déliens, qui s'appelait aussi Lavinia : car elle fut la première à mourir de
maladie au moment de la construction de la ville et fut enterrée dans l'endroit où
elle mourut : la ville fut son mémorial.
4. On dit qu'elle s'embarqua avec les Troyens après avoir été donnée par son
père à Énée à sa demande comme prophétesse et femme pleine de sagesse.
Tandis qu’on construisait Lavinium, on dit que les présages suivants apparurent
aux Troyens. Un feu éclata spontanément dans la forêt, un loup, disent-ils,
apporta du bois sec dans sa bouche et le jeta sur le feu, et un aigle, volant aux
alentours, entretenait la flamme par le mouvement de ses ailes. Mais à
l’opposé, un renard, après avoir mouillé sa queue dans le fleuve, essayait de
frapper les flammes; et tantôt c’était ceux qui l'allumaient qui l’emportaient, et
tantôt c’était le renard qui essayait de l'éteindre. Mais finalement les deux
premiers prirent le dessus, et le renard partit, incapable d’arriver à ses fins.
5. Énée , observant cela, déclara que la colonie deviendrait illustre et objet
d’admiration et gagnerait le plus grand renom, mais qu'à mesure qu'elle
augmentait elle serait enviée par ses voisins et leur serait un gène; néanmoins,
elle surmonterait ses adversaires, la bonne fortune qu'elle avait reçue du ciel
serait plus puissante que l'envie des hommes qui s'opposeraient à elle. Telles
sont les indications très claires qui, dit-on, furent données sur l’avenir de la ville;
il en existe des monuments commémoratifs dans le forum du Laviniens, sous
forme de représentations en bronze de ces animaux, conservés avec soin depuis
très longtemps.
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